Chapitre 16

Ecrit par EdnaYamba

Chapitre 16

Antoine BOUMI

Je sors du boulot quand ma sœur Julie m’appelle en me disant :

-         Yaya il faut que tu passes à la maison !

Ensuite ce fut au tour de Mélanie de m’appeler.

-         BOUMI, tu diras à ta mère et à ta sœur de ne plus mettre les pieds chez moi, la prochaine fois je lâche les chiens ! je te préviens !

Elle a raccroché. Qu’est-ce qui s’est encore passé ? Depuis peu, leurs relations sont plutôt tendues, elles se supportent  même si elles ne s’apprécient pas particulièrement. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?

Je prends la direction de SOTEGA où vivent ma sœur et ma mère.

Quand j’arrive, je trouve ma mère toute irritée assise à la terrasse.  Je n’ai pas fini de parler que Julie sort, elle aussi en colère.

-         Mais franchement yaya ta femme est impolie !

-         Qu’est-ce qui s’est passé ? maman ?

Mais ma mère détourne le visage en me toisant.

-         Elle nous a jeté à la porte comme des malpropres parce que maman a évoqué gentiment le problème des enfants

Je savais. Soupir.

Depuis que Mélanie a perdu le bébé il y a quelques années, elle n’arrive plus à concevoir, ce n’est pas faute d’avoir essayé, on est même allé voir des gynécologues mais  malgré le fait que tous les examens revenaient normaux, elle ne tombe toujours pas enceinte.

-         Jusqu’à elle a même traité maman d’être ta femme de nuit, tu te rends compte BOUMI. C’est parce que tu es mon grand frère que je ne l’ai pas touchée mais je jure adié naweyi la prochaine fois je vais la taper !

Maman ne dit toujours rien. j’avoue que là, Mélanie est allée un peu loin, mais on peut la comprendre la pauvre, c’est difficile quand tout le monde te rappelle par leurs questions que tu as un problème de fertilité. Je leur ai déjà expliqué la situation pourtant, de ne pas la stresser. Quand Dieu voudra on aura les enfants c’est tout mais, elles sont encore allées la provoquer.

-         Vous savez que c’est un sujet délicat ! vous n’aurez pas dû…

Je n’ai même pas terminé ma phrase que maman se lève.

-         Va rejoindre ta femme et oublie que tu as une mère ! me lance-t-elle

-         Ah maman pourquoi tu réagis comme ça ?

-         Mais maman a raison, tu ne peux pas justifier ce qu’elle a fait ou dit, ta belle-mère te dit un truc qui ne te plait pas , tu le lui dit gentiment ou alors tu attends ton mari pour le lui dire. Mais elle nous a chassé, insulté AH NZEMBI, la fille là cachait bien son jeu !

-         Je vais régler ça ! lui dis-je en me levant. Maman je suis partie oh.

Mais ma mère ne me répond pas. J’imagine que les propos de Mélanie ont été durs. Je lui ferais la remarque tout de même. Cette histoire d’enfant commence à me fatiguer.

Grace Jeannie MOUKAMA

Tantine Mireille est venue nous chercher pour qu’on aille passer la journée chez elle, elle vit dans une belle maison au beau séjour avec son mari, tonton Dean et les deux fils de la précédente relation de ce dernier. On ne le voit presque pas souvent, il est souvent en voyage , parfois tantine Mireille l’accompagne mais là, elle vient d’accoucher donc elle est sur place.

-         Tu vas m’accompagner au super marché Grace !je donne le sein au bébé et on y va!

Aussitôt fini, nous prenons la voiture pour nous rendre au Geant CKDO, je pousse le cadi alors que tantine Mireille prend au passage, tout ce dont on a besoin, alors que je regarde de gauche à droite, sans vraiment prêter attention, mon cadi pousse légèrement une dame. Je me confonds en excuses.

-         Désolée madame, lui dis-je alors qu’elle me fixe.

Tantine Mireille qui m’entend m’excuser, se retourne et là au regard qu’elle lance à la dame, je comprends qu’elles se connaissent. La dame me fixe encore avant de poursuivre son chemin.

-         Allons, me dit tantine Mireille que je suis à la caisse.

La dame se trouve encore devant nous. Elle ne cesse de balancer les regards de temps en temps derrière, tantine Mireille qui la toise aussi bien. Elles n’ont pas l’air de s’apprécier.

Quand nous allons dans la voiture, je demande à tantine Mireille qui est cette femme.

-         C’est personne, des personnes qui ne méritent pas qu’on les évoque.

Je comprends qu’il ne faut pas que j’insiste. Même si je me demande pourquoi elle a passé son temps à me fixer de la sorte. Elle ne me dira rien de plus, quand on arrive à la maison, la voiture de tonton Dean est là.

Les garçons viennent nous aider à faire descendre les courses. Tonton Dean vient embrasser sa femme avant de s’arrêter sur moi

-         Eh ben dis donc Grace tu as bien grandi ! une véritable beauté dis donc !

-         C’est normal c’est une MOUKAMA, dit tantine   Mireille,

-         Une MOUKAMA, qui ne vous ressemble pas du tout !

Effectivement.

Mais bon tout comme maman ne parle jamais des évènements avant ma naissance, tantine Mireille non plus. Je prends les affaires pour aller les transporter dans la maison avant de me rendre dans la chambre où sommeille le bébé. Je prends la petite Lucie, pour aller au salon quand j’entends parler au téléphone dans la chambre de tantine Mireille, je me rapproche pousser par la curiosité.

-         Isabelle, je te dis qu’elle a passé son temps à dévisager l’enfant

Elle parle de moi. Et on dirait bien de la femme du super marché.

-         Des imbéciles, je te dis ! ça va la torturer toute cette nuit je te jure ! bref on en parle quand on se voit. Je dépose les enfants chez Richard le soir.

Pourquoi le fait de m’avoir vu va torturer cette femme ? Qui est-elle ?

Je m’éloigne avant qu’elle ne me découvre derrière la porte. Je ne veux pas recevoir une gifle pour avoir écouté «  les conversations de grandes personnes et qui ne te regardent pas »

Ce soir, il n’y aura pas qu’une seule personne qui va être torturée de questions. Quand j’arrive au salon, tonton Dean me demande lui donner l’enfant, je m’approche et je trouve qu’il me dévisage étrangement.

-         Si tu as au moins hérité du beau corps de tes mères, me dit-il alors que je lui tends l’enfant, j’espère que tu ne laisses pas un petit bandit toucher ça hein !

Gênée, je me contente d’hocher la tête en guise de non.

-         Sûr ? me demande-t-il en me prenant la main .

-         Je veux retirer ma main mais il la retient en me souriant

-         vraiment tu es très belle…

-         Grace !!!! entends-je tante Mireille crier.

Je retire ma main, pressée de partir de là. je me suis sentie vraiment mal à l’aise.

-         Le bébé est où ?

-         Avec tonton Dean

-         Ok, aide-moi à faire la cuisine ! me dit-elle

Le reste de la journée j’étais perdue entre la scène au super Marché et le comportement étrange de tonton Dean que j’ai évité le plus possible.

 

Antoine BOUMI

-         Tu m’emmerdes tu comprends, j’ai dit je ne veux pas les revoir chez moi crie Mélanie hystérique

-         Tu vas te calmer oui ! tonné-je, il s’agit de ma mère je te signale !

-         Mais qu’est-ce que je m’en fiche ! c’est ta mère alors je dois accepter ces sarcasmes sur le fait qu’on n’ait pas d’enfants

-         Tu as mal interprété ses propos !

-         Quoiqu’il en soit, je préfère les tenir éloigné ! répète-t-elle, je te signale que l’hôpital n’a rien trouvé d’anormal chez moi, tout ça c’est mystique et ça ne peut venir que de chez toi !

-         Tu es folle ma parole ! et qui serait le sorcier chez moi ?

-         Bah ta mère pourquoi pas

Je me retiens de lui donner une paire de claquer, vraiment je me retiens, traiter la femme qui m’a mise au monde de sorcière, c’est la limite de la bêtise.

-         une mère qui dit à son fils qu’elle ne supporterait pas s’il va ailleurs, c’est quoi c’est ça ! Tu es son mari ? Qu’est-ce qu’elle a à vouloir te garder près d’elle et c’est quand on est venu ici que j’ai perdu mon bébé.

-         Et alors que ma mère pleurait son mari, tu crois qu’elle avait à faire avec toi ? tu racontes des inepties ! je n’adhèrerais pas à ton délire tu comprends, dis-je en prenant mes clés de voiture.

-         Qu’est-ce que tu crois BOUMI, se met-elle à pleurer, que je n’ai pas envie de te donner un enfant ? si je le pouvais, je le ferais. Tu vois bien comment je vais d’hôpitaux en hôpitaux, de traitement en traitement, je bois de tout.

Alors qu’elle se met à pleurer, je me reprends et redépose mes clés pour aller la consoler. De toute façon, il est tard où comptais-je aller ? Je n’aime pas qu’elle souffre.

Cet enfant je l’ai désiré, je pensais qu’il comblerait le vide que je ressens mais maintenant que nous n’en avons pas, je vis avec. J’ai appris à vivre avec, en me disant que peut-être jamais il ne sera comblé ce vide. Je l’ai accepté de vivre un bonheur incomplet.

Je vais la consoler du mieux que je peux, elle s’en dort soudain alors que je reste éveillé comme souvent la plupart des nuits, je tourne et je retourne sur le lit avant de m’asseoir, pensif.

Pensant à quoi ? Rien de défini. Je ne trouve le sommeil qu’au petit matin.

Le lendemain, nous reprenons nos habitudes, petit déjeuner ensemble avant que chacun ne prenne sa voiture pour se rendre au travail.

Une fois dans la voiture, j’allume mon téléphone que j’ai arrêté depuis hier.

« yaya il faut que je te parle. C’est urgent ! »

Qu’est-ce qui se passe encore ?

Un peu de paix, juste un peu de paix, c’est tout ce que je demande.

Je la rappellerais après pour savoir de quoi il s’agit j’aurais fini tout ce que j’ai à faire. J’ai des journalistes à recevoir aujourd’hui dans le cadre d’une interview pour le journal de 20 heures , je n’ai pas envie de paraître stressé, tendu et nerveux.

J’arrive chez ma petite sœur.

-         Yaya ! dis-moi est-ce vrai que tu n’avais eu aucune relation avec Isabelle MOUKAMA ?

Isabelle ?

Mon Dieu, ça fait près de 17 ans cette affaire, pourquoi en reparle-t-on aujourd’hui ? Je ne sais même pas ce qu’elle est devenue, ni elle ni le bébé qu’elle a tenté de m’attribuer.

-         Je n’ai eu aucune relation avec elle !

-         Ah yaya, je te demande ça parce que j’ai vu Mireille avec une petite DIEU qu’elle te ressemblait !

-         Elle ne parle que de ça depuis qu’elle les a vus ! appuie maman.

-          Et donc tu as pensé que c’était mon enfant, m’énervé-je. Vous allez arrêter avec cette Histoire d’enfant à la fin, comme Mélanie n’enfante pas, vous me trouvez des enfants dehors !

-         Calme-toi, je dis juste que cette petite te ressemblait trop…. Je ne dors plus bien, il faut que j’en sache plus yaya, je te jure si vous la voyez….

Je rentre chez moi, énervé et tourmenté par cette pensée. Une fois de plus ma nuit sera perturbée, je le sais.

 

Isabelle MOUKAMA

-         Les enfants c’est l’heure du journal changez de chaine, papa sort de la douche il arrive, dis-je à mes deux garçons qui s’executent.

René vient prendre place alors que je lui apporte sa tasse de thé quand j’entends :

-         Nous avons interviewer le directeur Général de BMT , monsieur Antoine BOUMI

Crac….

La tasse de thé de René que je tiens vient de se casser.

                     
L'orpheline