Chapitre 15

Ecrit par Kaylee

LA SECONDE ÉPOUSE


Épisode 15 : Une dot pour deux femmes


**** Liam Hakim Elisha ****


Je reste figé pendant deux bonnes minutes avant de me reprendre. Pendant ce temps, toute l'assemblée était comme sonnée.


 Oncle de Kamila : Kamy !


 Kamila (en pleurs): Il m'a honni tonton. Ce chien vient de me mettre...


 Ma mère : Kamila ! Ne parle pas ainsi ma chérie. Liam c'est ton fiancé et il a commis une erreur mais ce n'est pas une raison de lever la main sur lui et lui manquer ainsi de respect devant tous ces gens qui sont présents.


 Kamila (hystérique): Roooorh, votre gueule madame ! Ce n'est pas vous qui...


 Moi (choqué): Kamila !


 Oncle de Kamila : Tu fermes tout de suite ta bouche Kamila ! Assane, fais sortir les gens de la maison. Je ne veux plus voir personne d'autre à part la famille.


 Assane : Tout de suite papa.


Assane en question se lève rapidement et demande aux gens du quartier qui étaient venus assister à la cérémonie de sortir. Il eut un grabuge puis le calme. Il ne reste à présent que ma famille et celle de Kamila. Lorsque l'Assane ferme le portail de la maison, l'oncle nous fait signe de nous asseoir. Je vois bien que mes parents sont choqués par la manière dont Kamila vient de parler à ma mère. Et moi aussi d'ailleurs. Mais je ne réagis pas de façon excessive juste par respect pour les aînés qui sont assis et aussi parce que c'est moi qui venais de provoquer tout ceci.


 M. Joseph (Le père de Kamila) : Kamy.


 Kamila : Oui papa.


 M. Joseph : C'est l'éducation que je t'ai donné que tu affiches ainsi ? C'est comme ça je t'ai appris qu'on s'adresse à ses aînés ?


 Kamila (reniflant): Non papa.


 M. Joseph : Alors, tu te lèves rapidement et tu vas te mettre à genoux devant ta belle-mère pour lui présenter tes excuses.


 Mme Lisette (la mère de Kamila): S'il te plaît Joseph.


 M. Joseph : Qu'attends-tu pour faire ce que je dis Kamila ?


Elle ne bouge pas et continue de pleurer pour toute réponse. Connaissant Kamila je sais déjà qu'elle ne fera pas ce que dis son père car sa fierté en prendrais un coup. Moi-même je suis étonné du calme dont je fais preuve car en temps normal je l'aurais remis à sa place, me serais fâché et sommer mes parents de rentrer chez nous mais une force intérieure m'empêche de faire tout ça. Je jette un coup d'œil à ma droite pour regarder la jeune fille à qui j'avais enlevé le voile. Mon cœur d'ordinaire si froid se remet à battre à folle allure. La première fois que j'avais ressenti pareille chose, c'était le soir où je l'avais vu et qu'elle m'avait envoyée paître en disant que je lui faisais une drague de puceau. Ce jour-là elle avait vraiment mis à terre mon égo. Durant les jours qui ont suivi, je n'avais fait que penser à elle. À ses yeux noisette, son petit nez fin, ses lèvres roses, son regard perçant et sa peau de porcelaine. Je ne dirai pas que j'ai eu le coup de foudre pour elle mais j'admets qu'elle a éveillé des sentiments qui m'étaient alors totalement inconnu.


 Ma mère : Je vous prie de la laisser monsieur BIAOU. Je suis sûr que Kamila regrette déjà ses paroles. Ne lui en tenez pas rigueur. Je comprends qu'elle a réagi ainsi sous le coup de la colère.


 M. Joseph : Bien madame. Mais je tiens toujours à ce qu'elle s'excuse. Son attitude n'est pas digne de l'éducation je lui ai inculqué. 


 Kamila (sans bouger de sa place): Je te présente mes excuses maman Magaret.


 Ma mère : Tu es toute pardonnée ma fille.


Je regarde mon père qui serre les mâchoires et chuchote avec tonton Georges. Je ressemble à mon père sur plusieurs points et je sais que son calme apparent n'est que leurre. Il déteste la sauvagerie, l'hypocrisie et l'impolitesse plus que tout au monde et je sens au fond de moi qu'il manigance quelque chose de pas nette en ce moment avec mon oncle.


 L'oncle de Kamila : Bon, comme nous ne sommes qu'en famille maintenant j'aimerais que nous discutions calmement avant de continuer avec la cérémonie.


 Mon père : Hum.


 L'oncle de Kamila : Je suis vraiment navré pour les évènements fâcheux qui viennent de se dérouler alors que nous étions tous dans la  bonne humeur.


 Oncle Georges : J'ai même perdu toute ma bonne humeur pour la cause.


 Oncle de Kamila : Tu n'es pas le seul mon ami. Mais nous allons quand même essayer de réparer les choses pour le bon déroulement de la cérémonie.


 Oncle Georges : D'accord.


 Oncle de Kamila : Tout d'abord, j'aimerais que le fiancé de notre fille se lève et vienne lui présenter ses excuses pour l'avoir confondu avec une autre femme.


Le lève le sourcil et fixe ce vieux en me demandant s'il n'avait pas perdu la tête. J'aurais accepté sans rechigner de présenter mes excuses si Kamila était restée à sa place mais du moment qu'elle s'est déjà rendue justice en levant la main sur moi et en m'injuriant, je ne ferai plus rien.


 Mon père (nerveux): Vous êtes sérieux ? Que mon fils présente des excuses après le comportement que votre fille a eu par la suite ?


 L'oncle de Kamila : Calmez-vous monsieur Elisha. En effet, Liam doit présenter ses excuses à Kamila car c'est lui qui l'a offensé en première position et ensuite, elle aussi fera de même.


 Moi : Désolé mais je n'ai d'excuse à présenter à personne.


 L'oncle de Kamila : Si vous ne le faites pas alors nous serons obligés d'annuler la cérémonie de dot.


 Mon père : Parfait. Nous allons alors rentrer chez nous. Je suis navré que les choses se soient passées de cette manière. Mais ce sont les œuvres de Dieu. Nous n'allons pas vous forcer ou supplier de nous accorder la main de votre fille si vous avez préféré gérer les choses en faisant le bras de fer et le chantage. Liam, tu as une objection ?


Je reste silencieux un moment avant de répondre.


 Moi : Non.


 Mon père : Bien, alors nous allons rentrer.


 Kamila (hurlant en se jetant à mes pieds): Nonnnnnn Liam. Ne me fais pas ça stp bébé. Je t'aime et je te pardonne. Je te demande aussi pardon pour mon attitude mais ne me laisse pas stp.


 Le père de Kamila : Kamy, lève-toi tout de suite.


 Kamila : Nooon papa. J'aime Liam. Je ne veux pas que vous annuliez la dot. Ne faites pas ça je vous en prie.


 La mère de Kamila : Arrête de t'humilier ainsi Kamy. Liam, pour l'amour que vous vous portez, écoutes ta fiancée.


Je me retiens de rouler les yeux au ciel. Je ne suis pas insensible aux pleurs de Kamila. Non Non. Je me sens même coupable de l'état dans lequel elle se trouve car si je n'avais pas cédé à mon impulsion de découvrir le visage de cette fille qui m'avait hanté, rien de tout cela ne serait entrain d'arriver.


 Moi (la voix grave): Lève-toi s'il te plait Kamila.


 Kamila : Non bébé. Promets-moi d'abord que la cérémonie va se poursuivre. Je n'ai pas fait exprès de lever la main sur toi. Pardon oohhh.


 — S'il vous plaît monsieur. Écoutez ce que dis tata Kamila. Elle n'est en aucun cas fautive de ce qui s'est passé.


Je relève lentement la tête et immédiatement mes yeux croisent les siennes. Je ne m'étais même pas rendu compte que cette fille s'était également mise à genoux devant moi pour implorer mon pardon. Mon cœur flanche à sa vue et je ne peux m'empêcher d'aller à l'encontre de la décision de mon père.


 Moi : Papa, tonton Georges, continuons avec la cérémonie s'il vous plaît.


Je vois l'oncle de Kamila amarrer son visage et ouvrir la bouche mais le père de cette dernière lui chuchote quelque chose à l'oreille, ce qui le fait refermer sa bouche.


 Mon père (mécontent): Tu es sûre de toi, Hakim ?


Il m'appelle Hakim lorsqu'il est vraiment en colère et exaspéré.


 Moi : Oui.


 Mon père : Bien. Cela se fera à une seule condition.


Pendant ce temps, Kamila s'était relevée et était assise à côté de ses parents et cette jeune femme, dont j'ignore encore le prénom a rejoint les autres filles qui avaient fait les premiers tours pour m'éprouver.


 L'oncle de Kamila : Laquelle ?


 Mon père : Bien. Vous n'êtes pas sans ignorer que nous sommes nigérians.


 L'oncle de Kamila : Non.


 Mon père : Il y a une tradition dans notre ethnie où pendant la dot, le fiancé est appelé à identifier sa future conjointe parmi plusieurs femmes exactement comme chez vous. En faisant abstraction de ce qui s'est passé par là suite, c'est cette tradition que vous étiez entrain d'appliquer.


 L'oncle de Kamila : Oui.


Je vois déjà où veut en venir mon père. Mais j'espère sincèrement que je me trompe. Je n'imagine même pas le scandale qu'il veut créer avec ça. Kamila ne le supporterait pas. Et je ne veux plus d'autres problèmes en plus de ceux que je viens de créer précédemment.


 Mon père : Malheureusement chez nous, à la moindre erreur tout est fichu. Le fiancé est obligé de prendre pour épouse celle qu'il choisit malencontreusement. Et c'est irrévocable.


 La famille de Kamila : Hein ???!!!!!


 Kamila et la fille : QUOI ?


 Oncle Georges : Malheureusement, c'est comme cela que ça se passe chez nous. Personne ne s'attendait à ce que Liam se trompe. Si Kamila n'avait pas ainsi déboulé pour le gifler devant la foule et ensuite parler effrontément à sa future belle-mère, vous sa famille ou même nous de notre côté aurions pu essayer de corriger l'erreur en essayant de faire rire l'assemblée et faisant remarquer l'erreur de Liam sous forme de blague du genre qu'il était déjà trop impatient de voir sa fiancée  tout en mettant un terme au jeu et en faisant directement venir Kamila afin que cela s'arrange pour que la cérémonie continue dans une bonne ambiance. ( Big UP à toi Sèdjro Norbert Alohoutade pour l'idée). Mais avec la réaction de Kamila, nous sommes obligés de respecter notre tradition comme cela se doit. C'est la tradition d'une dot pour deux épouses. Si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous comprendre mais malheureusement la dot serait annulée comme vous-même l'avez voulu de prime abord.


Un silence pesant se fit dans la cour. Si je n'étais pas ainsi attiré par cette fille j'aurais pu émettre une objection face à mon père et mon oncle mais voilà que je n'ai pas envie de contester. Vous êtes sûrement entrain de me traiter de salop en ce moment mais cela ne me fait ni chaud ni froid. Oui j'accepte être un salop et tous les autres noms d'oiseaux. Seule une personne qui a déjà ressenti la sensation et l'attirance forte qui me poussent vers cette fille peut me comprendre.

Kamila se met à renifler bruyamment. J'ai mal de la voir dans cet état, de la faire ainsi souffrir, de lui faire subir une telle humiliation mais malheureusement je ne me sens pas capable de la réconforter. L'issue de cette cérémonie ne dépendra que d'une seule personne. À cette pensée, je promène encore mon regard dans la cour et la vois recroquevillée dans un coin de la maison, le visage rougi et les yeux gonflés par les pleurs tandis que les membres de la famille de ma fiancée la regarde avec dédain. Mon cœur se comprime de douleur en la voyant dans cet état alors qu'elle n'a rien fait. C'est vraiment malheureux qu'un événement censé être joyeux vire ainsi au drame.


 Le père de Kamila : Alors annulons la dot. Je refuse que ma fille subisses une telle humiliation.


 Kamila : Non papa. Ne dis pas ça s'il te plaît. Je ne veux pas de ça. Si tu fais annuler ma dot je ne vais jamais te le pardonner.


 Sa mère : Kamy...


Kamila : Non maman. Ne me faites pas ça. Tonton Georges, vous n'êtes pas obligé d'appliquer votre tradition. J'ai déjà présenter mes excuses. Pourquoi tenez-vous à me rabaisser ? 


 L'autre fille (avec véhémence): Je refuse d'épouser le fiancé de Tata Kamila. S'il vous plaît monsieur.


 Tonton Georges : Alors nous sommes obligés de tout annuler.


 Kamila : Nonnnn ! Dis quelque chose Liam s'il te plaît.


 Mon père : Quoique dira Liam notre décision est déjà prise. Soit cette fille accepte d'être traditionnellement la première épouse de Liam conformément à la tradition et toi la deuxième ou nous annulons carrément la cérémonie.


 Tonton Georges : Liam et toi pourriez-vous marier à la mairie et tu deviens son épouse légitime mais pour le reste, notre décision est définitive.


Un autre silence se fait dans la cour avant que Kamila ne réponde.


 Kamila : Accepte s'il te plaît Salewa.


Salewa. Enfin je connais son prénom. Un prénom traditionnel et peu commun.


 Salewa : Tata Kamila...


 Kamila ( suppliante): Je t'en prie.


 Salewa : Okay j'accepte.

LA SECONDE ÉPOUSE