Chapitre 15 : Quand le passé nous rattrape

Ecrit par Fleurie

°°° Mourad °°°

Je me lève de la table et me précipite vers maman, qui a été prise de justesse dans les bras de papa. Franchement je ne comprend pas leurs attitudes. Tout porte à croire qu'ils connaissent les parents de Louna , et qu'une histoire se cache derrière tout ceci. L'important est qu’elle se réveille.

Papa la soulève et l’allonge dans le canapé. Il s’assied et met sa tête sur ses genoux tout en la secouant. Mais elle ne bouge pas. Je prend un verre d’eau sur la table, je met un peu d’eau dans la paume de ma main et lui met quelques gouttes sur le visage. Elle ne réagit pas immédiatement. Je reprend mon geste, elle finit par revenir peu à peu à elle. Elle ouvre légèrement les yeux et commence par tousser. Lorsqu'elle est complètement réveillée, son regard part de mon père à Louna. Cela a duré au moins cinq minutes, on dirait que ma présence dans la pièce ne se remarquait pas autant.

Papa l’aide à se lever et elle s’adosse. Elle baisse la tête, et contemple le tapis. Ce silence qui règne dans le salon devient insupportable pour moi.

Moi ( inquiet ) : Maman tu vas bien?

Elle ( les yeux toujours rivés sur le tapis ): ...

Moi: Papa qu’est-ce qui se passe?

Lui: Je crois qu'elle a besoin de se reposer fiston. J’ai bien peur qu’on aie à reporter cette présentation.

Moi ( regard interrogateur ) : Pourquoi papa, que me cachez vous ?

Lui ( fuyant mon regard ) : Ce n’est pas le moment Mourad ( regardant Lou ), on en reparlera.

Moi ( n’ayant pas le choix ) : Okay.

Lui : Désolé Louna pour avoir gâché le déjeuner.

Elle : Ne vous en faites pas pour moi. Prenez soin d’elle.

Maman ne dit toujours rien. Ils sont montés. Je les regarde jusqu’à ce qu'ils disparaissent.

Moi : Je m’excuse pour ce qui vient de se passer Lou. Je ne comprend rien, mais je sais que papa m’expliquera.

Lou : Ne te fais pas de soucis pour moi, je comprend.

Moi : Merci, je te dépose ?

Lou : Oui s’il te plaît.

Nous nous sommes dirigés vers la sortie.

Je gare vingt minutes plus tard devant leur maison. Je coupe le contact et me tourne vers elle.

Elle : Tu es le portrait craché de ton père. Je vois d’où tu tiens cette élégance. Il est tout beau et très galant Mourad.

Moi ( la taquinant ) : Si je ne savais pas que tu m’aimes, j’aurais dit que mon père te plaît Lol.

Elle ( riant ) : Tu es fou ma parole krkrkrkrkr. Par contre ta mère n’a pas l’air de m’apprécier.

Moi : Ce n’est qu’une question de temps, elle finira par baisser la garde.

Moi : Lou je sais que tu te poses plein de questions. Je tiens à te dire que je pense la même chose. Quelque soit ce qu’ils cachent, ça finira par sortir un jour.

Elle : Tu n’as pas à t’en faire pour moi. Ça peut aller Mourad.

Moi : C’est quoi ton programme ce soir ?

Elle : Rien de spécial, juste rester à la maison.

Moi ( regardant ma montre ) : Je passerai te chercher à 20h.

Elle : Okay à ce soir alors.

On se fait la bise et elle descend. Je reste un moment avant de mettre le contact. Durant tout le trajet je réfléchis à comment faire parler ma mère. Je dois vraiment découvrir ce qu’elle et mon père me cachent.

°°° Nourath °°°

Je regrette vraiment avoir posé cette question à cette fille. Lorsque votre cœur n’accepte pas une chose, il ne faut jamais forcer, car celà pourrait vous nuire. Comment aurais-je su que sa réponse allait autant me secouer. Si seulement mon mari avait su garder en place ce qui lui est si cher entre les jambes, tout ce qui s’est passé n’aurait jamais dû arriver.

~~~~~ Retour en arrière il y a vingt ans ~~~~~

Je m’apprêtais à cogner à la porte du bureau de mon mari, quand je constate que celle-ci est ouverte. En voulant m’introduire à l’intérieur , j’ai entendu sa voix et il parlait au téléphone. Ne voulant pas l’interrompre, j’ai voulu faire demi tour. Mais ma curiosité m’a poussée à en savoir plus.

Lui : Je n’aime que toi Steph et je ferai tout pour toi.

A l’autre bout du fil : …

Lui : Oui oui, tu sais très bien que je tiens toujours mes promesses. Alors tout n’est que question de temps.

A l’autre bout du fil : …

Lui : Dès que je la quitte tu prendras automatiquement sa place.

À l’autre bout du fil : …

Lui : Oui fais moi juste confiance et tout ira bien. Je dois te laisser, j’ai du boulot. À ce soir chérie.

Il a raccroché, je suis surprise par ce que je viens d’entendre. Donc comme ça monsieur mon mari a une maîtresse et pense me quitter. Je veux voir plus clair dans cette histoire. Le lendemain, j’ai fait appel à un détective privé qui suivra ses faits et gestes. Il faut que j’aie des preuves valables avant de l’affronter.

Au bout de deux semaines, il s’est pointé dans mon bureau avec une enveloppe. J’ai hésité un moment avant de la saisir et de l’ouvrir. Que ne fut pas ma surprise de constater que j’avais belle et bien raison.

Moi : Merci Monsieur le détective.

Lui : Je vous en prie Madame. Je n’ai fait que mon devoir.

Moi : J’ai tout ce qu’il me faut mais il manque un détail.

Lui : Tout ce que vous voudrez.

Moi : J’aimerais tout savoir de cette dame si possible son lieu de travail.

Lui : Vos désirs sont des ordres. Je vous contacterai.

Il s’est levé et est parti. J’ai regardé à nouveau toutes les photos. Il a le culot de s’afficher en plus avec elle. On les voit à différents endroits, ils sont très intimes sur les photos. Il y en a d’autres où ils s’embrassaient également. Prise de rage, j'ai tout envoyé valser dans le bureau. Comment a-t-il pu, le salaud ?

Je franchis le seuil de la porte de notre chambre. Il est assis au bord du lit et regarde la télé. Je saisie la télécommande et éteins cette dernière.

Moi : Tu n’es qu’un chien Said.

Lui ( surpris ) : Le respect c’est pour quoi Nourath ? Ça va pas dans ta tête ?

Moi : Tu as une maîtresse n’est-ce pas et tu comptes bien me quitter pour elle. Tu n’es qu’un idiot. Pourquoi m’as-tu fais ça ?

Lui : Je suis désolé chéri, les choses ne sont pas ce que tu crois. Il y a une explication à tout.

Moi ( croisant les bras ) : Vas y je t’écoute.

Il a passé plus d’une demie heure à me donner des excuses à deux balles. Fatiguée d’entendre ses sottises, je me suis dirigée dans la salle de bains où j’ai fermé à clé. Je me laisse choir le long de la porte, et m’assied sur le carreau froid. Sans le vouloir des larmes perlaient déjà sur mon visage. Je me suis recroquevillée et pleure de plus belle. Il est venu cogner à la porte, mais j’ai fait semblant de ne pas entendre. Qu’il s'en aille c’est tout ce que je veux.

Je me nomme Nourath AMADOU, âgée de 38 ans. Celà fait déjà dix ans que je suis mariée à Said et nous avons eu Mourad qui a 8 ans. Si on me disait que mon mari allait me tromper je n’aurais jamais cru. Je mettrai ma main au feu, rien que pour témoigner de sa fidélité. Mais comme on le dit souvent, on ne finira jamais de connaître l’homme, il nous surprend toujours. Je suis profondément déçue par son acte, mais je jure qu’après l’enquête du détective, ils ne vont pas s’en tirer aussi facilement, surtout la garce. Personne n’accepterait quitter son mari pour une moins que rien. Je suis riche et mariée à un homme d’affaires renommé . Je suis prête à tout pour garder ma position. Peu importe ce qu’il y a à faire, je le ferai. Je prête trop attention à mon statut, pour être souillée par une histoire d’infidélité. Que diront les gens ?

Après ma première grossesse, j’ai plusieurs fois essayé de tomber enceinte, mais ça n’arrivait toujours pas. Le docteur m'a pourtant dit que je suis féconde. Bref je remet tout entre les mains de Dieu.

J’ai à présent tous les détails concernant cette voleuse de mari. Je me suis rendue sur son lieu de travail et l’ai menacé de laisser Said. Deux semaines plus tard, j’ai constaté que la demoiselle continuait sans gêne sa relation avec mon mari. Un jour je l’ai fait kidnappée par des hommes de confiance. Ils l’ont attaché à une chaise et ont bâillonné sa bouche.

Moi ( la dévisageant ) : Je t’ai averti mais tu as continué à le voir.

Elle ( gesticulant ) : …

Moi ( à mes hommes ) : Ôtez lui la bande.

Elle : Si seulement Said savait le genre de femme qu’il a, il y a longtemps qu’il t’aurait quitté. Tu n’en vaut même pas la peine.

Je lui ai flanqué une baffe et lui ai craché au visage.

Moi : C’est toi la voleuse de mari et c’est toi qui vient me juger. Tu peux te la mettre où je pense ta remarque. Alors tu vas le laisser ou tu préfères mourir.

Elle ( déterminée à me tenir tête ) : Je l’aime trop pour te le laisser. Fais ce que tu veux je n’ai pas peur de toi. Même si tu me tues, ton heure viendra.

Moi : Tu l’auras voulu petite garce. ( Me tournant vers mes hommes) vous savez ce que vous avez à faire.

Je me suis retournée et ai quitté le lieu. J’ai préféré faire cette petite rencontre sur un chantier en construction pour plus de discrétion. J’ai pris soin de brouiller les pistes. Quelques que soient les enquêtes qui se feront, personne ne saura jamais que je suis la responsable. Voilà un avantage quand on a les bras longs.

Quelques jours plus tard, on annonçait au journal que le corps d’une jeune femme du nom de Stéphanie ALIHO avait été découvert au bord de la mer. Ils montraient également une autre qui lui ressemblait tellement, on dirait sa sœur. Elle pleurait à chaudes larmes et maudissait l'assassin de sa sœur. J'ai bien vu le visage qu’affichait Said, mais je ne lui ai prêté aucune attention.

Lui : J’espère pour toi que tu n'as rien à avoir avec sa mort.

Moi ( l’ignorant ) : …

Lui : Fais bien la maligne. Tu as intérêt à être clean dans cette affaire Nourath.

Moi : Et puis quoi tchip.

~~~~~ Retour au temps présent ~~~~~

Dans la vie, on fait tous des erreurs. Qu'elles soient grave ou pas ce sont des erreurs. On essaye de les oublier mais on y arrive pas toujours. Quoi qu’il arrive nos erreurs nous rattrapent toujours, nos mensonges nous rattrapent toujours. Donc le passé finit toujours par nous rattraper.

Moi : Said tu t’imagines ? Que le monde est petit.

Lui : Tu as raison. Je n’aurais jamais cru que mon fils allait tomber amoureux de la fille de la sœur de Stéphanie.

Moi : Ta maîtresse oui.

Lui : Ex maîtresse, elle n’est plus de ce monde. Et je croyais qu’on avait enterré cette histoire.

Moi : Je ne vous comprend pas vous les hommes. On vous fait tout à la maison, mais il faut toujours que vous allez voir ailleurs. Est-ce ton entre-jambe qui te démange autant ?

Lui ( vexé ) : Nourath tu m’arrêtes ça, je suis ton mari, un peu de respect.

Moi : jet’ai pardonné ton erreur mais je n’ai pas oublié. Il y a une différence à ce que je sache. Depuis que j’ai su l’identité de ta maîtresse j’ai haï la famille ALIHO. Cette haine que j’ai envers cette famille n’a jamais changé. N’espère pas que je vais accepter leur union Said.

Lui : Toi et moi sommes mariés très jeunes. Pourquoi veux tu punir les enfants pour les erreurs qu’on a commis.

Moi : Rectification que tu as commis. J'ai dit non, je ne reviendrai plus sur ce sujet. Mourad n’épousera jamais cette fille tu m’entends ? Elle est catholique en plus, elle ne voudra jamais se convertir Said.

Lui : Arrête d’être aussi dure. Tu as avancé mais tu refuses de les laisser vivre leur amour chérie.

Moi : Tu m’énerves Said pffffff.

Je me suis levée, en ouvrant la porte je tombe sur un Mourad pas très content.

Moi ( surprise ) : Que fais tu là ?

Lui : J’ai tout entendu. C’est donc ça votre secret.

Moi ( faisant semblant ) : De quoi parles tu ? En plus qui t'a appris à écouter aux portes ?

Lui : Maman je suis désolé, j’étais sur le point de venir te demander une explication mais j’ai surpris votre conversation.

°°° Said °°°

J’entend la voix de la mère et du fils. Je me dirige vers eux. Je lis une déception sur le visage de Mourad. Je m’approche d'eux.

Moi : Mourad tu n’as rien à craindre. C’est un malentendu. Je te promet que nous allons régler celà.

Lui : Je l’espère papa, comme tu peux le constater je suis éperdument amoureuse d’elle et la veux comme mon partenaire.

Elle : C’est ce qu’on verra. J’obtiens toujours ce que je veux. Mon fils trouve toi une autre fille et oublie cette Louna.

Je dois la calmer sinon elle risque de dire n’importe quoi.

Moi : Tu ferais mieux d’aller te reposer. Mourad suis moi.

Je nous ai dirigé dans mon bureau.

Moi : Tu sais fiston, dans cette vie les choses ne sont pas toujours comme nous voulons qu’elles soient. Et on ne force pas non plus les choses.

Lui : Que veut tu dire par là papa ?

Moi : C’est pour te dire que tu dois laisser tout se dérouler comme il se doit. Ne sois jamais pressé. Si vous êtes appelés à être ensemble, vous le serez peu importe comment, ça finira par arriver. Aie confiance en Dieu et prie beaucoup.

Lui : Excuse moi papa, je ne veux pas être indiscret mais avais tu vraiment une maîtresse, et que c’était la sœur de tata Yasmine ?

Moi ( passant ma main sur le visage ) : Oui Mourad, et crois moi celà fait partie du passé. Tu n’as pas à payer pour mes erreurs. Nous ne sommes pas des saints non plus. Ça peut arriver à n’importe qui.

Lui : Je vois, merci pour tes conseils. Ça me rassure qu’au moins toi mon père tu me comprends.

Moi : De rien mon fils. Je suis désolé si tu savais. Je te souhaite une bonne chance.

Lui : Ne t’en fais pas je te comprend parfaitement.

Il est parti. Je me suis levé pour fermer à clés. J’ai besoin d’être seul. Ce qui est fait est fait, il n’y a jamais eu de retour en arrière. Je ne regrette pas mon infidélité. La seule chose que je regrette est d’avoir été indiscret au point de laisser Nourath tout découvrir. Si elle avait su tout ce qui était derrière ma trahison, elle n’aurait jamais dû s’en mêler.

Le monde d’aujourd’hui n’a plus de pitié. Tu dois te lever et te battre pour ce que tu veux. Personne ne viendra le faire à ta place.

C’est pour son bien être que j’ai fait tout ça. Celà m'a permis d’être où je suis aujourd’hui. J’étais conscient quand j’ai pris cette décision des années plutôt. J’assume mon choix. Et je continuerai sur cette voie jusqu’à ma mort. Car je n’accepterai jamais perdre mon pouvoir, pour rien au monde. Rien.

Louna : Mon destin