Chapitre 18

Ecrit par Djelay

Stéphane en a plus que marre des sautes d’humeurs de Ciara. Elle s’emporte pour la moindre petite chose. Ça va faire une heure qu’il essaie de la joindre mais elle ne répond pas à ses appels. Qu’est-ce qui cloche avec elle ? Il a merdé et il le sait. Mais il n’a commis aucun crime bon sang. Pourquoi en fait-elle tout un drame putain. Il n’est pas du genre à courir après une femme. Il ne s’est jamais excusé auprès des femmes avec qui il a couché. Même Annabelle n’a pas eu ce privilège : celui de le voir balbutier des excuses. Ciara est la seule pour qui il a mis sa fierté de côté. Au lieu de s’estimer heureuse, elle passe son temps à le faire chier. C’est la dernière fois qu’il s’humilie ainsi. Si elle ne daigne pas répondre à ses appels, ça ne vaut plus la peine d’insister. Il la laissera tranquille comme elle le désire même si cela lui fend le cœur. Décidé, il repose son téléphone après une dernière tentative puis passe à table.

-         Pourquoi tu ne lui réponds pas ? Demande Lala en caressant les cheveux de Ciara.

Celle-ci est allongée dans le canapé, la tête posée sur les cuisses de Lala. Ça fait un moment que Steph essaie de la contacter mais elle n’a pas envie de lui parler. Il l’avait comparée à sa femme. Il avait haussé le ton et ça l’a blessée. Il l’a trouvée exaspérante juste parce qu’elle s’est un petit peu plainte. La situation à l’entreprise, l’histoire avec les cousins Bamba, toute cette merde lui prend la tête. Elle a pété un câble, oui, elle le reconnait. Mais cela  n’autorisait  pas Steph à lui parler de la sorte.

-         Je ne souhaite pas lui parler maintenant. Murmure-t-elle.

-         Tu n’exagèrerais pas un peu Ciara ? Selon ce que tu m’as raconté c’est normal qu’il ait réagi de la sorte, non ?

-         Tu es de son côté ou du mien. S’exclame Ciara en essayant de se relever. Mais Lala maintient fermement sa tête sur ses cuisses.

-         Reste là. Dit cette dernière  d’un ton ferme avant de se remettre à caresser ses cheveux.

-         Il ne s’agit pas d’être dans un camp, je suis impartiale ma belle. Et même si tu es mon amie, ma meilleure amie de surcroit, je dois te dire que tu as tort sur ce coup. Déclare-t-elle.

Ciara ne dit rien. Lala a toujours été franche avec elle. Encore une chose qu’elle apprécie chez cette grosse. C’est vrai qu’elle a dramatisé la situation mais sur le moment, elle a été vraiment blessée. Cependant, après avoir entendu Lala, elle réalise qu’elle s’est comportée comme une véritable gamine.

-         Tu me conseilles quoi à présent ? Demande-t-elle à son amie.

-         Rappelle-le.

-         Maintenant ?

-         Non, la semaine prochaine… évidemment que tu dois l’appeler maintenant. Répond Lala sarcastique.

-         Et si j’attendais demain pour le faire ?

-         Fais-le tout de suite. Réplique Lala en lui tendant le téléphone.

Ciara le prend et lance le numéro de Steph. Aucune réponse. Elle effectue plusieurs tentatives mais toujours pas de réponse. Serait-il en colère ? Elle ne lui en voudrait pas si c’est le cas. Il a bien raison de l’être. N’importe qui aurait été exaspéré par son comportement…puéril.

-         Il ne décroche pas. Dit-elle d’une voix triste.

-         Tu vois que tu aurais dû lui répondre. Mais ne prend pas cet air triste. Tu l’appelleras demain pour t’excuser d’accord ?

-         D’accord. Répond-elle.

-         Dis-moi tu l’inviteras au mariage samedi ?

-         Qui ?

-         Mais Stéphane voyons, qui d’autre sinon. Rétorque Lala.

-         Je veux bien, s’il n’est plus fâché contre moi.

-         Dans ce cas dépêche-toi de te faire pardonner, samedi c’est dans cinq jours.

Le lendemain, au travail, Ciara demande à Sara de l’annoncer au patron. Elle s’est directement dirigée vers le bureau de Stéphane dès son arrivée. Son regard étudie l’assistante pendant que cette dernière est en conversation au téléphone. Son ensemble tailleur sobre est d’une mocheté. Sara est beaucoup mieux dans ses vêtements confectionnés avec des  tissus Africains. Ils la mettent plus en valeur.

-         Désolée mademoiselle mais M. N’Goran est  occupé, il ne peut pas vous recevoir. Annonce Sara après avoir raccroché.

-         Ah ! Fait Ciara, la mine déçue.

-         Revenez après la pause de midi. Je pense qu’il sera disponible.

-         Merci Sara.  

Le sourire adressé à l’assistante est aussi faux que les cils de cette dernière. Voilà, ce qu’elle redoutait a fini par arriver. Steph ne veut plus rien avoir avec elle. Il en a eu marre d’elle et de ses réactions. Cette idée la peine. Elle se rend dans son bureau le cœur effondré. La première chose qu’elle fait c’est d’appeler Lala.

-         Je l’ai perdu. Larmoie-t-elle.

-         Qu’est-ce qu’il y a ? Demande Lala inquiète.

-         Il refuse de me parler Lala, il ne veut plus de moi.

Des larmes silencieuses coulent à présent le long de ses joues. Elle n’a pas pensé que perdre Steph la ferait autant souffrir. C’est comme si on vient de lui arracher le cœur.  

-         Non ma belle. Il est juste en colère. Ça va lui passer, tu verras.

-         Tu crois ? Fait-elle en essuyant ses larmes,  une lueur d’espoir dans la voix.

-         J’en suis certaine. Je dois te laisser ma belle. On se voit ce soir chez toi. Bisou.

-         Bisou. Merci la grosse. Dit-elle avant de raccrocher.

Ciara a fini par se faire à l’idée que Steph ne l’aime plus. Détrompe toi  Il ne t’a jamais aimé. Lui souffle sa conscience. Celle-ci a bien raison. Steph ne ressentait que du désir pour elle. Rien d’autres. Comment peut-elle prononcer des paroles aussi insensées : dire que Steph ne l’aime plus. Il n’a fait aucun signe de vie durant toute la semaine. Elle ne l’a aperçu nulle part, même pas durant une fraction de seconde. Il s’est arrangé pour l’éviter. Le mardi, elle lui a téléphoné dans la soirée. Il devait être 22 h mais encore une fois, il n’a pas daigné répondre. Depuis elle s’est résolue au fait que leur histoire est bel et bien terminée. Elle n’insistera plus. Une relation quelle qu’elle soit, ne se force pas. Aujourd’hui, c’est vendredi. Elle vient de terminer son service mais elle n’a pas la force de rentrer chez elle. Son frère se marie demain. Elle se doit d’être présente à cet évènement, parce que non seulement c’est son frangin mais  aussi parce qu’elle est l’une des demoiselles d’honneur. Même si son morale est au plus bas, elle fera l’effort d’y aller. Heureusement qu’elle aura Lala à ses côtés. Celle-ci se chargera de lui faire passer un bon moment avec sa joie de vivre.

-         Tu vas te décider à descendre, oui ? Hurle Ciara depuis le bas des escaliers.

Ça fait une trentaine de minutes qu’elle attend Lala. Elles vont finir par arriver en retard. Pense-t-elle.

-         Oui oui, j’arrive. Rétorque Lala en courant dans le couloir.

Elle descend rapidement les marches, les mains tenant le bas de la robe.

-         Désolée. Je ne retrouvais pas mes gants. Se justifie-t-elle.

-         C’est bon. Allons-y.

La salle de cérémonie est immense et parfaitement décorée. Des fleurs et des rubans de couleur rouge et blanc sont placés le long de l’allée qui mène devant l’hôtel. Ciara qui avance en harmonie avec la musique tourne la tête sur le côté  pour faire un clin d’œil à Lala. Celle-ci évolue au même rythme qu’elle. La mariée est juste derrière elles, le voile recouvrant son visage, la traine aussi longue qu’une corde de deux mètres. Elle est magnifique. Les invités qui s’étaient levés au son de la musique semblent émerveillés par le spectacle. Quand Isabelle arrive devant l’hôtel, son père qui lui tient le bras  cède la place à Michel son futur gendre. Celui-ci était captivé par sa femme alors qu’elle avançait vers lui. Le bonheur se lisait sur son visage à ce moment-là. Pense Ciara debout aux côtés de Lala à l’extrémité de l’estrade où est assis le couple. Le maire commence son éternel discours à propos des lois sur le mariage et blablabla. Tout ceci est d’un ennui. Se dit Ciara le regard dans le vide. Puis vient le moment où les mariés doivent se dire oui. La salle est en extase après le ‘’oui’’ prononcé avec vivacité par Isabelle. Les applaudissements, les cris et les sifflements remplissent la salle. Il faut dire qu’à ce moment précis elle a ressenti l’envie d’être à la place d’Isabelle avec Stéphane au près d’elle. Tu peux toujours rêver Ciara. Elle hasarde un regard sur la foule puis ses yeux marquent un arrêt sur un visage qui ne lui est plus étranger désormais.

-         Stéphane ? murmure-t-elle.

Que fait-il ici ? Serait-ce possible qu’il la suive ? Il ne la quitte pas des yeux. Elle devient nerveuse et il le remarque. Pourquoi est-il ici ? Pour s’excuser peut-être. Toutes sortes d’idées lui passent par la tête. Ne sachant plus quoi penser elle tourne son regard vers Lala. Celle-ci est trop occupée à admirer le jeune couple pour voir ce qui se passe autour d’elle. Ciara reporte son attention sur Stéphane. Il est à présent concentré sur l’échange des alliances. Il n’a pas le droit de se pointer de la sorte sans invitation. Qu’est-ce qu’il croit? La cérémonie est enfin terminée. Les invités partent se mettre devant l’entrée pour attendre  les jeunes mariés. A peine  ceux-ci parviennent à la porte qu’ils sont assaillis par les cris et  des pétales de fleurs. Les demoiselles d’honneur qui étaient sorties avant les mariés se joignent au rituel de lancer de fleurs.

-         Steph est ici. Chuchote Ciara à l’oreille de Lala.

-         Quoi ? où ? S’écrie cette dernière étonnée.

-         Là-bas.

Ciara indique de la tête l’endroit où est posté Stéphane, assistant d’un air gai à l’assaut que subissent les mariés. Elle se surprend à le contempler. Il est tellement beau dans ce smoking bleu marine.

-         Quelle classe. Siffle Lala en l’apercevant.

-         Tu crois qu’il me fait surveiller ?

-         Pourquoi ? Demande Lala en fronçant les sourcils.

-         Mais comment a-t-il su pour le mariage ?

-         Le seul moyen de le savoir c’est de lui poser directement la question. Déclare Lala.

-         A ton avis, je devrais le lui demander ?

Ciara ne semble pas certaine que ce soit une bonne idée.

-         Bien sûr que tu devrais lui demander. Vas-y. Ordonne Lala en la poussant vers l’avant.

Ciara se dirige lentement vers Steph. Il l’observe alors qu’elle avance. Elle ne peut pas ignorer la flamme dans ses yeux. Il la dévore du regard. Heureuse de constater qu’il la désire toujours autant, elle arbore un large sourire.

-         Bonjour Steph. Dit –elle d’une voix suave.

-         Bonjour Ciara. Répond-il calmement.

-          Comment vas-tu ?

-         Très bien merci.

-         Alors que fais-tu ici ? Demande-t-elle sans tourner autour du pot.

-         J’assiste à un mariage, c’est évident.

Steph a le don pour l’énerver. Il fait comme si sa présence à cette cérémonie est normale.

-         Tu me suis maintenant ?

Il ne peut s’empêcher de rire. Un de ces rires sarcastiques. Comme quoi, il se moque d’elle. En plus, il en a le culot.

-         Qu’est-ce que tu me veux à la fin Steph ? Tu t’éloignes de moi et maintenant je constate que tu me suis. C’est quoi ton problème ? Crache-t-elle.

-         Tu crois être le nombril du monde ? Lance-t-il. Le jour où tu grandiras, je pourrai de nouveau revenir auprès de toi. En attendant, ignore-moi.

Ces paroles lui font l’effet d’une douche froide. Elle est au bord des larmes mais se refuse à céder.

-         Dans ce cas explique-moi…

-         Hey beau gosse. Je t’ai cherché partout.

Ciara est interrompue par une très belle femme qui vient se  coller contre Steph. Elle la reconnait, c’est la dame de compagnie d’Isabelle. Cette dernière fait aussitôt son apparition.

-         Sophie ! s’écrie Isabelle en prenant la jeune femme dans ses bras.

-         Merci d’être venue de si loin pour assister à mon mariage. Ça me touche beaucoup. Déclare-t-elle.

Ciara les regarde à tour de rôle. D’où cette pimbêche connait-elle Stéphane ? Tu es sérieuse là Ciara ? Comment peux-tu la qualifier ainsi sans la connaître ? Encore son autre elle. Ignorant sa conscience, elle continue de se demander ce que représente cette fille pour Stéphane. Pourquoi le tient-elle par le bras ? Pourquoi se laisse-t-il faire.

-         Ah Ciara ! S’exclame Isabelle en la remarquant.

-         Laisse-moi te présenter Sophie, mon amie d’enfance, Sophie… Ciara ma belle-sœur. Ajoute Isabelle.

-         Enchantée. Répond sèchement Ciara.

Contrairement à Ciara, Sophie lui répond de manière chaleureuse.

-         Je vous présente Stéphane. Ce mec canon que vous voyez a gentiment accepté de m’accompagner. Annonce Sophie en posant ses lèvres charnues sur le coin de la bouche de Stéphane.

Ciara ouvre grand les yeux choquée. Cette salope l’a presqu’embrassé sur la bouche putain. La colère monte en elle. Comme ça il est déjà passé à autre chose. Elle le fusille du regard. Cela semble l’amuser, le connard.

-         Hummm, C’est ton copain ? Tu as gagné le gros lot ma chère. Plaisante Isabelle avant de serrer la main de Stéphane.

Ciara assiste à la scène sans broncher. Les hommes sont tous des salauds. Si elle ne s’en va pas maintenant, elle risque de craquer.

-         Ciara tu ne dis pas bonjour à Stéphane ?

-         C’est déjà fait. Lâche-t-elle. Si vous voulez bien m’excuser.

Elle se sépare du groupe et part rejoindre Lala qui n’avait pas manqué un seul fragment de tout ce qui s’est passé. 

-         Alors ? demande-t-elle au retour de Ciara.

-         C’est un enfoiré ! peste-t-elle.

-         Je suppose que c’est à cause de la bimbo super sexy qui se frotte à lui que tu es aussi en colère ! Déclare Lala avec un rictus moqueur.

-         Tu trouves cela drôle ?


Fin du dix-huitième chapitre. Bizbi.
 
Juste pour un soir