Chapitre 16: La cousine de Moreine
Ecrit par MTB
Interloqué, je lui pris le bracelet puis regardai à
l’intérieur. Comment cela se faisait-il ? Je n’eus pas de mal à lire le
message que j’avais fait graver dans le bracelet de Cynthia au début de notre
relation : « Pour un amour sincère, C&C ». Le C&C
signifiait Cynthia & Charles. Mon sang ne fit qu’un tour. Rapidement, je
pris mon téléphone, me dirigeai tout droit dans la galerie. C’était la même
voiture que celle utilisée par Cynthia et son amant la veille : même
marque, même couleur, même immatriculation. Donc c’était aussi grave au point
qu’elle se débarrassa de ce bracelet ? J’étais perdu dans mes pensées
quand Moraine me demanda s’il y avait un souci. Je lui répondis non et que
probablement le bracelet était égaré par un couple qui avait loué la voiture
avant moi. Je promis de retourner le bracelet à l’agence une fois que les
courses seraient finies. Heureusement qu’elle n’avait pas fait le rapprochement
entre le C de Cynthia et le C de mon Charles.
Le temps passa vite sous la paillote, avec un verre de
cocktail fait de fruits, feuille de menthe et de miel. Il y en avait de toutes
sortes. J’étais tenté de prendre un peu de tout mais il fallait aussi faire
très attention à ne pas tomber malade juste pour quelque chose que tu peux
rechercher et faire sur internet plus tard. Et moins cher en plus. Le chauffeur
vint me trouver et m’expliqua qu’il fallait partir maintenant afin d’éviter
l’insécurité et les bouchons. Moraine était assise à regarder les vagues
s’échouer sur la plage. Elle avait l’air nostalgique. Je pouvais sentir sa
tristesse. Je parie que le chauffeur pensait que c’était ma petite amie.
J’aurais dû normalement être très en colère mais je ne savais
pas pour quelle raison j’étais si calme et serein. J’avais même complètement
oublié le bracelet que je tenais dans mes mains. Il avait perdu d’un coup toute
valeur sentimentale et n’était plus qu’un objet. Comme on le dit, la vengeance
est un plat qui se mange froid. Beaucoup s’accordent à dire que quand une femme
est en colère, même le diable s’assoit pour regarder et apprendre. Ce qu’ils
ignorent, c’est qu’un homme blessé et qui ne parle pas, est bien plus
dangereux. Mon regard sur Cynthia avait changé. A moins que nous ayons des
jumeaux astraux qui faisaient identiquement à Abidjan ce que nous faisions à
Lomé. Le retour vers l’hôtel avait été plus rapide que l’aller vers
Grand-Bassam. Peut-être aussi parce que nous allions dans le sens contraire que
la plupart allaient. C’était déjà la sortie des bureaux. La vie nocturne
commençait à s’installer déjà.
Une fois à l’hôtel, Moraine me donna un gros câlin en me
rassurant que ce qui me rendait bizarre et triste disparaitrait avant le lever
du soleil en ajoutant qu’elle m’invitait au dîner de ce soir avec sa cousine.
Comme je n’avais rien à faire, j’acceptai et montai dans ma chambre. Le sommeil
s’empara de moi immédiatement. Je ne réalisais pas à quel point j’étais
fatigué. Le matelas semblait plus moelleux que d’habitude et pourtant il
n’avait pas changé. Je me réveillai presque deux heures après notre retour. Il
était proche de vingt-et-une heures. J’appelai la chambre de Moraine qui me
rassura qu’elle venait de sortir de la douche. De toute façon, sa cousine
passerait nous chercher à l’hôtel avec sa voiture. Je demandai la permission de
l’attendre dans le hall si elle n’y trouvait aucun inconvénient.
Quand je descendis, je vis, assise au bar, une fille qui
attira mon attention. J’avais l’impression d’être familier avec ce visage mais
je ne pouvais pas vraiment savoir où et dans quelles conditions. Il faut dire
que j’ai une très bonne mémoire visuelle. Elle regardait de temps en temps dans
sa montre. Et comme personne ne se présenta après cinq minutes, je m’approchai
d’elle en la taquinant :
-
Bonsoir
Madame,
-
Bonsoir
Monsieur,
-
Vous
avez besoin d’un service ?
-
Pardon ?
-
Puis-je
vous être utile d’une certaine manière ?
-
Vous
travaillez dans l’hôtel ?
-
Presque ;
je suis stagiaire.
-
Je
ne suis pas dupe, Monsieur. Même les stagiaires portent des badges.
-
Je
me rends, vous m’avez eu. En fait, c’est moi qui ai besoin d’une faveur.
-
Et
vous pensez que je peux vous aider ?
-
Dans
la mesure du possible et si vous n’êtes pas déjà occupée bien sûr.
-
Alors
dites ce que vous voulez et je vais voir ce que je peux faire pour vous.
-
J’ai
une invitation à dîner ce soir et je n’aimerais pas m’y retrouver seul. Si vous
avez du temps à me consacrer, accepteriez-vous que je vous offre un
verre ?
-
Disons
que vous pouvez payer celui que je bois déjà.
-
Considérez
que c’est déjà fait. Charles, rajoutai-je en lui tendant la main.
-
Geneviève.
-
Enchanté
de faire votre connaissance, Geneviève, Madame ou…
-
Mademoiselle
Geneviève. Mais considérez juste que c’est Madame.
-
Je
vous en prie, ne vous méprenez pas sur ma personne. Je n’ai aucune intention
déplacée à votre égard.
-
J’apprécie.
Et dire que je pensais que de tels hommes n’existaient plus sur terre.
-
J’avoue
que je me perds un peu.
-
Galant,
charmant, excellent orateur et poète. De nos jours, des garçons de ton genre
sont une espèce en voie de disparition.
-
Je
me sens honoré d’une telle considération.
Après quelques deux ou trois minutes d’échanges courtois, je
cherchai à prendre congés de Geneviève en m’excusant si je l’avais importunée
et en lui souhaitant de passer une agréable soirée. Je donnai des instructions
au barman pour mettre la note sur ma chambre d’hôtel. Elle devait se dire un
tas de choses sur un individu comme moi. Mais il fallait vivre ce que j’avais
vécu en une semaine pour savoir qu’il ne faut pas draguer toutes les filles
qu’on croise car on ne sait jamais sur qui on peut tomber. Je me dirigeais vers
la sortie pour profiter de la vue sur la rue quand je croisai Moraine.
Elle était habillée de façon simple mais élégamment. Je me
demandais combien d’hommes avaient pu rester indifférents à son charme. Je lui
pris la main en la complimentant et elle me demanda de lui accorder juste une
minute le temps de rejoindre sa cousine. Je sortis donc l’attendre dehors alors
qu’elle se dirigeait vers la réception. J’imaginais à quoi pouvait ressembler
sa cousine. Auraient-elles une ressemblance physique ? Ou Seraient-elles
complètement différentes l’une de l’autre ? J’essayai de chasser ces
suppositions de mon esprit car de toute façon, je ne pouvais pas me permettre
de la draguer après ce qui s’est passé entre nous. J’attendais sagement quand
Moraine me tapota sur l’épaule en me disant que c’était bon. Je me retournai
pour qu’elle me présente sa cousine. En face de moi, j’avais Geneviève.
-
Geneviève ?
-
Charles ?
Moraine, surprise, nous demanda :
-
Vous
vous connaissez déjà ?
à suivre...