Chapitre 16: Prophétie
Ecrit par Lalie308
Dans la résidence des Jones au village, qui comme d'ordinaire était silencieuse, les portraits de famille ainsi que les objets sacrés — censés les protéger — habillaient harmonieusement les murs. Chacun des pas de Lysa résonnait fortement dans les couloirs. Arrivé à destination, il forma un poing de sa main droite puis tapa trois fois à la porte qui disparut quelques secondes après. Cody se tenait en face de lui, surpris de le revoir si tôt.
— Lysga, tu as fait vite, remarqua-t-il.
— Fiona ne voulait pas vraiment de moi, déclara-t-il à travers une grimace.
— Aller, entre, l'invita Luz qui était assise sur le banc près de la grande fenêtre de la chambre.
Lysga s'exécuta.
— Tu vas bien ? le questionna son père en l'analysant du regard.
— Tu rigoles ? C'est la première fois que je me suis senti aussi utile !
Luz le considéra pendant un moment avant de le gratifier d'un sourire.
— Ravie alors, prépare-toi à te servir de tes fameux pouvoirs alors.
— Sérieusement ? Tu ne vas pas me dire que c'est trop dangereux ? s'étonna-t-il, suspicieux.
Luz se leva pour marcher lentement vers lui.
— Honnêtement Lysga, il vaudrait mieux te servir de ces pouvoirs que de les faire taire et te faire tuer. Je préfère de loin ça. On s'entraînera juste pour qu'ils ne contrôlent pas.
Il regarda sa mère pendant un moment pour être certain qu'elle ne plaisantait pas. Il finit par répondre avec satisfaction :
— Super alors ! J'étais juste venu vous dire que j'étais de retour. Bona notte (Bonne nuit).
— Bona notte chéri, dit Luz en l'embrassant.
— À demain mon grand, termina Cody en lui adressant un sourire.
Lorsqu'il s'en alla, Cody se tourna vers Luz qui s'était de nouveau assise.
— Je ne me ferai jamais à l'idée de toi comme maman, se moqua Cody en la gratifiant d'un sourire coquin.
— Toi t'es parfaitement vieux pour être papa, rétorqua-t-elle malicieusement.
Cody ricana avant de marcher vers elle. Accroupi, il plaça ses mains de part et d'autre de Luz.
— Ne me provoque pas Axa, chuchota-t-il.
— J'ai bien fait ça toute ma vie, répondit-elle sur le même ton en entourant ses épaules de ses bras.
Après un court silence, elle reprit, moins amusée :
— Et ça me surprend d'ailleurs que tu continues de jouer le parfait optimiste avec moi.
Le visage de Cody s'obscurcit.
— Tu veux que je te dise quoi ? demanda-t-il doucement. Que j'ai l'impression que chaque événement est une lame qui me déchire petit à petit ?
Il plongea son regard dans celui de sa femme en touchant la manche de son long haut noir.
— Tu vois cette soie si fragile ? Elle pourrait terminer en lambeaux d'un jour à l'autre, affirma-t-il.
Après une courte pause, il poursuivit plus bas, effrayé de s'entendre lui-même. Luz le fixait, aussi silencieuse qu'une tombe.
— Et ça, c'est mon âme. J'essaie de la recoudre ma Luz, mais elle se déchire chaque fois plus profondément.
Il tint le menton de Luz de son index et de son pouce.
— Qu'arrivera-t-il quand je n'y pourrai plus rien ? Que tout finira en morceaux, en débris ? Je m'éteindrai, et je ne veux pas m'éteindre. Alors je m'attèle à recoudre, quitte à me briser les doigts, quitte à saigner.
Luz déglutit en retenant les larmes qui menaçaient de couler face à ce lourd fardeau qu'elle sentait peser sur son cœur depuis que Cody lui ouvrait le sien. Connectés. Ils étaient connectés. Il suffisait que l'un le permette à l'autre, pour que l'autre puisse voir clairement dans son esprit, au plus profond. Cody esquissa un léger sourire avant de lui déposer un baiser sur les lèvres.
— Tant que je t'ai toi et que je sais Lysga sain et sauf, je peux t'assurer que rien ne peut me démolir.
Il plongea sa main dans les cheveux de Luz avant d'ajouter :
— Tu me comprends, n'est-ce pas ?
Elle acquiesça d'un léger mouvement de tête. Ils se sourirent avant de s'embrasser lentement, puis plus passionnément.
— Si ma glami veut bien être mienne ce soir, dit Cody en se levant et lui tendant la main.
— Avec plaisir, répondit-elle en glissant sa main dans la sienne.
*
Lysga venait de quitter la luna luminosu où il s'était rendu dès son retour de chez ses parents. Il se sentait plus confiant, plus léger, comme s'il arrivait enfin à reprendre sa vie en main. Il fronça les sourcils lorsqu'il entendit un bruit de craquement, puis fixa ses yeux sur la vitre de sa fenêtre qui était recouverte de buée à cause du froid. Il marcha lentement vers celle-ci en essayant de déchiffrer les quelques chuchotements qui lui parvenaient à l'oreille. Dès qu'il fut en face de la fenêtre, il vit qu'il faisait jour dehors, ce qui le surprit.
Galista marchait dans le village, souriante, saluée par les nelcaliens et humains qui pouvaient la croiser — ils faisaient la révérence. Elle s'arrêta près de Luz et Cody qui discutaient. Elle leva sa tête vers Lysga, lui adressa un clin d'œil. Tous ceux qui l'entouraient s'effondraient systématiquement.
Il fronça les sourcils de plus belle lorsqu'elle leva sa main vers lui. Quelque chose en lui voulait prendre cette main, voulait voir, voulait se laisser aller, voulait faire mal. Il leva lentement sa main, ignorant les chuchotements qui devenaient intenses. Soudain, un bruit le fit revenir à la réalité. Il faisait de nouveau nuit, il n'y avait plus rien.
Il entendit à nouveau le bruit, en voyant une pierre verte de Nelca cogner sa fenêtre. Un coup d'œil en bas, il vit Solenna qui lui faisait des signes de main. Elle semble réelle, songea-t-il. Il soupira, toujours déconcerté par ce qui venait de se passer, mais sortit rapidement de sa chambre pour se rendre à l'extérieur de la résidence.
— Lena.
— Lysga.
— Que fais-tu ici à cette heure ?
— Je devais absolument te montrer quelque chose, déclara-t-elle sérieusement en reniflant et frottant ses mains contre ses bras en frissonnant.
— Hum, suis-moi.
Ils s'installèrent dans le salon. Elle fit sortir un livre — un morceau de nuage de forme rectangulaire— de la sacoche de plante qu'elle avait autour du cou puis le posa sur la table. Elle tapota le côté droit du livre de son index, la première page apparue. Il y était marqué des écritures que Lysga ne comprenait pas. Ce n'était ni nelcalien, ni humain.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il, perdu.
— Un livre ? répondit-elle en feignant d'être confuse.
Lysga leva les yeux au ciel.
— Je sais, mais qu'est-ce que c'est ? Le but ? reprit-il.
Solenna respira profondément avant de parler à nouveau :
— Lors de mes lectures, je suis tombée sur ça.
— Tu lis ?! demanda Lysga, étonné.
— Ça ne me surprendrait pas que tu n'aies pas connaissance de l'existence d'une grande bibliothèque à la cité avec les livres humains et nelcaliens qui se trouvaient dans le patio. Je lis autant que je peux. Il y a des histoires incroyables qui sont encore plus folles que ce que nous vivons actuellement. Des faits et des rites que nos ancêtres ont généreusement partagés. Même sur les humains, j'en sais beaucoup. Les premières guerres d'il y a des siècles, leur ancien mode de vie, les centaines de langues qu'ils parlaient...
Elle fit une pause avant de glisser son index vers la droite. Une liste apparut, elle sélectionna un élément sous le regard curieux de Lysga.
— Ce livre a été écrit depuis des milliers d'années par le premier dieu nelcalien. Nelca était encore à ses premiers pas. Ils s'appelaient les Luna comme la lune. Ils parlaient une langue différente, dans laquelle est écrit ce document.
— Et tu comprends ça ?
— Pas très bien, mais Nalu m'aide à m'améliorer. Quoi qu'il en soit, ils existaient avant même Célesta, ou Fabos. Il y a eu cette catastrophe qui avait quasiment éradiqué la planète. Des milliers d'années après, les gardiens de la lune ont décidé qu'il était temps de bâtir une nouvelle nation.
— Es-tu venu jusqu'ici pour me donner un cours d'histoire ? se moqua Lysga en se vautrant dans son siège.
— Non, Lysga. Bien plus important, ils avaient fait cette prophétie, et même celle avec les humains.
— Quelle prophétie ?
Elle se rendit à une page du livre, qu'elle traduisit.
— La première rebelle du peuple de la lune défiera ciel et Nelca, sang et chair, dieu et gardiens. Elle plantera sa graine dans le fruit divin, la fera germer et en fera sa possession. Elle fera germer un nouvel enfer, une nouvelle ère, elle laissera le mal creuser un tunnel à travers la terre de la lune. Elle sera néanmoins faible en une chose, une seule chose qui pourrait la perdre.
Solenna leva son regard sur le visage de Lysga qui l'écoutait attentivement.
— C'est tout pour l'instant. Je dois essayer de déchiffrer d'autres passages qui sont dispersés dans le livre. Mais Lysga, ça dit que Galista a un point faible. Il nous suffit de trouver ce point faible.
— Et ça dit aussi qu'elle fera de Nelca un enfer, et que ce fameux point faible pourrait la perdre. Pas que ça le fera. Je ne sais pas où tu veux en venir Lena, mais je ne crois pas que des pseudos prénelcaliens auraient pu deviner que Galista viendrait.
— Crois-moi Lysga, je suis certaine que tout est vrai. On pourrait utiliser ce livre pour prendre de l'avance sur elle, s'extasia-t-elle des étoiles plein les yeux.
Lysga se contenta de se taire, incertain de comment il devait réagir.
*
Solenna, le regard baissé tenait fermement le livre contre sa poitrine. Dans le patio, se trouvaient également Fiona, Nalu, Lysga et Célesta. Cette dernière, les traits décomposés par la colère et l'effroi ne put s'empêcher d'élever le ton :
— Je t'ai demandé où tu avais trouvé ça Lena !
— À la bibliothèque de la cité, répondit-elle timidement.
— Ce n'est pas possible, rétorqua Célesta. Depuis quand mens-tu Lena ?
Solenna recula légèrement, n'ayant jamais vu Célesta dans cet état.
— Je t'assure, s'efforça-t-elle cependant de bredouiller.
Célesta tendit sa main, dans laquelle Solenna glissa le livre.
— Ces livres ont été détruits avec la création du nouveau Nelca, expliqua Fiona, plus calme que Célesta. Lire l'avenir, les prophéties, risquent fortement de les annuler.
— Je... Je n'en avais aucune idée, balbutia Solenna, les yeux gros.
— Bien sûr que tu ne le savais pas Lena, ce n'est pas de ta faute. Excuse-moi, soupira Célesta.
— S'ils ont été détruits, alors comment Lena a-t-elle retrouvé ce livre ? demanda Lysga, soudainement intrigué.
Nalu qui n'avait plus son air constamment joyeux au visage se prononça :
— Ce n'est pas un hasard. Quelqu'un qui sait à quel point ce livre peut causer un chaos énorme a fait en sorte que Solenna le retrouve. Ce qui signifie que certaines reliques de l'ancien royaume n'ont pas été détruites. Nous nous en sommes pourtant chargés personnellement. Soit c'est quelqu'un qui faisait partie de l'ancien Nelca, ou un tout autre être.
Solenna soupira bruyamment.
— Qu'as-tu exactement réussi à lire Solenna ?
— Juste la prophétie sur l'histoire de Peter Jones et le tout début avec Galista.
Elle leur conta exactement les phrases qu'elle avait déjà pu décoder.
— Bien, ce n'est pas encore très grave. On se chargera de faire disparaître ce livre avant qu'il ne tombe dans de mauvaises mains.
Célesta et Nalu s'en allèrent. Fiona, petit sourire malicieux à la commissure des lèvres tapota son bras de ses doigts, bras croisés.
— La petite sainte fait aussi des gourdes, se moqua-t-elle.
Solenna la gratifia d'un regard noir.
— Fiona, qu'as-tu trouvé d'intéressant sur le diabolo ? demanda Lysga.
Fiona leva un sourcil qu'elle baissa après avoir lancé un regard à son interlocuteur.
— Rien.
Elle se retourna finalement puis disparut. Solenna jeta un coup d'œil à Lysga avant de soupirer.
— Je croyais vraiment que ce livre allait nous sauver la vie. J'ai appris tellement de choses avec ces grimoires, ces trésors que je m'attendais à ce que celui-là répare la situation et empêche Galista de faire quoi qu'elle puisse avoir en tête. Je pensais qu'on pourrait enfin te délivrer d'elle.
Lysga la considéra pendant un moment.
— Ils croient toujours tous qu'ils sont vieux et sages. Ils n'hésitent pas à nous réprimander alors qu'ils ont fait et font des erreurs stupides. Alors, crois-moi, Lena, tu vaux beaucoup plus que ça. Ce n'est pas la fin du monde.
Elle esquissa un sourire qui se noya rapidement lorsque ses mouvements oculaires devinrent rapides et qu'elle se mit à convulser. À peine Lysga eut-il le temps de réagir qu'elle s'écroula.
*
— Qu'est-ce qui s'est exactement passé, Lysga ? demanda Brad, dans tous ses états.
— Rien, je ne sais pas. Elle s'est juste évanouie, se défendit-il en sentant son cœur battre à tout rompre.
— Lysga, je... ahana Brad, en colère.
Il s'arrêta, passant une main nerveuse dans ses cheveux. Solenna était allongée dans son lit, Célesta à son chevet.
— Tu as raison, désolé, soupira Brad.
Ils tournèrent vers Célesta qui venait de se tourner vers eux. Elle semblait encore plus tourmentée que quelques heures plus tôt.
— Célesta, que se passe-t-il ? s'enquit Brad tandis que Luz, Fiona et Cody venaient de pénétrer la pièce.
Célesta posa un regard désolé sur Brad avant de parler :
— Solenna est devenue une cible, leur apprit-elle.
— Une cible ? Comment ? s'emporta Brad, respirant bruyamment.
Elle regarda brièvement Luz avant de parler à nouveau :
— Galista ou je ne sais qui, ils connaissent le potentiel de Lena. Ils savent combien importante elle peut être pour Lysga, ils ont peur. Le grimoire qu'elle a découvert... il était empoissonné. Juste pour elle.
Elle fit une pause pour donner le temps à Brad de procéder l'information.
— J'ai pu retirer le poison puisque ce n'est rien de très rare, mais ce n'est pas bon signe. Il était destiné à elle uniquement et personne d'autre n'aurait rien eu.
— Tu veux dire que cette folle en veut à ma fille ? s'indigna Brad alors que Cody posait une main supportrice sur son épaule.
— Ne sois pas ridicule, se prononça Fiona en s'avançant. Ta fille est un objet de plus dans la pièce théâtrale de Galista. Elle veut quelque chose (elle regarda Lysga), et elle ne s'arrêtera pas si elle ne l'a pas.
Elle s'arrêta pour regarder Solenna.
— Lysga, que veut Galista ? l'interrogea-t-elle d'une voix ferme.
— Fiona arrête tout de suite. Tu veux que Lysga aille rejoindre Galista ? Pour que de toute façon elle mène à bien son plan ? s'indigna vertement Luz.
— Galista ne veut pas Lysga ou juste pas Lysga. Elle veut quelque chose d'autre et je sais que ton fils le cache. Elle seule a maintenant accès à son esprit, sinon je t'assure que je saurais ce que c'est depuis, siffla Fiona.
Lysga serra si fortement ses poings qu'il sentit ses paumes s'ouvrir.
— Papa ?
Ils se tournèrent tous vers Solenna qui venait de se réveiller, les paupières tremblantes. Brad accourut à son chevet pour prendre sa main qu'il embrassa, en larmes.
— Oh ma puce, tu m'as fait une de ces peurs.
— J'aimerais parler à Lena.
Cette fois-ci, ils se tournèrent tous vers Lysga.
— Alors, vas-y, lança férocement Fiona.
— En privé.
Solenna acquiesça lorsque son père la regarda. Ils s'en allèrent tous, les laissant seuls. Le regard de Lysga croisa celui de son père avant qu'il ne sorte. Lysga savait ce que voulait Galista. Elle voulait Cody. Elle le voulait lui. Elle voulait le père et le fils. Solenna posa son regard sur Lysga.
— Ne m'approche plus jamais, commanda-t-il.
Solenna fit les gros yeux en se redressant maladroitement.
— Quoi ?
— Tu m'as entendu, répondit-il nettement.
— Tu penses que c'est de ta faute ? s'enquit Solenna.
Lysga rit jaune.
— Qu'est-ce qui ne l'est pas Lena ? Je ne pense pas que tu aies besoin de tout ça, de toutes ces histoires, d'une menace de mort. Pour me délivrer ? Pour sauver des peuples, alors que tu sais pertinemment que Galista aura toujours un point d'avance ? Retourne juste à ta vie et laisse tout ça de côté.
— Je ne le ferai pas. Je ne te laisserai p...
— Stop ! hurla Lysga. Je n'ai pas besoin de toi Lena, je ne suis pas une espèce de toutou sur qui tu dois garder un œil.
Il s'arrêta pour prendre un air plus sévère.
— Gardons les choses ainsi. Si tu m'approches ou si tu essaies de mettre encore ton nez dans toute cette histoire, je me ferai un malin plaisir à te faire payer de mes propres mains. Au moins comme ça, je le ferai moins même. (Il marcha vers elle) Au lieu de les regarder le faire, ajouta-t-il plus bas.
Il sortit de la chambre. Il tomba sur tout le monde dans le salon de Brad, en discussion animée qui s'arrêta dès qu'il fit irruption. Il ne leur accorda pas un regard, se dirigeant directement vers la sortie. Brad se précipita dans la chambre de Solenna qu'il trouva debout, en train de se chausser.
— Mais qu'est-ce que tu fais Lena ?!
Elle ne répondit rien, se contentant de continuer sa tâche. Brad se rapprocha d'elle pour l'arrêter.
— Lena !
Elle le repoussa violemment avant de lever sa tête vers lui, le visage congestionné par une colère ivre.
— Vous l'avez encore fait fuir, explosa-t-elle.
— Personne ne l'a fait fuir Solenna, rétorqua calmement Brad.
— Si, vous, vous tous. Vous l'avez fait fuir. Encore !
— Lysga a pris une décision de lui-même. Je ne sais pas ce qu'il t'a dit, mais il a sûrement pensé à ton bien. C'est dangereux Lena, tu te mets constamment en danger avec cette nouvelle obsession que tu as pour Galista.
Solenna rit jaune en se redressant définitivement. Elle sentait la pièce tanguer sous ses pieds, elle tenait difficilement debout, mais elle n'arrivait pas à repousser cette colère psychotique qui lui rongeait le corps.
— Reviens me dire ça quand elle viendra ici pour retirer chacun de nos cœurs, siffla-t-elle.
Elle tenta de dépasser son père pour sortir de la pièce, mais ce dernier la retient en entourant sa taille de son bras. Elle éclata en sanglots. Elle pensait avoir fait tellement de progrès avec Lysga, que voir ces efforts s'écrouler lui faisait mal. Elle n'avait plus aucune idée de quoi faire.
— Vous avez tout gâché, déplora-t-elle plus bas.
— Non Lena, ce livre que tu as découvert t'a empoisonnée, tenta de lui expliquer Brad en la relâchant lentement.
Elle nettoya ses joues d'un revers de la main.
— Je... Je voulais tellement que tout aille mieux papa, confessa-t-elle en se laissant tomber au sol.
Brad se baissa à sa hauteur pour entourer ses épaules de ses bras.
— Je sais ma puce. Mais le cran n'exclut pas la prudence.
*
Célesta déposa le livre au sol, puis recula. Lysga fit apparaître des flammes qui engloutirent progressivement l'ouvrage. Il fixa l'objet jusqu'à sa disparition. Célesta posa un dernier regard sur lui avant de s'en aller. Il crut voir le visage de Galista qui savourait sa victoire à travers les flammes. Ses pupilles se dilatèrent, les écritures apparurent sur ses mains et un sourire tordit la commissure droite de ses lèvres.
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Lalie