CHAPITRE 17

Ecrit par Maylyn

Durant ce qui me parut une éternité, je restai stoïque. Que venait-elle de dire ? Elle était enceinte ? Elle était enceinte ? Enceinte comme attendre un bébé qui naîtrait dans environs neuf mois c’est ça ? Mon cerveau ayant enfin enregistré cette information, je revins à la réalité et constatai qu’elle me regardait toujours, guettant une éventuelle réaction de ma part. Dis quelque chose PM ! Ne la laisse pas dans cette attente voyons ! Comporte-toi comme un adulte ! Mais au lieu de la rassurer immédiatement, l’idiot que j’étais ne pus que demander :

-Tu viens de me dire que tu es enceinte Sun ?

-Oui PM ! Je suis enceinte !

-Et comment peux-tu en être certaine ?

Sans répondre, se baissa, prit un paquet que je n’avais pas remarqué et me le tendit. Je l’ouvrai et vis une vingtaine de tests de grossesse, tous différents, des plus basiques aux plus sophistiqués. 

-Ils sont tous positifs Chéri ! TOUS ! Oh Mon Dieu, qu’allons-nous faire ?

-Calme-toi Mon Cœur d’accord ? On va trouver une solution. Viens, assieds-toi et inspire un bon coup. Je reviens tout de suite.

Je déposai le paquet de tests sur la table basse puis allai à la cuisine nous prendre une bouteille d’eau et des verres. Pour le moment, je ne pouvais pas m’apitoyer sur moi-même. Seule Yélé comptait. Il fallait d’abord arriver à la calmer. De toute façon, chaque problème a une solution non ? Je remontai rapidement les marches. Elle était dans la même position, crispée au bord du canapé et le regard vague.

-Tiens Chérie ! Bois un peu d’eau.

-Merci, chuchota-t-elle en prenant le verre d’une main tremblante. 

Je m’assis près d’elle et vidai le mien. Puis, je pris ses petites mains froides dans les miennes.

-Sun regarde-moi. 

Lorsque je fus certain d’avoir toute son attention, je continuai :

-Tout va s’arranger ok ? Pour le moment, on doit y aller pas à pas. Demain, c’est dimanche donc nous attendrons lundi pour aller voir ton gynéco. Elle pourra nous conseiller pour les démarches à faire…

Elle retira brusquement ses mains.

-Il n’est pas question que j’avorte!

-Quoi ? Attends…Par démarches, tu pensais que…Mais non Mon Cœur ! Je parlais des démarches pour savoir quoi faire dans ces cas-là. Est-ce qu’il faut faire une échographie ? As-tu des médicaments à prendre ? Je ne sais pas moi, je n’ai jamais été papa, terminai-je un rire incrédule dans la voix. 

Papa ? J’allais sérieusement devenir PAPA ? A cet instant, je ne savais pas trop ce que j’éprouvais à cette pensée. Cela me semblait tellement irréel ! Visiblement soulagée, elle eut un petit sourire.

-C’est vrai ? Tu veux qu’on le garde ?

-Evidemment ! Quelle question ! Viens là !

Je la pris contre moi et elle s’installa plus confortablement, les pieds repliés sous elle et la tête délicatement posée sur mon épaule. 

-Oh PM, qu’allons-nous dire aux parents ? Ils vont nous tuer !

Je la serrai un peu plus fort et déposai un baiser sur sa nuque.

-Je pense que c’est le moment pour nous d’assumer notre relation. De toute façon, il fallait bien que cela se sache un jour non ? Nous avons repoussé l’échéance depuis trop longtemps. Je ne sais pas ce qu’ils diront ni quelle décision ils prendront mais tout ce que je sais, c’est qu’il est hors de question que je me sépare de toi.

Elle leva ses beaux yeux embués de larmes vers moi :

-C’est vrai ?

Je lui donnai un doux baiser pour appuyer mes prochaines paroles.

-Tu es l’Amour de ma vie Sun !

-Je t’aime !

Après un autre baiser aussi tendre que le premier :

-Bon, j’avais prévu une petite sortie surprise pour fêter notre première année…

-Ah je comprends mieux pourquoi tu as disparu toute la journée. Cachottier !

J’eus un petit rire.

-Eh oui ! Ton homme est très romantique tu sais ! Mais si tu penses être trop fatiguée pour sortir, on peut aussi…

-Non ça va beaucoup mieux maintenant. Et puis, cela nous fera du bien de penser un peu à autre chose, tu ne crois pas ?

-Ok ! Alors, allons prendre un bonne douche ensemble, susurrai-je d’un air malicieux.

-Oh je te vois venir ! Pas question sinon, on risque de prendre trop de temps et moi je tiens à ma surprise !

Je soupirai d’un air faussement tragique en me levant. 

-D’accord ! Je suis habitué à ce genre de tortures maintenant. Je saurai prendre mon mal en patience.

Je fus heureux de l’entendre rire.

-Dégage Pierre-Marie ! Je prendrai ma douche dans mon ancienne chambre et m’habillerai même là-bas parce que moi aussi je t’ai réservé une surprise que tu ne devras pas voir avant notre retour. Il faudra pour cela m’enlever la robe que je vais porter. Au fait, c’est une robe que je dois mettre non ?

-Oui ! Ta plus belle robe de soirée !

-Je vois que tu as fait les choses en grand ! D’accord, alors rendez-vous au salon dans une trentaine de minutes.

Trente minutes plus tard, j’entendis le bruit de ses escarpins dans les escaliers. J’eus juste le temps d’envoyer un sms à Marco pour le prévenir de notre arrivée. Elle resplendissait dans une longue robe en mousseline de soie blanche, dont le haut drapait son décolleté pour former un croisé, rejoignant ainsi le col incrusté de cristaux qui ornaient son cou gracile. Une large bande dans le même tissu que la robe lui ceignait la taille. La feuille de laurier en diamant qu’elle avait posé pour sublimer son chignon était son seul bijou. Le cadeau que je lui avais offert pour son anniversaire cette année, me rappelai-je en souriant. Heureusement qu’elle avait pensé à mettre sur ses épaules nues une écharpe en fausse fourrure car il faisait plutôt froid ce soir. Une pochette et de hauts talons argentés venaient compléter sa tenue. Comme d’habitude, elle était légèrement maquillée dans des tons pastel. J’étais vraiment chanceux !

-Tu es sublime !

-Merci Chéri ! Je vois à ton costume sur mesure que j’ai bien fait de mettre une tenue habillée. Tu es trop beau !

J’ouvrai la porte et lui dis :

-Après vous, Bel Ange !

Vingt minutes plus tard, nous pénétrâmes dans le restaurant de Marco. Je vis à son approche vers nous qu’il était troublé de me voir en compagnie de ma « sœur ». Cependant, il eut le tact de ne rien laisser paraître dans son attitude.

-Bonsoir tous les deux ! Je ne fais que passer ne vous inquiétez pas ! S’écria-t-il avec sa gaieté coutumière. Je voulais juste m’assurer que tout était en place !

-Merci beaucoup Marco ! Je te revaudrai ça !

-Laisse tomber ! Les amis sont faits pour ça non ? Appuya-t-il un grand sourire aux lèvres. Allez, je me sauve sinon je vais me faire gronder par ma femme ! En passant, tu es magnifique Ma Chérie ! N’oublie pas que ma demande en mariage tient toujours hein !

Yélen éclata de rire en nous regardant faire semblant de nous battre. 

-Bon j’y vais avant de me faire tabasser par ce sauvage !

-C’est ça ! Dégage !

Marco parti, nous longeâmes le couloir qui menait au restaurant. Yélé eut un petit cri d’étonnement en apercevant la salle complètement transformée. Toutes les tables du restaurant avaient été enlevées, excepté une seule qui trônait au milieu de la pièce. Des pétales de rose blanches et rouges jonchaient le sol et seules des dizaines de chandeliers disséminés un peu partout faisaient office d’éclairage, ce qui donnait une atmosphère intime. Un orchestre installé à un bout de la pièce jouait du jazz, le style de musique préférée de ma bien-aimée. 

-Joyeux anniversaire Mon Amour !

-Mon Dieu, c’est…c’est tellement…parfait ! Balbutia-t-elle d’une voix tremblante. 

-Non non, ne pleure pas ! Viens plutôt t’asseoir et profitons de cette soirée rien qu’à nous !

Je la conduisis à notre table, décorée de quelques pétales et de chandelles. La nappe était immaculée et les couverts en argent et dans la porcelaine la plus délicate. Un serveur en costume et nœud papillon vint nous servir du champagne. 

-Trinquons à nous et à toutes ces longues et belles années de bonheur qui nous tendent les bras.

-Je t’aime PM !

-Je t’aime Sun !

***

-Ça va ? Tu es bien ? 

-Dans tes bras, je suis toujours bien Chéri !

-Pas de nausées ?

-Non même pas ! Cette journée est parfaite ! Ta fille semble me laisser un moment de répit.

-Mon fils tu veux dire non ?

-Tu as bien entendu ! Je te dis que c’est une fille ! Je le ressens donc commence à t’y faire !

-Et toi commence à économiser parce que je sais que je gagnerai ce pari !

-Nous verrons bien Chéri, nous verrons bien !

Nous étions assis ce dimanche après-midi là sous l’un des nombreux arbres de Prospect Park. Cela faisait deux mois que Yélen m’avait appris sa grossesse. D’après le médecin, beaucoup de grossesses ne passaient pas le cap du premier trimestre donc nous avions décidé de garder cela secret pour le moment. Enfin, c’est l’excuse que nous utilisions pour repousser le moment fatidique de l’annonce à nos proches. Nous avions quant à nous fini par assimiler cette nouvelle et nous nous sentions prêts désormais à assumer nos futurs rôles de parents. Pour le moment, tout se passait bien pour elle à part quelques légères nausées matinales. Après un début de journée à paresser au lit, nous avions décidé de venir nous balader dans ce magnifique parc à l’atmosphère sereine. Là, nous étions assis moi adossé contre un tronc d’arbre et Yélé, le dos contre ma poitrine. Je posai doucement ma main droite sur son ventre et je m’écriai :

-C’est un peu bizarre de penser qu’il y a un petit être à l’intérieur qui grandit non ? Ton ventre est si plat encore.

-Profites-en bien parce que bientôt, je ressemblerai à une baleine et tu ne pourras plus me supporter ! Je compte profiter de ma grossesse pour bien me goinfrer et manger toutes les cochonneries dont je me suis privée durant ma carrière !

-Mais non ! Même lorsque tu deviendras une baleine, je te ferai l’amour avec passion et ardeur !

-Je ne sais comment prendre cette phrase !

Nous éclatâmes de rire puis levant la tête vers moi, elle murmura :

-Peut-être qu’un long baiser langoureux m’aidera à mieux la digérer.

Je m’exécutai immédiatement. Nous fûmes brutalement interrompus par une voix désagréablement familière :

-Mais que vois-je là ? Le grand frère chéri et la petite sœur adorée qui s’embrassent fougueusement ! Rassurez-moi, c’est juste un baiser…fraternel n’est-ce pas ?

Nous sursautâmes en nous détachant l’un de l’autre. Il ne manquait plus que ça ! Kady ! Mais qu’est-ce qu’elle fichait dans ce lieu qui était loin d’être l’un de ses endroits favoris ?

-Non, surtout ne vous dérangez pas pour moi ! Continuez ! C’est un spectacle si…émouvant !

-Qu’est-ce que tu veux Kady ?

-Moi ? Mais rien ! Par contre, je suis certaine que les paparazzi seraient enchantés d’apprendre une si bonne nouvelle !

En un clin d’œil, je fus debout.

-Tu n’as pas intérêt à raconter quoi que ce soit à ces journaleux sinon je te jure Kady que…

-Que quoi ? Si tu veux que je me taise, tu as intérêt à être plus gentil avec moi ! Ok ? 

Je pris une profonde respiration pour essayer de me calmer.

-Ecoute Kady, je sais que nous ne nous sommes pas quittés en de bons termes. Mais au nom de notre relation qui a duré des années, je te demande de n’en parler à personne. S’il te plaît, si la Kady de qui j’étais tombé amoureux existe toujours au fond de toi, ne dis rien.

Elle me fixa un long moment avant de hausser finalement les épaules en disant :

-Bof, faîtes ce que vous voulez, je m’en fous royalement ! De toute façon, maintenant je sors avec un mec à ma hauteur donc si les relations incestueuses c’est votre truc, libre à vous !

Elle se détourna et s’en alla sans jeter un regard en arrière.

-Tu crois qu’elle tiendra promesse ? Demanda Yélé inquiète.

-Je l’espère Chérie, je l’espère ! Avec elle, je ne sais jamais à quoi m’attendre ! Allez viens, on rentre !

Les jours suivants furent stressants. Nous passâmes toutes nos journées à craindre un appel de Zeinah nous annonçant que la rumeur de notre idylle était à la une des journaux à scandale et à suivre les chaînes people pour guetter une éventuelle fuite. Mais rien ! Cela semblait incroyable à penser mais apparemment, Kady n’avait rien dit. Au bout de deux semaines, nous pûmes recommencer à respirer.

Ce soir là, je venais de rentrer du boulot et j’étais dans la cuisine avec Yélen qui nous concoctait une salade composée. Je tendais la main pour prendre une tranche de tomate quand elle me donna une tape avec une cuillère en bois.

-Pas touche Chippeur ! Tu attends que je termine d’abord !

-Tu es cruelle avec moi tu sais ? Juste une petite tranche !

-J’ai dit non ! Et si tu m’énerve, tu n’auras droit qu’à une toute petite portion de nourriture alors gare à toi ! 

-Un vrai dictateur en jupon !

Elle me tira la langue. Quelques minutes plus tard, nous étions à table, savourant enfin la salade.

-Alors ? Ta journée ?

-Oh rien de bien intéressant ! Je suis restée devant la télé en somnolant presque toute la journée. Tu sais que Marisa soupçonne quelque chose ?

-Quoi ? De notre relation ?

-Non, ma grossesse. Elle m’a dit aujourd’hui, que dans « mon état », c’était normal que je dorme autant. C’est normal en même temps. Avec quatre enfants, c’est sûre qu’elle doit avoir le flair pour ça non ?

-Oui sans doute ! Mais elle est une vraie tombe alors tu n’as rien à craindre.

-Oui je sais Chéri ! Elle est vraiment digne de confiance et je l’apprécie aussi pour ça.

-Au fait, j’ai eu l’assistante du docteur Khan aujourd’hui. Elle m’a dit que j’avais une échographie prévue pour le mardi prochain. Tu pourras être là ?

-Rien ne m’empêchera d’être présent Sun !

Je pris sa main par-dessus la table pour y poser un baiser.

A ce moment là, mon téléphone sonna. Je vis que c’était un appel d’Abidjan.

-C’est Maman !

-Mets le haut parleur pendant que je débarrasse.

Je m’exécutai puis posai le téléphone sur la table.

-Allô Maman Chérie…

Un frisson d’effroi me parcourut l’échine quand j’entendis :

-Qu’est-ce que c’est que cette histoire de relation intime entre ta sœur et toi ? Hurla-t-elle.

YELE, Lumière de ma...