Chapitre 16 : Une partie de l'histoire

Ecrit par Nobody

POV Naila


Je ne saurais dire si c’est le poids de son regard ou la brutalité de ses larmes, mais quelque chose me remue profondément quand Maman Élise fond en sanglots. Un silence lourd s’abat sur nous, aussi pesant qu’un ciel d’orage. À côté de moi, Maïssa reste figée. Je sens qu’elle veut me poser des questions, mais même elle n’ose pas. Elle ne comprend pas tout, mais elle sent que quelque chose cloche. Elle me connaît par cœur. Elle sait que ce genre de silence n’est pas habituel. Pas chez moi. Pas chez elle non plus. Moussif, lui, paraît tout aussi pris au dépourvu. Il ne bouge pas. Il regarde sa grand-mère comme s’il ne l’avait jamais vue pleurer ainsi. Comme s’il redoutait ce que ça pouvait vouloir dire.

Je fais un pas. Hésitant. Mon cœur bat trop vite, et j’ai du mal à respirer. Ce n’est pas de la peur. Ce n’est pas de la tristesse. C’est… autre chose. Un sentiment que je n’ai pas les mots pour nommer. Une impression sourde d’avoir déjà été là. Dans cette cour. Devant cette femme. De l’avoir déjà vue, entendue pleurer. Mais c’est impossible. Je ne sais pas comment décrire ce moment. Ce n’est même pas un malaise, c’est plus profond que ça. C’est un frisson sous la peau, une réticence qui ne vient pas du corps, mais de quelque part entre mes côtes et ma mémoire.

Elle pleure toujours. Pas bruyamment. Mais ces larmes-là ne sont pas ordinaires. C’est comme si elles jaillissaient d’un puits enfoui depuis trop longtemps. Et moi, je reste là, droite, les bras ballants, le cœur bizarre. Je ne sais pas si je dois avancer, reculer, parler, me taire.

Moussif s’avance doucement vers la vieille femme. Il ne parle pas tout de suite. Il la regarde. Et c’est un regard que je ne lui connais pas. Pas vraiment inquiet. Pas non plus attendri. C’est… chargé. De respect. Peut-être même de crainte.

— Maman Elise… souffle-t-il doucement. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Elle ne répond pas. Elle détourne la tête. Essuie ses joues comme une petite fille qui ne veut pas qu’on la voie pleurer ou comme si elle voulait effacer ce moment de faiblesse. Et puis elle se redresse. Raide. Presque dure, tout d’un coup.

— Entrez, dit-elle simplement, d’une voix rauque.

Elle ne me regarde pas quand elle parle. Elle évite mon regard comme on éviterait un miroir un jour de tempête.

Je hoche légèrement la tête, presque malgré moi. Je pose une main sur l’épaule de Maïssa, et on la suit toutes les deux. La maison est modeste. Mais propre. Un carrelage beige un peu écaillé par endroits. Une table en bois foncé. Des rideaux épais qui tamisent la lumière. Une odeur douce flotte dans l’air. Mélange de savon de Marseille, de feuilles séchées et de quelque chose d’ancien. Un parfum que je n’ai jamais senti, mais qui me rappelle quelque chose. Il n’y a pas beaucoup d’objets, mais ceux qui sont là semblent avoir une histoire. 

Elle ne s’assied pas tout de suite. Elle tourne lentement autour de la pièce, comme si elle cherchait où poser son propre trouble. Puis elle finit par s’asseoir sur une chaise, un peu à l’écart de nous, presque de biais. Comme si elle ne pouvait pas s’approcher plus. Comme si mon corps l’électrisait.

Le silence revient. Un silence plein. Plein d’images, de tensions, de questions. Et moi, je me sens étrangement exposée. Comme si j’étais arrivée ici sans armure.

Je croise ses yeux. Juste une seconde. Elle me regarde. Mais ce n’est pas un regard curieux, ni même méfiant. C’est un regard chargé de reconnaissance. Comme si elle savait quelque chose sur moi. Comme si elle m’avait déjà vue quelque part. Mais ce n’est pas possible.

— Vous… commence-t-elle. Vous me rappelez quelqu’un.

Je fronce légèrement les sourcils. Je ne dis rien. Elle devait sûrement penser à ma grand-mère, Abèbi. Je ne lui ressemblait pas particulièrement mais là à part elle, je ne vois pas à qui je pouvais lui faire penser. D'ailleurs je trouve curieux l'ambiance qui recouvre peu à peu la pièce, la tension est vraiment palpable. J'avais imaginé beaucoup de choses dans le taxi en arrivant mais je n'avais pas pensé du tout que l'accueil serait pareil et surtout que l'ambiance serait aussi morose. De plus, maman Elise, la fameuse maman Elise, qui par une simple lettre avait mis ma vie sans dessus dessous depuis quelques jours maintenant, je la voyais aujourd'hui et je ne l'imaginais pas non plus ainsi. Je ne l'imaginais pas d'une façon en particulier mais ce qui est sûr je ne pensais pas qu'elle serait cette vieille dame aussi frêle, le regard un peu fuyant qui était assise en face de nous.

Maïssa me jette un regard discret, comme pour me demander si elle doit dire bonjour, poser une question, faire un sourire. Je secoue imperceptiblement la tête. Non. Ce n’est pas le moment. Elle se place alors correctement puis croise les mains en attendant que quelque chose se passe, que quelqu'un prenne la parole. J'attendais également comme elle, et ce silence commençait étrangement à me casser les tympans, c'était ce genre de silence assourdissant, celui qui met mal à l'aise et pour lequel vous seriez prêt à débourser une fortune afin de le briser. 

— Je suis désolée pour tout à l’heure, dit-elle finalement, les mains posées sur ses genoux. Ce n’est pas comme ça que j’imaginais…

Elle s’interrompt. Cherche ses mots.

— C’est une chose étrange, vous savez, de voir une personne pour la première fois et d’avoir l’impression que…

Elle ne finit pas sa phrase, à nouveau.

Moussif s’adosse au dossier du canapé, les bras croisés. Il observe sa grand-mère, puis moi. Il est tendu. Mais silencieux.

— Il y a des liens qu’on ne voit pas, reprend-elle plus doucement. Des fils invisibles. Qui relient les gens sans qu’ils le sachent. Et parfois, quand deux de ces fils se croisent… ça fait remonter des choses anciennes.

Je baisse légèrement les yeux. Je n’aime pas ce genre de discours. Trop mystique. Trop symbolique. Ça me rappelle des souvenirs. Des choses que je préfère laisser enfouies. En plus il est vrai que je n'ai pas parcouru tout ce chemin pour à nouveau écouter ses phrases énigmatiques, qu'elle dise des choses pour qu'on comprenne tous ou alors qu'elle se taise. 

— Peut-être, dis-je simplement. Mais ça ne veut rien dire en soi, ça fait peut-être remonter des choses de votre côté mais rien chez moi.

— Peut-être que si. Peut-être que non, peut-être que vous ne savez simplement pas. Mais c’est pour ça que je voulais vous voir. Vous rencontrer vraiment et discuter avec vous au sujet de ce que vous savez déjà.

Elle parle lentement. Comme si chaque mot lui coûtait. Ou plutôt : comme si elle avait peur que ses mots, une fois lâchés, ne changent quelque chose de trop grand.

— Moussif… commence-t-elle, en regardant son petit-fils.

Il la fixe, sans broncher.

— Tu es sûr de ce que tu fais ? Je te connais mon enfant, je sais que quand tu sauras tout ce qui entoure cette histoire vieille comme le monde tu ne voudras plus faire marche arrière, je sais que tu condamneras immédiatement ton avenir, es-tu sûr de toi ?

Il ne répond pas tout de suite. Puis, d’une voix posée, presque sèche :

— Ce n’est pas une affaire de certitude. C’est une histoire de chemin. Je veux savoir où ça mène mais surtout comprendre où ça a commencé. Tu ne peux pas juste me donner une information aussi capitale et ne rien m'expliquer maman. Pourtant comme tu le dis tu me connais parfaitement, tu sais que je veux savoir, que je veux connaitre tous les tenants et les aboutissants.

Maman Élise hoche la tête. Lentement.

— Alors il faut que tu saches d’où tu viens. Et toi aussi, elle me dit, en se tournant vers moi. Il faut que tu saches où tu poses les pieds cela va de soi. Vos histoires sont différentes mais étroitement liée, je ne peux vous dire que ce que je sais et ce qu'on m'a raconté aussi jusque là. Ce qui s'est passé avant ma naissance ou ce que les anciens ont sciemment omis de me partager, je suis navrée mais je ne pourrai pas vous aider. De plus, soyez patients et comprenez que vous ne pouvez avoir toutes les réponses à vos questions maintenant. 

Je croise les bras. Je me recule légèrement dans le canapé.

— Je ne suis pas venue pour une leçon. Je suis venue pour comprendre, le minimum suffirait pour un début.

— C’est la même chose, répond-elle doucement. Tu seras bien obligée à un moment de suivre la leçon, comme tu l'appelles

Je la fixe. Elle me dérange. Pas parce qu'elle a subitement commencé à me tutoyer, non. Pas parce qu’elle est agressive, non plus. Au contraire. Elle me dérange parce qu’elle semble m’attendre depuis longtemps. Et moi, je déteste qu’on m’attende sans me le dire. Pourquoi porter autant d'espoir sur moi d'ailleurs, elle qui ne me connait même pas et ne sait pas de quoi je suis capable ou non.

Elle ouvre la bouche. Puis se ravise. Elle me regarde. Regarde Maïssa. Et là, une chose étrange passe dans son regard. Un pincement. Une blessure sourde.

— Elle est jolie, dit-elle. Très posée. Je ne sais pas si je me trompe mais elle a certainement vécu des choses qui font qu'elle grandit plus vite que son âge, je lis en elle une certaine maturité 

Je ne réponds pas.

— Elle vous ressemble ? poursuit-elle en reprenant le vouvoiement

— Ce n’est pas la question.

Je suis peut-être un peu sèche. Mais cette femme me fait peur. Pas comme un danger. Comme une vérité qui s’approche trop vite.

Elle ne dit rien. Elle hoche juste la tête. Elle comprend.

— Un jour, vous me direz. Mais ce n’est pas encore le moment.

Son ton est calme. Elle n’insiste pas. Et ça me trouble encore plus.

Moussif se lève, fait quelques pas vers la fenêtre, sans rien dire. Il semble réfléchir.

Et moi, je me demande ce qu’il sait exactement. Ce qu’elle lui a déjà dit. Ce qu’elle ne lui a jamais dit.

Mais une chose est sûre : cette femme, je ne la connais pas. Et pourtant, elle semble me connaître. Ou elle croit me connaître.

Je me tiens un peu à l’écart, en retrait, mais mes oreilles sont grandes ouvertes. Maman Élise inspire profondément, comme si elle allait faire sortir de sa gorge des années de silence.

— Je vais vous raconter une histoire. Pas pour vous faire peur. Pas pour vous convaincre de quoi que ce soit. Juste pour que vous compreniez, si vous y arriviez bien sûr. Laissez vos coeurs ouverts et écoutez attentivement.

Sa voix est grave. Sûre. Elle parle lentement, comme si chaque mot devait traverser un labyrinthe avant de sortir.

— Tu sais, Moussif, commence-t-elle, ce que je vais te dire, je ne l’ai jamais raconté à personne, sauf à ta mère. Mais elle… elle n’est plus là.

Je sens une petite tension dans l’air, comme si les mots allaient peser lourd.

— Ma fille, Manuella la mère de Moussif… Elle était destinée à un homme d’une autre famille. Quelqu’un que les anciens, les signes, les rêves, tout désignait pour elle. Mais elle ne voulait rien savoir. Elle s’est amourachée du père de Moussif. Un homme droit, bon, mais pas le bon. Elle n'a voulu rien entendre des avertissements et a décidé de suivre son coeur envers et contre tous.

Elle se tait une seconde. Mon cœur s’emballe.

— Pourtant ce n'est pas faute de les avoir prévenu, tous les deux. Ma fille avait un caractère bien trempé, elle était des femmes qui tenaient tête aux rois, ce n'était donc pas moi malgré que j'étais sa mère qui allait lui faire faire quelque chose qu'elle ne désirait pas.  J'ai fait de mon mieux, je lui ai parlé des anciens membres de la famille qui ont désobéi et le sort qui leur a été réservé mais elle a traité tout cela de balivernes et de coincidence. On les a prévenus du malheur qui les guettait. Je lui ia dit : ce n’est pas lui ton destin. Ce n’est pas lui ton chemin. Ma fille ne m'écoutait pas j'ai alors voulu parler avec Ahmed, le père de Moussif. Il a été tout aussi intransigeant, il n'allait jamais abandonné Manuella, s'il devait y avoir une rupture cela devrait forcément venir d'elle, lui ne renoncerait jamais à elle. Je lui ai dit qu'elle ne lui était pas destinée dans cette vie, mais dans une autre leur amour pourrait triompher, qu'ils pourraient se retrouver dans une autre vie. Mais rien n'y fait, ils se sont mariés quand même. Avec force. Avec entêtement. Avec une détermination comme on n'en voit plus aujourd'hui. Et les premiers temps, tout semblait aller bien. Je me suis même remise en question, serait-ce possible que ma fille chérie échappe à ce sort ? Je commençais à y croire jusqu’à ce que ça commence à casser, doucement.

Moussif baisse les yeux. Il connaît une partie de cette histoire, sans doute. Mais je sens qu’il n’en avait jamais entendu le début comme ça.

— Après leur union, rien n’a été simple. Disputes, maladies, perte de travail… Malgré ça, ma fille est tombée enceinte et a accouché d'un magnifique bébé. Le travail a été compliqué, on pensait qu'on allait la perdre mais elle a défié les dieux et moussif et elle sont rentrés sains et saufs. Pourtant le malheur a continué de s'abattre sur eux, rien n'allait plus. Et quand 5 ans plus tard elle est tombée enceinte de sa petite sœur, Christelle… elle est morte en couches. Cette fois elle n'a pas pu vaincre les dieux qu'elle avait mis en colère en les défiant la première fois, cette fois ma fille est partie se reposer pour de bons en nous laissant un magnifique présent. Le père de Moussif incapable de supporter cette perte en a perdu la raison et depuis il alterne entre quelques petits moments de démence et de lucidité bien qu'il aille un peu mieux depuis quelques années.

Ma gorge se serre. Je jette un coup d’œil à Maïssa, qui écoute tout ça avec des yeux grands comme des pièces de cinq francs. J'espère qu'elle n'en sera pas traumatisée mais avec ce qu'elle a déjà vécu du haut de ses petits 13 ans ça ce n'est que fleurette. 

— Je n’ai pas haï mon gendre. Non pas du tout. J'étais même contente que ma fille soit tombée sur un homme qui l'aimait à ce point. J'aurais cependant voulu qu'il m'ai écouté, qu'il ai renoncé à leur amour mais hélas ! Quand ma fille s'en ai allée, j’ai su que le fil avait été rompu. Qu’un cycle nouveau allait recommencer.

Je sens son regard glisser entre Moussif et moi.

— Et vous deux, maintenant… vous y allez tout droit. Vous deux vous êtes destinés à vous unir si on veut que le cycle s'arrête.

Je lève les yeux vers elle, soudain plus agacée qu’émue.

— Vous ne me connaissez pas. Qui vous dit qu’on forme un "nous" ? Ce n’est pas un couple ici.

— Justement, dit-elle. Justement. Et pourtant vous êtes là, tous les deux. Ensemble. Vous qui avez passé des décennies sans jamais vous connaitre, sans jamais penser à vous rencontrer un jour, ,regardez-vous aujourd'hui. Vous êtes là près l'un de l'autre. Le fil tire déjà.

Je me lève. Pas brutalement. Mais fermement.

— Je suis venue pour comprendre. Pas pour entendre qu’on est maudits à cause de qui on aime ou qu'on va aimer. 

— Tu ne comprends pas tout, dit Maman Élise en se levant à son tour. Tu ne peux pas comprendre tout de suite.

— Essayez-moi, je rétorque.

Il y a un silence. Puis elle se penche légèrement vers moi.

— C’est quand le malheur vient à plusieurs visages qu’il est le plus difficile à reconnaître. Toi, tu crois que tu as échappé à ta part ? Tu crois que c’est fini ?

Je ne dis rien.

— Tu veux parler ? Alors parlons. Raconte-moi pour ton époux.

Je baisse les yeux surprise. Ma gorge se noue. Moussif me regarde, mais je n’arrive pas à affronter son regard. C’est Maïssa qui serre ma main, doucement. Je me rends compte que je la serre aussi. Puis je me mets à parler comme s'il y avait une force qui m'y obligeait.

— J’ai été mariée, je dis dans un souffle. Il s’appelait Samir.

Un silence.

— Il est mort. Accidentellement.

Je m’interromps.

— Enfin… ça dépend à qui vous demandez.

Je regarde droit devant moi.

— Pour sa famille, c’est moi. C’est ma faute. Ils ont consulté des prêtres, des marabouts, ils ont tous dit que j’étais un mauvais signe. Que j’avais apporté la malédiction dans leur famille. Qu’il est mort à cause de moi et que j'étais une sorcière.

Je n'ai pas peur de dire ça devant Maissa, car la famille de son père n'a pas cessé de lui raconter cette histoire encore et encore, ils ne se sont pas gênés. 

Maman Élise ne réagit pas tout de suite. Puis elle dit, doucement :

— Et toi… tu penses quoi ?

Je secoue la tête.

— Je n’ai rien fait, ,j'aimais mon mari comme on a rarement aimé dans cette vie. J'aurais pu donner ma vie pour lui, c'est le seul homme que j'ai connu de ma vie et jusqu'à présent. Mais pourtant, je n’ai jamais réussi à me débarrasser de ce poids, comme si à force de me le répéter j'ai fini par y croire. De plus je me sens coupable, peut-être que j'aurais pu éviter tout ça, si j'avais été un peu plus vigilante, si j'avais été...

Je me tais sentant ma gorge se nouer. Maïssa baisse la tête. Elle a déjà entendu tout ça. Mais pas ici. Pas comme ça. Pas devant d’autres.

— Tu vois, reprend Maman Élise, les cycles ne disparaissent pas. Ils changent juste de forme.

Je la fixe. Je ne sais plus si je la hais ou si j’ai envie de me blottir contre elle. Je ne sais pas pourquoi elle me parle de son fichu cycle alors que je parle de la mort de l'homme de ma vie, qui n'a rien à avoir avec cette histoire.

Et dans mon ventre, quelque chose se serre. Quelque chose qui ressemble à une peur ancienne, à un avertissement, à une mémoire sans image. Je la regarde. Je sens que la conversation vient de changer de niveau. Que le passé et le présent se mêlent.

Maman Élise se lève lentement.

— Je vous laisserai pour ce soir, dit-elle. Mais sachez que je suis là, si vous avez besoin.

Elle me regarde une dernière fois.

— Et ne laissez pas le poids du passé vous écraser. Mais ne sous-estimez pas non plus ce qu’il peut vous apprendre.

Je sens que cette rencontre est un tournant. Qu’elle a ouvert une porte qu’on ne pourra pas refermer.

Maïssa serre ma main. Je lui souris doucement.

Le pacte des coeurs