Chapitre 14 : Amis à nouveau

Ecrit par Auby88

"Femme sage est plus que femme belle.

Voltaire"


Richmond s'est éveillé tôt ce matin et a du mal à se rendormir. Sandra dort encore. Il descend chercher un verre d'eau. En s'approchant de la cuisine, il perçoit un bruit étrange. Tous les employés, excepté le garde à l'entrée de la maison et son chauffeur Charles, restaient chez eux le week-end. A pas discrets, il marche vers la cuisine.


- Toi, ici !

Prise de panique, la jeune femme laisse tomber le verre qu'elle tient.  Elle se penche pour ramasser les débris avec la main. Il s'approche d'elle.

- Tu pourrais te blesser ainsi, Cica ! Utilise plutôt la pelle et le balai. Ils doivent être derrière la porte.

Elle obtempère.


- J'ai fini. Je dépose cette bouillie dans le frigidaire et je m'en vais. Je promets de ne plus vous importuner.

Elle fuit son regard. Elle semble intimidée ou pas à son aise. Il lui rappelle, en souriant, que l'utilisation du pronom "Tu " reste de rigueur. Elle esquisse un sourire, enlève son tablier et s'apprête à partir quand il l'arrête.

- Attends ! J'ai besoin de ton aide pour me servir ta délicieuse bouillie. Et je n'aime pas manger seul.

- Je …

- Ne refuse pas mon offre, Cica.

Elle acquiesce. Elle prend une tasse sur l'étagère et sert Richmond qui la regarde avec admiration.

Elle est une femme unique. Elle a franchi le seuil de sa maison malgré la façon dont il l'avait traitée à l'hôpital. Elle est venue faire la vaisselle et arranger la cuisine, sans lui demander quelque somme en retour. Elle s'est hasardée dans sa cuisine pour déposer cette bouillie de mil, dont il raffole tant et que la cuisinière lui sert chaque matin depuis l'accident. Il se rend à présent compte que c'est elle qui l'apportait. Elle s'est sûrement liée d'amitié avec le portier et la cuisinière, pour qu'ils lui donnent accès à la maison. De toute façon, qui pouvait résister à une personne si gentille et obstinée comme elle ?


- Richmond, tu es servi.

Elle le tire de ses pensées.

- Merci, Cica.

Il l'invite à faire comme lui, mais elle refuse. Il se lève, sort un carton de pizza du frigidaire, en se servant de sa main gauche. Elle s'empresse de l'aider. Elle les réchauffe. Il tient à ce qu'elle en mange quelques tranches. Il tire une chaise et la prie de s'asseoir. Elle refuse. Il insiste. Elle accepte. Elle le remercie puis se depêche d'attaquer une tranche. Il la regarde manger avec avidité.

Ses yeux rencontrent ceux de Cica, dont la bouche est pleine. Il s'exclaffe, dévoilant des dents d'une blancheur éclatante. Elle s'arrête, sourit et le fixe longuement.


Sur son visage allongé, il porte une barbe très courte qui part du haut de ses oreilles aux commissures de ses lèvres légèrement rosées. Barbe très chic, tendance, bien taillée. Ses sourcils épais, parfaitement dessinés sont d'un noir identique à la couleur de ses cheveux coupés courts…

« Dieu ! Qu'il est beau ! » pense-t-elle.


Il se rend compte que ses yeux sont posés sur lui.

- Un problème ! demande-t-il.

- Non, répond-t-elle prestement en finissant d'avaler sa bouchée. Tu me rappelles quelqu'un quand tu ris ainsi.

- Ah vraiment !

Elle hoche la tête et continue :

- Tu devrais rire plus souvent. Tu es encore plus beau !

Il est flatté par son compliment, assez franc.

- Merci. Je vois que tu as beaucoup d'appétit !

- Je suis moi-même surprise, reconnaît-elle, en souriant. Pourrais-je emporter quelques tranches ? Je dois m'en aller.

Elle se lève de table. Il en fait autant.

- Tu pars déjà ?

- Oui, il est préférable que je m'éclipse avant que ta fiancée se réveille. Je ne saurai comment lui expliquer ma présence ici.

Il est déçu, mais n'insiste pas.

- Au moins, je suis ravie que tu te portes mieux !

- En effet. Je tenais à te remercier pour les nuits passées à mon chevet.

Elle s'étonne.

- Le vieux me l'a dit, poursuit-il. Tu es une femme d'exception, Cica. Merci pour tout.

- Je t'en prie.


Sur le seuil de la cuisine, se trouve Satine qui les épie depuis peu. Ils ne l'ont pas vue. Elle n'apprécie guère la scène devant ses yeux.

- Que fait cette femme ici ? finit-elle par demander, en employant un ton des plus vulgaires.



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