Chapitre 16 : MYSTERE D’ABOKPE II

Ecrit par Marc Aurèle

RAY

Il est déjà près de huit heures du soir. Ce n’est pas de mes habitudes de trainer aussi tard sans prévenir mon mari, mais après l’avoir disputé ce après midi, il y a des choses que je dois comprendre. Il est vrai que pendant longtemps j’ai fait la politique de l’autruche, me cachant des choses et subissant les coups de vents, mais à cette allure, il est plus qu’évident que je me mets à nue et même si je n’ai rien à cacher, il serait déplorable que les déconvenues de ma politique n’éclabousse ma petite famille. Ayant quitté Sam, je m’étais rendu à mon bureau, mais j’étais tellement en boule que je pu rien faire de concret. Je gérai difficilement les instances et tellement j’avais les maux que je me dirigeai vers le coin salon de mon bureau pour m’allonger afin de faire le vide et retrouver mes repères.

Sam n’avait pas cessé de m’appeler. Il était même passé par le standard, mais je refusai de lui parler. J’avais fini par éteindre mon téléphone vu qu’il insistait. Aussi étrange que cela puisse paraitre, je ne suis pas en colère contre mon homme, car il en est pour rien dans ce qui se passe. Je suis plutôt en colère pour mon incapacité de comprendre et de gérer au mieux la situation présente. Cela m’horripilait de tenir un fil dont les bouts m’étaient inaccessibles. Je demeurai allongé ainsi, je ne sais pendant combien d’heures, mais toujours est-il que je viens de me lever. Je lisse de mes mains ma robe pour enlever les plis que je venais de lui faire. Je regarde négligemment à mon poignet pour lire l’heure sur le bracelet cartier que Sam m’avait offert, une semaine plus tôt. A la vue du joyau, je repassai en mémoire ce bel après midi passé avec notre fils dans le plus grand centre commercial de la ville. Ce souvenir me ramena à la réalité de mes responsabilités de mère et d’épouse. Je me souvins alors que je devais récupérer Junior chez ma mère avant de rentrer m’occuper de mon homme.

Dix minutes plus tard, je garais devant la maison familiale de ma mère. J’eu énormément du mal à stationner vu que l’espace parking de la maison était occupé par plusieurs voitures. Dans le lot, je reconnus celle de mon père et ceci me fit tiquer. En temps normal, il ne serait jamais venu là, car il n’a jamais cessé de tenir ses beaux parents responsables de l’échec de sa relation avec ma mère.

Je descendis de ma voiture et au moment d’ouvrir le portail, un frisson parcouru mon corps. Je fus comme frappé par une décharge électrique. La pénombre était totale et comme la devanture de la maison n’était pas éclairée, je pouvais aisément m’accrocher au plier du portail pour ne pas tomber. J’avais l’impression d’avoir reçu la décharge d’un taser de haut voltage. Dans un effort surhumain, je pu me maintenir debout. Je n’avais plus aucune envie d’entrer dans la maison. Je revins alors sur mes pas et au moment d’ouvrir ma voiture, je vis une ombre se détacher du portail. Il était impossible que j’eu raté une personne, si autant est il qu’elle était devant le portail en même temps que moi ou après moi. Mon sang ne fit qu’un tour. L’évidence était là que la décharge reçue était liée à la présence invisible de cette personne devant le portail.  La silhouette avançait vers moi et se matérialisait au fur et à mesure qu’elle s’éloignait du portail. J’étais comme tétanisée, paralysée et maintenue en place par une force invisible.

La silhouette était à présent à quelques mètres de moi. Je reconnus le prête du Fâ d’Abokpè, celui là même qui m’avait intronisé. Il n’eut aucune révérence et se tenant en face devant moi me fusilla du regard.

-          Ton insouciance va nous perdre petite écervelée. Me lança-til ?

-          … j’étais sans voix

-          Le trône sur lequel tu es à des principes et tu les a foulé au pied

-         

-          Tu n’entraineras pas le royaume avec toi, tu es incapable de comprendre les esprits qui t’habitent. Tu as besoin de recevoir la révélation sur les choses et d’accepter ta destinée.

-         

-          Tchrummm ! Je réalise que jusque là tu n’a rien compris. Il est temps

Le timbre de sa voix semblait s’accorder avec les éléments de la nature. Je l’entendais parler et plus rien n’existait autour de nous. Je pouvais dire que j’étais toujours au même endrot mais dans un univers parallèle. A sa dernière phrase, j’entendis le tonnerre gronder et ce fut le noir total.

 

Trois heures plus tard

SAM

 

Je remonte tout grog gui dans mon véhicule. Grand’ma venait de m’assommer avec ses propos. J’avais hâte de connaitre la suite, mais pour le moment, je devais mieux appréhender mon rôle dans cet ensemble de mystères. Je démarrai et pris le chemin de Fidjrossè. J’avais à peine dépassé le carrefour d’Akossombo que mon téléphone se mit à sonner. Je pouvais reconnaitre aisément le numéro de ma belle mère.

-          Merde !  Ray a franchi le rubicond fis-je en stationnant devant la cité Houeyiho.

Je n’avais pas mon kit main libre et je devais donc de m’arrêter pour prendre l’appel.

-          Allô mémé !

-          Oui Sam, comment vas-tu ? Et ta journée ?

-          Je vais bien merci ! elle s’est bien passée.

-          Au fait ! As-tu des nouvelles de ton épouse ? jeta-t-elle prestement.

C’est quoi cette question laconique qu’elle vient de me poser. Est-ce une emphase qu’elle me fait ou sa question est sincère et profonde. Je ne l’ai pas en face de moi et j’ai tout aussi du mal à présumer de sa voix. Je suis perplexe, mon cœur s’emballa un coup

-          Allô ! Allô !

-          Oui je suis là. Fis-je avant d’enchainer. Elle devrait être à la maison normalement. Je ne l’ai pas eu depuis cet après midi.

-          Soit ! elle devrait passer chercher Junior, depuis un moment, mais je ne l’ai pas vu.

-          Ok je vais essayer de l’appeler et je vous reviens.

-          Ce n’est pas la peine j’essai de la joindre depuis près de vingt et une heure trente.

-          Pardon !

-          Sérieusement Sam et je sis inquiet car sa voiture est devant chez mémé et pas de signe d’elle.

-         

Là c’est la totale, je sens comme une droite me tomber dessus, suivi d’un uppercut savamment envoyés par un adversaire invisible. Malgré la climatisation généralement à l’excès dans l’habitacle de ma voiture, je sens une sueur dans mon dos. Un ange passa, je déposai le téléphone sur le siège du passager, défit le nœud de la cravate bleue que je portais. Je pris ma tête dans mes deux mains. Je pouvais entendre la mère de Ray, crier mon nom à travers le téléphone que je n’avais pas raccroché. Devais-je allez constater de visu, devrais-je aller chez nous pour m’assurer qu’elle y est ? Si seulement à domicile on avait un téléphone fixe. Merde fis-je en tapant dans le volant. Je reçu une décharge d’adrénaline, je passai la ceinture de sécurité que je ne portais pas plus tôt. Ajusté le volant de la cherokee en mode sport et passa la première. Le débrayage et le coup de volant allèrent de paire. Je vis le devant de la belle Grand Cherokee se lever. De justesse, j’évite le cycliste qui me dépassait au même moment, sans plus d’attention, je franchissais le passage à niveau. Les feux du carrefour de la mosquée Cadjèhoun s’accordèrent avec moi et se mirent au vert. Les lumières de l’église bon pasteur se trouvaient dans mon rétroviseur intérieur, je tutoyais celles quasi inexistence de la place de martyrs. Sacré monument voué à la pénombre des soirs, n’eut été les lumières de la tour de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale et celle des lampadaires de l’Office de radio, on ne le distinguerait même pas. Je repense à mon jeune âge, où je pouvais avec papa sur sa moto, passer en dessous.

Le temps du souvenir et de la presque mélancolie, je venais de voler le respect à deux feux de signalisation. Celui du carrefour Air France était au vert, rien à foutre de toutes les façons, mon moteur répond à mes inquiétudes et mon compteur affiche du cent quarante. La ligne est droite et franchir le tournant après le centre international des conférences à  dix miles en dessous de ma vitesse actuelle n’est pas impossible. Je me surprends derrière la clôture de l’Aéroport International Bernardin Gantin, la route des pêches en travaux ralenti mon élan, mais ne le freine pas. J’arrive devant notre immeuble dans un crissement de pneu qui fait sursauter le gardien qui soulève la barrière aussi machinalement. J’entre, je stationne, saute de la voiture et fonce vers l’ascenseur. Les dieux sont contre moi, il est au septième et continue de monter. Je ne peux l’attendre fis-je en fonçant vers ka cage des escaliers. Ray n’a pas d’amie et n’a d’accointance avec aucun collègue au service. Ce n’est pas à prouver, les financiers ne sont pas toujours appréciés. J’avale les marche trois par quatre. J’ai presque le nez contre les carreaux du sol, je suis en nage quand j’arrive devant notre appartement. Pas de lumière, je cherche mes clés, zut ! Elles sont dans la voiture,  je tambourine sur la porte, je prête l’oreille, hélas rien. J’essai le judas.

Le con, que m’arrive-t-il ? Le judas on y regarde de l’intérieur de la maison fis-je avant de retourner sur mes pas. La cage d’ascenseur signale mon étage, j’appui sur le bouton d’appel et les portes s’ouvrent.

Quelques minutes après, je me surprends entrain d’essayer tous les numéros possibles de mon téléphone. C’est drôle combien on est confus quand les choses nous échappent, je suis dans plusieurs univers parallèles à la fois, m’imaginant tous les scénarios possibles. Je me ravise et rappelle ma belle mère.

-          Maman ! elle n’est as non plus chez nous dis-je tout de go, lorsqu’elle décroche le téléphone.

-         

-          Allo ! maman !

-          Oui Sam, j’ai entendu. Faites appel à un huissier pour constater la présence de la voiture me dit-elle, avec un calme à nul autre pareil. Je suis sur le cul

-          … pardon !

-          Sam, je ne sais pas ce qui vous est arrivé tous les deux. Son père vient de recevoir un appel du palais d’Abokpè.

-          Et cela a quel rapport ! criais-je ?

-          La reine est au palais, Ray est passé de l’autre côté.

-          Qu’est ce que vous me racontez ? criai-je ?

-          Sam !

Je raccroche, et reprend le manège de tout à l’heure. Seulement le mode fast and furious est en pause. Je rejoins le domicile des grands parents de Ray. Sa voiture y est vraiment garée. J’essai de me faire une place et rentre dans la maison. Sam junior vint me faire le hug. Un câlin revigorant que mon cœur de père prend avec toute la tendresse. Un instant je vogue sur les ailes dorées du bonheur avant de redescendre sur terre.

-          Sam, as-tu appelé l’huissier ? m’interrompis une voix masculine !

Je posai mon fils à terre, non pas sans regrets et me tournai vers mon beau père. Il était assis sur une chaise qui semblait deux fois plus grande que lui. Je le cherchai presque du regard avant de répondre.

-          Ce n’est pas comme si, entre elle et moi c’est la fin de tout. On a eu juste une légère dispute et je crois que cela va lui passer. Lançai-je avant d’ajouter.

-          Je vais voir ce qui en est pour la voiture pour mieux la stationner. Je devrais me rendre à Abokpè vendredi, j’avancerai juste mon voyage.

-         

Mes mots semblent avoir brulé quelqu’un. D’un bond, je vis mon beau père sortir de la chaise et se tenir debout devant moi. Il s’était dressé sur son séant et j’eus du mal à l’imaginer tel qu’il était dans le siège.

-          Sam, tu vas où ? ses yeux étaient tout gros et bien sortit de leur orbites

-          …. Quoi ! fis-je innocemment

-          As-tu déjà oublié que cela t’es interdit ? fit il

-          Bah ! déjà je n’y allais pas à cause d’elle. J’y allais pour affaire et c’est ce qui a entrainé notre dispute de cet après midi.

-          Quoi ? fit-il. Je sens qu’il est entrain de défaillir. Il va s’asseoir et se tourna vers la mère de mon épouse qui tenait Junior sur ses jambes.

-          Allons constater déjà ce qu’elle nous aura laissé comme indices au dehors, fit-elle toujours calme. Elle s’était levée et mon fiston en profita pour me revenir dans les bras.

Je profite de ses câlins et de ses bisous, jusqu’à la voiture et je réalise au premier tour, qu’elle était verrouillée. J’éclaire de mon téléphone et fit un autre tour de la voiture. Son sac à main est sur le siège du passager à l’avant et le siège de junior est positionné. Pas besoin d’être Sherlock Holmes pour comprendre que jusqu’à stationner devant ses parents, mon épouse n’avait qu’une seule intention, récupérer notre fils et rentrer chez nous. Etant du côté chauffeur et m’approchant davantage de la vitre pour mieux voir à l’intérieur, mon pieds cogne quelque chose au sol.

 

QUELQUES PART, DANS UNE EGLISE, A L’AUTRE BOUT DE LA VILLE

 

-          Ma fille, pourquoi t’obstines-tu à attendre ? fit un homme rondelet, s’adressant à une jeune fille de presque la trentaine.

-          Daddy, ce n’est pas encore l’heure de Dieu. J’en suis convaincue.

-          Si tu le dis. J’admire ta foi et ta force de caractère, mais sur ce plan je suis inquiet.

-          Je sais Daddy et je vous comprends.

-          Alors faudra faire quelques choses dans ce sens.

-          Mais ce n’est pas moi ! pasteur, c’est Dieu.

-          Arrête de me dire Dieu, faudra que bien que tu en choisisses un pour te marier avec à la fin.

-          Michel, laisse la petite fit une femme qui s’approcha

-          Bonsoir Maman. Fit la jeune fille en s’inclinant

-          Bonsoir ma fille, soit bénie.

-          Amen maman fit-elle en faisant un pas vers l’arrière.

Rayons de soleil