Chapitre 14: Une seule prudence peut suffire
Ecrit par Plume Inspirée
Chapitre 14: Une seule imprudence peut suffire...
Dans la tête de pasteur Serge
La seule chose qui animait vraiment mon engagement d’aider ce jeune pasteur était pasteur Patrick. Il était mon ami depuis 35 ans. Si je croyais sans retenu au ministère de 5 hommes de Dieu, Patrick faisait parti des 5, même si je réduisais cette liste à 3 il ferrait toujours parti des 3. Alors quand il m’a dit que ce jeune serviteur était son fils spirituel qui avait même aujourd’hui la valeur d’un fils biologique, je m’étais levé de chez moi et m’étais lancé dans les démarches administratives pour le rencontrer.
Mais la vérité est qu’ayant été pasteur aux États-Unis de puis près de 15 ans je gardais quand même une pince de retenu avant de dire que ce Martial était innocent car j’avais vu des hommes de Dieu tomber dans ce pays, j’avais vu des serviteurs loyaux se détourner de leur valeurs ici. J’avais vu des hommes consacrés oublier leur engagements dans ce pays. J’avais même vu des serviteurs de Dieu basculer vers le monde des ténèbres à la recherche du gain et du succès. Alors je prenais toujours tous les serviteurs de Dieu que je rencontrais avec pincettes. Qui sait pour Patrick c’était un fils en qui il avait confiance mais qui sait? Qui sait dans quoi il s’était engagé aujourd’hui? Qui sait depuis quand il trompait dans des affaires louches.
Grâce à une administration bien organisée, puis que tout était heureusement informatisé ici, j’avais pu retrouver dans quel commissariat se trouvait incarcéré Martial. Ce matin, j’étais même allé à ce poste de police pour demander à le rencontrer. Ça n’avait pas été bien difficile d’obtenir un droit de visite puis que le détenu n’avait pas reçu de visite jusque là. On m’avait donné le droit de le voir cet après midi. Et là j’étais en route pour le poste de police pour enfin le rencontrer quand mon téléphone sonna
- Oui allo!
- Bonjour pasteur Serge comment vas tu?
- Bonjour maman Nathalie je vais bien et toi comment vas tu ma soeur?
- Hum je ne vais pas bien du tout je voulais juste que tu me dise comment se porte Martial, as tu pu le rencontrer?
- Non! en fait le matin j’ai pu obtenir un droit de visite et là je suis en route pour le voir. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne vous ai pas encore appelé j’attendais de le voir d’abord avant de vous rendre compte à Patrick et à toi.
- D’accord merci beaucoup! Je sais combien de fois tu es strict et n’aime pas te mélanger mais je tenais à te rassurer que Martial est loyal, intégre et craint Dieu tu peux me croire.
- En fait je veux juste te croire. Mais tu sais les États-Unis est une toute autre réalité avec le ministère alors je ne préfère pas prendre de décision hâtive
- Je te comprend mais en fait cette réalité n’est plus seulement aux États-Unis mais même ici au Congo et je te dirais partout ailleurs on voit désormais une génération de serviteurs de Dieu qui déforment tout et se servent juste de ce titre pour mieux extorquer de l’argent aux fidèles en utilisant le nom de Dieu à leur propre fin. Alors je comprend que tu gardes tes réserves avec Martial mais surtout j’apprécie que malgré cette réserve tu ais quand même accepté de nous rendre ce service mais s’il te plaît rend moi un autre service tu veux bien?
- Lequel Nathalie?
- Ne le rencontre pas en ayant un jugement prédéfini de lui. Accorde lui le bénéfice du doute et je reste persuadé que le Saint Esprit qui est en toi te convaincra de qui est Martial.Car jusqu’ici je ne vois pas avec qui nous allons collaborer pour l’aider à sortir de là si ce n’est toi. Alors ne le juge pas avant de le connaître s’il te plaît!
- C’est promis Nathalie,c’est promis. Bon je vais devoir couper l’appel je suis arrivé au poste de police où il est détenu pour le moment
- D’accord Serge!
Je restais un moment dans ma voiture avant de sortir, l’attachement que Nathalie et Patrick avaient envers ce jeune homme me faisait beaucoup réfléchir, on aurait dit que c’était leur fils biologique. J’espérais juste qu’il était bel et bien digne de tant de considération. Je pris un petit moment pour prier avant de descendre de ma voiture.
Une fois au poste je me présentais et je sortis le petit papier qu’on m’avait remis ce matin au poste de police. Le policier qui était là était assez courtois avec moi, d’un geste de la main, il fit signe à un autre policier qui me conduisit dans une salle. À l’entrée de la salle il y avait deux policiers armés. Celui qui m’avait conduit jusqu’ici, m’invita à prendre place et quelques minutes plus tard je vis un jeune homme entré dans la pièce vêtu d’une combinaison orange, avec des mains menottées accompagné par un policier , ce qui faisait un total de quatre policiers dans la salle, maintenant. Le jeune homme était d’une posture imposante et même dans cette combinaison orange, il avait tout de même bel allure, typique d’un vrai congolais je me disais au fond de moi, cette pensée me permit de sourire et c’est avec ce sourire que j’accueillais ainsi ce fils pour qui Nathalie et Patrick avaient tant d’affection. Malgré les conditions dans lesquelles il se trouvait, le jeune homme sourit aussi, lorsque nos yeux se croisèrent, il s’assit sur la chaise en face de moi, nous étions séparés par une table en fer. Les deux policiers qui étaient proches de nous sortirent de la salle pour ne laisser que les deux qui étaient placés à l’entrée de la salle. Je me décidai de lancer la conversation avec une petite blague pour le décontracter
- Bah au moins on peut respirer j'avais comme l’impression d’étouffer avec ces deux là juste près de nous
- Kiekiekiekiekie
Il éclata de rire. J’avais déjà remarqué quelque chose chez lui, son sens du leadership, car son visage ne laissait transparaître aucune panique, aucune inquiétude, aucune peur,... alors qu’il était en position de faiblesse, tout dans son apparence gardait encore toute sa dignité, il ne laissait pas paraître de sentiments et ça me rappelait quelqu’un de très proche,ça me rappelait Patrick, son père spirituel. Puis je continuais encore la conversation cette fois ci en me présentant
- Je suis le pasteur Serge Do...
Je n’avais pas fini ma phrase qu’il la termina avec moi
- Domingo
Il venait de dire mon nom, je ne lui cachais pas mon étonnement car je ne le connaissais pas et il ne pouvait pas savoir qui venait le voir aujourd’hui. Il avait compris l’étonnement sur mon visage alors il s’expliquât tout de suite
- Vous figurez dans les albums de pasteur Patrick mon mentor et comme j’ai vécu avec lui pendant des longues années il parlait souvent de vous d’ailleurs. Surtout qu’il ne parle pas souvent des gens ce qui fait que les rares fois qu’il le fait, je comprend alors que la personne dont il parle est une légende pour lui.
Je souriais,c’est vrai que Patrick était l’un de mes rares bons amis, Nathalie aussi le fit pour ma défunte femme d’ailleurs.
- Bon j’espère que tu n’es pas trop déçu que la fameuse légende dont te parlait ton père soit ce vieux fatigué que je suis hein mon petit!
- Non pas du tout je suis plutôt soulagé de voir enfin un visage qui peut m’aider à espérer
- Je suppose qu’ici la durée de cette visite nous sera imposée, alors on ferait mieux d’aller dans le vif du sujet raconte moi ce qui s’est passé et s’il te plaît dis moi la vérité car je n’ai pas de temps à perdre
- Ok papa. Le résumé c’est que j’ai été surpris qu’on retrouve de la drogue dans ma valise. Je peux vous promettre que je ne connais rien de la provenance de cette drogue.
- Et tu penses que c’est avec une phrase pareille que tu vas convaincre un juge de te laisser rentrer tranquillement chez toi? Est ce que tu te rends compte que tu risques d’être transféré dans une prison dans quelques jours. Et tu penses que c’est ce que je veux entendre
- C’est tout ce qu’il y a à dire sur cette affaire. Je ne suis pas le propriétaire de ce sachet retrouvé dans ma valise pasteur
- Cette phrase les juges écoutent ça tous les jours je ne suis pas le coupable. Je ne suis pas un juge pour que tu me sorte ce genre de phrase si tu n’es pas l’auteur de ceci alors ça veut dire que tu connais ceux qui ont fait ça ou du moins tu as une idée de comment et à quel moment ce sachet s’est retrouvé dans ta valise.
- Oui j’ai des soupçons sur des gens mais jusqu’ici ça ne reste que des soupçons.
- Ce sont justement ces soupçons que je suis venu écouter Martial
- Il y a près d’un an, j’ai fais la connaissance de 4 jeunes pasteurs un nigérian, un congolais, un Camerounais et un Béninois lors d’une conférence. nous avons très vite sympathisé et par eux j’en ai rencontré 2 autres plus tard, un autre congolais encore et un ivoirien. Ils ont une sorte de cercle de pasteurs où ils collaborent ensemble pour aider les uns et les autres à gérer leur ministère. Ils organisent des conférences par tour de rôle en tout cas j'avais surtout apprécié leur leadership parce qu’ils ont chacun une très grande église et un ministère qui ne cesse de croître et une très grande renommée.
Pendant que Martial parlait je restais concentré à l’écouter, il poursuivait dans les détails en m’expliquant comment il a été amené à voyager grâce à ses amis en question et il m’expliquait même que c’est aussi par leurs conseils, qu’il a quitté son boulot afin d’être plus disponible à voyager. Car ses amis lui disaient que leur collaboration l’ouvrirait des portes pour aller partout dans le monde prêcher dans des grandes églises, être invité par de grands ministres de Dieu. Je l’écoutais puis quand il se mit à me relater sa dernière contradiction avec deux de ses amis je commençais à mieux projeter ce qui avait pu se passer en tout cas si ce qu’il me disait là était bel et bien vrai, je comprenais entre autre qu’il avait été d’une imprudence à blâmer mais il n’était pas un dealer.
- Donc ce soir là après le restaurant, Aubin et John m’ont fait cette proposition et j’ai répondu sans réfléchir par un non catégoriquement. Comment pouvais je m’adonner à de telle pratiques! Je ne pouvais même pas envisager y réfléchir pour moi la réponse était catégoriquement non! Ils ont essayé de me convaincre de rencontrer leur père spirituel pour qu’il m’explique mieux car pour eux je semblais ne pas comprendre que c’était juste normal et c’était en fait ce qui manquait à mon ministère jusqu’à maintenant mais j’étais resté catégorique et j’avais dis non. Le seul problème reste que dans tout ça, il n’a jamais été question de drogue ce qui fait que même en sachant dans quoi ils plongent je ne vois pas comment les accuser d’un tel acte. Il était clairement question d’une initiation à une forme de spiritualité que j’avais pour ma part jugé s’écartait trop de ma foi en Christ . Le soir quand les deux ont quitté ma chambre d’hôtel, je peux vous assurer qu’aucun d’eux n’a été en contact avec une seule de mes valises. Il est vrai que je savais au fond de moi qu’en rentrant de ce voyage c’était bien la dernière fois que je serais en contact avec eux. Je savais déjà que c’était la fin d’une amitié qui n’avait en fait jamais existé mais je n’avais pas imaginé que c’est ici que je me retrouverais.
- Il n y a aucun doute c’est eux derrière ce coup je reste persuadé c’est juste leur façon de te prévenir que tu dois garder leur secret sinon ils seront prêt à te faire voir plus j’en reste persuadé mais le seul problème est que tout ce que tu viens de me dire ne ressemble à rien devant un juge Martial!
- Je le sais.Mais l’hôtel a forcément des caméras de surveillance et la seule option qu’une personne ait pu faire une chose pareille reste que cette personne l’ai fait dans la chambre car à parti du moment où je suis sortis avec les valises, je n’ai pas quitté mes valises des yeux. Vu la façon dont le sachet était rangé dans mes affaire ce n’est pas un acte réalisé précipitamment. Le sachet était dissimulé à l’intérieur d’un pantalon bien plié.
- A qui appartient le pantalon?
- C’est mon pantalon papa
- Et le jour de la proposition fut ton dernier soir à l’hôtel c’est bien ça?
- Non mon avant dernier soir
- Le soir d’après as tu rencontrer tes amis?
-Oui nous avons déjeuné ensemble quoi que l’atmosphère était désormais très lourd. C’est même là que j’ai compris que nos rapports devaient être coupés juste après ce voyage. Puis je suis allé faire quelques courses pour faire des cadeaux à mes enfants avec une partie de l’argent qu’ils m’avaient donné le deuxième jour du séminaire, donc bien avant tout ceci,puis que c’était moi qui avait prêché
- Combien c’était?
- Ils m’avaient remis une enveloppe contenant 1000 dollars
- Juste pour avoir prêché un soir? alors que c’était eux qui avaient payé ton billet et tout ton séjour?
-Oui papa
Je fronçais les sourcils, avant de continuer
-Tu avais des amis qui organisaient des séminaires, t’invitaient prêcher, payaient ton séjour et te remettaient de telle sommes pour seulement une intervention d’un jour ou deux et toi tu ne te posais jamais de questions sur comment ils gagnaient tout cet argent? Depuis tout ce temps? Excuse moi de paraître sceptique mais mon fils, j’ai du mal à te suivre là!
- Non papa, ça n’a jamais été le cas en fait. Mon séjour, mon billet oui, ça avait toujours été le cas lorsqu’ils m’invitaient à leurs conférences et autre mais ce n’était pas toute fois qu’ils me remettaient une enveloppe il y a même eu des fois où j’ai prêché sans qu’ils ne me donnent de l’argent, il suffisait juste qu’ils me déplacent en fait. Et comme vous le savez vous même il arrive beaucoup ce genre de cas et c’est d’ailleurs ce qui fait que je ne pouvais pas m’imaginer quoi que ce soit d’eux. Les rares fois où ils me remettaient une enveloppe aussi c’était juste des petites sommes qui ne dépassaient même pas 200 $ généralement, je trouvais cela normal puis que c’est toujours ainsi que les choses se font. Ce qui fait que nous étions juste un réseau d’amis pasteurs qui collaboraient pour faire connaître les ministères des uns et des autres
- Quand ils t’ont remis 1000$ cette fois ci cela n’a pas attiré ton attention? Car la somme dépassait celle de toutes les autres fois?
- Non pas du tout. En fait avant mon arrivée j’avais confié à Aubin avec qui j’étais devenue très proche que j’avais des problèmes financiers et que c’était vraiment chaud pour moi. Et l’un des autres pasteurs m’appelait plus tard pour me dire que j’étais convié au séminaire et m’avait fait savoir que tous ils avaient eu connaissance de ma situation financière et allait m’aider un peu à mon arrivée. Du coup cette enveloppe que j’ai reçu de leur part pour moi je savais que ce n’était pas parce que j’avais prêché mais c’était plutôt des amis qui avaient mis leurs moyens ensemble et m’avaient donné un coup de pouce. Entre temps je savais aussi qu’ils me feront une proposition au calme une fois le séminaire terminé puis qu’ils m’avaient déjà prévenu qu’ils avaient une proposition à me faire ce depuis quand j’étais au pays. Pour moi c’était une proposition professionnelle, c’était à ça que je m’attendais. Mais les 1000$ c’étaient juste des amis qui voulaient me prêter main forte pour que je souffle un peu.
On continuait encore à parler quand le policier qui m’avait conduit jusqu’à la salle entra dans la salle et s’approchait de nous, quand je le voyais s’approcher je concluais déjà vite en coupant Martial qui continuait à me relater d’autres détails
- Apparentement c’est la fin de cette visite toi demeures en prière je vais voir quelles sont les fréquences de visites autorisées. Pendant ce temps en sortant d’ici déjà je vais contacter un avocat et nous allons demander une libération sous caution en attendant le procès. Je vais aussi demander à ce que tu ai le droit de passer un coup de fil pour parler à ta femme là tout à l’heure en sortant je vais leur demander ça. Et la prochaine fois que je viens je vais apporter ma bible et on va faire un partage biblique tu as aussi besoin mais toi garde tes yeux fixés sur notre Seigneur mon enfant!
Je parlais très vite pour pouvoir dire tout ce que je voulais avant que le policier n’arrive jusqu’à nous. Il était là puis il s’adressa à moi
- Time is over !
- Ok thank you
J’avais répondu poliment puis me
tournant vers Martial
- Nous allons te sortir de là mon petit!
C’était la première fois de tout le temps passé avec lui que je voyais enfin sa tristesse transparaître sur son visage.
Nathalie n’avait plus à s’inquiéter du préjugé que je pouvais avoir envers son fils car maintenant j’étais persuadé que ce petit était innocent,il avait juste été naïf en effet.
En sortant je m’arrêtais dans un bureau où il était écrit renseignement pour mieux me renseigner sur les droits de Martial. La dame qui m’avait reçu était très gentille. Elle m’avait mis au parfum de tout et j’en avais profité pour savoir s’il avait le droit de passer des appels et les fréquences de ces appels ainsi que celles des visites. La dame m’avait renseigné sur tout et m’avait promis que tout ça sera respecté concernant ce qu’elle m’avait dit pour le droit de passer des appels.
Selon la dame, il était possible de demander une liberté sous caution en attendant le jour du procès, il fallait juste avoir la somme que fixerait la caution. Compte tenu du fait qu’aucun crime n’avait encore été retenu contre Martial, qui jusqu’ici avait un casier judiciaire vierge, la dame me rassurait qu’il pouvait obtenir la liberté sous caution avec un peu de chance.
En quittant le poste de police, je passai alors un coup de fil à Nathalie pour la rassurer, on aurait dit qu’elle était collée à son téléphone attendant mon retour. Je ne sais pas si toutes les informations que j’avais donné à Nathalie avait suffit pour la calmer un peu car elle était très inquiète au sujet de Martial. Je pouvais constater qu’elle avait beaucoup d’affection pour lui.
- Dans la tête de Martial -
Une seule erreur peut suffire pour nous détourner de notre destinée, j’aurais pu écouter ma femme, j’aurais pu écouter mon père spirituel lorsqu’ils me tenaient en garde. J’avais appris à ne pas laisser transparaître ma panique sur mon visage grâce à mon père spirituel. Pourtant au fond de mon cœur, j’étais très troublé, je savais que tout jouait contre moi, je ne voyais pas comment c’était possible de prouver mon innocence. Tout me condamnait. Comment pouvais je imaginer que derrière ces hommes de Dieu plein d’éloquence et avec un ministère tellement puissant pouvaient se cacher des hommes qui avaient acceptés de faire un pacte avec le diable.
Je faisais cette prière à Dieu à chaque heure depuis que j’étais là dans cette cellule
- - Seigneur si tu me sors d’ici, je te promet que je me concentrerais sur les âmes que tu m’as donné dans mon église. Je prendrais soin d’eux de tout mon cœur, je mettrais toute ma vie à veiller sur leur croissance. Si tu ne m’en donnes que 5 je me contenterais de les conserver fidèle à toi. Je ne négligerais plus ces âmes pour rechercher un ministère plus grand, je reconnais que ma motivation fut corrompue. Je le reconnais et je te demande pardon pour cela. De même que Christ pouvait dire je n’ai perdu aucune des brebis que le père m’a confié je veux être capable de le dire aussi. Mon souci doit être les âmes et non la renommée. Seigneur rétablis moi, sonde moi et vois si je ne te serais pas fidèle.
Ces quelques heures passées là m’avaient déjà permis de comprendre que je m’étais peu à peu éloigné de l’essentiel. Quelle était la dernière fois que j’avais organisé une décente d’évangélisation avec les fidèles de mon église comme ce fut avant. Avec le seul zèle de voir des âmes venir à Christ? Je ne me souvenais même plus! J’avais perdu le zèle de mon premier amour. Ce qui m’attirait chez ces soi-disants pasteurs c’était leur grand ministère, je voulais me faire un nom. Quelle honte!
J’avais peur de combien de temps cela prendrait avant que je ne voie le jolie sourire de ma femme, avant que je n’écoute les éclats de rire de mon ciel Lola ou encore avant que je ne discute une partie de Nintendo ou de Scrabble avec mon pote Doxa. J’avais hâte de monter sur la chaire de mon église et de dire à cette famille que Dieu m’avait donné de paître vers les verts pâturages combien j’étais reconnaissant d’être leur pasteur. J’avais hâte de voir mon père dans les yeux et lui dire tu avais raison sur toute la ligne papa.
La visite de pasteur Serge m’avait fait beaucoup de bien,ça m’avait aidé à retrouver un peu d’espoir. J’avais pu lire dans ses yeux la confiance. En fait quand il était venu, les premières minutes de notre conversation, je lisais dans ses yeux le doute mais à la fin de notre conversation j’avais lu de la confiance, il croyait en ce que je lui avais dit et ça, ça m’avait beaucoup rassuré.
Je m’étais endormi sans vraiment trouver le sommeil, quand un garde vint ouvrir ma cellule, que me voulait-Il? Était ce encore une visite? Qui pouvait encore me visiter?
- Dans la tête de Johanna-
Chaque fois que je voyais mes enfants rire ou faire des blagues, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir des remords. Les pauvres ne savaient même pas ce qui arrivait à leur père. Doxa et Lola n’étaient cependant pas les seuls enfants que mon mariage m’avait donné, il y avait aussi tous ces fils et filles que le ministère de Martial m’avait donné. Je redoutais de devoir aller au culte dimanche et d’écouter les questions de tout le monde qui savait déjà que leur pasteur était censé être de retour. Devrais je mentir à ces collaborateurs? Je ne savais pas quoi faire, j’avais tant besoin de parler avec Martial. J’avais tant besoin de lui demander ce qu’il aurait fallu que je dise dans ce genre de cas.
Lui qui était mon conseiller lorsque je ne savais pas quoi dire, il capitulait toujours pour moi. Assise sur le fauteuil je réfléchissais à tout ça et dès que mes yeux croisaient ceux de Doxa ou de Lola je simulais un sourire pour les rassurer. Très tôt ce matin ce fut le message de Angela qui m’avait arraché de mon sommeil,ce sommeil que j’avais d’ailleurs eu peine à trouver. Son message m’avait arraché toute lueur d’espoir
« Cc yaya j’essaie toujours de me rappeler mais en vain. Bon je me dis que c’est sûrement une confusion de ma part. Sinon tu disais que c’était urgent quoi il y a un souci avec le dit pasteur? »
J’avais répondu par un simple
« Non pas vraiment ma chérie. Bisous bisous je t’aime »
Comment allais je dire à ma petite sœur que mon mari était incarcéré parce qu’il avait été trouvé avec de la drogue? Comment devrais je l’annoncer aux membres de ma famille? Les nouvelles vont tellement vite que j’imaginais déjà la tête de ma cousine Ornella ou de ma Tantine Sabine. Quand je pense que j’en avais fini avec leurs commérages en me mariant, maintenant j’imagine juste ce qu’elles allaient encore inventer avec cette histoire d’incarcération. Comme vous le savez dans toutes les familles, il y a toujours des tantines Sabines et des Ornella, des gens qui attendent un échec dans notre vie, des gens qui restent aux aguets en attendant la dernière rumeur de notre foyer. En tout cas pour le moment j’allais garder ça pour moi même.
- Mais maman ton téléphone sonne tu as la tête ailleurs ou quoi?
Je sursautai en voyant Doxa en face de moi tenant dans ses mains mon téléphone, je pris le téléphone de ses mains puis sans voir le numéro je décrochais l’appel
- Oui allo!
-Mademoiselle Itoua!
Cette voix! mon cœur se mit à battre, je n’avais pas pu retenir mes larmes qui coulaient tout d’un coup, heureusement que Doxa et Lola ne faisaient pas attention, alors ils n’avaient pas remarquer ces larmes que je m’empressais d’essuyer
- Martial chéri!