Chapitre 15
Ecrit par sokil
Tomber
! … Il faut tomber, mais savoir surtout savoir se relever ; une autre
notion de sagesse dont je me complais de transgresser encore une fois
de plus ! Encore une fois, je me sens incapable et complètement dominée
par cet esprit de faiblesse et d’immaturité. Je ferme les yeux et je
m’adonne à une petite série de jérémiades. Les yeux toujours fermés,
j’ai l’impression d’entendre des voix qui me sont si familières. Ces
voix que j’entends et qui résonnent comme un écho, ne sont qu’un
méli-mélo de paroles, tout un melting pot que mon subconscient parvient à
capter aussi rapidement, et dont je parviens à distinguer les
auteurs... Je l’entends ma mère, en premier lieu,qui essaye de me
donner de m'alerter, de me mettre en garde…
- Laisse tomber ce
garçon, il va finir par te décevoir ! Il n’est pas sérieux ! C’est un
fin coureur de jupons, il est très volage !
C’est en même temps la voix grave et imposante de Ferdinand qui me parle …
- Encore cet énergumène de va nu pieds ? Ce prolétaire ? Tu verras par toi même !
C’est la voix de ma tante me martelant le tympan de paroles sous forme de paraboles…
- Nul ne se connait tant qu’il n’a point souffert ! Médites bien
là-dessus ! Ce que ce garçon te fais endurer va te permettre de savoir
qui tu es réellement !
Mais c’est sa voix, celle de Steve qui me semble bien réelle et tout près, qui me fait rouvrir les yeux…
- Klariza ? Klariza ? Relève-toi s’il te plait !
Je le vois se pencher sur moi et m’inviter à lui prendre la main, chose
que je rejette de toutes mes forces. Je suis toujours affalée par
terre, en larmes, sans force ni aucune motivation, et si désespérée. N’y
prêtant aucune attention aux passants et badauds qui me prennent
forcément pour une détraquée, je feins de les voir, j'’ignore leurs
railleries pendant que Steve me parle et m’invite une fois de plus à lui
prendre la main, je la repousse violemment avec dégoût.
- Tu peux aller au diable !!!
Il fait mine de m’entendre et veut tenter de me soulever. Je le trouve
sans gêne et plutôt très culotté après ce qui vient de se passer; il
finit par me prendre le bras et tente de me relever ; une douleur
lancinante me transperce la jambe ! Il ne manquait plus que ça, que je
me foule la cheville. Tenant à peine de debout, je le repousse encore
avec vivacité et je me rassois par terre...
- Lâche-moi ! Lâche-moi ! Ne me touche pas ! Va-t’en ! Toi et ta saleté !
- Klariza relève toi ! S’il te plaît ! Ne sois pas si ridicule !
- Après tout ce que je viens de voir… Tu penses que je suis plus ridicule ici? Alors que … que ...tu étais entrain de bai...
- Non ! Non ! Je te prie de …
- Fou moi la paix !!!
Je ne remarque pas vite le petit attroupement qui se forme rapidement
autour de nous. Il y a quand même deux ou trois âmes de bonne volonté
qui veulent bien m’aider.
- Ça va ? Mademoiselle ? On peut vous aider ?
- Oui merci ! Je me suis foulée la cheville… Aie !
D’un air faux, je vois Steve s’emporter et empêcher celui qui m’aide, à
avancer ; s’ensuit alors une vive dispute entre les deux hommes.
- Eh ! Laisse là ! Je gère d’accord ?
- Pardon ?
- Je dis, tu la laisses … C’est ma copine !
- Ta …copine ? Entre nous ? Tu joues à quoi là ? Tu poursuis deux lièvres à la fois ?
- Ça! ça ne te regarde pas ! Tu ne la touche pas ! Compris?
Au fur et à mesure que cela semble prendre de l’ampleur, j’en profite
pour m’extirper de ce bourbier et m’en aller, loin, très loin, je me
suis assez fait voir et avant que la honte ne me consume complètement,
il serait préférable de m'en aller, il serait préférable que je
disparaisse et que j’oublie, que j’efface tout ça de ma mémoire, mais
je dois rayer Steve une bonne fois pour toute de ma vie ; oublier que je
l’ai aimé à un niveau si élevé ! Il n y a aucun qualificatif qui
définirait ce degré de sentiment vrai que j’ai toujours eu envers lui ;
enfin essayer, dans un ultime effort, essayer de réaliser qu’il ne fait
plus partie intégrante de ma vie, bref, rompre le cordon qui nous lie
depuis notre tendre enfance…
Ma gorge se noue rapidement, je
n’ose même pas me retourner ; je marche clopin clopant, je boite, j’ai
la figure toute plissée par la peine que je ressens et j'ai les larmes
qui forcent la sortie du coin de mes yeux; je les essuies savamment et
discrètement, jusqu’à ce que je l’entends m’appeler ; il finit par me
rattraper. A peine il veut ouvrir la bouche, à peine il se presse les
mains en guise de supplication, à peine il pose ses genoux au sol que je
le stoppe dans sa lancée d’une main et je lui dis :
- Steve… J’ai compris … Je ne le ferai plus… Jamais plus tu ne m’entendras… Jamais plus…
- Qu’est-ce que tu as compris ? Qu’est-ce que tu as compris ? Tu n’as
rien compris chérie ! Tout ce que tu as vu, ça n’existe pas ! Rien de
tout ça n’existe pour de vrai ! Tu ne peux pas comprendre ! Tu ne peux
pas comprendre !
- J’ai toujours compris … je t’ai toujours
compris au fond ! Mais ce que je ne peux pas comprendre, c’est le choix
que tu viens de faire …
- Je suis désolé… c’est …
Ne
voulant pas le laisser continuer sa phrase, je lui ai tourné calmement
le dos ; il n’a plus daigné me suivre ; il a juste continué de me parler
et de se justifier.
- Je suis désolé Klariza… C’est… c’est pas un choix ! Non ! Tu ne comprends pas !! Écoute ! Écoute !
J’ai tout simplement continué d’avancer, calmement, péniblement, et
sans plus me retourner en ayant la ferme décision de me débarrasser de
ce qui sommeille en moi et qui risque longtemps me rappeler Steve…
Je suis très loin de savoir que cette histoire va faire couler non
seulement des larmes, mais beaucoup d’éclats de voix. Ma mère était en
voyage ; elle a fini par le découvrir à son retour ; elle a pleuré plus
que la normale, elle m’a donné plusieurs claques et m’en a longtemps
voulu. C’est par le biais de tante Claude que ma mère fut mise au
courant. Ma tante a su le jour même où je venais de le faire… J’ai
chopé par la suite une forte fièvre qui me cloua plusieurs jours au lit ;
ne voulant que personne ne le sache au départ, Christelle venait de
temps en temps me voir pour s’enquérir de mes nouvelles et surtout
acheter le nécessaire, les médicaments et j’en passe…
Rongée
par la solitude et la pénible convalescence, je me suis laissée aller
par moment; je n’arrive pas à oublier Steve et l’image que j’ai de lui
pelotant LaSimone avec ardeur et sur le point de venir en elle, me tue à
petit feu ! J’ai souhaité en cachette le voir revenir me supplier
encore et encore, mais rien, il ne fit rien, il s'est terrer dans son
coin et le simple fait de les imaginer roucouler tous les deux, n'a fait
qu'aggraver mon mal. Je les ai détestés tous les deux au point de
vouloir commettre le pire… J’ai eu des envies de meurtre, parce que je
suis moi-même meurtrie ; j’ai perdu tout contrôle de mes émotions, je
n’arrive même pas à les gérer ! Il m’est arrivé de faire de grosses
crises de pleurs … Je subis une double souffrance, physique et morale !
Steve vient de m’anéantir et le feu brûle en moi, je le laisse me
consumer...
Mais la flamme je n’ai pu l'éteindre
progressivement que grâce à l’aide de Christelle et aussi celle de tante
Claude. J’ai senti qu’elle n’en pouvait plus le jour où elle est entrée
dans ma chambre sans frapper.
- De quoi souffres-tu ? Tu es enfermée depuis plus de trois jours !
- J’ai le palu ! Mais ça va, je me soigne ! T’inquiète, ça ira !
- Pourquoi tu mens?
- Je suis tout simplement malade !
- Tu l’as fait n’est-ce pas ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit ! Pourquoi
tu n’as rien dit à ta mère ? Tu imagines le risque que tu as pris ?
Quelle erreur !!!
- Tata… Non ! Je n’ai pas …
- Tu me
prends pour une « mboutoukou ? » Tu l’as fait !!! ôter la vie d’un
innocent ! Il ne t’a jamais demandé d’aller écarter bêtement tes jambes
et de t’offrir à lui…. Steve ! Le jour où je le croise en route, je
lui fais sa fête propre ! Tu n’es qu’une hypocrite ! Une menteuse, je
savais que c’était des histoires, je savais que tu le voyais toujours ;
même à moi tu n’as pas voulu te confier !
- Tata… S’il te plait… Pas un mot à maman, elle va me tuer !
- Et qui te dit que tu n’es pas déjà morte ? Hein ?
- J’ai déjà assez souffert comme ça !
Elle se dirige sur le chevet de mon lit et renverse toute la panoplie de médicaments.
- Hein ? Et si je balançais tout ça par la fenêtre ?
- Non… s’il te plait non ! Je souffre énormément !
- C’est ton choix, tu as choisis de souffrir bêtement ! Il ne manquait plus que ça, que tu en rajoutes !
- Snif… snif !!!
Elle finit par se calmer lorsqu’elle me voit toute recroquevillée sur
moi-même, tremblant de tous mes membres…Elle s’assoit près de moi et
pose sa main sur mon épaule.
- Je sais que tout ça fait mal ! Je sais ! Mais ...Tu n'aurais pas dû le faire... Tu devais assumer quoi qu'il arrive!
Elle ramasse au final tous mes médicaments et les repose calmement sur le chevet.
- Tu étais à combien de mois déjà ?
- Trois mois... Bientôt ...trois mois !
- Le salaud ! Et tu as fait ça où ? Chez quel charlatan ?
- C’est un médecin !
- Le fils de pute !
- Le médecin ? Fils de pute ?
- Steve ! Ce fils de pute !!! Je vais lui tordre le cou, comme ça,
comme un poulet ! Tu vas voir ! Il va ressentir ce que tu ressens !
A la fin, elle s’est occupée de moi comme il fallait, jusqu’au retour
de ma mère. J’ai pu reprendre des forces, mais mon mental, était un
encore affecté ; elle m’a fait comprendre qu’avec le temps je
parviendrai à me remettre.
- Tu n’oublieras jamais ! Ça je te le garantis, mais tu parviendras à t’y faire avec le temps ! C'est un grand remède!
Ce n’est que ce qui me reste, le temps, il me permettra tout simplement de tourner la page et d’avancer… sans me retourner…
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Trois ans plus tard…
Lorsque je franchis le seuil de la pièce, j’avance sans me retourner !
Eh bien c’est trop tard, je ne peux plus faire marche arrière ; la
salle est bondée de monde ; mon cœur bat à la chamade, j’ai le trac, je
m’en rends compte. Ils sont venus nombreux m’acclamer, me féliciter ; je
ne m’attendais pas à voir autant de monde, surtout de la part de mes
amis ! Il y en a bien que je n’ai pas revu depuis très longtemps, et
qui ont quand même eu la gentillesse de faire un acte de présence, ce
qui m’a profondément touchée, et d’ailleurs je le leur ai fait savoir.
Mes camarades de classe sont également présents, tout particulièrement
ma copine Christelle, avec qui je partage presque tout. Tout comme ma
mère et ma tante également, elles sont très chères à mes yeux.
Christelle m’a fait un clin d’œil juste avant, question de me booster,
car j’appréhendais.
- Ça va bien se passer t’en fais pas, tu vas assurer ! D’ailleurs tu assures toujours !
- Tu es sûre Christelle ? J’ai le trac !
- Tout va très bien se passer ma chérie ! Tu l’auras j’en suis
persuadée à 100% ! Tu réussis toujours et avec brio ! A part la
première année qui t’a vraiment embêtée !
- Oui … J’étais très bouleversée, perdue … Bref… C’est du passé, tout est bien différent maintenant !
- Oui ! C’était très chaud à l’époque ! Heureusement que tout va pour le mieux maintenant !
- Je ne te le fais pas dire !
- Aller tout le monde t’attends, c’est l’heure !
A 22 ans sonnés, je peux dire que j’ai roulé mon semblant de bosse…
J’ai pu enfin présenter mon mémoire après une année de dur labeur. J’ai
pu relever ce défi, celui de le présenter et de le brandir fièrement et
haut la main…. Ils sont tous fiers de moi et m’acclament avec les cris
pour certains et les youyous pour d’autres. Au moins ce challenge je
l’ai toujours bravé contre les différentes péripéties dont j’ai pu faire
face ces deux dernières années, ainsi que ma mère. Je n’étais pas si
sûre de retrouver le chemin, ce parcours semés de tant d’embûches.
J’émets une forte respiration, question de me lâcher et de me
détendre. Lorsque ma mère et son compagnon se dirigent tout droit vers
moi, je leur tends les deux bras et ils m’embrassent si fort, très fort…
Cette chaleur cette manifestation de l’amour vrai, je peux dire que
c’est ça qui nous a maintenus debout tout au long de ce parcours
difficile.
- Mes félicitations ma chérie ! Enfin ! Je suis vraiment fière de toi mon enfant ! Qui l’eut cru ?
- Mais toi maman ! Tu as toujours cru en moi et toi aussi Richard, ta
présence n’a fait que renforcer les liens … qui nous unissent !
- Beuh nooon ma grande ! Tu as le mérite, c’est à toi que tout revient
en ce jour spécial ; tu as été très courageuse ! Moi j’appelle ça la
bravoure!
- Merci Richard !
Ça fait un an jour pour
que ma mère et Richard ce sont unis devant les hommes et aussi devant le
très haut ; elle porte désormais le nom de son nouvel époux, et depuis
lors la lumière est rentrée dans son foyer, cette lumière brille de
mille feux. Avec ce dernier, ils ont construit en l’espace de deux
années pleines une somptueuse villa dont ma mère pris soin de se charger
de toute la déco, entre autre, de l’achat des meubles tout droit venus
d’Italie ; elle s’est plusieurs fois rendue sur les lieux, elle a bien
mené son action jusqu’au bout. Cette demeure domine et surplombe toute
la colline de la zone, au point où tout le voisinage a surnommé cette
maison « Le château de dame Julie », ce qui a souvent le don de
l’irriter un peu, ma mère.
- Les gens, racontent tout et
n’importe quoi ! Ils ne savent pas comment je me suis donnée à fond
dans ces travaux, et pour tout le reste. Richard était reparti à
l’étranger dans le but de régler plusieurs affaires avant son retour
provisoire ! Ils ne savent pas combien nous avons souffert avant de
relever la pente…
- Je sais sœurette ! Laisse les gens parler
! On dira toujours tout et n’importe quoi, et moi je dis que c’est
même ça qui nous fait vivre ! Moi on m’a toujours traitée de saoularde,
d’ivrogne, mais ce sont ces même gens qui me sollicitent pour tout !
- Tu as raison ! Maintenant qu’il est la tout prêt , je veux me
consacrer entièrement à lui, tu comprends ? Il aimerait continuer dans
ses affaires et que le suive partout! J'aime m'occuper de lui!
- Et comment ? Tu n’as jamais connu l’amour véritable ! J’ai toujours
dit que Richard c’était ton homme, tu avais très mal fait de le laisser
partir à l’époque, sous prétexte que tu portais la honte !
- Mais c’était la honte Claude ! Je me sentais mal, j’avais peur, je trouvais que c'était sale !
- Et c’est Tsoungui que tu as choisi pour couvrir tout ça!
- Tsoungui s’était présenté à moi, et j’ai pensé que ça valait la peine
! Richard ne l’aurait surement pas supporté ! Enfin, j’étais très
jeune, naïve, j’avais peur c’est tout ! J’ai cru en Ferdinand avant que
je ne découvre son vrai visage ! Richard, je l’ai regretté amèrement,
mais il était déjà parti !
- Comme on dit quand c’est pour toi, c’est pour toi ! Il t’était destiné en fait !
- Oui ! Nous sortons chacun d’une séparation triste et houleuse ! Moi
avec Ferdo qui m’a répudiée et lui avec la perte de sa première épouse !
C’est de cette façon que j’en ai appris un peu plus sur Richard ! Il
est veuf et j’imagine la perte tragique de sa première épouse, une
européenne avec qui ils n’ont eu aucune descendance…Je vis toujours chez
ma mère ; elle m’a formellement interdit de prendre une chambre au
campus, malgré le fait que je sois en année de maîtrise; je suis contre ;
je veux me sentir libre et responsable, mais à la suite des derniers
événements me concernant, elle a pris soin de renforcer la sécurité
envers moi.
- Je refuse que tu traînes tout le temps dehors !
Avec Christelle oui ! En dehors de ça, tu as un chauffeur qui t'amène
faire les courses et te ramène en permanence pour ça !
- Maman
!! Je ne suis plus une gamine, arrête ! J’ai 22 ans, je viens d'avoir
la maîtrise! Tu penses et agis parfois comme Ferdo à l époque !
- Je pense que je ne te fais plus assez confiance !
- Mais je me sens différente ! Je suis différente, tout est différent à présent !
- C’était quand la dernière fois ?
- Quelle dernière fois ?
- Que tu as eu un rapport ?
- Mais…
- Regarde-moi dans les yeux et ne me ment surtout pas !!!
- Mais pourquoi devrai-je te mentir ?
- Tu m’as menti la dernière fois…
- Non … je … j’ai juré de ne plus en parler !
- Tu aurais pu me le dire, pourquoi me l’avoir caché ? On peut en
parler à cœur ouvert maintenant ; à l’époque ça m’avait tuée ! Je n’ai
pas pu me retenir, je t’ai frappée !
- Je… Ça me tue également, je n’aime pas en parler, je sais que j’ai mal agis ! Mais je …
- J’ai toujours été contre l’avortement !!! Contre !!! Même si
l’auteur est le pire des salauds ! J’ai toujours rejeté cette idée !
- Je suis … désolée ! Je portais le déshonneur en moi, la trahison, je …
- Tu n’avais qu’à assumer les conséquences de ton immaturité !
- Je suis désolée… quand j’y repense … j’ai souvent des regrets !
- Tu comprends pourquoi j’ai de la peine à te laisser sortir n’importe
comment… sois juste patiente ! Un jour tu finiras par tomber sur
quelqu’un de bien ! Tout ce que je veux c’est me rapprocher plus de toi
; tu es mon seul enfant, je ne veux pas qu’il t’arrive encore quelque
chose de grave ! Tu as commis cet acte sans me tenir au courant… Et si
tu mourais ? Je m’en suis énormément voulu, parce que… Parce que j’ai
failli à mon rôle ! Est-ce que tu peux comprendre ça ?
- Je comprends … Je suis désolée !
- Je sais que tu l’aimais, il t’a déçu ! Je ne veux pas te juger, mais
je veux te comprendre et te conseiller comme je peux… Tout ce que je
veux, tout ce que je souhaite, c’est de retrouver ta confiance, que tu
t’ouvres à moi quel que soit ce qui arrive ! Quoi qui puisse encore
t’arriver, il faut me dire, tu dois me dire !
- D’accord maman… Je vais le faire !
- Pas de paroles en l’air ! Puisque tu m’a toujours fais des promesses
et j’ai gobé pour arriver à la fin à un résultat catastrophique !
- Ça ne sera plus le cas, tu es très stable maintenant, tu ne voyages
plus beaucoup ; je pourrai désormais passer un peu plus de temps avec
toi !
- C’est mon souhait !
Elle n’a pas tort, et je
m’attèle à le faire, à lui parler ; nous prenons très souvent le temps
de papoter, de tout et de rien, nous essayons de partager tout ensemble,
mais que des choses assez futiles et ordinaires, rien d’autre. Pour le
moment j’ai du mal à lui ouvrir mon cœur sur ce sujet capital, ma
relation avec Steve. Au vu de tout ce qui s’est passé entre lui et moi,
j’en ai honte au point où je fini toujours par me braquer et me taire.
Elle le ressent parfois et préfère ne pas forcer ; je sais qu’elle me
donne du temps, elle me laisse temps de me sentir prête. Je sais que
personne ne le comprendra, tout le monde, mon entourage mes copines,
tout le monde va me juger une fois de plus et me condamner sur mes
choix, mais je n’ai pas eu d’autres choix, je l’ai fait et j’assume
toute seule en cachette. C’est pesant je le sais, mais au fond, je sens
que je dois me lâcher, parce que à la longue ça deviendra pesant, Il en
va de mon bien être à moi, ce qui est capital. Un soir je vais la
trouver dans un des salons, elle assise près de son mari, qui se lève au
même instant et lui fait un doux câlin sur le front avant de monter se
coucher ; à mon tour il fait pareil et m’embrasse moi aussi sur le
front.
- Bonne nuit mes bibiches ! Vous avez sûrement tant à vous dire !
Il me fait un clin d’œil, question de m’encourager.
Je m’assois tout près d’elle et je lui passe les bras autour du cou.
- Coucou maman ? Toi aussi tu n’as pas sommeil ?
- Pas encore, mais ça ne saurait tarder ! Alors ta journée ?
- Je voulais justement te parler !
Elle m’encourage et tout en me redressant, je prends la peine de tourner ma langue cinq fois avant de lâcher.
- Tu… tu m’as dit que je pouvais tout te dire n’est-ce pas ?
- Oui tout ! Même si c’est grave, je saurai gérer ! Tu es ma fille et
en tant que mère je dois pouvoir te conseiller par rapport à telle ou
telle chose !
- D’accord… Maman je … je …
- Oui ?
- Je... je... suis... encore... enceinte ! Cette fois ci je vais…
Enfin nous avons décidé de le garder, Steve et moi ! Il a demandé ma
main, il a demandé que je le garde ! Il… Il veut m’épouser ! Tout est
différent à présent!