Chapitre 18
Ecrit par Max Axel Bounda
Chapitre 18
Nous
avions quitté le domicile de Jessica, en toute hâte, sans nous dire un mot de
plus. Vingt minutes plus tard nous étions au campus.
Arrivés
au pavillon, Capello nous répéta qu’il avait trouvé ma chambre ouverte et en désordre.
Il prit peur et décida de m’appeler. J’entrai dans ma chambre et la découvrit
dans un état inquiétant. Elle avait été précipitamment fouillée par quelqu’un.
Et cela ne m’étonnait pas.
Le visage de Jess montrait des
traits d’inquiétudes. Comment ne pas l’être ?
Les deux seules chambres du pavillon à avoir été visitées par ces soi-disant cambrioleurs étaient celle de Rhianne et la
mienne.
Drôle
de coïncidences hein.
Cela
m’apprendra à toujours vouloir bien faire.
À
toujours essayer de suivre les codes.
Voyant ma chambre dans cet état, je
repensais une bonne fois à aller voir la police. Je réfléchis à ce que mon
erreur de ce matin aurait pu causer de pire si les personnes qui avaient fait ça,
m’avaient trouvé là. Il fallait que je règle cette histoire avant que les
choses ne s’aggravent.
Un rapide coup d’œil m’avait permis de constater
que tous les objets de valeurs y étaient toujours. Je
fouillai immédiatement ma cachette à billets, l’endroit où je laissais une
partie de mes économies. Rien n’avait été touché. On aurait dit que les
cambrioleurs avaient fait attention à ne rien casser. Ils étaient entrés dans
ma chambre, l’avaient fouillée, mais n’avaient emporté ni argent, ni bijoux et
aucun objet de valeur. Mon écran plat était toujours là, le frigo et la
gazinière, rien n’avait bougé !
Plus étrange encore, mes affaires étaient sens dessus dessous, mais aucune
d’elles n’avait été brisée.
Ce qui me conforta dans l’idée que
ces derniers savaient exactement ce
qu’ils voulaient : Le sac bleu.
Je retournai à la porte de ma
chambre pour remercier Capello de m’avoir prévenu. Mais je remarquai un fait
étrange. La serrure de ma chambre n’avait pas été forcée. Et j’étais sûr de
l’avoir fermée à triples tours. Cela voulait dire que la personne qui l’avait
fouillée avait un double des clefs. Ou savait fichtrement bien ouvrir une porte
sans laisser de traces.
— C’est bon Capello. Ils n’ont
rien pris d’important.
— D’accord, mais n’oublie pas
d’aller faire une déclaration de vol à la police. Ce campus n’est plus sûr.
Hier une fille meurt, aujourd’hui on vient fouiller sa chambre et la tienne. Ce
n’est pas bon signe ça.
— Ouais,
mon frère. Merci encore. Il me fit un salut de la tête en tournant le dos.
Je fermai la porte derrière moi, à
la fois inquiet et perdue au milieu. J’avais le mauvais pressentiment que ce
qui s’était passé ce jour-là n’était que le début d’une très longue série de
mauvais épisodes.
— Qu’est-ce qu’ils ont emporté
chéri ?
— Mon ordinateur et… le
téléphone de Rhianne, finis je par réaliser. Laissant échapper un rire de
colère. Très drôle quoi, ils n’ont pas pris la télévision, ni le frigo encore
moins les bijoux et l’argent. Juste ces deux choses-là.
— Ne fais pas l’idiot ! Tu sais très bien ce qu’ils voulaient. C’est le sac. Comme tu
peux être b… Jessica retint ses mots, car on risquait tous les deux de
regretter ce qu’elle s’apprêtait à dire. Et je la comprenais parfaitement. Je
ne l’avais pas écouté, j’étais allé au rectorat dans son dos. Tu n’es plus en
sécurité ici, ajouta-t-elle. Que ce serait-il passé s’ils t’avaient trouvé là ?
— Il ne se serait rien passé. Ne
t’inquiète pas. C’est quelqu’un du campus qui a fait ça. La personne avait les
clefs. La porte n’a pas été forcée. Elle me regarda, choquée par ce que je
venais de lui dire. Elle s’assit sur mon lit, et je m’adossai
contre le mur à côté de la porte d’entrée. Chérie, je dois aller parler à
monsieur Mav. pour qu’il nous laisse tranquilles.
— Imbécile ! lança-t-elle aussitôt. Tu crois que c’est un jeu ? Je tiens à toi moi. Donc arrête tes conneries. Tout ceci ne
serait jamais arrivé si tu m’avais écouté ! Putain,
Thierry, tu es un mec intelligent. Et c’est ça même ton plus gros problème. Tu
crois que tout le monde est de bonne foi comme toi ? Tu crois que ce type va te laisser tranquille en sachant que tu
es au courant de toutes leurs combines ? Qu’il te dira OK c’est bon. On oublie tout. Pas de soucis mon
grand. Oh ! Reviens sur terre, bon sang !
— Je…
— Fais attention à ce que tu
vas dire, tu m’entends ?
— Chérie, il faut éviter
d’avoir encore plus de problèmes. On est en plein milieu d’une histoire qui ne
nous regarde pas. Ils n’ont qu’à continuer leurs choses, de toute façon on
n’est pas les premiers à essayer. Si les autres ont échoué…
— Thieeeerrrrry !!!! cria-t-elle. On est déjà dans la merde, chéri. Que dirais-tu
si c’était moi qui m’étais retrouvée dans la situation de ces pauvres filles ?
Ou si c’était ta petite sœur ?
Elle me jeta un regard si noir que j’en pris immédiatement peur. D’ailleurs
elle arrive, vu que l’État ne construit pas de nouvelles universités, depuis au
moins dix ans, ta petite sœur a quatre-vingt-dix pour cent de chance de se
retrouver dans cet enfer. Et toi, tu ne veux rien faire pour que cela change ! Ce chef de département se fera le plaisir de la sauter à son
tour ! Dis-moi si ça te fait plaisir.
— Je…
— Thierry, on ne peut pas abandonner
et laisser ces salauds s’en tirer. Si tu comptes le faire, ce sera sans moi,
chéri.
Assise sur le lit, Jessica se boucha
les oreilles. La voir ainsi me fit une boule dans le cœur. On ne s’était pas
disputé depuis très longtemps. Je l’observais sans rien dire. On avait
peut-être la seule et unique chance qui existait, de faire tomber ces monstres.
De mettre fin à une pratique qui n’honorait pas notre système éducatif et moi,
je voulais me défiler.
Jessica regardait le
sol. Elle était dans un de ces états que je craignais le plus.
Je m’assis près d’elle. Je la pris dans mes bras.
— Mon amour, calme-toi s’il te plait! Je
ne veux pas qu’il t’arrive du mal, lui murmurai je au creux de l’oreille. Chaque
fois qu’elle était en colère je me faisais tout petit, même quand j’avais
raison. Cela avait toujours marché. Elle se laissait faire.
— J’ai déjà vu maitre Okoumba. Le
cabinet va nous appuyer. On ouvrira une procédure judiciaire à l’encontre de
tous les hommes sur la vidéo. On peut les coffrer pour harcèlement sexuel et
moral. La peine encourue va de trois à six et une amende de vingt-quatre à cinq
cent mille.
— C’est faible tu ne trouves
pas ?
— C’est mieux que rien. Mais déjà, il nous faut convaincre une ou deux filles de témoigner, pour
espérer que d’autres se dévoilent.
Là,
elle me regarda droit dans les yeux.
« On s’est promis qu’ensemble
rien ne doit nous dépasser. J’ai besoin de toi, Thierry et Rhianne aussi.
Pourquoi crois-tu qu’elle t’a remis son sac avec toutes les preuves ? Ce n’est pas une coïncidence. Elle ne se serait pas donné la
peine de revenir d’entre les morts si elle n’était pas sûre que nous puissions l’aider. Elle nous a choisis pour l’aider et nous devons le
faire. Elle me sourit, comme si elle avait terminé un récital et me lança, tu
as de beaux yeux, tu sais ?
C’est une des choses qui m’ont fait craquer, il y a cinq ans. Disons un peu
moins que ton intelligence, et le fait que tu sois diffèrent des autres mecs, ajouta-t-elle.
Tu sais, ce serait énorme si l’on arrive à faire enfermer un seul d’entre eux,
juste un. Toutes les étudiantes auront enfin le courage de leur faire face.
Elle se tut un instant et reprit. On a perdu le téléphone, peut-être
contenait-il d’autres preuves, mais ce n’est pas grave. Il y a encore la clef
USB et le carnet de compte. Et ces deux-là sont en lieu sûr, crois-moi ! Maintenant, rangeons ta chambre. Prends quelques affaires et rentre
à la maison. Je t’y rejoins après le boulot. »