CHAPITRE 15
Ecrit par kony ariane
Jessica Gbo
Ce soir il
y a un dîner de famille, où il n’y aura que les proches. Les parents des
mariés, les mariés eux-mêmes et quelques
amis à eux.
J’appréhende
parce que je n'ai pas revu Karl depuis des mois. En plus je ne suis pas à
l'aise de me savoir à la même table qu'eux.
Je vois
venir vers moi un Monsieur que je semble connaitre, où je ne me souviens pas
-bonsoir la
fausse commerçante
-ah bonsoir
mon sauveur
Nous avons
tous les deux ris de bon cœur. Il s’appelle Kevin KANA, 35 ans, ami de la famille.
Nous avons
discuté un moment puis je me suis excusée car la future mariée me demandait.
Karl était
là avec son épouse. J’ai tout fait pour ne pas me retrouver dans leur sillage.
Dieu merci, à table j’étais à l’extrémité entre Carla ma petite folle et
Kevin. Nous avions formé un clan. Nous rions des histoires loufoques que nous
raconte Carla. Elle est blanche mais noir dans sa tête.
Karl SAGNA
Jess, ma
Jessica est resplendissante. Elle brille de mille feux. La lumière qu’elle
dégage semble me narguer, me dire « gros con », encore et encore. Je
n'ai pas eu l’occasion de lui parler et pour cause, Clarisse.
C’est
aujourd’hui que madame se joue la femme
amoureuse et dévouée. J’ai envie de la secouer tel un cocotier et lui crier de
se réveiller. La pauvre doit faire un
mauvais rêve. Je suis énervé, contre Clarisse, contre Kevin,
contre moi…
J'ai envie
de me lever et d’aller la chercher pour que nous partions loin d'ici.
Mon Dieu,
elle se lève de table. Je fais de même une minute plus tard et dès qu’elle ressort des toilettes
-Jess…
-bonsoir
yaya Karl
Elle l'a
dit de la façon la plus naturelle possible. Ça m'a fait un pincement au cœur
-bébé, tu
es magnifique. Tu me manques
-
excuse-moi yaya, mais tu devrais dire
plutôt ces choses là à ta femme.
Quand je me
retourne, Clarisse s'emmène comme un bulldozer,
alors que la petite là lui a déjà donné une correction une fois.
-tu me suis
jusqu’aux toilettes ce soir ?
-mon chéri
je te cherchais.
-tu m’as
trouvé, tu peux repartir
Avant
qu’elle ne lance un mot je me suis enfermé dans les toilettes. Le parfum de
Jess y était. Je voulais m’imprégner de ce parfum.
Je vais
devenir fou. Elle me manque trop et la savoir si proche mais tellement loin, me
met dans une rage. Elle sourit et parle à
tout le monde excepté moi.
Tatiana
SAGNA
La
cérémonie a été une pure merveille. C’était magique. Mon mariage n'a pas été
aussi beau que celui-là. Je suis
heureuse, notre petit poussin est un coq à présent.
Je me
rendsauxa toilettes histoire de faire une petite retouche avant l’arrivée des
mariés, lorsque j’entends une personne dans l'une des cabines.
-Gauthier,
moi Clarisse Bona je dis, mais tu n'as
pas honte? Gauthier n'as-tu pas honte?Je
t'ai donné un fils et depuis tu me dis que tu vas quitter ta femme, l'enfant vient d'avoir un an. Tu n’étais pas
prêt je lui ai trouvé un papa en attendant et tu m'as même aidé à falsifier les
résultats du test ADN. Nous continuons de coucher ensemble au moins trois fois
par semaine et c’est toujours des
promesses. Je suis fatiguée. Tu me
légalises ou je le dis à tout
Brazzaville que tu es le père de mon filsJunior.
Dès que
j’ai su que c’était clarisse j'ai activé l’enregistreur de mon portable. Je ne
ferai aucun scandale ce soir. Cette fille est mal tombée. Détruire ainsi la vie
de mon frère. Elle va regretter de
s'être frottée au SAGNA.
Je retourne
à la fête et joue mon rôle d’aînesse.
Karl SAGNA
Je suis
subjuguée. Les demoiselles d’honneur se sont changées. Jess est la lumière du
fil d’Ariane.
Elle est
mûre, elle fait femme. C’est ma femme.
Je ne désespère pas. Elle est à moi. Je suis décidé. Je vais divorcer de
l'autre là. Que papa me prive de son argent je m'en fou. Jess est un besoin
vital pour moi. C’est ma moitié. À l’église quand elle s'est avancée, j'ai eu la révélation. Une voix qui me
disait, voilà ta femme.
Je vais me
battre pour la reconquérir. C’est mon joyau.
Chris est
heureux ca se lit sur son visage. Je suis heureux pour eux.
Yabo et Wil
sont également de la partie. Yabo est enceinte à ce que je vois. Je veux ce bonheur là avec ma
Jess.
Je dois
parler à Kevin. Je lui envoie un Sms. Il me rejoint aussitôt
-yaya, il
faut que je te parle
-vas y je
t’écoute
-heu,
Jessica est ma femme
-comment
ça ? Tu es polygame maintenant ?
-Non non, dis je embarrassé
- mais non
je te taquine. Je suis au courant pour ta connerie, je te signale que je suis
sur le forum familial.
-c’est vrai
excuse moi
-en fait je
suis tombée sur elle à l’aéroport et quand je l'ai revu ici,vu que
nous nous entendons bien, maman Michelle a demandé que je lui tienne compagnie.
Sinon maman compte lui présenter, enfin la mettre en contact avec Odilon, le
fils de maman Ludivine qui est au Canada là.
-ahd’accord…quoi ?
De quel droit veut ou va-t-elle les mettre en contact ? C’est ma femme.
-ah
oui ? Tu es à côté de la plaque
petit. Tu fais ta vie et tu veux hypothéquer celle de la pauvre femme. La vie ce n'est pas ça…tu as fais un choix,
tiens toi y.
Il me
plante et s’en va. Non mais maman pense faire quoi là. C'est ma femme non de
Dieu.
Jessica Gbo
La soirée
est une heure merveille. Ça me donne
envie de me marier. Il y a tellement d'amour entre les mariés et entre les
mariés et les invités que ça me donne les larmes aux yeux.
C’est un
jour spécial pour des personnes spéciales alors je dois prendre sur moi et
dégager que de bonnes ondes.
Quand ce
fût l'heure du lancé de bouquet et que les célibataires fût invités, je ne me serais pas levée si maman Michelle
n’était pas venu me chercher de force.
Et comble
de je ne sais trop quoi, le bouquet a atterri dans ma main gauche ou plutôt je
l'ai attrapé. J’ai moi-même été surprise.
Je n'ai pas
même un prétendant et c’est moi qui attrape. Les voies du Seigneur sont
impénétrables…
Carla la
fofolle jubilait comme si ce fichu bouquet était entre ses mains. Quand je
levai mes yeux une fois ma surprise passées, je croisai ceux de Karl qui me
dévisageait. Je m'abandonnai à ces yeux, m’y perdant mille et une fois. Je ne
rêve pas. Je lis sur ses lèvres « je t'aime ». J'aurais voulu lui dire
ces mots mais entre lui et moi ce n'est plus possible. Je sentais des larmes
pointer, alors je m’éclipsai de façon très discrète.
J’ai besoin
de respirer. Je me retrouve dans le grand jardin de l’hôtel.
-Bébé, je
me battrai le restant de ma vie pour te reconquérir
Voilà que
je rêve éveillée. J'aurais aimé que Karl me le dise à cet instant. Lui et moi
c’est impossible. Il est marié et a un enfant. J’ai si mal…
-Mon Dieu
Karl comment as-tu pu me faire ça ? Je suis brisée.
Je sens une
main se poser dans mon dos, les larmes m’aveuglent.
-mon amour
je vais tout arranger
C'est bien
Karl. J'ai envie de me jeter sur lui. Au
moment où mon corps s’apprêtait au le faire, ma raison me parla,
« Il
est marié »
Je me
dégageai de lui, essuyai mes larmes.
-qu’est ce que
tu veux ?
-Jess, je
veux que tu me donnes une autre chance. Patiente s'il te plaît mon amour.
Donne-moi 6 mois et je mettrai tout en ordre.
Je me mis
en colère. Est-ce parce que sa
proposition me tente ou parce qu’il a le
toupet de me faire une telle proposition ? Je lui collai une gifle pleine
de rage et colère. Je le dépassai, fis un tour aux toilettes pour une
beauté. Il est 4heures, les mariés vont
se retirer à leur hôtel car demain, il y
a encore un diner. Je suis moi-même fatiguée.
Carla a hypothéquer
la piste, c’est la mascotte des mariés.
Elle ambiance tellement la piste que je fais un effort supplémentaire et
larejoins. Les mariés se sont retirés certes mais des invités sont encore là, la fête doit continuer.
Clarisse Bona
Karl j'ai
de la peine pour lui. Je le vois manger littéralement cette petite des yeux. Il
doit vraiment être amoureux d’elle. La fin de leur histoire est un dommage
collatéral comme il en existe en période de guerre.
Je n'ai eu
d’autre choix que de lui coller la paternité de Junior. Ce soir là où nous nous
sommes vus, je venais d’apprendre que j’étais enceinte de 3 semaines et dans
des circonstances dangereuses. Je m’étais évanouie chez ma tante, la petite sœur de papa, en présence
de ce dernier, de ma tante en question et de son mari. C’est un couple
pastoral. En d’autres
circonstances, je me serais
débarrasser de l’enfant mais pour dire vrai, je suis éperdument amoureuse de
l’auteur de ma grossesse.
Si j'ai
finalement livré Karl à mon père c’est
bien parce que dans le passé et à la
date d’aujourd’hui il a été la seule personne à
m'aimer vraiment. Je me suis joué de lui encore une fois, mais cette
fois si je n’avais pas le choix car le vrai père de Junior n’était pas encore prêt à
officialiser notre relation qui dure maintenant depuis que je suis revenue des
Etats-Unisaprès mon divorce. Je suis
tellement mal dans ma peau que j'ai toujours besoins de fuir la maison, mon
fils qui me rappelle sans cesse mon forfait.
Karl va
devoir patienter un peu, le temps que Gauthier prenne une décision. S'il ne le
fait pas, avec l'argent qu’il me donne en trop, histoire de me faire garder
notre secret, je vais partir loin d'ici,
avec mon fils ? Non, je révélerai à
tout Brazzaville ce qu'il a fait et je lui laisserai à lui et sa chère femme junior pour que chaque
jour elle voit son mari comme il est, un homme fait de chair et défaut et non
un dieu.
Gauthier a
intérêt à faire le bon choix.
Jessica Gbo
Les
derniers invités sont partis à 6 heures.
Je suis épuisée. Carla je ne sais pas comment elle fait ou à quoi elle carbure
mais elle a la pêche.
La maman de
Chris vint vers moi.
-Jess ça
va ?
-super
maman
-bon je
vais vous laisser. Ma cousine à qui j'ai
confié la Charge du méchoui s’est cassé le poignet. Je vais de ce pas à la maison. Je vais m'en occuper.
-je viens
avec toi. Carla, je serai dans la maison familiale
Carla n'a
pas hésité à venir avec nous.
Mama a
mobilisé les grands frères de Chris pour que tous mettent la main à la pate.
-je ne sais
même pas comment ça se fait venait de dire maman Michelle
- et nous
on fait quoi ici ? Venait de dire un frère de Chris.
-Maman tu
exagères toujours. C’est Chris qui t'a dit vouloir ce plat ? Venait de
dire Karl.
-maman je
sais faire le méchoui, j'avais lâché l’information dans un souffle comme pour
leur dire silence.
L'effet
escompté se produisit. Tous se retournaient et me dévisageaient, pour finir par
regarder Karl d'un air bizarre. Je suis certaine que ça aurait voulu dire
« et tu as laissé ça ? »
J'ai troqué
ma magnifique robe de soirée contre un pagne et une camisole appartenant à maman Michelle.
Le travail
va pourvoir commencer. Papa me manque. Tous mes secrets de cuisine, je les lui
dois.
Les agneaux
ont bien été dépecés, je vérifie que les
rognons y sont toujours à l’intérieur. Après avoir nettoyé les 5 agneaux, la
cavité qui avait été ouverte pour les vider est cousueà tour
de rôle, mais avant, j'ai pris soin de saupoudrer d’épices. Un secret de
papa, enfoncer des gousses d’ails à
l’intérieur de la chair.
Les garçons
par la suite m’aident à embrocher chacun
des agneaux.
Karl et
Carla s'occupe de faire le feu de braise.
Nous
installons les agneaux embrochés en cercle autour du feu, pas au dessus, juste
à côté car la graisse de la viande satisferait le feu et durcirait la viande
sans la cuire. Le principe du méchoui comme m'avait dit papa, c’est que la viande soit confite et qu’elle
puisse se détacher sans effort rien que sous nos doigts.
La cuisson
vient de démarrer, il est 8h 40, dans
quatre heures de temps, la viande pourra être prête, chaque bête doit peser
autour de 15 kg, donc il faut compter un quart d'heure par kilogramme.
Le déjeuner
est à 13h30. Carla s’est endormie dans
le hamac pas loin de là. J'ai demandé aux autres d'en faire de même. Mais Karl
et son frère restent.
Pendant la
cuisson, je badigeonne la viande de beurre fondu, de façon à la rendre
croustillante. Petit à petit, les
agneaux sont rapprochés de la braise chaude,
afin que la chair prenne une couleur ambrée.
Karl SAGNA
Cette femme
est extraordinaire, je m'en rends compte bien tard. C’est Chris qui a avait
raison quand il m'a dit que j’ignorais la valeur de la perle que j’aurais pu
avoir.
Il vient à
peine d’être 11h, nous en avons encore pour 1h30 au moins.
Je vais
à l’intérieur de la maison chercher de
quoi nous faire petit-déjeuner. Je prépare moi-même le plateau de « ma
femme ». Je sais tout ce qu’elle aime. Une bonne tasse de lait avec de la
poudre de cacao, deux morceaux de sucres.
Quatre biscottes, deux à la confiture et
les deux autres au beurre de cacahuète,
comme elle le disait, « peux être voudrais je les fusionner… ». Et le
dernier détail un verre d'eau.
Une des
servantes me suit avec le nécessaire pour le déjeuner des autres, moi
c’est celui de ma princesse que je tiens.
-Jess,
petit-déjeuner…
Quand elle
prend connaissance du plateau, son
regard semble dire, « tu t'en souviens encore ? ». Mon amour je
me souviens de chaque détail si tu pouvais savoir, me dis en la regardant, avec la certitude que son âme a entendu la
voix de la mienne.
Elle me
remercie et s’assied. Pour le prendre. Yaya et Carla qui s’étaient assoupis se
réveillent.
Cette Carla
je ne comprends pas comment une si petite chose puisse être aussi bruyante.
Elle a commencé sa comédie et ce n'est pas pour me déplaire car ma Jessica ne
fait que rire. C’est si bon de la voir ainsi.
Vers 13
heures, satisfaire de la cuisson des viandes, elle nous un invita à nous
retirer pour nous apprêter à recevoir les invités.
Elle
instruit Carla afin que les foulards et les chapeaux soient distribués aux
invités dès leur arrivée. Les tentes sont toutes installées pour protéger du
soleil.
Le jardin
de notre enfance est métamorphosé. C’est vraiment magique. J'ai bien vu comment
Jess est subjuguée. Je lui offrirai un mariage comme celui-ci, en pleins air. C’est une promesse.
Jessica Gbo
Enfin le
méchoui est prêt. J'ai étouffé le feu de sorte que la chaleur demeure pour maintenir les viandes chaudes
sans les durcir.
Je suis
allée jeter un coup d'œil au jardin et franchement je dis chapeau. Quand Marion
me parlait de son déjeuner de rêve,
j’étais à mille lieux de
m'imaginer un résultat aussi parfait.
Les frères et sœurs de Chris sont venus à
l’arrière cours pour me remercier.
C’est mon
seul vrai ami, je l'ai fait de bon cœur.
Les invités
étaient pratiquement tous là quand je me
suis enfin décidé à rentrer me laver et
m’apprêter.
Une fois
dans ma chambre, après un bon bain, je fus tenté de m’allonger mais je pris sur
moi, quand j’enfilai ma robe, une évidence me frappa. Comment vais-je faire
pour monter la glissière ? Il n'y a plus personne. Ils sont tous à côté. Je ne vais pas sortir comme ça quand
même.
Je suis
prête, je me suis maquillée à la Nigériane. J'ai noué mon gueule comme une
vraie femme de l’ouémé. Mon département d’origine.
Je tourne
en rond. Finalement je vais prendre un pagne et me couvrir le dos avec. La
première personne que je croise, je lui
demanderai gentiment de m'aider c’est tout.
Je descends
à peine