Chapitre 17

Ecrit par Djelay

Elle rit. C’est vrai qu’elle se sent toute molle. Elle lui est reconnaissante de se préoccuper de son bienêtre. Cependant, elle aimerait bien qu’il reste dormir avec elle. Juste ça, sans que ça n’aille plus loin. Mais il a raison, leurs corps ne pourraient pas résister. Il l’embrasse tendrement. Elle se love contre lui, passant les bras autour de son cou. Le baiser se prolonge dangereusement et s’il n’y met pas fin tout de suite, ils risquent de se retrouver à poils tous les deux. Et Dieu sait ce qui se passerait ensuite. C’est avec un immense effort qu’il relâche la bouche de Ciara. 

-         Non ! Proteste-t-elle les lèvres gonflées.

-          Je dois m’en aller ma douce. Dit-il le souffle près de son visage.

-         Tu me manques déjà. Finit-elle par dire après silence.

-         C’est réciproque.

Il lui donne un dernier baiser puis s’en va. Elle regarde pendant  longtemps la porte par laquelle il est sorti. Son départ a laissé un vide immense dans la pièce et dans son cœur. Cet homme si craquant envahit progressivement son cœur. Et ça lui fait peur. Elle est effrayée à l’idée de tomber amoureuse de lui. Ne l’est-elle pas déjà ? Non Ciara. C’est quoi l’amour d’abord ? Sûrement pas ce qu’elle a ressenti pour Franck. Elle ne l’aurait pas oublié si vite sinon. C’est vrai qu’elle a souffert de sa trahison mais elle est très vite passée à autre chose. Pourtant de ce qu’elle a pu entendre ou lire dans ces romans à l’eau de rose, l’amour est un sentiment que l’on reconnait à la seconde où on le ressent. Avec Steph ça été ‘’boum’’. Le voir, juste en photo lui a fait de l’effet et pas n’importe lequel. Elle ne saurait le décrire mais une chose est sûre c’était spécial. Un déclic dans sa tête lui rappelle soudain la clé USB. Elle se dépêche de monter dans sa chambre. Sur son lit, assise en moine, elle allume son ordinateur puis connecte la clé. Des tas de dossiers s’affichent sur son écran. Elle les ouvre un à un. Ne sait-on jamais, elle trouvera peut-être quelque chose. Après plusieurs minutes passées à fouiller dans chaque dossier Ciara est à bout de souffle. Elle les a presque tous ouvert mais n’a rien trouvé qui soit en rapport avec Ben. Elle s’apprête à abandonner lorsqu’un un fichier ‘’frangin’’ attire son attention. Sans même l’avoir ouvert elle est certaine que c’est le bon. Et elle a raison. Il s’agit du rapport médical de Ben Bamba. Son cœur se met à cogner contre sa poitrine pendant qu’elle prend connaissance du contenu. Elle se doutait bien  qu’ils avaient un lien de parenté. Son cousin bon sang ! Elle est ahurie mais en même temps ressent de la peine pour le pauvre Ben. Sa vie n’a pas été facile. Fabrice est bien plus démoniaque qu’elle ne l’a crue. Comment a-t-il pu  profiter de son cousin mentalement instable ? Selon le rapport médical, il n’est pas complètement guéri. Elle comprend à présent son attitude de solitaire. Plus d’une fois, Il lui a semblé ailleurs et sur le qui-vive comme si quelqu’un était à ses trousses. Ça ne devait pas tourner rond dans sa tête. C’est triste. Elle est persuadée que Ben a été manipulé par son cousin mais comment le prouver ? Ce rapport constitue-t-il une preuve suffisante pour accuser Fabrice ? Elle devra en parler à Steph dès demain. Quoique ne serait-il pas préférable de le mettre au courant tout de suite ? Elle n’y réfléchit pas beaucoup. Se saisissant de son téléphone, elle lance le numéro de Steph. Pas de réponse. Elle réessaie, toujours pas de réponse. Elle est sur le point de relancer son numéro lorsqu’elle voit son prénom s’afficher sur son écran.

-         Bon sang, t’étais passé où ? S’exclame-t-elle.

-         Qu’est-ce qui te prends Ciara ?

Il n’a pas l’air content.

-         Comment ça, qu’est-ce qui me prends ? réplique-t-elle.

-         Je n’apprécie pas le ton sur lequel tu t’adresses à moi.

-         Tu es avec une autre ? Je dérange ?

-         T’es devenue folle ou quoi ? S’écrie-t-il.

-         D’abord tu refuses de rester avec moi ensuite tu es pressé de rentrer chez toi, enfin tu ne réponds pas au téléphone. C’est plus qu’évid…

-         Arrête Ciara ! Gronde-t-il.

-         Tu te comportes exactement comme ma femme putain ! Ajoute-t-il sur le même ton.

Il ne s’est rendu compte de ses paroles que trop tard. Elle garde le silence.

-         Ta femme bien sûr. J’avais oublié que tu en as une. Excuse-moi.

Il distingue de la tristesse dans sa voix. Mais elle l’a poussé à bout. Il était sous la douche putain. Elle ne cherche pas à savoir et elle en tire des conclusions absurdes. La dernière chose dont il a besoin maintenant c’est d’une deuxième Annabelle.

-         Ecoute Ciara, je…

-         Te sent pas obligé de t’excuser ou de donner des explications. C’est moi qui ai cru bêtement que j’avais le droit de réclamer quoi que ce soit.

-         Non ma douce ne le prend pas…

-         Laisse tomber. Je t’appelais juste pour te dire de vérifier tes mails. Bonne nuit.

-         Ciara…

Elle a raccroché. Steph laisse tomber le téléphone sur le lit et se tient le visage. Pourquoi les femmes sont-elles aussi compliquées ? Impossible de les comprendre. Si seulement il y avait un manuel qui décrive le mode de fonctionnement de la femme…

-         Pfff ! Fait-il exaspéré.

Ciara est imprévisible et il craint qu’elle ne veuille plus de lui. Déjà que leur relation ne tient qu’à un bout de fil, il a fallu que ce malentendu vienne mettre son grain de sable. J’espère que tu te comporteras en adulte Ciara. Je ne passerai pas toute ma vie à te courir après. Pense-t-il.

Fabrice arrive tôt au travail. Il se dirige à la hâte vers son bureau. Sa secrétaire n’est pas encore arrivée ce qui veut dire que son bureau n’a pas encore été rangé. Hier, il a mis son appartement sens dessus dessous à la recherche de sa clé USB. Il ne se rappelle pas l’endroit où il a bien pu la laisser. Espérant qu’elle soit dans son bureau il s’est rendu très tôt à son travail. Il ne faut surtout pas qu’elle tombe entre de mauvaises mains. Après ce qui est arrivé, il est certain que la personne qui les a dénoncés Ben et lui est à l’affût, prête à sauter sur la moindre occasion.

-         Elle est là ! Soupire-t-il de soulagement en retrouvant la clé.

Fabrice raccroche le téléphone. Il est convoqué dans le bureau du boss. Sa secrétaire vient de le lui dire à l’instant. Que se passe-t-il encore ? Se pourrait-il que Ben l’ait balancé ? Il espère que non. Il est subitement nerveux.

-         Entrez ! lance Stéphane depuis son bureau.

Fabrice rentre et referme la porte derrière lui. Steph lui fait signe de s’assoir. Il s’exécute. 

-         Je sais que tu es le complice de Ben. Lance Steph, allant droit au but.

Fabrice ouvre grand les yeux. Ben l’a bel et bien dénoncé. Il préfère garder le silence pour ne pas s’enfoncer d’avantage.

-         Ben a décidé de te protéger…

Fabrice est de nouveau surpris. La confusion s’empare de lui. C’est quoi ce bordel ? Il écoute Steph sans broncher désireux d’en apprendre plus.

-         … parce que contrairement à toi il a le sens de la famille.

Fabrice le regarde à présent d’un air assassin. Il sait pour Ben et lui. Ce qui veut dire qu’il est tombé sur la clé. Il n’y a aucune autre explication. Cependant hier, Stéphane a quitté tôt l’entreprise, quelques heures avant lui. C’est donc impossible que ce soit lui qui ait découvert la clé USB. C’est quelqu’un d’autre, il en est presque certain.

-         Je n’ai pas besoin de te dire ce qui va t’arriver. Reprend Stéphane.

-         Vous allez me virer. Réplique calmement Fabrice.

-         Bravo ! Tu es très perspicace.

L’ironie de Steph ne plait pas à Fabrice. Son visage s’est assombri et ses poings se sont serrés. Il est à deux doigts d’exploser. Très bien, c’est exactement comme ça que Steph voulait le voir.

-         Ne crois pas que tu t’en tireras aussi facilement. Je me chargerai personnellement de te foutre en prison. Ajoute Steph le regard menaçant.

-         Tu crois me faire peur ? Toi non plus, tu ne t’en tireras pas comme ça. Je vais m’assurer de te faire payer pour tout ça. Mais d’abord je m’occuperai de cette balance qui se cache derrière toi.

Enfin Fabrice décide de se montrer sous son vrai visage. Steph ne peut s’empêcher de rire, un rire narquois. Il veut ignorer les menaces de ce crétin mais son intuition lui dit de s’en méfier. Un loup blessé peut s’avérer être dangereux. Celle qui l’inquiète c’est Ciara. Il doit la protéger. Les deux hommes se fusillent du regard.

-         J’espère que tu y parviendras. Le nargue Steph. En attendant fiche le camp de mon entreprise. Ordonne-t-il en indiquant la porte.

-         Avec plaisir. Dit-Fabrice, le sourire moqueur.

Ce dernier  part en direction  de  la porte qu’il ouvre. Mais au lieu de sortir, il s’arrête puis se retourne.

-         Tu es prévenu ! Lance-t-il avant de sortir.

Fabrice entre dans son bureau la rage au ventre. Il se met à tout casser à l’intérieur. La pièce est devenue un véritable foutoir. Epuisé, il se laisse tomber dans son fauteuil, la tête rejeté en arrière. Il déteste Steph de toutes ses forces. Ce dernier ne s’imagine même pas ce qu’il lui réserve. Ce sera pire pour cette balance. Il se redresse et entreprend de ranger toutes ses affaires.

-         Merde ! Siffle-t-il quand les clés de sa voiture tombent au sol.

Il se baisse pour les ramasser. Il est sur le point de se relever lorsque ses yeux sont attirés par  un objet étincelant coincé sous le pied de la table. Il le récupère. C’est une boucle d’oreilles. Constate-t-il.

-         Comme ça tu es une femme ! Marmonne-t-il.

A qui peut-elle bien appartenir ? Il semble l’avoir vue quelque part mais il ne sait plus où. Il observe longuement l’objet, réfléchissant à l’endroit où il l’aurait aperçu. Ce n’est pas grave la mémoire lui reviendra tôt ou tard. Sur ce, il empoche le bijou et soulève le carton contenant ses objets personnels. Un dernier regard à l’endroit de ce qui était son bureau il y’a à peine 30 minutes puis claque violemment la porte. Sa secrétaire se lève aussitôt dès qu’elle aperçoit.

-         Que se passe-t-il monsieur ? Demande-t-elle, les yeux posés sur le carton.

-         Qu’est-ce que ça peut bien te foutre… Idiote.

Elle le regarde partir la bouche grande ouverte. C’est la première fois que son chef lui parle sur ce ton.

Dans l’ascenseur, Fabrice tombe sur  Cédric, un membre de l’équipe de Ciara. Ils ne se connaissent pas très bien. Fabrice sait juste qu’il fait partie du département Marketing. Il l’a très souvent aperçu en compagnie de Ciara.

-         Tu démissionnes ? Lance Cédric après avoir jeté un coup d’œil à son carton.

-         J’ai été viré.

-         Ouille ! grimace Cédric. Ça fait mal ça !

-         Tu n’as pas idée.

-         Qu’est-ce que t’as encore fait ?

Fabrice  lui lance un regard noir. Comment ça ‘’encore’’ ? Puis l’épisode avec Emma, la réceptionniste lui revient en mémoire.

-         Demande-le au grand boss. Rétorque-t-il  sèchement.

-         J’ai dû manquer pas mal de choses durant mon absence.

Fabrice ignore sa remarque. Il souhaite juste que ce maudit ascenseur arrive à destination. Ce mec commence à le mettre sur les nerfs.

-         Il me semble que plusieurs évènements se sont produits depuis notre dernière réunion. D’abord Ben qui est foutu en prison ensuite toi qui te fait virer. Reprend Cédric désireux de prolonger la conversation.

Fabrice se retourne brusquement pour lui faire face.

-         Quelle réunion ? Demande-t-il curieux.

-         Eh bien celle avec mon équipe.

-         Et où a eu lieu cette réunion ?

-         Au quatrième, dans la petite salle.

-         La salle B ?

-         Oui pourquoi ? Questionne Cédric méfiant.

-         Juste pour savoir. Mais dis-moi à quelle heure s’est terminée votre réunion ?

-         Je ne sais plus, aux alentours de 19h, 20h.

Le visage de Fabrice s’illumine de joie tout d’un coup. C’est fou comme Dieu sait faire les choses.

-         Et vous êtes rentrés tous ensembles ?

-         Euh non… Notre responsable a été la dernière à quitter la salle je crois.

-         Ciara ?

-         Oui. Pourquoi toutes ces questions ?

La porte de l’ascenseur s’ouvre au même moment, ne laissant pas le temps à Fabrice de répliquer. Il sort presque hâtivement comme s’il avait le feu aux fesses. Il marche à grands pas en direction de sa voiture. C’était Ciara. Pense-t-il en colère. Il se rappelle soudain de la boucle d’oreilles. Bien–sûr, il était certain de l’avoir vue quelque part. Elle portait ces trucs hier quand il l’a trouvée dans son bureau. Il les avait tout de suite remarquées à cause de la lumière éclatante qu’elles rejetaient. Comment n’a-t-il pas pu s’en souvenir plus tôt ? C’est clair à présent. La peur de Ciara quand elle est à proximité de lui. Cette garce est à la base de tout ce scandale. Certainement qu’elle souhaite s’attirer les bonnes grâces du patron. Quelle pute ! A savoir si elle n’a pas baisé avec lui. Et lui qui croyait qu’elle était droite comme une règle.

-         Droite, mon cul ouais ! Marmotte-t-il en grimpant dans sa décapotable.

Fin du dix-septième chapitre. Bizbi.

Juste pour un soir