Chapitre 17 : Le concert de Noël

Ecrit par Auby88

"Avec un ami à ses côtés, aucune route ne semble trop longue. Ce sont mes amis qui m’ont fait aimer la vie. Ils me rendent meilleur à mesure que je les trouve meilleurs eux-mêmes.

Jacques Chardonne"


C'est enfin noël. La veille, l'orphelinat a été mis au propre et le lieu des festivités décoré. La nouveauté, cette année, ce sont les frères AKOWE qui apportent un plus aux réjouissances. Richmond compte jouer du saxophone avec la chorale tandis que Satine organise une vente de charité. Elle a invité son groupe d'amies et d'autres gens fortunés qu'elle connaît ; et désire exposer les créations de l'atelier de bricolage. A l'orphelinat, elle est depuis la veille.


Actuellement, elle discute avec Cica des derniers détails de l'organisation. Richmond arrive seul. Il se joint aux deux femmes. Satine aperçoit ses amies et part les accueillir.

- Tu as complètement changé ma soeur, dit-il à Cica. Je la reconnais à peine. Elle est toujours gaie, serviable, indépendante, moins collante et surtout courtoise, même avec Sandra. La dernière fois chez moi, je l'ai surprise à cuisiner. J'avoue que j'ai d'abord eu peur qu'elle mette le feu à ma maison. Mais au final, elle m'a agréablement surpris. Tu es vraiment un ange, Cica !

- Bah ! Tout le mérite lui revient. Je l'ai juste aidée à retrouver la vraie Satine qui sommeillait en elle.

- A ce rythme, il viendra un moment où elle et moi ne pourrons plus nous passer de toi.

Il plonge son regard dans le sien. Elle détourne les yeux.

- J'ai oublié de te dire que tu es rayonnante avec cette robe en pagne dashiki et cette fleur dans tes cheveux.

Elle sourit.

- Ça suffit comme ça les compliments ! Nous nous étions mis d'accord.

- Ok. Je n'insiste plus, promis. Au fait, j'ai une surprise pour toi.

- Une surprise ?

- Oui. Regarde derrière.

Elle s'exécute.

- Je n'arrive pas à croire ce que je vois !

Arsène et le vieux avancent vers eux.  Elle salue Arsène puis dans les bras du vieux, elle se précipite. Tout contre lui, elle se blottit.

- Je ne pensais pas que vous viendriez, dit-elle en s'adressant à lui. Vous m'aviez dit que vous serez à un concert.

- Et j'y suis, ma fille.

- Vous m'avez bien eue.

- Franchement le vieux, moi je vous envie ! admet Arsène.

- Et moi encore plus, ajoute Richmond. Cica n'a d'yeux que pour ce vieux au crâne dégarni.

- N'écoute pas cette bande de séducteurs nés ! Ils sont tous engagés.

- Cica, tu sais bien que plus sage que moi il n'y a pas, rétorque Arsène.

- T'es sûr ? demande Richmond.

- Arrêtez de vous enquiquiner ainsi.

- Laisse ces jaloux se disputer, Cica ! De toute façon, toi et moi c'est pour la vie.

Tous éclatent de rire. Soeur Anne s'approche du groupe.

- Bonsoir messieurs. Cica, j'ai besoin de te parler !

Elle la suit. Richmond note un changement dans le comportement de Cica. Face à Soeur Anne, elle a promptement quitté les bras du vieux et le sourire a disparu de son visage.


Les deux femmes se mettent à l'écart.

- Peux-tu me dire pourquoi tu te laisses tripoter de la sorte par ce vieux monsieur ?

Cica est offusquée par les propos de Soeur Anne.

- Ce Monsieur est un homme décent et mon ami ! s'indigne-t-elle. Nous ne faisions rien fait de mal.

- Tu ne sais rien de la vie, petite sotte !Par ailleurs, tu devrais avoir de la retenue au milieu des hommes, ne pas rire si vulgairement comme une fille facile, d'autant plus que je ne supporte pas ce Richmond qui s'amène ici comme il veut, pour te voir.

- Je te le rappelle, ce sont mes amis.

- Je tiens à ce que tu aies toujours une attitude irréprochable. Ne me fais pas avoir honte de toi.

- Tu n'as pas à t'inquiéter, ma … soeur, dit-elle les yeux au bord des larmes. Je serai ir-ré-pro-cha-ble, ajoute-t-elle en mettant l'accent sur chaque syllabe puis vers la sortie, elle se précipite.

- Cica, reviens ! Je n'en ai pas fini.

Elle n'obéit pas. Soeur Anne se laisse tomber sur une chaise et soupire profondément. Elle regrette ses mots.

Dans un coin de la cour, la jeune demoiselle s'isole pour se remettre de ses émotions. Des larmes traîtresses coulent sur son visage. Elle les nettoie et part rejoindre les musiciens. Richmond remarque ses yeux. Il se doute bien qu'elle a pleuré. Les deux autres musiciens sont occupés à installer les instruments.


- Tout va bien, Cica ?

- Oui, Richmond, répond-t-elle.

Elle regarde ailleurs.

- Petit, laisse ma fille tranquille et viens nous aider.

- Ecoute ce que dit le vieux. Je vous laisse. Je vais voir si Satine a besoin d'aide.

Son attitude est inhabituelle. Elle a souri sans en avoir envie. Il en est sûr. Quelque chose la trouble. Mais il ne veut pas la brusquer. Alors, il la laisse partir en espérant que bientôt, il en saura plus.


Le concert est un succès. Les invités sont agréablement surpris d'assister à un mini-concerto.  Grâce à la vente de charité, Satine récolte une bonne somme d'argent pour l'orphelinat. Richmond la complimente.

 - Je suis fière de toi, petite soeur.

- Merci Richmond.

Il lui dépose un bisou sur le front. Il cherche Cica mais ne la voit pas. Juste après le concert, elle a disparu. Il a l'impression qu'elle l'évite. Elle réapparaît ensuite pour dire aurevoir à Arsène et au vieux, avec retenue cette fois-ci. Elle fait de même avec lui. Il la prend à part.

- Tu es bien sûre que tout va bien ?

- Oui, Richmond. Je vais bien.

Ses mots résonnent faux.

- J'ai pourtant l'impression que tu me fuis. Je me trompe ?

- Je ne te fuis pas, c'est juste que …

Elle perd son verbe. Elle ne sait plus quoi inventer.

- Tu ne sais pas mentir, Cica. Quelque chose te tracasse. Depuis ton entrevue avec soeur Anne, tu n'es plus la même.

- Je n'ai pas envie de parler de cela maintenant. Disons juste qu'il y a eu un petit malentendu entre elle et moi. Mais, c'est réglé. Il faut que je m'éclipse. Je dois m'assurer de la propreté des lieux.

Il essaye de lui prendre la main mais elle esquive. Soeur Anne est près d'eux et les épie.









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