Chapitre 16
Ecrit par sokil
Je
la vois ôter délicatement ses lunettes, elle dépose son bouquin de la
même manière sur la table ; elle se redresse et se tient convenablement
et me lance un regard perçant, et si menaçant que je finis pas ne plus
distinguer les pupilles du blanc de ses yeux, qui ont eux aussi virer
tout de suite à un noir de jais.
- Maman ! Calme-toi ! Calme…
- J’es-pè-re que tu parles de quelqu’un d’autre ! Klariza !
J’es-pè-re que tu n’es pas entrain de vouloir m’envoyer au coma direct, à
cause de l’AVC qui peut m’attraper la tout de suite ! J’es-pè- re et
je crois, avec une vive foi qu’il ne s’agit pas de lui !!!
Je
baisse timidement la tête, honteuse ; je me sens si bête, lâche et
ridicule en face d’elle que je préfère me taire pour un court instant,
et la laisser se défouler.
- Ne me dis pas qu’il s’agit de lui ! Hein ? C’est … quelqu’un d’autre n’est-ce pas ? Réponds – moi !!!
Mon silence lui fait comprendre à l’immédiat qu’il s’agit bien de lui, Steve Djengue.
- Tu ne peux pas faire ça Klariza !!! Nooon !!! Tu ne peux pas me
faire ça à moi ta mère ! Mais quel genre de personne es-tu ? Après
tout ce qu’il t’a fait subir ! Après tout ce que nous avons vécu !
Après cet abandon par lui, le rejet brutal dont tu as été victime, tu as
commis un acte odieux à cause de lui !!! Et tu me fais comprendre que
non seulement vous vous êtes remis ensemble, mais… Tu … es encore
enceinte de lui !!! Seigneur !!!
Elle se lève en trombe et se met à
arpenter la pièce à plusieurs reprises, sans mot dire ; elle me tourne
le dos et se met à murmurer des paroles que je perçois malgré tout.
- Seigneur… Si c’est aussi ma punition… Je te prie de me donner la force ! Donne-moi la force, car je suis à bout !
Elle sanglote en silence ; je me sens mal et je culpabilise sur le
champ, regrettant amèrement de lui avoir fait cet aveu. Je me lève et
je me dirige vers elle dans le but d’essayer de lui expliquer pourquoi
et comment tout cela est arrivé.
- Maman, laisse-moi t’expliquer… S’il te plait, ne pleure pas ! Je … je vais tout te dire, je vais t’expliquer comment…
- Klariza ! Tu es mon seul enfant, et en même temps tu étais mon
espoir ! Mais je ne peux pas l’admettre ! Je ne te reconnais plus !
Ce garçon ! Mais qu’est ce qu’il t’a fait ? Que tu sois enceinte,
c’est une chose, mais que tu sois enceinte de LUI ! C’est …
inconcevable ! Je ne peux pas ! Je ne peux pas !
- Maman, je l’aime !
- Mais qu’est-ce que tu en sais bon Dieu ! Tu es complètement aveuglée
! J’ai envie de dire qu’à la limite tu es très bête ! Mais tu es
vraiment très bête ! Il t’a fait quelque chose j’en suis sûre il t’a…
- Maman… Écoute-moi s’il te plait, je…
- Ferdinand avait raison tu sais ?
- Non maman, écoute, tout est différent maintenant, ce n’est plus le
même, ce n’est plus la même personne ? Steve a bien changé !
- Eh bien dans ce cas, tu vas devoir t’en aller, partir d’ici !
- Quoi ?
- Quand je pense que depuis tout ce temps j’ai pris la peine pour que
tu sois bien ! Je t’ai pardonné ta grosse erreur, parce que j’ai pensé
que tout était en partie de ma faute aussi… J’ai tout mis à ta
disposition pour que tu ne manques de rien et que tu sois en sécurité,
je me bats pour ton bien être Klariza afin que tu ne retombes plus dans
ces mêmes travers… Mais tu as quand même réussi à glisser entre les
mailles ; même à moi, tu aurais pu me prévenir, me dire qu’il était
entrain de revenir dans ta vie, tu as préféré gérer ça toute seule ! Tu
as encore réussis !
- Je n’ai rien réussis, je … J’ai pardonné tout simplement, j’ai…
- Qu’est-ce que tu dis ? Répète !!!
- Maman, j’ai fini par lui pardonner, après tout ce temps !
- Il refait tout bonnement surface quand tout va bien ! Il t’a jetée
comme un vieux torchon parce que tu nous avions des problèmes ! Où
était-il depuis tout ce temps ? Maintenant que tout va bien, il revient
te bercer d’illusions et toi tu retombes les yeux fermés dans la cage
aux lions !
- C’est tout le contraire, attends que je t’explique s’il te plait …
- Il n y a rien à expliquer Klariza ! C’est … inconcevable ! Tu sors d’ici !
- Partir d’ici ? Pour aller où ? Tu … tu me chasses !
- Là tu viens de me déshonorer ! Tu viens de tuer quelque chose en moi
et je ne peux pas te laisser vivre ici ! Je ne peux pas laisser ce
garçon me narguer de cette façon !
- Maman, je t’en supplie écoute moi… Tu ne peux pas me mettre à la porte !
- Dès demain, tu pars le retrouver, j’en ai assez !!! Tu viens de me
dire qu’il a demandé ta main et tout le baratin possible, alors comme tu
es une grande fille, comme il est capable et responsable selon ses
dires, va-t’en, tu peux t’en aller, je ne veux plus te voir !!! Tu vas
te démerder avec lui ! C’est une honte, et la honte je ne la porterai
pas une seconde fois !
C’est plutôt la honte qui m’a envahie
dès cet instant. Tout mon entourage a été mis au courant, et presque
tout le monde a condamné mon choix ; j’ai dû subir les railleries des
uns et le rejet des autres. Personne n’a voulu m’écouter, personne n’a
voulu m’accorder le temps d’expliquer pourquoi j’ai choisi de me
remettre avec Steve. Christelle ma copine a vite fait de s’en prendre à
moi et de me juger sévèrement.
- Nous faisons tous des
erreurs dans la vie, mais ton genre ci me dépasse ! Steve !!! Encore
lui ? Tu oublies qu’il ta proprement trompé sous tes yeux ! Tu l’as
attrapé la queue dans le sac ! Mamie tu es forte ! Pour ne pas dire
folle !!! C’est quel amour ça ?
- Je sais, et j’en ai beaucoup
souffert, j’ai même coupé les ponts avec lui tu te souviens ? J’ai
changé mon numéro de téléphone pour qu’il ne cherche pas à me contacter,
j’étais déçue et profondément blessée ! Mais j’ai pardonné !
-
Pardonner c’est une chose, mais ça ne veut pas dire que tu dois
absolument retomber dans son piège ! Il est entrain de tendre un autre
piège ! Il veut quelque chose et quand il l’obtiendra il fera pareil !
Tu es encore enceinte et crois moi je ne prendrai plus le risque de
t’accompagner chez le médecin pour faire ça ! J’ai failli avoir
beaucoup d’ennuis avec ta mère !
- Ca n’arrivera pas ! Nous avons décidé de le garder ! Et j’ai des raisons de lui donner une autre chance !
- Quelles chances ? Je ne veux même pas entendre ça ! Tu es folle
Klariza ! C’est tout ce que je peux te dire ! Ne viens pas pleurer
après ! Ta propre mère ta foutue à la porte, ça veut dire que tu as
appuyé sur gâté ma sœur ! Heureusement que ta tante a bien voulu
t’accueillir !
- Oui elle a accepté à contre cœur parce qu’elle
n’est pas le genre de femme à ne pas mentir où à faire des cachoteries !
Elle m’a dit qu’elle veut parler à Steve avant toute chose ; elle a
quand déploré le fait que ma mère m’aie mise à la porte !
Ça
fait un mois que je suis partie de la maison et que j’ai dû rappliquer
chez ma tante Claude ; jusqu’à présent, elle n’a pas voulu se prononcer ;
je l’ai supplié de ne pas dire à ma mère que je vivais chez elle pour
un temps. Mais elle aussi est à bout, et déteste faire semblant.
- Tu sais que quand ça ne va pas je m’exprime toujours n’est-ce pas ?
J’ai fais un effort surhumain pour ne pas te juger ou te faire des
remontrances face à ta bêtise ! La seule chose que j’ai trouvé juste et
correcte venant de toi c’est d’avoir refusé d’aller habiter avec lui !
- Il me l’a proposé à plusieurs reprises, mais j’ai refusé, parce que je veux qu’il fasse les choses en bonnes et dues forme !
- Ok soit ! Et il attend quoi ? Comme il dit qu’il veut vraiment faire les choses sérieuses ?
- Il veut venir voir maman, mais il a peur, il sait qu’il déjà très mal vu alors…
- Qu’il vienne me voir, je vais m’entretenir avec lui, et ensuite on verra quoi faire !
- Je lui dirai !
- Tu es du même avis que moi qu’une fois engagée tu ne feras plus
marche arrière, tu vas devoir supporter les hauts et les bas du mariage,
et qui plus est de ce genre ! J’ose croire qu’il a changé d’après ce
que tu m’as raconté !
- Oui… il est différent maintenant ! Il n y a que toi seule qui a bien voulu m’écouter, maman n’a pas…
- Ta mère est très déçue et tous les jours elle pleure, elle parle de
toi sans arrêt ! Je lui ai dit que ce n’était pas la solution de te
mettre à la porte, mais elle aussi a ses raisons, elle se sent blessée !
Richard aussi lui en a voulu de t’avoir mis à la porte ! Alors j’ai
été obligée de leur dire la vérité, que tu vis ici avec moi !
- Et qu’est- ce qu’elle a dit ?
- Tu veux vraiment le savoir ? Elle a dit que tu n’as qu’aller te faire voir !
- Ok ! C’est très fort, mais je te remercie quand même !
- Je fais ce que je peux ! Dis à ton gars-là que je veux le voir et le
plus rapidement possible ! Dans les 24 heures ; il est 15h à ma
montre, je veux qu’il soit là demain à 15h tapantes, s’il fait l’erreur
d’arriver ici à 15h 01minute, lui et moi !!!
Aussitôt que j’ai
annoncé la nouvelle à Steve de savoir qu’un membre de ma famille est sur
le point de lui donner la possibilité de se faire entendre, il est ravi
et en même temps très anxieux ; je le vois se démener, faire des pieds
et des mains pour ne serait-ce que être présentable, voire très correct.
Il sait qu’il n’est le bienvenu nulle part et veut prouver à tous
qu’il a bien changé.
- Est-ce que ta tante aime le vin ? Je
pourrai lui prendre plusieurs bouteilles ou alors je pourrai lui offrir
autre chose ? Je ne sais pas, j’ai aussi pensé à lui remettre un peu
d’argent que je mettrai dans une enveloppe ! Qu’est-ce que tu en penses
? Je m’emmêle un peu, je ne voudrai pas la décevoir !
- Fais ce que ton cœur te dit, elle ne refusera rien j’en suis sûre ! L’essentiel est que tu honores à ce rendez-vous !
- D’accord ! Tu as dit 15h c’est ça ?
- Oui, 15h piles ! J’y serai, je ne manquerai pas, et je tiendrai ma parole, comme je te l’ai promis à toi !
- Oui…Je sais ! Ça n’a pas été facile ! J’ai eu du mal au départ !
- Mon geste est impardonnable… Mais je t’aime, je t’ai toujours aimé
Klariza ! J’ai beaucoup appris de mes erreurs de mon passé ! J’ai payé
pour ça, ça m’a presque coûté la vie ! Aujourd’hui, même si la
reconstruction est lente, j’aimerai que tu partages tout le reste avec
moi.
- Je t’ai pardonné, mais je n’ai pas oublié !
-
Raison de plus pour te prouver que je serai un bon mari et un bon… père !
Cet enfant que tu portes, le mien, je l’ai longtemps désiré, et je le
désire plus que tout, j’assume tout le reste ! J’aurai souhaité que tu
viennes vivre avec moi, j’ai un travail et le fait de m’occuper de toi
ne me pose aucun problème !
- Je ne peux pas et tu le sais, ce
n’est pas commode tant que les choses ne se font pas correctement ! Ma
mère m’a mise à la porte parce qu’elle …
- Elle est déçue ! Je la comprends ! C’est normal, j’irai la voir après m’être entretenu avec ta tante !
- A son retour ! Elle est en voyage d’affaires avec son mari !
- Ne t’en fais pas, tout ira bien ! Je vais m’occuper de toi jusqu’au bout, je ferai les choses correctement !
Il me prend délicatement par la taille et m’attire contre lui ; il s’agenouille ensuite et pose sa main sur mon ventre.
- Je ne le sens pas bouger !
- Je ne suis qu’à deux mois, ça ne saurait tarder !
- J’ai vraiment hâte !
Voila en partie pourquoi je me suis remise avec lui, ce diable !
Contre tout, contre toute attente. Il me prouve tous les jours qu’il
est devenu différent, il s’occupe de moi, prend soin de moi, il paie les
consultations à l’hôpital régulièrement et s’assure que tout se passe
bien pour le futur bébé ! Cette fois ci il est hors de question que je
le perde! Aucun de nous ne veut refaire la même erreur. Même si Steve
essaie de se faire pardonner son acte tous les jours, moi je lui ai
pardonné il y a de cela un an et ça fait tout juste six mois que je me
suis remise avec lui…
**Steve**
Je sais que je suis le
dernier des salauds et que je mérite d’aller droit à la potence ! Je ne
mérite même pas l’amour que cette fille me porte et qu’elle m’a
toujours manifesté ! Je ne me rendais même pas compte que je devenais
progressivement quelqu’un d’autre à cause du complexe que je développais
; tous ces gosses de riches que je fréquentais assidûment, dans le but
de prouver à tout le monde que je méritais bien aussi ma place dans ce
monde… Tout ça pour le m’as – tu – vu ! Pour le fric, la gloire et
l’envie de vite réussir !
A travers Fabrice je fais la
connaissance de LaSimone, elle me séduit et je tombe facilement dans ses
filets, mais je ne l’aime pas, elle n’est pas mon genre ! Je fonce
quand même tête baissée parce que son vieux a des contacts partout dans
le monde et la go me promet une place dans une grande école de cuisine
en Suisse, ça devient alléchant, j’oublie tout le reste, j’oublie même
Klariza ma copine, mon âme sœur, j’oublie de lui tenir la main alors
qu’elle a besoin de moi, elle est dans une mauvaise passe et en plus
elle est enceinte de moi. Mais je me dis, il faut que je réussisse mon
coup et comme ça je m’occupe de ma Klariza, et du bébé ! Mais je suis
tellement embourbé que Klariza et moi ça ne va plus, on se dispute sans
cesse, elle me menace et m’insulte et sur un coup de tête je l’envoie
ballader, je renie l’enfant qu’elle porte, sous le coup de l’énervement.
Je n’avais vraiment pas l’intention de la rejeter elle et le
bébé, je m’en veux jusqu’à présent. Mais je me suis dis qu’il me
fallait encore du temps pour convaincre LaSimone de négocier auprès de
son vieux qui aurait des places pour école de cuisine en Suisse.
L’affaire fini par mordre et lorsqu’elle vient me l’annoncer, je suis
surpris, joyeux je lui saute au cou, je finis par vouloir la baiser ;
tout est parti comme ça d’un coup de tête, sur le coup de la folie…
J’étais très loin d’imaginer que Klariza pouvait débarquer à ce moment,
étant donné que nous étions en froid ; elle finit par nous surprendre…
je me sens si ridicule, très mal et très honteux.
La vérité est
que je n’ai plus eu le courage d’aller plus loin avec LaSimone qui
m’envoie ballader et coupe tout contact avec moi parce que je lui fais
comprendre que je ne veux plus rien d’elle.
- LaSimone… Ce
n’était pas une bonne idée, j’ai merdé ! On …on oublie tout ça ! Je ne
veux plus rien ! C’était un jeu dangereux ! Laissons tomber, même
cette école, c’est pas digne !
- Espèce de salaud ! Tu me prends pour qui ? Tu … as voulu m’utiliser c’est ça ? Tu vas voir !
- Ecoute, je t’aime bien, mais comme une amie, il faut pas qu’on joue à ça !
- Mais c’est toi qui m’a dit que tu allais rompre avec elle pour moi ! C’est toi !
- Oui ! Je suis un minable, mais elle là, c’est ma go tu comprends, je ne peux pas…
- Va te faire mettre…Je vais te faire payer ça !
J’ai pris ses paroles très à la légère ; elle m’accuse donc auprès de
son vieux qui me fait arrêter sur le champs sous prétexte que je lui ai
extorqué une somme considérable, un million de francs CFA ! Il est bien
vrai qu’elle était pleine aux as, mais je n’avais jamais touché à son
fric ! Tout ce que je voulais, c’était de pouvoir intégrer cette école
Suisse, rien d’autre. Klariza rompt avec moi pendant ce temps, elle est
hyper blessée par ce qu’elle a vu, moi et LaSimone entrain de vouloir
coucher ensemble ; elle ne prend aucun de mes appels ; j’ai à ce
moment-là l’intention d’aller la voir, la supplier, lui expliquer et
surtout lui avouer, lui dire la vérité, mais le lendemain je me fais
arrêter comme un malpropre et jeté en prison ! Je perds tout, mes amis,
tout ! Je n’ai aucun contact, rien personne, je purge une peine
valable d’un an… A ma sortie, j’apprends que LaSimone et ses parents
sont retournés au Congo ; je décide alors de ne plus cotoyer cette bande
d’amis qui m’a lâché du jour au lendemain, mais surtout je cherche
Klariza en vain…
**Moi**
Il finit par retrouver mes traces
parce qu’on se rend compte que nous fréquentons la même Eglise ; j’étais
surprise de le voir là tous les dimanches assis au même endroit ;
lorsque je le revois, une grosse boule me remonte à la gorge, et une
vive colère s’empare de moi ; je l’ignore complètement ; tous les
dimanches il m’attend à la sortie au même endroit et me suit, mais je ne
prête pas attention à ses dires. Tous les dimanches à la sortie de la
messe, il essaie en vain de m’aborder, si bien qu’un jour je craque et
je finis par m’en prendre à lui devant tout le monde.
- Qu’est ce tu veux ? Que me veux-tu ?
- J’aimerai juste te parler, s’il te plait, je t’en prie, il faut qu’on discute !
- Et de quoi ? De comment tu pelotais ta pute ?
- J’aimerai te parler de tout ça, de ce qui s’est passé, j’aimerai que tu…
- Je n’ai rien à faire avec toi ! Est-ce que tu comprends ? Je ne te
connais plus ! A partir d’aujourd’hui tu arrêtes de me suivre, tu
arrêtes ! Sinon c’est la police qui viendra te prendre et foutre en
prison pour harcèlement !
- Klariza ? Je sors de la prison !!!
J’ai commis une grosse erreur, je suis impardonnable, je ne veux rien,
je veux juste te parler, je veux juste obtenir ton pardon, s’il te
plait !
- Fiche le camp ! Fiche moi le camp !
- Je ne
te demande qu’une seule chose, c’est de me laisser t’expliquer, c’est
ton pardon que je veux ! S’il te plait ! S’il te plait !
Ce
n’est que des mois après que je cède et qu’il m’avoue toute l’histoire,
il reconnait avoir joué à un jeu dangereux avec LaSimone et il regrette.
- Klariza j’étais embourbé avec cette bande d’amis, qui me
complexait et me dominait parfois ; je voulais être comme toi, comme
tous ses fils de riches, je voulais que cette fille m’obtienne une place
grâce aux relations de son père, mais j’ai oublié une chose, c’est
qu’on finit par payer un jour ou l’autre, je l’ai fait, elle l’a fait,
elle a raconté une histoire tordue à son vieux, je fais la prison, j’ai
vécu l’enfer sur terre ! Ma famille n’ayant pas les moyens, j’ai
contacté Fabrice qui n’a même pas daigné levé le petit doigt, ne
serait-ce que même me rendre visite ; j’ai tout perdu jusqu’à présent,
j’essaie tout juste de me reconstruire, il me reste une seule année et
après je pourrai travailler, je vais me battre pour ça ! Le reste,
n’est pas important, l’argent, la gloire, la richesse, ça ne sert à
rien, je veux gagner ma vie dignement, alors je t’implore de tout cœur,
j’aimerai que tu me pardonnes de t’avoir fait souffrir, de t’avoir
abandonné, je te demande pardon d’avoir rejeté ce bébé innocent, je ne
voulais pas le faire, j’ai regretté mon acte, jusqu’à présent. Je pense
à ce que tu as enduré par ma faute ! J’ai remué ciel et terre en
prison… Je suis tombé gravement malade juste après, car j’ai su, j’ai
imaginé que tu t’aies fait avorté ! Mais par la grâce de Dieu je m’en
suis sorti, et toi aussi ! J’ai recouvré petit à petit la santé !
Pardonne-moi Klariza, chou ?
Après l’avoir écouté, j’ai versé un flot de larmes que je n’ai pas pu contenir ; mais j’ai été claire avec lui.
- On ne peut plus se remettre ensemble… je … ne peux pas !
- Je sais ! Ne t’en fais pas, je comprends ! Tu mérites mieux ! Je
t’aime toujours, je t’aime vraiment, mais tu mérites mieux !
Steve a pu se reconstruire tout doucement au bout d’un an ; il a pu
terminer formation et actuellement il vient d’être embauché dans le
restaurant d’un grand hôtel de la place, un cinq étoiles. Avec un peu
de chance il risque devenir un chef cuisinier et postuler un peu partout
; il m’a plusieurs fois invitée à ce restaurant, j’ai plusieurs fois
décliné l’invitation. Tous les week –ends il m’a invitée chez lui sans
omettre de me faire goûter à toutes ses créations ; il est en même temps
cuisinier et pâtissier.
- Chou ? Tu es libre ? Il faut que tu viennes voir ça !
- Il s’agit de quoi ?
- Non c’est une surprise, mais si tu peux-tu viens voir de tes propres yeux, je parie que tu vas adorer !
- Ok mais si ça ne plait pas tu vas te démerder à trouver une bonne excuse pour que je ne sois pas en colère !
- Tu vas adorer, j’en suis sûr !
J’ai vraiment adoré, il a eu raison sur toute la ligne ; il s’agissait
d’une pièce montée, un gâteau de mariage confectionné par lui-même.
- Comment tu trouves ?
- C’est magnifique ! Je suis sans voix, je peux goûter ?
- Bien sûr ! C’est juste une entrée en matière…
- De quoi ?
- Épouse-moi ! Je t’aime !
Voilà comment je me retrouve encore dans les filets de ce diable !
Parce que je l’aime, parce qu’il me prouve tous les jours qu’il est
différent, et parce qu’en amour, je sais qu’il faut pardonner ne
serait-ce qu’une seule fois, pour donner une seconde chance à l’autre de
pouvoir se rattraper, pour donner l’occasion à l’autre de prouver qu’on
peut faire mieux si cet être vous aime aussi ! Je lui ai donné sa
chance à Steve, pour qu’il me montre qu’il est capable lui aussi, après
avoir reconnu ses torts de changer, de s’améliorer et de devenir
quelqu’un de meilleur…C’est bientôt l’heure du rendez-vous, tante Claude
nous attends, il est 14h.
- Chou, j’ai acheté une palette de vin pour ta tante et je lui remettrai aussi une enveloppe !
- Chouette ! Elle sera très contente !
- Allons-y ! Je ne veux pas me faire tirer les oreilles à cause d’une minute de retard !
Nous ne sommes pas au bout de notre surprise, tante Claude est sur le
pas de la porte, plus nerveuse que jamais, non seulement elle nous
reçoit sans le moindre sourire, mais elle accueille Steve en lui tirant
les deux oreilles, et malgré sa petite taille, ne lâche pas, elle en
rajoute en lui donnant des coups de genoux sur le derrière après lui
avoir pincé si fortement les oreilles ; ce qui me laisse sans voix, je
suis restée bouche bée.
- Viens là petit saligaud !!! Je
t’attendais depuis !!! J’avais promis de te faire ta fête !!! Today na
today !!! Tu fais souffrir l’enfant de qui ? Je tiens et je t’ai à
l’œil dès à présent !
Steve, tout aussi surpris que moi se
laisse faire et traîner sans aucune résistance ; il sait qu’il et fautif
et ne peut en aucun cas lui avoir à ma tante, qui ne cesse de le
gronder et de l’engueuler, à la fin elle lui arrache presque la palette
de vin et l’enveloppe. Une fois à l’intérieur, et contre toute attente,
nous trouvons ma mère et Richard, tous les deux assis, sans manifester
aucune émotion particulière.
- Bonsoir maman ! Richard ! Vous… vous êtes rentrés quand ?
- Cette nuit même ! Ta tante nous a informés de tout ce qui se passe !
Elle a tenu à ce que nous soyons présents ! Nous avons accepté de
venir, pas pour vos beaux yeux, mais parce que…
Richard lui coupe directement la parole.
- Calme-toi chérie ! Ma petite, tu sais que je suis très souvent
distant, voir invisible au travers de tout ce qui se passe, mais pour
une fois, et pour la première fois d’ailleurs, je vais prendre la parole
ici présentement et m’adresser à ce jeune homme, que je n’ai pas connu
par le passé, mais dont j’ai entendu tant d’histoires et de travers que
j’ai fini moi-même par ne pas l’avoir sur le cœur ! Avant que tu ne
prennes la parole jeune homme, j’aimerai te dire ceci, ma fille n’est
pas une personne qu’on manipule et qu’on traîne aussi facilement dans la
boue, est ce que tu piges ? J’ai été jeune comme toi et crois moi j’en
ai connu des filles, mais je n’ai jamais, manqué de respect à aucune
d’elle, Julie en sait quelque chose… Alors tu veux bien nous dire qu’est
ce qui t’a fait revenir sur tes pas ? Parce que tiens-toi tranquille,
ce mariage, nous n’en voulons pas ! Ma fille est très jeune ! Mais
comme elle est encore enceinte ! Ce serait un déshonneur de la voir
élever un enfant toute seule, sans la présence et la responsabilité de
du géniteur ! Mais quel géniteur ???
- Oui, je vais dans le
même sens que Richard, nous sommes contre !!! Alors je ne sais même pas
ce que tu as à dire pour ta défense ! Parce que tiens-toi tranquille,
je ne te sens pas !!! Je ne t’aime pas !!! Tu détruis mon enfant et tu
me nargues avec ton air de filou !!!
Richard la calme en lui pressant délicatement le bras.
- Calme-toi Juliette… Laissons le parler !
Steve a fini par prendre la parole d’abord timidement, ensuite il a
parlé avec ferveur et conviction pendant plus d’une trentaine de
minutes… A la fin nous avons tous essayé de trouver un terrain
d’entente, en vain. Personne ne l’a cru une seule seconde, et tous se
sont déversés sur lui, il en a fallu de peu qu’on le jette dehors à
coups de pieds. Il en est ressorti mortifié et très embarrassé, moi
également. En le raccompagnant, je lis une dans son regard le grand
malaise qui l’anime.
- Ca va ? Tu tiens le coup ? Ils sont
juste très en colère, mais ça leur passera ne t’en fais pas ! C’est
juste une question de temps !
- Klariza, j’ai merdé grave je le
sais ! Je leur ai demandé pardon et je me suis rabaissé, je me suis
fais tirer les oreilles par ta tante comme un gosse de cinq ans ! Et
pire, elle me donne des coups dans le derrière, je …
- C’est juste une façon de d’exprimer sa colère ça ira !
- Klariza, je ne crois pas que ce soit une bonne idée !
- A l’allure où vont les choses, je crois qu’on ne le fera pas !
- Je ne te suis pas !
- On ne se mariera pas ! Je ne te mérite peut être pas !