Chapitre 16 : Said BELLO
Ecrit par Fleurie
Pour que vous puissiez comprendre comment Said en est arrivé là, je dois faire un flash-back.
°°° Said °°°
Je viens de finir mon stage. Six mois se sont écroulés depuis que j’ai obtenu mon Master en Hospitalité et Hôtellerie au Canada. Je prend une douche et m’apprête pour la soirée. Des potes à moi ont organisé une petite fête, histoire de décompresser un peu. Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. Je jette un coup d’œil furtif sur l’écran et c’est le nom de mon père qui s’affiche. Le daron ne m’appelle pas d’habitude, je me demande bien ce qu’il me veut.
Moi ( decrochant ) : Allô papa
Lui : Salut fiston. Je tiens à te féliciter pour ton progrès et surtout pour ton dur labeur. Je parie que tu as déjà terminé ton stage.
Moi : Merci, papa je te connais très bien pour dire que tu ne m’appelles pas que pour ça.
Lui ( découvert ) : Euh c’est pour te dire que tu dois rentrer d’urgence au pays. Et si c’est possible, tu prends le prochain vol. C’est très important.
Moi : Ça ne peut pas attendre ?
Lui : Non Said, je t’attend. Tu le sauras une fois ici.
Clic.
Il venait de raccrocher sans me laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit. Vraiment au lieu de me demander si je n’ai rien de prévu. Mieux je fais comme il a dit. Je me suis rapidement connecté sur mon portatif à la recherche du prochain vol pour Cotonou.
Heureusement que j’ai trouvé un vol qui part dans deux heures. Je fais mes valises aussi vite que je peux. Après sept longues années, loin de mes parents, de mon pays, de tout, je retourne enfin. Je n’ai même pas eu le temps de me préparer comme celà se doit.
~~~~~ Quelques heures plus tard ~~~~~
Que ça fait du bien de respirer l’air frais de son pays . Ma terre m'a manquée. De loin, je peux distinguer deux silhouettes d’hommes habillés en djelabou, qui m’attendent déjà. Mon père a légèrement laissé pousser sa barbe grisonnante qui lui va bien. Je constate que la nature a été clémente envers lui. Il n'a rien d’un quinquagénaire, on aurait dit un jeune homme de la trentaine. Habib est devenu un homme, beau trapu avec un physique à vous couper le souffle. Je parie que de filles lui courent après. Bref je me dirige vers eux.
Je les salue et on se fait une accolade, que ça fait longtemps.
Moi ( près d’eux ) : Papa, Habib mais vous êtes toujours les mêmes.
Papa ( souriant ) : Si tu savais Said.
Moi : En tout cas, on dirait même pas que des années se sont écroulées.
Habib : Tu as fait un bon voyage ?
Moi : Oui al hamdou li lah.
Je suis monté dans la voiture et Habib a démarré. Tout le trajet s’est fait dans une ambiance joviale. J'ai passé tout le temps à les taquiner.
Une fois à la maison, je suis monté prendre une douche, me changer avant de les rejoindre au salon. Ils sont assis, savourant tranquillement leur verre de whisky. J'ai pris place juste en face d'eux.
Habib : Mon petit frère a grandi dites donc, tu es devenu un homme.
Moi : Ça me fait énormément plaisir de vous revoir après toutes ces années.
Papa : C’est toi qui nous fuis Said. On dirait même que tu n’aimes plus ton pays.
Moi : Ce n’est pas le cas, juste que je me plais bien là bas, c’est tout.
Ils sont restés à me taquiner avant qu’Habib ne prenne congé de nous. Papa nous a conduit dans son bureau. J'ai l’impression que ce qu’il s'apprête à me dire ne me plaira pas. Mais je suis quand même curieux de savoir.
Lui : Tu sais mon fils, ce que je tiens à te dire est un peu délicat. Il faut vraiment t’armer de courage. Et tu dois également savoir que tout ce qui dira dans cette pièce, restera entre nous. Ce sera notre secret. Aucune autre oreille n’en saura rien.
Moi : Tu peux me faire confiance. Je suis tout ouï.
Il a profondément respiré avant de reprendre la parole.
Lui : Comme tu le vois, mes jours sont comptés, et je n’ai plus assez de temps à vivre sur cette terre. J’aimerais que tu acceptes de prendre les rênes de mes affaires après ma mort.
Moi : Papa tu n’as pas à t’en faire pour celà.
Lui : Cependant il y a une autre chose que je veux te confier. Je suis à la tête d’un groupe mystique. La seule personne en qui j’ai confiance n’est que toi. Ton frère n’a aucune connaissance de ce genre de choses.
Moi : Je n'ai jamais un instant pensé une seule seconde que mon père ferait ces genres de choses maléfiques. Pourquoi veux tu que j’adhère à ces pratiques et que je sois le dirigeant du secte ? Je veux le savoir. C’est pour cette raison que tu m’as fait venir au pays ?
Lui : Tu dois te calmer et me laisser t’expliquer. Tu vois, tu n'as pas le choix Said. Bien que ton frère soit l'aîné c’est toi qui a été choisi. C’est un héritage familial, en mon temps j’avais eu la même réaction que toi mais par finir j’ai accepté et regardes un peu où nous en sommes. J'ai promis à ton grand-père lorsque je le succédait que je ferais toit pour gérer et protéger notre héritage. De cette même manière je souhaite que tu en fasses de autant.
Moi ( dépassé par ses révélations ) : Je n’ai aucune envie de cet héritage papa. Si ma mère était en vie, elle ne te pardonnera jamais.
Lui : L’un des secrets du groupe est ceci, aucun membre ne doit révéler l’existence du secte à sa conjointe. C’est interdit.
Moi ( secouant la tête ) : Tu veux que j’accepte d’être responsable de la mort de pauvres innocents c’est ça ?
Lui : Soit tu acceptes tranquillement, soit je serai obligé d’user de la force. Cet héritage est notre force, notre succès et la richesse de la famille BELLO. Elle se transmet de génération en génération. Tout est déjà mis en place pour ton initiation. Tu apprendras ce qu’il faut avec le temps, et tu comprendras tout.
Moi ( me levant ): Fais comme tu veux.
Lui : C’est pour ton bien Said.
Je suis sorti et j’ai claqué la porte tellement fort. Mais je m’en fiche quel est ce délire, n’importe quoi.
Le soir après la dispute avec mon père, j’étais allongé quand j’ai senti des présences étranges dans la chambre. Je me suis levé pour vérifier mais il n'y avait personne. Je me suis recouché et cinq minutes plus tard je sentais qu’on m’attachait tous les membres. Je me débattais de toutes mes forces, mais celles présentes étaient beaucoup plus fortes que moi. Je ne voyais personne, les minutes qui ont suivies toutes les fenêtres de la chambre s’étaient soudainement ouvertes d’elles-mêmes, laissant entrer un vent violent qui soulevait tout sur son passage. J’ai senti un truc vraiment bizarre me posséder d’un coup. J’ai gesticulé et beau crié, mais c’est à croire que personne ne m’entendait.
L’instant d’après j’ai vu mon père apparaître, il ne disait rien et s’est contenté de me sourire. Il m’a fait un au revoir de la main et a disparu tout comme il est apparu.
Tout est devenu si calme, comme si rien ne venait de se passer. Je me suis senti épuisé et je me suis endormi.
Le lendemain à mon réveil, je me suis rendu dans sa chambre. Le corps de mon père n'a pas bougé malgré mes nombreuses tentatives à le réveiller, il est resté immobile. Mon attention a été attirée par une lettre posée près de son oreiller.
<< Hier soir tu as passé la première étape de ton initiation. Je suis fier de te transmettre mon pouvoir. Crois moi personne d’autre que toi ne pourra réussir comme je l’ai fait. Je peux à présent mourir en paix. Tu dois contacter le numéro que j’ai laissé au bas de cette note. Seule cette personne t’éclairera et répondra à toutes tes questions. Des cérémonies ont été faites lors du décès de ton grand-père, il en sera de même pour moi. Quoiqu'on te demandera, ne t’oppose jamais. Je serai toujours présent à tes côtés. Ton père. >>
J’ai laissé la lettre tombée sur le tapis, avant de m’affaler près du corps inerte de mon père. Mon cerveau refusait d’assimiler ce que je venais de lire. J’ai mieux compris ce qui s’était passé hier dans ma chambre.
Deux semaines après les funérailles de mon père. J’ai pris les rênes de tous ses hôtels y compris mon héritage. Habib m'a également assisté dans la gérance du business familial. Mais il était ignorant du groupe mystique jusqu'à ce jour.
J’ai compris plus tard, tout ce que mon père avait dit. Et aujourd’hui , je ne regrette pas le choix qu'il a fait. Il m’arrive de communiquer parfois avec lui dans l’au delà.
Quelques mois après j’ai rencontré Nourath. Mes oncles et tantes nous ont mis des bâtons dans les roues, tout simplement parce qu’elle vient d'une famille pauvre. Je ne devrais pas l’épouser. Mais après tous nos efforts nous nous sommes mariés. Elle n’a jamais su à propos de mon héritage. Comme me l’avait dit mon père j’ai gardé ça pour moi. J’emporterai ce secret jusqu’à ma tombe.
°°° Yasmine °°°
Je retire mes gants et prend soin de bien nettoyer les traces de sang. Après de longues heures passées au bloc opératoire, ma journée a été juste éprouvante. La bonne nouvelle est qu’on a pu sauvé le patient qui nous as fait un arrêt cardiaque en plein milieu de l’opération. C’est un jeune policier qui a reçu deux balles dans l’abdomen lors d’une échange de tirs. Le docteur a fait un bon boulot. Pendant une seconde j’ai cru qu’on le perdait. Mon cœur battait plus fort lorsque j'ai levé mes yeux pour constater que le tracé de l'ECG est plat, automatiquement j'ai alerté le médecin ...une fois le défibrillateur chargé et avec l'aide de l'anesthésiste, nous avons pu le récupérer. Après un ouf de soulagement l'opération a pu continuer...
Je ne sens pratiquement plus mes jambes. Je vais à la cafétéria me prendre un café bien noir, pour me remettre sur pieds.
A mon retour, je vois le docteur se diriger vers les parents du jeune homme qu’il vient d’opérer. Je le suis pour annoncer la bonne nouvelle. Ils sont tous assis dans la salle d’attente. Un sexagénaire se lève et vient à l'encontre du docteur, ça doit sûrement être son père, rien qu’à voir le visage qu’il affiche, il a dû stresser à mort.
Docteur : Où sont les parents de Monsieur ABADJI ?
Père du patient ( inquiet ): Oui docteur dites nous comment va mon fils, va-t-il s’en sortir ?
Docteur : Vous pouvez vous rassurer, le pire est déjà passé. Il est hors de danger. L’opération a été un succès, nous avons pu retiré toutes les balles.
Père du patient ( levant les yeux au ciel ) : Dieu soit loué. ( Serrant la main du docteur ) Je vous remercie infiniment que Dieu vous bénisse.
Docteur ( souriant ) : Je n’ai fait que mon devoir Monsieur.
Père du patient : Pouvons nous le voir ?
Docteur : Nous l'avons installé dans la salle de réanimation. Il est toujours inconscient. Normalement il est interdit de le voir, mais on accepte quelques minutes de visite, rien que pour la famille.
Père du patient : Merci docteur.
Il a hôché la tête. Il s’est tourné et est parti. J’étais sur le point de faire de même, lorsque tous les regards se sont braqué sur une jeune femme qui a fait irruption dans la salle. Elle est d’une beauté à vous couper le souffle, et sa démarche de grande dame ne laisse d’ailleurs personne indifférent. Elle s’approche de la famille ABADJI. J’ai voulu continuer mon chemin quand le père du patient a prononcé le nom de Maïna. Que vient il de dire ? Je ne l’ ai pas du tout reconnue sur le champ , après tout ce temps. On dirait qu’elle s’est métamorphosée.
°°° Maïna °°°
Je suis à peine rentrée de mon voyage, lorsque j’ai reçu le coup de fil de Monsieur ABADJI, m’informant de l’accident de son fils. J’ai conduit comme une folle pour me rendre à l'hôpital. Une fois sur les lieux, je suis surprise de voir Yasmine. Que ça fait belle lurette. Elle me regarde comme si elle ne m’avait jamais rencontrée auparavant. J'adore cette assurance que je dégage. Je me précipite vers eux, ils sont tous là.
Papa : Maïna ma fille, tu as fait un bon voyage ?
Moi : Oui mais dites moi comment va-t-il ? Je suis très inquiète pour lui.
Papa : Il a survécu pendant l’opération c’est un miracle.
Moi ( soupirant ) : Ça me rassure papa.
Papa : Le docteur nous a permis de le voir, mais ce ne sera que pour quelques minutes. ( Regardant l’infirmière ) Pouvez vous s’il vous plaît nous conduire à lui ?
Elle : Suivez moi.
Nous l’avons suivi jusque dans la salle de réanimation. J’ai laissé les autres y entrer, car j’ai à parler avec elle. Elle a voulu fermer la porte mais j'ai été plus rapide qu’elle.
Moi : On se croise enfin Yas. Que le monde est petit, seules les montagnes ne se rencontrent pas.
Elle : C’est moi qui devrais te dire tout ça tu crois pas. Tu as abandonnée ton mari et ta famille pour je ne sais quoi, ne donnant même pas signe de vie. Et le comble tu n’as même pas pris la peine de te présenter aux funérailles de ton cher époux. Je me pose même la question si tu l’as vraiment aimé.
Moi ( tapant dans mes mains ) : Bravo Yas la femme toujours tranquille est enfin déchaînée. Je n’ai pas de compte à te rendre, ni d’explications à te donner. Quoique tu dises, je m’en fiche complètement. Ce que je fais ou pas de ma vie, ben ça ne te regarde pas. Occupes toi plutôt de ses affaires.
Elle : Tu as toujours été une femme assoiffée par la richesse et le luxe, je plains ton cas, je prie pour que la pauvre Kadi ne suit pas tes pas. Car ils conduiront à sa perte. Tu es hypocrite et mesquine.
Moi ( riant ) : Tu me fais pitié. Tu vas moisir Yas. Tu n’auras jamais le bonheur. Je te hais.
Elle : Le jeune homme à l’intérieur n’est il pas ta nouvelle proie ?
Moi : Ça ne te regarde pas. Tu ferais mieux de t’en aller avant que je ne fasse un scandale sur ton lieu de travail. ( M’approchant d’elle) nous savons toutes les deux que ce ne serait pas bien pour toi ( clin d’œil ).
Elle : Ne t’approche plus jamais de moi ni de ma famille, sinon tu auras à faire à moi Maïna tu es prévenue, oiseau de mauvaise augure, tchip.
Elle ne m’a pas laissé le temps de lui répondre, qu'elle est déjà partie. J’ai juste envie de lui sauter dessus et de l’étrangler. Elle ne sait pas la personne que je suis devenue en si peu de temps. Si elle veut s’amuser avec le feu, ben elle se brûlera les ailes.