Chapitre 15 : Le prix à payer

Ecrit par Asaph

Chapitre 15 : Le prix à payer



**********Naomi Tabi********


Nous arrivons à la maison dans un silence pathétique. Je n'y arrive pas toujours. Ma fille est allée trop loin. Je ne vois pas par où commencer car elle souffre très fort. Son visage est attristé et dégage un grand découragement de vivre. En cours  de route, je ne pouvais qu'essuyer ses larmes. La parole s'est évadée au milieu de nous.  Je la tiens la main jusqu'à sa chambre. Elle se déploie sur le lit en pleurant discrètement. Je renferme la porte et pose ma tête sur la porte. 


J'ouvre la porte à nouveau. Elle est sur ses états les plus lugubres. Je m'assis sur son lit. Elle pose sa tête sur ma poitrine. Je me sens coupable auprès de mon mari. J'ai été trop lâche envers ma fille. Je pressentais la haine d'Irène pour nuir à ma fille mais je ne prenais pas des mesures draconiennes. Mais hélas, le mal est fait[triste].

Je prends une longue aspiration avant de prendre la parole face à ses reniflements.


– Ma fille tu dois avoir maintenant le courage de tout me raconter. La rassurais-je. Je suis ta mère. La seule personne sur qui tu peux compter à présent. Parle moi en toute honnêteté sur cette grossesse. Poursuis-je, en le regardant droit dans les yeux.


– Maman. J'ai été très naïve. Se plaint-elle. Tout a commencé le jour de la fête d'anniversaire d'Irène. J'ai eu à rencontrer un beau jeune homme. Il est ensuite devenu mon petit ami. Il m'a beaucoup rassuré sur notre amour naissant. Jusqu'au jour où je me suis laissée faire. Et voilà aujourd'hui, je suis une honte pour ma famille. Dit-elle avec des larmes aux yeux.


J'essaie de me contenir en étant une mère. Mais au fond de moi, mais mon coeur est en mille morceaux.  Et pourtant cette fameuse fête, j'étais contre elle. Cette diablesse d'Irène sait tout.


– Donc c'est le garçon dont tu m'avais parlée une fois qui en est le père ?


– Oui. Fait-elle d'un geste de la tête.


– Je dois le voir au vite que possible. Avant que ton père soit au courant de ça. Car tes études sont à présent menacées. Je ne peux pas te morigéner maintenant ma fille. J'ai toujours voulu que tu sois un modèle pour ton entourage mais tu as subi une influence négative de ce dernier.  Mais pour le moment repose-toi d'abord. Ne pense à rien ma fille. Ça ira. Rajoutais-je.


J'étais rétive contre cette fameuse fête et voilà aujourd'hui ce que ça me goûte . Mon mari aura raison d'avoir tort.


Ma soeur ne doit pas être au courant de cette nouvelle. Car elle n'est pas du tout discrète de nature. Je dois la gérer seule. Car depuis la mort de Katia, ma sœur a perdu le goût de vivre. Si ce n'était pas à cause de ma présence, elle allait se suicider comme elle me le dit. Elle a fermé son magasin et a donné sa voiture à l'homme de Dieu. Elle est entrain d'essayer de reconstruire sa vie. Elle mène à présent une existence terrible. Selon les informations qu'on a recueillies, Kagame serait en prison après que son chauffeur l'aille dénoncé à la police. Cette affaire est loin d'être terminée.  Ma soeur a ouvert un restaurant à la jambe congolaise. Christ l'a affranchie après une affreuse circonstance. Et maintenant c'est au tour de ma famille que le diable rode. Juste dans quelques jours ma fille devrait voyager, le mal est fait. Je laisse tout entre les mains de l'Éternel. [Snif].


******* Ephraïm Aaron Nzila********


Je suis avec Irène depuis le début de la journée. Elle a maintenant un polichinelle dans la tiroir[Rire]. Cette fille est une démesurée. Si elle a pris la décision de garder cette grossesse c'est qu'elle a un plan malicieux là dessus. Irène ne fait que manger des mangues non mûres et ça m'horripile. Son géniteur est si c'est où et c'est moi qui doit faire des vas et viens pour l'acheter des mangues. Selon elle, l'enfant qu'il porte a un père qui a de la notoriété dans ce pays. Et qu'elle n'acouchera pas ici.  Elle a déjà un ventre bien gros et serré comme si elle portait des jumeaux.

– Ephra ? Crie-t-elle. Avec une voix affaiblie.

– Oh, oui. Je suis là Irène. Pourquoi tu cries si fort. Demandais-je. Avec une rigueur prétentieuse.

– Je t'appelle depuis un bon moment mais tu es concentré à penser à ta belle charmante bless. Tranche-t-elle d'un sourire ironique.

– Euh, déconne pas Irène. Cette fille n'est plus dans ma tête. J'ai déjà pris ce que je voulais et c'est tout. D'ailleurs je compte bloquer son numéro dès ce soir. Dis-je d'un air hautain. 

– Tu es sérieux toi? Me demande-t-elle. 


On se met à rire à gorge déployé. J'avais besoin de baiser cette garce mais elle n'est plus séduisante comme l'habitude. J'épargne ce moral en moi. 


[...]


Nous sommes interrompus par l'apparition brusque du vieux Guga. Il a du mal à respirer. Nous sommes étonnés de le voir comme ça. Déjà c'est une mauvaise nouvelle qui s'annonce.


– Ephraïm, il y a quoi ? Me demande Irène en paniquant.

– Mon vieux qu'est-ce qu'il y a ? Demandais-je au vieux qui est toujours debout en essayant de reprendre ses esprits.

– Petit, il y a du feu maintenant. Dit-il après un long reniflement.

– Du feu ? Où là ? Demande Irène.

– Je veux rester avec Ephraïm. C'est une affaire des hommes et c'est très confidentielle. Dit-il en me regardant. Et il faut bouger car les minutes sont comptées. Nos vies sont en danger. Surtout la mienne. Poursuit-il en tremblant.


Je fais un signe de tête à Irène de nous laisser entre homme. Elle exécute difficilement mon ordre. Je renferme la porte.

– Mon vieux. Je t'écoute. Qu'est-ce qui se passe ? Demanais-je à nouveau.

– Petit. J'étais au centre de santé où je travaille comme huissier. Je nettoyais les chambres de l'hosto jusqu'à ce que je tombe sur ta copine.

– Quelle copine mon vieux? Demandais-je en l'interrompant. Car j'en ai plusieurs.

– Celle qu'on a joué un faux tour ici.

– Et c'est quoi la mauvaise nouvelle ?


– Elle est enceinte.

– Quoi ? Criais-je.

– Ephraïm, est-ce que ça va ? Me damande Irène dehors.

– Non, ça semble aller Irène.

– lorsqu'elle m'a vu, j'ai essayé de rabaisser mon regard mais elle a su que c'était moi. Dit-il. Et je suis sorti de l'hosto sous prétexte que j'achetais du pain pour un malade. Je suis venu t'informer. Si la situation s'aggrave. Je dois fuir. Et puis elle était avec sa mère. 


Il me laisse en sortant discrètement. Je suis dans les nuages. Enceinte ? Donc c'est moi le père de l'enfant.  Je dois m'évader maintenant. Je ne serai pas un père très tôt comme ça.


– Qu'est-ce qu'il t'a dit? Me demande Irène. 

– Tabi est enceinte !

– Comment ? Dit-elle en faisant tomber sa mangue. Comment tu l'as su?

– Elle était à hosto où le vieux travaille comme vigile.


Irène met ses mains sur la tête. Elle ne parle pas et moi non plus. On se regarde pendant un temps.

– Je dois m'enfuir Irène. Dis-je tout en étant décidé. Et tu dois me couvrir.

– Ce n'est pas une bonne idée. C'est mon amie quand même.

– Aujourd'hui tu veux me dire ça ? Et si elle apprend que tu couchais avec moi pendant tous ces temps. Elle te considéra toujours comme sa meilleure amie ? 


– Tu veux me faire du chantage ? Crie-t-elle. Tu dois assumer tes responsabilités. Ne te donne pas l'hypégiaphobie. 


– Irène ce qui est dit est dit. Je ne reculerai plus. Je veux réapparaitre après quelques mois mais pour le moment je dois fuir. Dis-je, décidé. Tu vas me couvrir en la disant que tu ne connais pas où je suis. Mais tu m'informeras de sa situation tous les jours.


Elle ne rajoute aucun mot et sors de la parcelle d'un air honteux. Elle voulait vendre sa meilleure amie et aujourd'hui elle se sent coupable.


Je fais mes valises rapidement. Je fais un coup de fil à Guylain de venir avec un taxi. Il me fait signe qu'il est en route. Je n'ai pas une dette de loyer ici. Le proprio viendra trouver sa maison vide sans un mot de son locataire. Je dois vite me dépêcher. Je pense prendre un avion dans quelques jours pour Lubumbashi. Mais pour le moment je dois vivre en cachette. [Sourire].


******** Tabi Blessing**********


[...]


Les jours passent et je ne me remets toujours pas de mon état normal. Je me sens toujours malade, peut-être que je deviens hypocondriaque. Je tente à maintes reprises de joindre Ephra mais son numéro est hors périmètre cellulaire. Ça m'inquiète. Je dois prendre la force d'aller chez lui.


J'essaie de reconstituer le fait sur l'apparition de ce soit disant docteur Guga. Ça me taraude l'esprit. Il s'est évadé après m'avoir vue et après ça le numéro de mon petit ami ne passe plus. Sont-ils complices ? Jouent-ils avec mes sentiments ? Suis-je aveuglée ? Je me pose des questions sans réponse claire. Ephra m'aime très fort je le sais. Une partie de moi essaie de me dire le contraire de mes bonnes pensées mais j'épargne ces mauvaise pensées en moi.


[...]


Je suis en route pour le logis de mon petit ami. Le père de l'enfant que je porte. Même si les circonstances sont mauvaises mais l'amour vrai pourrait nous faire triompher un jour.  Nous devons décider sur l'avenir de notre relation et de notre enfant. Je garde espoir de vivre le bonheur. [Sourire jaune].

Je suis sortie clandestinement de chez moi. Ma mère était à la cuisine et j'ai profité de ce silence pour sortir. Je ne voulais pas l'informer que je partais chez Ephraïm.  je fais l'effort d'avoir une bonne mine mais mon visage est toujours attristé.


J'arrive après un quart d'heure, la porte de sa clôture est ouverte. Comme d'habitude, les enfants jouent au football. J'arpente les pas. Je jette un coup d'œil derrière peut-être ma mère me suit.[Sourire].

Mon coeur bat très fort en remarquant que sa porte est fermée avec un cadenas. J'essaie d'imaginer où peut-il être à cette heure. Il fait encore jour et normalement il devait être là. Je fais le tour de la maison sans apercevoir une personne. Je me décide d'appeler un des petits qui jouent à l'extérieur. 


– Salut champion! Dis-je à l'un qui se montre chevaleresque.

– Hum salut ! Répond-il avec assurance. Vous cherchez tonton Ephra n'est-ce pas ?

– Oui. Répondis-je avec étonnement. Comment tu le sais champion ? Demandais-je avec envie de découvrir quelque chose.


– Eh bien, très souvent quand on joue. Les filles de toutes les couleurs viennent chez lui à tour de rôle. Tranche-t-il en regardant ses amis. 


Cette information me met encore très mal à l'aise. Je me sens figé. Mes jambes tremblent. Je transpire comme un malade.


Le petit a repris son activé. Il est même le meneur du jeu. Il a marqué un but et le célèbre avec ambiance. En le regardant, je pense à mon fils. J'aimerais qu'il soit allègre comme ce petit. Je fais l'effort de m'approcher de lui pour lui poser une dernière question à l'espoir de savoir un peu plus. Car déjà je sais que j'ai été bernée. 


– Champion, as-tu l'idée sur le lieu qu'il peut se trouver à cet instant ? 


Il fait arrêter le jeu et tous me regardent avec attention. 


– Oh, tu ne sais pas qu'il a déménagé depuis hier? Me pose-t-il.

– Quoi ? Criais-je.


– Tu es informée grande sœur. Tu vois notre ballon, ça se trouvait chez lui parce qu'il l'avait confisqué mais hier avant de partir il nous a appelé pour nous le remettre. Une voiture était venue le prendre avec son ami qui est grassouillet comme ça.


Mon audition ne fonctionne plus bien. Je tente de capter mais je n'y arrive pas. La terre tourne autour de moi maintenant. Je fais cinq pas avant de couler mes larmes.  Je m'étais jamais sentie idiote comme aujourd'hui.  Non. Ce n'est pas vrai. Ma seule chance est de trouver à présent Irène. Mais où la trouver ? Elle ne décroche même pas son téléphone. Je dois partir rapidement chez Irène et tenter de l'expliquer mon cas. On doit trouver Ephraïm. Il ne peut pas me faire ça.


***** Irène sevolo**********


Je suis dans notre logis familial. Ma mère qui n'a plus de force se donne la peine de vendre les beignets devant notre parcelle.  Je me sens coupable de la destruction de la famille de mon amie. Je voulais la faire du mal mais je me rends compte que j'ai dépassé le niveau du mal.


 Elle m'a aidée quand j'avais rien, elle m'a nourrie, vêtue etc. Mais malheureusement j'avais la haine pour elle. Cette apathie me vient peut-être de la semence de son père que j'ai en moi. Elle est la grande soeur de mon fils après tout. Ma santé se détériore à chaque minute qui passe. Hier, j'étais chez Ephra le matin pour l'informer sur mon état de santé. J'avais usé de discrétion pour lui avouer que j'étais séropositive mais la mauvaise nouvelle était tombée...


 Le médecin m'a dit que le fils que je porte n'a pas cinquante pourcent de chance de sortir séronégatif. Je regrette d'avoir été l'Irène que j'étais. Le plaisir de vivre m'a amené nul part que dans la turpitude. Je ne sais pas comment je débuterai pour informer chacun de mes amants.  Même le père de mon enfant pourrait être séropositif. J'ai détruit la vie de mon amie et autant plus la mienne...


– Irène ? Crie ma mère, me faisant sortir de mes pensées. Depuis qu'on t'appelait. On te cherche ici. Se jure-t-elle.


Je sors avec faiblesse. Ah, c'est Ephraïm.

– Irène. Tu voulais me voir, je suis là. Renchérit-il. 

– J'ai à te parler Ephra. Lâchais-je sans véhémence. 


Nous entrons au salon. Je le demande de prendre place. Il exécute comme un voleur. Il a sans doute peur de tomber sur tabi.


– Bless n'est pas au courant que je suis chez toi? Demande-t-il, les yeux rivés vers la porte.

– Non bébé.

– Eh bien, alors dis-moi la motivation pour ton appel.

– Je voulais être sincère avec toi. Je n'ai plus beaucoup de temps à vivre. Peut-être que je mourrai après avoir tout avoué.


– C'est quoi encore être sincère. Depuis quand tu es sincère toi. Tu veux que je paie encore pour ta meilleure amie ? Se moque-t-il. Tu me l'as vendue, je l'ai dépucelée, je t'ai payée et qu'est-ce que tu veux de plus ?  Je ne saurai pas assumer une grossesse. Soit elle avorte ou soit elle donne naissance à un enfant bâtard. Poursuit-il avec arrogance...


Nous sommes interrompus par le claquement de mains. Nous regardons avec honte. C'est Blessing qui fait son entrée. 


– Merci les complices. Dit-elle en pleurant. Je vous ai écouté et personne ne peut me berner à présent. Poursuit-elle en sortant. 


Je me tiens debout essayant de saisir sa main. Ce sont des giffles que je reçois. Je pleure en m'agenouillant devant elle. Ephra a fuit en nous laissant seules.


– je mérite ces gifles Tabi. J'étais très jalouse de toi. Dis-je en pleurant tout en étant à genoux. 

– Irène, et toi que je considérais plus comme une simple amie mais une soeur?  Lâche-t-elle en essayant de se débarrasser de mes bras.


– Pardonne-moi mon amie. J'étais très jalouse et aujourd'hui j'ai tout perdu. Ma vie normale, ma joie et mon futur.  Je suis séropositive. Je suis foutue.

– Quoi ? Demande-t-elle.

– Pardone-moi Bless. L'enfant que je porte est ton petit frère. Confiais-je. 


– Oh, mon Dieu. Mon père ? Tu sortais avec mon père ?

– Oui. Fais-je d'un geste de tête.

– Tu m'as révélée ta vraie identité Irène. Tu es une diablesse en personne. Pourquoi tu m'as fait ça ?


– Je voulais vivre comme toi. Je voulais que les hommes me mattent comme ils te mattaient. Je voulais une vie de luxe. Je sais que tu ne me pardonneras pas mais je t'avoue tout avant que je parte.  Je sortais aussi avec Ephraïm. Je voulais qu'il te dépucele car te voir vierge me rendait haineuse.


Elle ne rajoute pas de mot. Elle tombe... Oh mon Dieu. Je crie fort, ma mère entre...


_ Il faut qu'on l'amène à l'hosto. Dis-je à ma mère.


[...]


Identité