Chapitre 16 : Le mystérieux couple
Ecrit par Alexa KEAS
-C'est une surprise bébé, patientes tout simplement
et prépares bien ton ventre pour manger le repas du siècle.
-Carrément ! Tu es trop drôle toi.
En attendant que le repas du siècle soit prêt, je
vais tranquillement me poser devant la télé. Il s’y passe un vieux film sur la
première chaine sur laquelle je tombe et il ne m’intéresse pas du tout.
Manquant d’envie pour faire une balade sur les
autres chaines, je me contente de m’allonger sur le canapé et de repenser à la
tournure inattendue qu’a pris ma vie amoureuse ces derniers jours. Je suis
rentrée pour un certains homme et je finis avec un autre qui fait mon bonheur
sans détour, il est tout simplement parfait dans les sens. Je ne saurais me
prononcer sans l’ombre d’un doute sur ce que je ressens pour lui car c’est
encore trop tôt mais je me donne la peine d’essayer, essayer de reconstruire
quelque chose de solide malgré la distance qui risque de nous poser un
problème.
Cette même distance qui a détruit ma relation avec
l’autre. Parlant de lui, je me surprends à ne plus y penser vraiment, trop
occupée à savourer ce qu’on m’offre ici et voilà monsieur le chef cuisinier qui
s’amène un plateau en main.
-Comme ça sent bon ! Dis-je en me levant du canapé.
-Ne bouge surtout pas chérie, aujourd’hui tu es à
l’honneur. Je viendrai te porter jusqu’à la table à manger quand tout sera
prêt.
-Mon ange ! Je lui lance dans un sourire.
**** Léo ****
Après maintes tentatives, elle m’a enfin suivi et
je nous ai conduit dans une petite buvette pas loin de chez elle. Nous sommes
assis depuis dix minutes, des bouteilles de jus posées respectivement devant
tout un chacun, Naomi qui joue avec sa paille et moi qui ne fais que là
regarder ne sachant visiblement plus par où commencer avec mes aveux. Va-t-elle
me pardonner en sachant que je me suis mise avec elle tout en étant toujours
avec l’autre même si des milliers de kilomètres nous séparaient ?
Elle boit son jus jusqu’à la moitié de la bouteille
et repousse cette dernière un peu loin sur la table pour ensuite se lever. Je
là retiens de justesse en renversant les jus sur la table suscitant l’attention
des autres sur nous face au bruit qu’ont fait les bouteilles.
-Naomi, mais où vas-tu ?
-Quand tu auras fini de réfléchir sur les mensonges
que tu vas me débiter en guise d’explications, retrouves moi où tu sais.
- Calme-toi s’il te plait et retournons nous
asseoir.
-Mais tu te fous de moi Léo. Depuis que nous étions
assis, qu’as-tu pu dire ?
-Les gens nous regardent ! Lui dis-je calmement
alors que sa voix commençait à monter sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle
semble gênée tout à coup et regagne son siège sans discuter. Une fois nos
places reprises, j’ai attendu que la serveuse vienne nettoyer notre table et
emporter les bouteilles avec ce qu’il en reste comme contenu avant de me
lancer. Je vais lui dire la vérité, je me décide, s’il faut repartir sur de
nouvelles bases, autant le faire en toute sincérité.
-Nao, tout d’abord je suis désolée pour la scène
qui s’est produite chez moi la dernière fois. Je m’en veux pour n’avoir pas eu
le courage de te dire la vérité concernant Cybèle au début de notre relation.
**** Naomi ****
Il marque une pause après cette phrase et je sens
mon cœur glisser dans mon ventre. Est-il là pour simplement me dire qu’il reste
avec elle et qu’il est désolé pour m’avoir fait du mal ? Genre la conscience
d’un bandit après son forfait. J’essaie de garder mon calme et de l’écouter
parler jusqu’au bout vu qu’il a repris.
-Alors voilà, Cybèle est mon amour de jeunesse.
Notre histoire a duré et a pris fin à son départ à l’étranger. Croyant que les
sentiments n’avaient pas changés au fil des années, nous sommes restés
accrochés l’un à l’autre et elle descendait chaque année pour moi. J’enchainais
les aventures et elle de son côté en avait quelques-unes dont elle m’en
parlait…
-Donc tu t’es mis avec moi, tout en étant en
relation avec elle, même si elle était loin ?
-Laisse-moi finir s’il te plait ! Nao, j’écourte
toutes ces explications pour te dire que je t’ai rencontré et tout a changé. Je
t’aime réellement et elle et moi, c’est bien fini à l’heure actuelle. Je me
donnais du temps pour tout arranger mais la visite surprise de Cybèle a tout
gâché. J’imagine tout ce qui te passe par la tête en ce moment comme questions
et ces sentiments de trahison et d’humiliation qui t’ont envahi… Saches juste
que si je suis là devant toi en ce jour, c’est bien parce que je t’aime et que
je tiens énormément à toi.
J’ai passé les cinq derniers mois les plus fabuleux
de mon existence et j’aimerais que ça dure pour toujours.
Ces mots me soulagent et mon cœur reprend peu à peu
sa place mais je ne laisse rien paraitre pour l’heure. C’est le moment de
dissiper tous mes doutes et je compte bien ne pas lui faciliter la tâche au
risque qu’il se croit tout permis avec moi à l’avenir.
-Je t’ai entendu Léo, mais pourquoi aujourd’hui et
pas avant ? Ça fait quand même plus d’une semaine que cet incident s’est
produit chez toi !
Tu m’as laissé partir sans chercher à ma rattraper,
je n’ai eu aucun appel, encore moins un message de toi ce soir-là ou le
lendemain ou encore le surlendemain et tu débarques aujourd’hui avec ces mots
préparés à l’avance pour m’endormir.
-Non non, je ne l’ai pas fait volontairement. Ce soir-là
j’ai été admis d’urgence à l’hôpital après que Cybèle dans un excès de colère
m’ait frappé à la tête avec une bouteille.
**** Léo ****
Je m’attèle donc à lui expliquer tout ce qui s’est
passé en omettant bien sûr la partie où j’allais faire l’amour à Cybèle avant
que son image à elle ne m’interrompe. Toute vérité n’est pas bonne à dire !
-Et à l’hôpital ? Je vous ai vu par le pur des
hasards en me trompant de chambre ce jour-là bien enlacés dans les bras l’un de
l’autre. Entre autre, elle est déjà partie ou encore là ? Si c’est la première
réponse, cela remet en cause tout ce que tu viens de me dire car je ne pourrais
plus te croire Léo. Ça voudra tout simplement dire que tu es revenu vers moi
après t’être te la couler douce avec elle.
-Ce que tu as bien pu voir dans cet hôpital n’est
que l’image de deux amis dans un moment d’émotion. Elle me demandait pardon
pour son acte et devant son air si triste et ses pleurs incessants, je l’ai
serré dans mes bras. Pour la deuxième question, oui elle est encore là, j’ai vu
ses valises dans la chambre d’ami en rentrant de l’hôpital il y a trois jours
mais pas de trace d’elle-même depuis lors. Je l’ai appelé, juste pour me
rassurer je précise ! Avec ce regard que tu me lances.
Elle sourit, enfin ! Et mon cœur s’illumine.
-Comme ce sourire m’a manqué, comme tu m’as manqué
Naomi !
-Hum Léo, j’ai peur. Je ne veux plus revivre ça !
-Je t’aime et c’est sincère, laisse-moi te le
prouver, une fois encore et cette fois en mieux.
Je prends sa main posée sur la table et là caresse.
J’aime cette fille de tout mon cœur.
**** Flora ****
Je me suis réveillée dans une chambre que je devine
être une chambre d’hôpital, perfusion à la main. Je vois Bertrand endormie sur
la chaise posé à côté de la porte d’entrée. Je referme mes yeux et les
souvenirs font surface, nous étions à SIKA TOYOTA quand j’ai ressenti une très
vive douleur au ventre avant de m’écrouler par terre. Qu’est ce qui a bien se
passer ? Je suis en parfaite santé pourtant !
J’appelle Bertrand de ma faible voix qui parvient
tout de même à le faire émerger de son sommeil.
-Ah Flora, tu es réveillé, ça va mieux ?
-Oui, qu’a dit le médecin ?
-Après que tu te sois évanoui, je t’ai amené ici.
En chemin j’ai remarqué que tu perdais du sang. Il s’est avéré que tu faisais
une fausse couche, je suis désolée. Dieu merci que ta vie sois épargné, tu
pourras toujours avoir d’autres enfants plus tard.
-Oh mon Dieu Bertrand, j’ai donc perdu notre bébé
sans même avoir appris que j’étais enceinte ! Dis-je en larmes.
-Ne pleures pas, peut-être est-ce mieux ainsi.
-Ai-je bien entendu ? Comme ça peut être mieux
ainsi ? Nous parlons bien de notre bébé, le fruit de notre amour !
-Ok, si tu le dis. Bon (se levant), il faut que j’y
aille. J’ai laissé de l’argent dans le tiroir de la petite table à côté du lit
pour ce dont tu auras besoin. Je vais informer les infirmières de ton réveil en
partant, d’ailleurs tu as une sonnette au mûr juste au-dessus de ta tête sur
laquelle tu peux appuyer et elles débarqueront.
-Bertrand, comment ça il faut que tu y ailles ? Je
viens de faire une fausse couche et toi tu veux me laisser seule ici avec de
l’argent ? L’argent remplacerait-il le réconfort de tes bras ?
-Flora, le monde ne s’arrête pas parce que tu as
fait une fausse couche. Il n’a d’ailleurs pas été question d’enfant entre nous.
J’ai des sentiments pour toi certes, mais j’ai déjà mes enfants. Toi et moi ce
n’est pas pour durer et tu l’as toujours su.
Bref, je t’appelle après. Prends soin de toi !
Et il sort de la chambre sans me laisser le temps
d’en placer une. Je regarde la porte la bouche et les yeux grandement ouverts,
ébahie de la réaction de Bertrand. Qu’est-ce qui a bien pu changer entre ce
matin où il allait m’offrir la voiture de mes rêves et cet instant où il a été
si froid à la limite indifférent à moi et mon état ? Je ne suis pas si peinée
de la perte de ce bébé qui a sans doute été une erreur de calcul mais cette
situation aurait dû jouer en ma faveur et non le contraire.
Je le jure que si Baba après avoir couché avec moi
toute la nuit après avoir trempé son vieux sexe hideux dans des mixtures
d’herbes bizarres dont lui seul connait les noms, pour soi-disant préparer mon
corps s’est fichu de ma gueule, je le tue de mes propres mains. Bertrand
m’aimait déjà au début de cette aventure et j’ai voulu qu’il soit plus attaché,
qu’il ne jure que par moi et surtout qu’il me couvre de plus de billets de
banques.
Peut-être aurais-je dû me contenter de jouer des
attributs de mon corps pour obtenir de lui ce que je veux ! Voilà que ces
derniers temps, il change d’humeur comme bon lui semble et je parie que sa
femme non plus ne reste pas tranquille! Le canari brisé par Naomi par
maladresse ne devait pas être fortuit. Vivement que je sorte d’ici ou alors
espérons que la réaction de Bertrand soit due au choc de la nouvelle de la
perte de ce bébé. Je n’en resterai pas là !
Je me saisis de mon portable qu’il a pris le soin
de me déposer sur la petite table de chevet et compose le numéro de Naomi
pendant qu’une infirmière fait son entrée. Elle décroche à la troisième
sonnerie et je lui demande de passer à cet hôpital dont l’infirmière me donne
le nom en passant. J’ai faim et je ne veux surtout pas manger la nourriture
d’ici, Nao m’achètera un meilleur repas en route.
La voix douce de mon amie me sort de mon sommeil.
Je me suis endormie sans m’en rendre compte, sans doute l’effet des
médicaments. J’ouvre les yeux et réalise qu’elle n’est pas venue seule mais
accompagné de Léo. Apparemment, ils ont réglé leur problème.
-Coucou toi ! Dit-elle suivi de Léo qui me lance
son bonsoir.
-Salut les amoureux, apparemment l’amour a repris
de plus belle ! J’en suis heureuse pour vous.
-Qu’est-ce que tu as eu Flo ? Demande Naomi
-On en parle après s’il te plait.
-Je peux vous laisser seules si vous le désirez
mesdemoiselles ! Dit Léo
-Oh non, rien ne presse. Tu peux rester. Donnes moi
ma bouffe, je meurs de faim.
Nao étale un torchon sur mes cuisses et y pose la
glacière contenant un plat d’igame pilé appelé foufou accompagné d’une bonne
sauce claire fumante aux poissons. Tout ce dont j’avais besoin ! Je finis mon
plat en un rien de temps et Naomi me sert un verre de jus d’orange qu’elle m’a
aussi acheté. Je la remercie et nous restons tous les trois à papoter un moment
avant qu’ils ne demandent la route. Léo est sorti en premier nous permettant
d’échanger à deux un bref instant.
-Alors, qu’as-tu eu Flora ?
-J’ai fait une fausse couche.
-Quoi ? Comment ça ? Tu ne te protèges plus avec
Bertrand ?
-Ce n’est pas le moment, tu ne trouves pas ? Avant
que je n’oublie, n’informe personne de chez moi de mon hospitalisation. Je
sortirai demain matin et je trouverai quoi dire pour justifier mon absence.
-Et si les parents m’appellent ?
-Ne me fatigues pas Nao, dis leur que tu ne m’as
pas vu, c’est tout. Tu as plein de choses à me dire hein !
-Oui je sais, sors d’ici et on en parle. Pour
l’instant, je vais rattraper le temps perdu avec mon bébé.
-Oui c’est ça, tu es accro.
Nous nous disons au revoir dans un fou rire et une
fois qu’elle a refermé la porte derrière elle, j’ai pris mon téléphone pour
lancer l’appel vers Bertrand. Monsieur ne répond pas à la première tentative et
est inaccessible quand je réessaye.
Une voix intérieure me somme de me calmer et de
faire preuve de patience. Malgré moi je ressens une tristesse immense mais je
n’ai pas dit mon dernier mot. J’efface ces larmes qui naissent sur mes joues et
me réconforte que tout n’est pas perdu.