Chapitre 17
Ecrit par Max Axel Bounda
Jessica resta bouche bée quand je lui annonçai que celle que j’avais rencontré la veille était en fait le fantôme de Rhianne. Que l’homme sur la vidéo était le chef du département dans lequel elle était inscrite. Mais pire encore, j’étais allé le rencontrer ce matin pour lui parler de la lettre. Elle me regarda sans rien dire, avant de s’enflammer comme une poudre à canon. et de me rappeler qu’elle m’avait formellement interdit de le faire.
— Si le chef de département est sur cette vidéo, d’après toi, que va-t-il se passer maintenant qu’il sait que tu as des vidéos le montrant en train de sauter une de ses étudiantes ?
Sa question avait tout son sens, je me l’étais posée ce matin en quittant le rectorat. Je comprenais maintenant pourquoi il insistait tant pour que je lui apporte le sac. Il n’aurait pas hésité à le détruire.
— Il faut peut-être que l’on appelle la police, dis-je inquiet.
— Non, on n’a que dalle. Il suffira que l’on dise que les étudiantes étaient consentantes pour que l’affaire passe sous silence. Et dans ce genre de cas, c’est toujours les filles paient le prix fort. Ces pauvres filles seront traitées de putes dans tout le Gabon. En plus, elles risquent la prison pour prostitution.
Jessica était en colère d’une façon si effrayante que je me fis tout petit. Elle avait raison, j’avais merdé, j’en étais conscient.
Nous restâmes un moment sans rien nous dire.
— Je suis désolé mon amour. J’aurais dû t’écouter.
— Ce n’est pas grave. Je t’aime comme ça, avec ta tête dure-là ! J’ai discuté avec mon boss ce matin. On peut faire tomber tout le réseau, mais pour cela, on doit retrouver chacune des étudiantes sur la vidéo.
— Pourquoi ? Je ne pense pas qu’elles apprécieraient que leur histoire soit dévoilée.
— C’est ça ou rien. On doit essayer de les convaincre de témoigner lors du procès. Nous avons des vidéos, mais qui ne montrent pas toutes que des gens les ont forcés. Avec un bon avocat, ces pervers s’en sortiront sans problème. Par contre, si on arrive à démontrer qu’il y avait harcèlement, là nous pouvons gagner.
— Je ne crois pas qu’elles le feront.
— On doit quand même essayer. Pour ce genre d’affaires sensibles, on peut faire un procès à huis clos.
— Je n’ai pas confiance en la justice…
— Pourtant tu as eu confiance en ton pote, chef de département, pourri jusqu’aux os ! Me renvoya-t-elle en plein visage. Tu sais quoi ? Je ne les laisserai pas tomber. Il faut que cela cesse, bon sang ! C’est quoi ce bordel ?
Je regardais Jessica sans savoir quoi lui répondre. Faire tomber un tel réseau ne serait pas chose aisée. Mais mon extraordinaire petite-amie semblait avoir l’énergie et la détermination pour entamer une telle croisade. Je n’étais pas sûr que nous y arrivions. Mais bon, il fallait quand même essayer et l’affaire n’était pas gagnée. Même avec toutes les preuves du monde, les gens s’arrangeraient encore à crier au complot. Comme tous ses détourneurs de biens publics qui lorsqu’ils sont écroués pour des faits avérés, finissent par crier au procès politique.
Même contrarié, je souris à Jess, et j’étais fier de l’avoir comme petite amie. Je regardais la montre, il était déjà vingt-trois heures. Jessica m’intima l’ordre de passer la nuit avec elle.
Le lendemain matin, Jeudi, vers sept heures, mon téléphone sonna sur la table. C’est cet appel qui nous réveilla tous les deux. Je ne reconnaissais pas le numéro à l’écran. Qui cela pouvait-il être ?
« C’est Thierry ? »
— Oui, c’est bien moi.
« C’est Capello. Tu es à la Fac en ce moment ? »
— Euh… Non, pourquoi ?
« Il faut venir vite. Ta chambre a été cambriolée… »
— Quoi ? Comment ça cambriolée ?
« Mani, viens voir toi-même si quelque chose manque, non. J’ai trouvé la porte de ta chambre grandement ouverte ce matin ».
Je me levai alors d’un bon. Poussant Jess qui avait la tête posée sur ma poitrine. Elle m’interrogea du regard.
— Que se passe-t-il ? Finit-elle par demander inquiète.
— Je dois aller au campus. Ma chambre a été cambriolée.
— Ouais, c’est ça, cambriolée par qui ?
— Je ne sais pas. Que veux-tu que je te réponde ?
— Ça commence bien. Je suis sûr que c’est ton pote qui les a envoyés. C’est le seul qui est au courant de tout, me crie-t-elle dessus. Tu vois pourquoi je t’ai interdit d’aller les voir. Mais tu es trop…
Je ne l’écoutais plus, je me dirigeais vers la salle de bain.
« Fais-moi de la place. Je viens avec toi. Tu risques encore de faire une connerie. »