Chapitre 15: Un tour à Grand Bassam
Ecrit par MTB
J’eus le trac au début de ma présentation. La nervosité était
palpable. En plus, j’étais le premier à présenter notre travail. Pour éviter
que des idées soient volées, il avait été décidé de faire les présentations par
groupe et uniquement devant le jury. Les autres candidats devaient attendre dehors.
Les autres membres de mon équipe me demandèrent plusieurs fois si j’étais
vraiment en forme car ils étaient inquiets de me voir moins sûr de moi par
rapport à la veille. Beaucoup d’idées me traversaient l’esprit et plus
inquiétantes étaient les questions par rapport à ce qui s’était passé la nuit
dernière. Et aussi le week-end passé.
Je commençai timidement la présentation puis tout s’accéléra.
Je repris confiance en moi pour convaincre mon auditoire. J’avais même été
surpris de voir un membre du jury applaudir à la fin. Un autre se risqua à me
poser des questions sur mon cursus universitaire ainsi que les différentes
formations reçues. Bref, on penserait à un entretien d’embauche. Ce qui
m’importait le plus, c’était de gagner ce marché et de rentrer le plus tôt à
Lomé. J’avais même déjà commencé par penser à écourter mon séjour et rentrer
dès la fin du séminaire. Je m’excusai auprès de mes équipiers et de Moraine
pour m’éclipser. Je regagnai ma chambre en hâte pour essayer de dormir encore
un peu tellement j’étais abattu. Je profiterai pour repenser à tout ce qui se
passait dans ma vie actuellement car j’avais l’impression de perdre le
contrôle.
Le sommeil arrivait difficilement. Qu’est-ce que j’avais fait
au bon Dieu pour me retrouver dans une situation pareille ? Mais de toutes
les questions qui me harcelaient, les plus coriaces concernaient Cynthia.
Qu’est-ce que j’allais faire ? Devrais-je rompre en même temps dès mon
retour ? Devrais-je lui faire payer le mal que je ressentais ? Moi
aussi j’étais quelque part coupable d’avoir couché avec une autre fille,
pardon, avec des jumelles alors que j’étais dans une relation déjà. Finalement,
à quoi bon se torturer dans ce lit ? Je décidai de sortir prendre de
l’air. J’avais entendu parler de la station balnéaire de Grand-Bassam qui avait
été attaquée entre temps par des terroristes. Je décidai de m’y rendre pour
voir à quoi ressemblait ce lieu. Au moins, la visite touristique m’occuperait
mieux l’esprit.
Je louai une voiture chez AVIS pour m’y rendre. Au moment où
je descendais pour m’engouffrer dans le taxi, Moraine m’héla et me demanda mon
projet. Je lui répondis que je faisais un tour à Grand-Bassam puis elle demanda
si elle pouvait se joindre à moi. Face à sa petite mine et me rappelant de la
promesse de la glace, je lui ouvris la portière. Puis la Mercedes démarra.
Après avoir parcouru quelques kilomètres dans le silence absolu, Moraine
engagea la conversation :
-
Excuse-moi
Charles de t’avoir grondé ce matin
-
Oh,
tu n’as pas à t’excuser. Je le méritais.
-
Tu
as l’air si triste et perdu. Qu’est-ce qui se passe ?
-
Rien
de spécial. Juste la fatigue et le stress.
-
Charles,
je te connais bien. Je connais ta façon de bosser et sans te mentir, je ne te
crois pas sur ce coup. Ou bien c’est ce qui s’était passé la fois dernière qui
te met dans cet état.
-
Il
ne s’est rien passé à ce que je sache.
-
Je
m’en doutais mais je ne veux surtout pas que cela affecte notre relation de
travail et c’est ce que je suis entrain de remarquer.
-
Rassure-toi
ma chère. Rien à voir avec ce qui s’était passé. Mais dis-moi, pourquoi
étais-tu partie ?
-
Je
ne sais pas vraiment. Mais sache que si c’était à refaire, je resterais
jusqu’au bout.
-
Bref,
comment était ta soirée hier ?
-
J’étais
partie chez ma cousine. Tu te rappelles ? Nous avons causé de tout et de
rien. Cela faisait presque cinq ans que nous n’avons plus été ensemble.
-
Je
suis content pour vous.
Il faut reconnaître que je n’étais pas inspiré pour faire la
causette mais je n’avais pas le choix et mon cerveau faisait des efforts
énormes pour trouver des choses à dire. Quand tout à coup, le chauffeur
s’excusa de nous interrompre et nous informa que nous étions déjà arrivés. Nous
descendîmes de la voiture, Moraine en premier. Au moment de sortir, je
remarquai un bracelet que je me précipitai pour rendre à Moraine en lui
expliquant qu’elle l’avait laissé tomber dans la voiture en descendant
sûrement. D’un air surprise, elle observa attentivement le bracelet.
-
Merci
beaucoup mais…
-
Je
t’en prie. Tu n’as pas besoin de me remercier. Tu mérites qu’on prenne soin de
toi et je suis certain que si ma carte de crédit tombe par erreur, tu ferais
pareil pour moi.
-
Je
ne parle pas de cela. Juste que je ne peux pas accepter ce bracelet.
Elle avait le visage légèrement grave. Je ne compris pas sur
le coup ce qui se passait qu’elle me tendait déjà le bracelet.
-
Non
Moraine, voyons, ce n’est pas un cadeau que je t’offre. C’est juste ton
bracelet tombé sûrement de ton sac.
-
Charles,
ce bracelet n’est pas à moi. Et je pense que tu devrais bien revoir
l’inscription à l’intérieur.
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