CHAPITRE 148: QU'AVEZ-VOUS FAIT ?

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 148 : QU’AVEZ-VOUS FAIT ?

**ARSÈNE MFOULA**

Lucrèce vient de monter à la chambre et je regarde sa mère qui est très remontée. Même si je comprends son état mais nous n’avons pas le choix, malgré tout ces gens restent la famille de Lucrèce et nous ne pouvons pas lui interdire d’y aller pour prendre soin de son père. On n’a pas d’autre choix que de composer avec ces gens car en prenant Lucrèce comme notre fille, on a dû intégrer le fait qu’ils allaient être de l’autre côté de la rive. Ce qu’il faut c’est de trouver un juste équilibre entre son intégrité physique et mental et le fait qu’elle fréquente sa famille. Elle est revenue quelques minutes après avec la boîte et Leslie s’est occupée de sa blessure et les autres griffures qu’elle avait ça et là avant de se rendre à la cuisine. Je l’ai suivie.


Moi : Ça va ?

Leslie : Non. Cette situation m’énerve comme pas possible.

Moi : Je sais mais calme toi, Lucrèce n’a rien eu de grave.

Leslie : Encore heureux car ça aurait été le comble qu’elle lui fasse plus de mal. Cette fille a toujours eu un mauvais fond. Depuis que je les ai rencontrées  toutes les deux, elle a toujours cherché à faire du mal à Lucrèce tout en se faisant passer pour la victime. Tu sais que quand Lucrèce avait 13 ans, elle l’avait déshabillé et laissé toute nue à la route ? Soi-disant qu’elle lui avait pris ses affaires ? Des affaires qu’elle lui avait elle-même donné.

Moi : (Silence)

Leslie : Si ce n’était pas la pauvre femme qui vendait ses gâteaux à la route qui lui avait donné un pagne pour se couvrir, elle serait restée ainsi jusqu’à la maison. Des bêtises comme ça, il y en a des tonnes que si je me mets à raconter, on y passerait des jours. Donc son dessein de lui faire du mal ne date pas d’aujourd’hui. Ce n’est pas quelque chose de passager ou une simple erreur, c’est depuis qu’elle la cherche mais je te le dis, elle ne l’aura pas, ni elle ni toutes les personnes qui la cherchent.

Moi : Nous allons prier (la tenant par la taille pour lui faire un bisou sur l’épaule ) calme toi.

Leslie : Hum. 

Moi : (Changeant de sujet pour la distraire) La kiné n’est pas venue aujourd’hui ?

Leslie : Si, c’était juste une heure. Elle reviendra demain autour de 10h. 

Moi : D’accord .

Leslie : J’étais en train de me questionner.

Moi : À quel propos ?

Leslie : Jennifer. Je me demandais si je pouvais l’appeler pour lui proposer mon aide par rapport à la fête de demain.

Moi : C’est une bonne idée, tu devrais le faire.

Leslie : Tu penses ?

Moi : Oui. Tu ne te sens pas à l’aise avec l’idée ?

Leslie : Je ne vais pas te cacher que j’ai encore un peu de mal avec Jennifer et Linda à cause de nos antécédents. Quand vous êtes là c’est plus facile.

Moi : Je comprends. Mais bon, il faudra bien que tu dépasses ce sentiment et que tu essaies d’aller vers elles. Je sais que ce n’est pas facile mais essaie. Après si tu ne le sens pas plus tard, tu pourras au moins te dire que tu as essayé.

Leslie : D’accord. Tu as raison je vais.

Aimé : (Rentrant dans la cuisine) Maman ton téléphone sonne.


Elle l’a pris et m’a montré l’écran. C’était Jennifer qui l’appelait.


«Leslie : (Décrochant) Allô ? »

 « ………. »

« Leslie : Bonsoir Jennifer, je vais bien et toi ? Je parlais même justement de toi à l’instant avec Arsène. »

« …………. »

« Leslie : Oui bien-sûr, il n’y a pas de problème. Je pensais à t’appeler aussi pour proposer mon aide. »

« ………… »

« Leslie : J’ai une séance avec la kiné à 10h et après je suis libre, je vous rejoindrai . »

« ………… »

«Leslie : D’accord. À demain. Bye. »

Clic !


Moi : Alors ?

Leslie : (Souriante) Elle m’a proposé de l’aider pour la fête.

Moi : Ah. Tu vois que vous aviez la même pensée.

Leslie : Oui et je suis contente qu’elle m’ait invité.

Moi : Moi aussi je le suis. 

Leslie : Si on pouvait découvrir où sont mes parents et ainsi mettre fin à toute cette histoire pour être totalement libre, je serais encore plus heureuse.

Moi : Nous allons les retrouver, ne t’inquiètes pas.

Leslie : (Soupirant) D’accord.


Nous avons continué à parler et je l’ai aidé avec la préparation du dîner que nous avons pris un peu plus tard. Demain c’est le 31 décembre et au programme, culte à l’église de 20h à minuit suivi de la fête chez Ebouma jusqu’au lendemain. Nous y serons tous (…)

Je viens d’arriver à la maison où j’ai la lourde charge de gérer les jumeaux. Leslie est partie avec ses filles chez Jennifer. En les déposant là-bas tout à l’heure, je suis revenu avec Derreck qui est directement allé jouer avec ses gens à la cour arrière. Je me suis posé devant mon ordinateur pour travailler un peu quand j’ai reçu un appel d’un numéro masqué. J’ai laissé sonner la première fois et la deuxième en pensant que c’était peut-être une erreur mais au bout du troisième appel, j’ai décroché sans parler.


« Inconnu : (Voix grave) Allô ? »

« Moi : Oui ? »

« Inconnu : C’est bien monsieur Arsène Mfoula ? »

« Moi : (Intrigué) Qui le demande ? »

« Inconnu : Bernard Ogoulinguende à l’appareil . »


C’est le monsieur qui avait heurté Lucrèce la dernière fois. Je suis bien curieux de savoir où il a eu mon numéro et pourquoi il m’appelle.


 « Bernard : Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi »

« Moi : Effectivement. L’accident avec ma fille. »

« Bernard : En effet. J’espère que vous allez bien et que la petite s’est bien remise de ses égratignures. »

 «Moi : Oui, merci de vous en inquiéter. »

 «Bernard : Tant mieux. Vous devez vous demander pourquoi je vous appelle. »

 «Moi : En effet, j’avoue que je suis curieux. »

 « Bernard : Figurez vous que moi aussi je suis curieux. »

« Moi : (Fronçant les sourcils) Je ne comprends pas. Pourquoi vous êtes curieux ? »

«Bernard : Je suis curieux de savoir ce que vous avez bien pu faire aux gens de ce pays pour que votre nom soit dans plusieurs bouches. »

 « Moi : (Silence) »

 « Bernard : Et le plus surprenant c’est que vous ne faites pas dans la politique alors je me questionne à ce sujet. À notre rencontre à la clinique, vous m’aviez fait l’effet d’un homme sans problèmes, alors j’essaie  de comprendre ce que vous avez fait pour vous mettre à dos certains de nos compatriotes. »

«Moi : (Après un moment) Je vous avoue que vous me surprenez. J’ignorais que mon nom était connu dans les hautes sphères de ce pays jusqu’à présent je mène une vie plutôt tranquille donc cela m’étonne. »

 « Bernard : Vous êtes sûr que vous ne savez pas ce que l’on peut bien vous reprocher ? »

« Moi : Jusqu’à  votre coup de fil, j’ignorais que mon nom pouvait faire l’objet des débats dans les hautes sphères. »

« Bernard : Vous en êtes sûr ? »

«Moi : Aussi vrai que je porte mon nom. » 

« Bernard : Ok. Dans ce cas, laissez moi vous rappeler. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai bien envie de vous croire. Le temps de vérifier quelques informations et je vous recontacterai. »

 « Moi : D’accord. »

« Bernard : Bonne journée monsieur Mfoula. »

« Moi : À vous aussi monsieur Ogoulinguende. »

Clic !

J’ai posé mon téléphone sur la table et je me suis passé la main sur le visage en repensant à la conversation que j’avais eu avec le pasteur Lilian il y a plus d’une  semaine maintenant lorsqu’il me disait que j’allais subir une forte pression. J’ai le sentiment que ce coup de fil est le top que Dieu me donne pour me dire que c’est imminent. Que dois je faire maintenant ? Je sais qu’il s’agit de mon travail et ma réputation mais comment est-ce que ça va se passer concrètement ? Je l’ignore . 

Je me lève et me mets à arpenter la pièce avant de me décider à prier.


Moi : Seigneur, tu m’avais déjà averti par le passé et tu viens de confirmer que ta parole est véritable. Je n’ai aucune idée de ce que ces gens préparent contre moi mais toi qui est omniprésent et omniscient, révèle à ton enfant les plans de l’ennemi, ne me laisse pas dans la confusion car tu n’es pas un Dieu de confusion mais de précision et de clarté. Papa, je ne crains pas pour ma vie ni pour celle de Leslie car j’ai l’assurance que la mort n’est pas au rendez-vous pour le moment, mais je te prie de nous donner la force de tenir face à ce qui va se passer. Garde nos cœurs près de toi et ne permet pas que la colère puisse les souiller. Je viens par la même occasion te présenter mes parents que dans leur incompréhension, ils ne posent aucun acte qui pourrait leur porter préjudice. Mes enfants papa, sont entre tes mains recouverts par le sang de Jésus afin que rien ni personne ne puisse les atteindre physiquement et spirituellement. Donne moi la direction à suivre et les actions à poser dès maintenant. Merci parce que tu es un père aimant et un Dieu fidèle qui n'abandonne pas ses enfants dans l’adversité au nom de Jésus. Amen. 


J’ai pris mon téléphone pour appeler le pasteur Lilian et lui faire part de cet appel. Après m’avoir encouragé, il a prié pour moi afin que le Seigneur m’équipe et me fortifie dans cette épreuve. À 18h, Paul est passé déposer mes femmes et récupérer son fils. On s’est dit à tout à l’heure pour la fête. 


Moi : Ça a été ?

Leslie : (Souriante) Oui. On s’est bien amusée entre femmes. Reine, Kelly et Lauria sont aussi venues donc c’était plutôt cool. Jennifer a été très sympa avec moi. Elle m’a d’ailleurs prise à part après ton départ pour me parler. Elle m’a dit que c’est vrai que nos débuts ont été chaotiques mais maintenant que les choses étaient rentrées dans l’ordre, on faisait maintenant partie de la même famille et qu’elle espérait que je n’allais pas me sentir gêner d’aller vers elle et vis-versa. Je l’ai remercié et elle m’a mise à l’aise avant l’arrivée des autres qui étaient apparemment au marché. 

Moi : D’accord. C’est temps mieux.

Leslie : Et vous ? Qu’avez-vous fait ?

Moi : (Souriant) Rien d’extra. Les garçons sont allés jouer à l’arrière sans prêter attention à ma pauvre personne.

Leslie : (Souriante) Donc tu étais en mode seul au monde ?

Moi : Oui, obligé de travailler un peu pour passer le temps. 

Leslie : Tant mieux. Vous avez quand même mangé ?

Moi : Oui. 

Leslie : Ok. On va se préparer pour l’église.

Moi : Tu vas avant ou j’y vais ?

Leslie : Vas y. Je vais d’abord apprêter nos tenues et m’occuper des filles.

Moi : D’accord. 


Je me suis rendu dans la salle de bain pour prendre ma douche. Je ne dirai rien à Leslie ce soir, je préfère la laisser profiter paisiblement de la fête ce soir et demain je lui parlerai par rapport à cette situation. 15 minutes plus tard je sors de la douche pour aller me vêtir. Toute ma tenue est prête et posée bien en vue. Je me suis vêtu, parfumé et tout avant d’aller la rejoindre dans la chambre des jumelles. Lucrèce s’occupe de ses frères. Elle a fini avec les petites et me les a données avant d’aller s’apprêter à son tour. Je suis descendu avec les filles en bas et les garçons m’ont rejoint tous beaux et propres. 20 minutes plus tard, Leslie et sa fille nous ont rejoints, belles comme des cœurs. On était tous en vert. Notre photographe nous a fait des photos et vidéos puis nous sommes allés à l’église. Nous sommes arrivés 30 minutes avant le service et avons trouvé Loyd déjà sur place avec Janaï tout beau dans son costume noir. Nous sommes allés vers eux pour les saluer dans la joie et la bonne humeur. Son regard s’est attardé sur Lucrèce quelques minutes avant de croiser le mien.


Moi : (Souriant) Ma fille est belle n’est-ce pas ?

Loyd : Oui, elle l’est.

Leslie : C’est seulement parce que je suis moi-même présente que j’accepte qu’elle sorte comme ça, sinon jamais je ne l’aurais permis.

Janaï : Mais pourquoi ?

Leslie : Pour que les sorciers mettent leurs gros yeux sur ma fille ? Jamais. Ils vont la voir et penser que c’est déjà une femme alors que ma fille est encore bébé.

Janaï : (Souriante) Elle grandit vite. Elle a 18 ans n’est-ce pas ?

Leslie : Où c’est ? C’est 16 ans que tu vois comme ça.

Janaï : Ah. J’aurais dit 18 ans. Elle paraît bien plus grande que son âge.

Leslie : Tu vois non ? C’est pour ça que je la surveille. Mais son père dit que j’exagère.

Moi : Hum. 


Les Nze nous ont rejoint et nous sommes rentrés dans la salle de culte car il était quasiment l’heure. Les moments ont commencé, entre louanges, danses, sketch et autres, c’était l’ambiance en plus du programme habituel. Nous avons partagé des amuses bouches et boissons avec les autres avant de partir à 1h du matin pour chez Paul. Après les vœux les uns aux autres nous sommes rentrés dans la fête. Au début nous étions tous ensemble avant que les clans se forment. Les hommes entre eux, les femmes, les jeunes, les enfants et les bébés qui dormaient. 


Loyd : C’est qui le garçon qui n’arrête pas de suivre Lucrèce partout ?

Moi : (Tournant ma tête pour voir) C’est le petit frère de Jennifer, son dernier.

Loyd : Je ne sais pas s’il n’y a que moi qui remarque mais il la colle un peu trop.

Paul : (Souriant) L’enfant là ne voit pas une jolie fille passée devant ses yeux, il me rappelle Alvine à l’époque.

Alvine : (Souriant) Parle pour toi hein Ebouma, tu n’étais pas mieux à l’époque. Et puis ce n’est pas la faute de Ronny. Vous avez vu Lucrèce. 

Paul : (Riant) Paulin (son frère) m’avait déjà demandé qui c’était et s’il pouvait attaquer. 

Benjamin : Il n’est pas censé se marier bientôt celui-là ?

Paul : Si mais tu sais comme il peut être fou ce petit. 

Moi : Il tente ça sur mon enfant et c’est un homme mort.

Paul : (Riant) T’inquiètes. Dès que j’ai dit que c’était ta fille, il a enlevé le corps. Par contre il y a eu d’autres propositions et ce depuis la journée quand elles étaient là pour préparer. Elle a vraiment tapé dans l’œil de plusieurs petits cousins quand on transportait la boisson. 

Loyd : Elle n’a pas l’âge pour ça.

Moi : Il le sait très bien.

Paul : Je le leur ai dit. 


J’ai suivi les mouvements de Lucrèce dans la pièce et j’ai vu comment elle faisait tout pour s’éloigner des garçons qui lui tournaient autour au point d’aller retrouver sa mère. Je ne m’inquiète pas pour elle, les garçons ne sont pas au programme dans sa tête présentement. Nous avons changé de sujets et j’ai fini par m’isoler quelques minutes avec Paul et Alvine pour leur expliquer ce qui se passe.


Moi : Voilà un peu la situation.

Paul : Tu penses que le monsieur peut aussi être dans le coup ?

Moi : Je l’ignore. 

Alvine : Il a dit quand est-ce qu’il va rappeler ?

Moi : Pas exactement. Juste qu’il ferait quelques vérifications avant de le faire.

Paul : Je vois. Dans tous les cas, reste sur tes gardes car on ne sait jamais.

Moi : Oui.

Alvine : Tu l’as dit à Leslie ?

Moi : Pas encore. Je voulais d’abord laisser passer la fête. Je le lui dirai dans quelques heures après que nous soyons rentrés à la maison. 

Eux : Ok. 

Moi : Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Mais j’aimerais que si je me retrouve coincer ou dans l’impossibilité d’agir.

Paul : (M’interrompant) Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Tu parles de mort ?

Moi : Non. Mais Bernard est à la tête de la prison centrale et s’il a entendu parler de moi, je me dis qu’il se peut que j’y fasse un tour.

Paul : Je comprends.

Moi : Du coup, si jamais je suis arrêté et conduit en prison, j’aimerais que vous récupériez Leslie et les enfants pour qu’ils ne restent pas seuls à la maison. Je préfère que ce soit vous parce que vous saurez quoi lui dire pour la rassurer afin qu’elle garde son calme parce que vous avez une vue d’ensemble du problème contrairement à mes parents qui eux pourraient constituer une source de stress supplémentaire pour elle.

Paul : Elle pourra venir ici. Comme Al devra gérer Reine, Leslie viendra à la maison. 

Moi : Merci. 


Nous étions encore en train de parler quand le bruit dehors a attiré notre attention. En sortant nous avons vu Princy et Benjamin séparer Loyd d’un cousin de Paul.


Didier : (Cousin, saignant de la bouche) Tu es malade, c’est ta meuf ?

Loyd : (En colère) Tu essaies encore de t’approcher d’elle et je te défonce la gueule.

Nous : (Surpris) Qu’est ce qui se passe ?


SECONDE CHANCE