Chapitre 15 : MYSTERE D’ABOKPE

Ecrit par Marc Aurèle

GRAND’MA/DAME AGNES

-          Crois juste en toi, et sache que la vérité est différente de la réalité. Abokpè porte une réalité qui n’est point la vérité et toi tu es une vérité, une sublime vérité que j’ai porté trente cinq année durant. Sam, je sais que tu es à présent prêt pour regarder dans cette direction qui te sortira de l’ombre. Il est temps que tu te révèles, que tu cesses d’être larve, mais papillon. Ne reste plus à ramper en chenille, mais bats tes ailes et célèbre ta victoire.

-         

 

Avais-je fini par conclure pour rassurer Sam. Je me demande si je suis toujours la même Agnès. Je suis sans aucun doute la dernière des CELHY, mais suis-je toujours celle qui a été initiée et destinée à libérer ma nation ? Je doute et il faut le dire, c’est une farce qui n’a pas place à mon menu actuellement. Je me lève et avance vers mon buffet de rangement.

Toutes les réponses se trouvent dans une boîte que mon époux et moi avions depuis notre plus bas âge. J’avance vers le meuble et pris le coffret que je posai sur la table. Il est évident que plus rien ne sera encore pareil désormais.

-          Sam vient là stp mon garçon !

-         

J’ouvris le coffret dont le bois d’acajou, perdait des striés. Il disait combien il en avait traversé d’âge. J’en sorti le rouleau de papyrus qu’il contenait et l’étala sur le meuble devant moi. Mon petit fils se tenait à mes cotés.

-          Une lutte de plusieurs siècles devra être menée à termes et j’en détiens la clé. J’avais reçu de feu mon père le livre de vie de deux êtres, qui selon les plans divins pour ne pas dire la destinée mettrait un point final à la confrérie qui continuait de nourrir les divinités de l’histoire d’Abokpè.

-          Pardon ! fit-il en me regardant de son air le plus étrange possibe.

-          Tu le connais aujourd’hui sous le nom de l’ordre mystique d’Abokpè, il s’agit d’une vieille confrérie qui avait toujours intriguée les peuples et ce depuis le siècle de son apparition. Elle remonte à quatre générations avant la mienne, et les familles CELHY et RENE avait toujours été unies, pour protéger tout un peuple, dans le silence et dans la sagesse.

-         

-          Sur le sujet, je ne vous apprends rien. De même qu’il est rare d’entendre parler du bien, il est très rare d’entendre parler de nous. Allons-nous asseoir mon fils.

-          Grand ‘ma vas y installe toi. Je lu dans ses yeux cette chaleur que lui seul avait toujours su me procurer. Je m’installai et repris

-          Un moment dans la vie du Bénin, les choses se sont passées un peu comme entre Abel et Caen, à la différence, qu’il s’agissait plutôt de deux belles princesses du royaume du Bénin.  Le dernier roi de ce grand peuple de conquêtes, n’avait eu que deux filles. Il les avait formés à l’art de la guerre comme si elles étaient des hommes et le peuple en était très fier. Chacune d’elles avait la charge d’une moitié de l’armée du royaume. Leur père vieillissant, leur avait laissé la responsabilité de tous les territoires du royaume, mais chacune de son côté. Elles avaient également autorité sur tous les ministres du royaume et au-delà du roi, aucune personne dans le royaume ne se prononçait en leur présence. Elles étaient les grandes guerrières protectrices d’un peuple dont la bravoure, le courage et la force ne résidait que dans la gente féminine.

-          ….

-          Mino Hanyè la plus jeune avait la charge de toute la zone côtière tandis que Mino Hangbè avait la charge de la zone septentrionale. Le royaume était ainsi subdivisé en deux parts égales et la force des armées des deux sœurs s’étalait sur tout le royaume. Les ennemis se tinrent pour près d’un siècle à une bonne distance du royaume jusqu’au jour où, la cupidité eu raison de Mino Hanyè. Elle n’avait pas eu d’homme dans sa vie à cause de sa mauvaise langue et surtout de son caractère acariâtre. Au décès de leur père, elle était venue s’installer au palais royal dont le siège était toujours à Abokpè. Elle avait fait partir du palais tous les hommes et avait seulement gardé une quarantaine d’énuques qu’elle avait transformés en objet sexuel. Fort malheureusement, elle s’amusa un peu trop et elle devint folle quand elle s’accoupla avec le quarante et une nième. Sa folie l’amena à lancer des attaques même contre les alliés du royaume et à finalement permise des intrusions d’armées ennemies. Minon Hangbè dépêcha une troupe pour protéger le palais et un groupe de trois  marabouts à sa rescousse pour la soigner. Elle fut certes guérie, mais elle fit un pacte avec les esprits pour diriger les terres environnantes du palais royal d’Abokpè. C’est ainsi qu’est née la légende d’Abokpè.

-          Hummm…. Ce long soupir en disait long sur sa surprise.

-          La reine Hanyè fini par organiser un lopin de terres autour du palais royal qui deviendra le royaume d’Abokpè. Elle l’entoura de mythes et de mystères, instituant un ordre de souveraineté qu’elle confia à l’ordre mystique d’abokpè. Minon Hangbè quant à elle s’occupa du reste du peuple. Elle réorganisa les terres et ouvra le royaume à des opportunités plus grandes les unes que les autres. Abokpè devint au fil des jours et des années un mythe, une boite de Pandore que les générations qui suivirent n’eurent pas la chance de cerner les contours de ce peuple qui avec les années resta dans les bulles du mystère. La boite de Pandore ou de Hanyè devrais-je dire resta celée à sa mort. Elle mourut bien avant sa sœur ainée, laissant derrière elle une héritière en occurrence la princesse Djetinde qui prit le trône et géra le royaume. Grâce à ma famille et à celle de mon mari, la Reine Djetinde dirigea le royaume d’Abokpè mais ne se maria point. Elle eut une aventure avec un de ses généraux et ne laissa que des héritiers, privant Abokpè de Reine pendant deux générations. En réalité, le plan de nos aînés était très parfait et la succession devait désormais être aux hommes pour briser le pacte. Malheureusement, la confrérie empêcha les fils de la reine d’accéder au trône qui demeura vacant.

-          Waohhh…..

-          La famille CELHY dont je suis issue avait toujours été aux coté de Mino Hangbè et ce fut notre ancêtre qui fut l’un des envoyés auprès de Mino Hanyè quand elle allait mal.  En fait on à tendance à s’y méprendre mais CELHY est en réalité une réécriture par le colon de ‘’Sèli ‘’ qui veut dire littéralement la destinée. L’intégrité et la vertu légendaire de mon aïeul avait voulu qu’il ne se mêle pas à la pratique de Hanyè et ce fut lui qui revint faire le point à Hangbè. De tous les membres de la cours de Hanyè, Sèli fut le seul à s’être opposé à l’entente entre Hanyè et les esprits. A son retour au palais et pour la sécurité spirituelle du peuple du bénin, la Reine Hangbè et sa cour avaient alors désignés les deux meilleurs prêtes du fà pour organisé la contre offensive pour anéantir les conséquences du pacte avec les esprits et surtout l’annuler. Durant deux siècles, Sèli et Hene (qui deviendra RENE plus tard) parvinrent à maintenir le court normal de la vie à Abokpè, donnant au royaume d’avoir des héritiers et non des héritières. Hélas s’était sans compter avec la confrérie née de ce pacte qui passera son existence à entretenir le vice et malmener la descendance de Hanyè.

 

Sam se tenait devant moi, les deux mains à la hanche. Il semblait tourner sur lui-même telle une toupie. Je sais qu’il n’est pas préparé à la chose, mais moi j’ai été préparé à ceci toute ma vie. Je dois enfin  partir en paix en cédant à mon fils l’arme qui rendra à tout un peuple son âme. Je voulu poursuivre et j’entendis quelqu’un rentrer dans le salon et je dus me taire et refermer le coffret.

-          Bonsoir tonton Sam, fit une voix de femme.

Je vis mon petit-fils se retourner dans la direction de Solange qui poussait devant-elle son ventre. Elle m’arracha un sourire

 

SOLANGE

J’entre dans le séjour des grands parents de Sam. Etant sorti dans le jardin, j’avais remarqué sa voiture et je décidai d’aller lui passer le bonsoir. Il se tenait debout les deux points à la hanche, prostré et son visage était assez tendu. Il me faisait dos et la chemise blanche qu’il portait épousait ses larges épaules. Un frisson me parcouru ; tellement il ressemble à son ami.

-          Bonsoir tonton Sam, fis-je

-          Oui Solange comment vas-tu ? fit-il en se retournant vers moi.

-          Tu vois qu’elle va bien ! drôle de question fit grand’ma en rangeant dans le buffet le coffret qu’elle avait en main.

-          En tout cas je vais très bien et je me fais trainer par tes neveux. Fis-je en souriant

-          Tant mieux alors. Répondit-il. Ayant jeté un regard à la montre bracelet qu’il portait, il se tourna vers grand’ma

-          Grand’ma demain, je vais devoir  prendre la matinée pour qu’on finisse notre discussion. Il se fait tard et je vais vous laisser.

Sam se hâta de nous faire des bises et se retirer. Je le regardai partir, le cœur serré car je voulais partager avec lui des informations que j’avais reçues de la Fiduciaire des Finances. Mais comme il promet de revenir demain, j’aurai l’occasion de lui parler.

Rayons de soleil