Chapitre 17: Seule
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 17: SEULE
UN MOIS PLUS TARD
**MYRNA NZAOU**
J'étais allongée par terre dans la salle où les chantres faisaient leurs répétitions, j'étais venue ici pour essayer de me reposer un peu de tout ce que je subissais chez moi, même si je ne pensais plus que l'église était un lieu approprié pour moi mais la salle des chantres était encore le seul endroit où je me sentais chez moi.
Un mois était passé depuis que mes parents avaient été mis en terre. Après le cimetière nous étions rentrés à la maison où il y avait une sorte de petite cérémonie "la levée de terre" , les gens devaient en quelque sorte, notamment tout ce qui étaient au cimetière, laver le corps avant de rentrer dans la maison. C'était une espèce de purification où un seau d'eau avec quelques plantes avait été placé à l'entrée de la porte centrale et chacun devait se laver les bras, les pieds, le visage et la tête pour ne pas être le prochain à mourir ou que l'esprit des défunts te colle. Après cela, on partageait un repas et des boissons qui devaient marquer la fin de la période du deuil, c'est-à -dire que toutes les personnes qui étaient venues pour pleurer devaient regagner non seulement leur lit, parce qu'elles dormaient par terre durant tout le deuil, mais aussi leurs demeures respectives. Très peu des parents de mon père ou ceux de ma mère étaient chrétiens aussi bien que lorsque j'avais voulu me soustraire à ces pratiques, notamment à celle du lavage du corps parce que mes parents ne pratiquaient pas ça, un des cousins de mon père m'avait sorti.
Lui: Regardez moi cette criminelle là, tu as encore le courage d'ouvrir ta bouche et de parler? Tu savais ce que tes parents pratiquaient et puis tu es parti tourner les films pornos ? Fionfionfion, mes parents ne pratiquaient pas ça, c'est la pipe qu'ils faisaient non? Dépêche toi de me laver ton sale corps là là-bas si tu ne veux pas que je vienne te déboiter la mâchoire avec la gifle, imbécile.
Une tante: Doucement toi aussi Alain, l'enfant vient de perdre ses parents et
Lui: (la coupant) Elle vient de perdre ses parents et qui les a tués ? N'est ce pas elle ? Vous qui cautionnez les bêtises, il faut déjà lui parler, parce que si elle essaie de m'énerver plus que je ne le suis déjà, elle sera la prochaine à suivre ses parents.
Une autre tante: Myrna il faut laver les mains tu vas rentrer dans la maison, les gens sont tendus, il faut éviter plus de problèmes.
J'avais lavé les mains en pleurant avant de rentrer dans la maison. Comme Sara et mes autres amis qui étaient venus ne l'avaient pas fait, ils n'avaient pas pu rentrer dans la maison et en voulant ressortir pour les retrouver dehors, on m'en avait empêché du coup ils étaient rentrés chez eux sans que je ne puisse les voir. J'étais assise toute seule, recroquevillée sur moi quand on m'avait appelé pour me dire que la réunion familiale devait commencer, tous ceux qui n'étaient pas de la famille, amis et connaissances ainsi que les gens de l'église avaient dû rentrer chez eux. Seuls les parents de mes parents étaient présents. Un oncle de mon père avait pris la parole et m'avait dit que je n'avais pas le droit de m'asseoir, je devais rester debout au milieu du salon entre les deux familles, je l'avais fait. Un des oncles de maman avait demandé que l'on me rase la tête et une tante avait pris la parole.
Elle : On va lui raser la tête pourquoi ? Est-ce que c'est elle la veuve?
Lui: N'est-ce pas à cause des cheveux là que les hommes la suivent? Ce n'est pas avec ça qu'elle séduit et joue avec tous ces hommes dans les vidéos ? Elle va continuer à rester avec ça ?
Les autres: Non.
Ma longue chevelure abondante que ma mère avait pris soin pendant toutes ces années afin qu'elle pousse et soit en bonne santé était devenue un objet de honte et il fallait qu'on m'en débarrasse. C'était au tesson de bouteilles, qu'un de mes oncles me les avait enlevés de la tête en me blessant excessivement et me poussant à plusieurs reprises la tête. C'était avec des larmes silencieuses que j'avais subi ce rituel avant de revenir me placer debout au milieu des gens. Les regards de dédain et de mépris que je voyais sur les visages des gens étaient tels que je préfèrerais garder les yeux fermés. On m'avait empêché de pleurer car disait-on, c'était des larmes de crocodile et personne n'y croyait. Mon prénom avait été remplacé par l'enfant de la honte, c'était ainsi que l'on parlait de moi pendant les trois heures de temps qu'avaient duré la réunion et pendant lesquelles j'étais debout. À l'issue de la réunion, le petit frère de mon père qui avait été désigné pour venir habiter dans la maison de mes parents avec sa famille avait été obligé de me garder avec lui car aucun autre ne voulait de la criminelle qui avait envoyé ses deux parents dans les tombes et comme ils ne pouvaient pas me chasser de la maison de mon père, celui qui prendrait la maison, prendrait tout ce qui s'y trouvaient dont moi. Il n'était pas d'accord avec cette idée parce qu'il disait que je pourrais entêter ces deux filles à faire comme moi mais il n'avait pas le choix, c'était ça ou rien . Au bout de trois heures de temps, j'avais pu regagner ma chambre où j'avais passé mon temps à pleurer.
Deux jours après, tonton Gautier et sa famille avait emménagé à la maison avec leur trois enfants. Une fille de 18 ans, une de 13 ans et leur petit garçon de 3 ans dont j'étais devenue la nounou. J'avais également été transformée en dame de ménage dans la maison de mon père. J'étais celle qui faisait tout à la maison. Je n'avais pas le droit de recevoir qui que ce soit et on m'avait arraché mon téléphone parce que d'après ma tante, c'était avec ça que je parlais avec les hommes qui me couchaient. Une fois même je l'avais entendu parler avec une de ses sœurs qui était passée à la maison.
T.Agnes: je te dis Cheryl ,je ne sais même pas comment les vidéos là ont faites pour disparaître sur les réseaux depuis là je cherche ça mais rien. Ça m'étonne que tu me dises que tu n'as pas vu ça. Une petite dangereuse la petite que tu vois avec ses gros yeux debout là-bas. Jusqu'à encaisser 6 bangalas en même temps.
Cheryl: C'est dans la vidéo ?
T.Agnes: Hum, c'est moi qui te parle non? Y avait un dans son vagin, un autre dans son cul, l'autre était dans sa bouche, il y avait deux autres qu'elle était en train de caresser les sexes avec chacune de ses mains et celui qui était debout en train d'attendre son tour. Ça fait combien ?
Cheryl :6.
T. Agnès : (faisant des grimaces en tordant sa bouche dans tous les sens)Voilà.
Cheryl : Une petite de rien du tout comme ça ? Même nous autres, un seul nous dépasse déjà, mais l'enfant va jusqu'à prendre six bangalas du coup, elle est vraiment forte.
T. Agnès : Ça c'est un enfant ou bien c'est un esprit ? Un enfant normal peut-il faire des choses comme ça ? Ça, c'est un esprit que ses parents sont allés chercher je ne sais de quel côté. Des fois quand Dieu ne veut pas nous donner des choses, c'est parce que lui-même il sait. Il sait que ce qui va venir là c'est le démon fait chair qui viendra te tuer voilà maintenant. Rosalie était ici là, stérile . On avait dit à Grégoire de la laisser car ce n'était pas une femme féconde. Mais tu connais les histoires des chrétiens là non, oh quand on se marie, c'est pour la vie on ne divorce pas. Prends une autre femme qui va te faire des enfants, rien. Lui que sa stérile là qui est partie lui mettre au monde un mauvais esprit qui les a tué tous les deux. Voilà. Ils sont où maintenant ? Dans la tombe, c'est l'esprit là qui est là debout. Au lieu que ce soit elle-même qui passe ,non, ce sont les pauvres gens.
Cheryl : C'est terrible. Tu n'as pas peur pour tes enfants hein? Surtout Olivier qu'elle garde là ?
T. Agnès : Orh Cheryl (tapant sur ses cuisses avant de lever sa main droite) tu me connais. Mon totem c'est l'éléphant, ce n'est pas pour rien. Elle tente ça sur mon enfant, eh ha. Je vais la déchirer avec mes mains avant de l'écraser comme on écrase la pâte d'arachide. Mon enfant ? Tu t'amuses. En venant ici j'ai parlé à son oncle, lui-même il sait. Elle-même qui est là, elle sait, je l'ai déjà averti. Est-ce que moi je mâche mes mots ? D'ailleurs, elle a interdiction de parler avec mes filles, c'est seulement avec Olivier qu'elle parle puisque c'est elle qui va le chercher à l'école et le garde. Mais elle essaie quelque chose, c'est la mort assurée. Elle est là, elle m'écoute. Si son vagin la démange elle n'a même qu'à s'enfoncer un bois ou aller je ne sais où pour le faire.
Cheryl : En tout cas.
C'était ainsi que l'on parlait de moi. J'étais partie à la chambre pour pleurer. Si je n'avais pas tué mes parents, je n'allais pas subir ça. Tout était de ma faute. Après deux semaines, j'avais eu la permission de partir à l'église après plusieurs injures de la part de ma tante. J'étais arrivée un dimanche avec la tête rasée car ma tante avait dit que je n'avais pas le droit de porter un foulard ou un chapeau. Notre église était au Beau-Sejour (quartier) , j'avais donc marché de la maison jusqu'à là-bas un dimanche pour assister au culte. Lorsque j'étais arrivée avec quelques heures de retard, les gens me dévisageaient et murmuraient des choses dans mon dos. Il y avait eu un grand brouhaha dans la salle avant que le pasteur Cédric ne rappelle tout le monde à l'ordre et ne poursuive son message. À la fin, certaines personnes étaient venues me saluer et d'autres continuaient à me dévisager à distance. La bande à Jessica se moquait même de moi.
Maman Adèle était venue me serrer dans ses bras et m'avait emmené dans la salle des chantres à l'abri des regards. Elle avait les larmes aux yeux et donc nous avions fini par pleurer ensemble. Elle avait pris de mes nouvelles et je lui avais dit que ça allait. Elle m'avait dit qu'elle priait pour moi et qu'elle savait que le Seigneur allait me relever de cette épreuve et que j'en sortirai avec un plus grand témoignage. Tout ce que je voulais moi c'était la paix, rien qu'un tout petit peu de paix. Mais je n'étais pas prête à en avoir. Les jours qui avaient suivi, j'avais été mise sous discipline qui m'interdisait de faire quoi que ce soit à l'église qui s'était transformée en fait que je ne pourrais plus jamais chanter là-bas. J'avais entendu que j'étais un esprit de sirène et ma voix était démoniaque, si jamais je reprenais le micro, j'aurais distribué un esprit de séduction dans l'église, du coup, j'avais été retiré du groupe chantre.
J'avais aussi été retirée du groupe de la jeunesse car plusieurs parents étaient contre le fait que je sois proche de leurs enfants, pour les filles, j'allais les contaminer et les influencer sur le mauvais chemin et pour les garçons, j'allais les séduire. Il y avait même des histoires qui se racontaient comme quoi j'avais déjà fait des propositions indécentes à quelques garçons à l'église et d'autres se vantaient d'avoir eu des rapports avec moi. Maman Agathe et quelques femmes de l'église avaient apparemment eu des révélations où le Seigneur leur avait révélé ma véritable identité et j'étais un agent du diable venue pour apporter l'opprobre dans l'église et séduire tous les hommes afin de les conduire dans la séduction. Que sa fille Jessica le disait depuis le début que je couchais avec les hommes mais personne ne voulait croire aux paroles du Seigneur, maintenant c'était toute l'église qui portait la honte parce que son nom avait été citée dans mes frasques sur les réseaux sociaux.
J'étais donc allongée par terre dans cette salle en train d'attendre S qui m'avait dit qu'elle me rejoindrait à l'église après les cours parce que c'était la seule qui était encore avec moi et qui ne me jugeait pas, quand j'avais écouté des voies s'élever dans la salle des ministres, ils étaient apparemment en pleine réunion et mon nom était cité.
Maman Adèle : Je ne suis pas d'accord avec cette décision. C'est comment avec cette petite au nom de Dieu. Pourquoi s'acharner autant sur elle ? Elle a déjà tout perdu, vous l'avez déjà retiré de tous les groupes, maintenant vous voulez l'excommunier ? Vous voulez qu'elle aille où ? C'est quoi qu'elle a fait de si grave que ça ? Coucher avec un garçon ? Vous êtes sûrs que si on vérifie tous nos enfants qui sont dans cette église, il n'y en a pas qui font pire qu'elle ? C'est quelle affaire ça ?
Maman Agathe : Tu ne vois pas qu'elle est en train de détruire le ministère ? Les gens ne font que sortir un à un parce qu'ils ont peur pour leur enfant. Hier même, un groupe de femmes était à la maison pour se plaindre qu'elles n'étaient plus tranquilles depuis que Myrna est revenue à l'église. On ne peut pas sacrifier tout le monde à cause d'elle. C'est le Seigneur lui-même qui a dit que si ton bras ou ton œil est une occasion de chute pour toi, il faut le couper ou l'enlever et le jeter loin de toi. Myrna est une occasion de chute pour cette église, elle doit partir.
Maman Adèle : Donc à cause d'une seule faute , on va oublier tout ce que cette petite et ses parents ont fait dans cette église ? La plupart des jeunes qui sont ici, ce n'est pas elle qui les a emmenés ? Si plusieurs ont pris plaisir aux choses du Seigneur, ce n'est pas cette petite qui les motivait?
Maman Agathe : Comme c'est elle le Saint Esprit, tu as raison.
Maman Adèle : Tu sais bien que ce n'est pas une histoire de Saint Esprit dont nous sommes en train de parler ici. L'Esprit là passait par où pour agir, ce n'était pas par elle ? Il faut éviter le désordre et la sorcellerie sur l'enfant.
Maman Agathe : C'est qui que tu traites de sorcière Adèle ?
Cette histoire était allée dans tous les sens entre ceux qui étaient pour que je sois chassée et la petite poignée de ce qui ne l'étaient pas. Finalement, ils avaient décidé de m'exclure de l'église.
Maman Adèle : (sortant en claquant la porte) C'est vraiment du vrai n'importe quoi depuis un moment dans cette église. Ne m'appelez pas hein, je ne serai pas là pour assister à toutes ces conneries.
Elle était partie en colère et certaines personnes l'avaient rejoint. D'autres étaient encore en train de parler jusqu'à ce que tout redevienne calme. J'avais écouté le pasteur Cédric, sa femme et sa sœur qui parlaient en sortant de la salle des réunions.
Maman Constance: Je pense qu' Adèle a raison, on ne peut pas chasser cette petite. Elle est née et a grandi dans cette église. C'est vrai qu'elle a fait ce qu'elle a fait mais quand
Maman Agathe : Constance le règlement intérieur de l'église est clair. Arrêtez de vouloir mettre les sentiments dans cette affaire. C'est comme ça qu'on gaspillé l'œuvre du Seigneur. Tu as vu comment Simon pierre a voulu empêcher le Seigneur d'aller sur la croix non? C'était à cause des sentiments. C'est par là que le diable veut nous gagner. Mais qu' a répondu notre Seigneur ? "Arrière de moi Satan , car tu m'es en scandale. Tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu mais elles sont sataniques". Restons concentrer. Ici ce n'est pas un endroit où on peut venir faire les choses par affinité et on va laisser à cause des sentiments. Myrna est une menace pour le bon fonctionnement de cette église et à ce titre, elle doit partir.
Maman Constance : Hum.
Papa Cédric : Je vais continuer à méditer sur cette affaire, la nuit porte conseil et demain je dirai ce qu'on fera pendant le culte.
Ils étaient partis tous les trois et moi je n'avais pas bougé. J'avais fermé les yeux pendant un moment avant de me lever et de partir de là. J'avais marché jusqu'au portail , je m'étais arrêtée devant avant de me retourner et regarder pendant un moment l'endroit où j'avais passé la plus grande partie de ma vie et dont on avait décidé de me chasser aussi parce que j'étais devenue une occasion de chute pour les autres. Une larme avait coulé le long de ma joue et je l'avais essuyé avant de me retourner et partir de cet endroit. Je venais de mettre fin avec l'église…
**SARA OBONE KUE**
J'étais en train de m'apprêter pour sortir et aller trouver Mimi qui devait sans doute m'attendre depuis un moment déjà à l'église. Depuis un mois déjà, on avait du mal à se voir non seulement, il y avait les cours qui avaient repris, son programme qui avait énormément changé et le fait qu'à l'église aussi c'était maintenant compliqué pour elle. Ses parents la gardaient comme une prisonnière dans la maison et ne voulaient voir personne là-bas. Même après l'enterrement déjà on avait commencé à l'insulter et lui dire des choses méchantes jusqu'à lui couper tous ses longs cheveux avec le tesson . Ils l'avaient même blessé à la tête et ils l'obligeaient à marcher comme ça sans pouvoir mettre même un petit foulard. Le jour où on avait voulu aller la voir avec les autres chez elle, sa tante nous avait chassé et nous avait dit de ne plus jamais remettre nos pieds là-bas car c'était certainement nous avec qu'elle faisait toutes ces choses dans les vidéos. Nous étions ses complices. Sa tante avait même ajouter que c'était certainement les garçons qui couchaient avec elle dans la vidéo. On avait essayé de se défendre mais en vain, elle nous avait chassés et nous avait dit de ne plus jamais revenir là-bas. Même son téléphone ils avaient pris ça donc on avait aucun moyen de la joindre. Je pleurais et je priais seulement pour ma copine à la maison.
À l'école, nous avions perdu tout crédit. Les moqueries n'avaient pas cessé au point où nous avions arrêté de faire ce que nous faisions comme activité, on n'avait plus la force et le courage de le faire. Nous nous voyions de temps en temps aux pauses mais plus si souvent que ça. On essayait de rester actif dans le groupe WhatsApp avec les séances de méditation et autres échanges mais à l'école, on ne faisait plus rien.
Depuis qu'on avait repris les cours, je n'avais pas encore revu le sorcier d'Ethan là, les gens disaient qu'il n'était pas encore rentré de voyage, il était apparemment allé en Allemagne avec ses parents pour les vacances de Pâques et depuis, un mois que les cours avaient repris, il n'était pas encore revenu.
Deux semaines après l'enterrement des parents de Mimi, elle était venue à l'église, tout le monde la dévisageait et y en avait même certains jeunes qui se moquaient d'elle parce qu'elle avait le covo (boule à zéro) . Moi j'avais beaucoup pleuré et l'avais serré dans mes bras. Elle avait beaucoup maigri, déjà qu'elle n'était pas grosse au départ, et était très pâle. Je n'avais même pas besoin de savoir ce qui se passait chez elle, je savais rien qu'à la façon dont sa tante et son oncle nous avaient traité, qu'elle souffrait beaucoup. Très vite les gens avaient commencé à raconter les mensonges sur elle, certains disaient qu'ils l'avaient déjà vu dans des bars et boîtes de nuit, d'autres qu'elle leur avait déjà proposé des choses sexuelles, y en avait même qui avait dit qu'ils l'avaient vu faire des incantations à l'église sur l'autel quand elle nettoyait souvent. Je savais que c'était cette sorcière de Jessica qui était derrière tout ça mais on laissait et remettait tout à Dieu.
On avait enlevé Mimi de tous les comités et elle était devenue simple membre. Quand ils avaient dit que sa voix était une voix de sirène et que c'était un moyen que le diable utilisait pour séduire et dérouter les gens, la façon dont elle avait pleuré hein, c'était comme le jour qu'on avait enterré ses parents. Elle avait tellement pleuré que sa voix ne sortait même plus. À la fin, elle avait décidé de ne plus jamais chanter de toute sa vie . Je trouvais que c'était dommage car je connaissais son amour pour le chant et tous les projets qu'elle avait avec Dieu par rapport à sa voix, j'avais essayé de lui parler, mais elle avait dit qu'elle ne le ferait plus. J'avais entendu dire par maman Adèle lors des répétitions, que certains membres du conseil devaient se réunir pour statuer sur le sort de Myrna, si elle devait rester à l'église ou si elle devait partir. J'espérais intérieurement qu'ils n'allaient pas la chasser, elle n'avait plus personne sur qui compter.
Dimanche dernier quand on était à l'église, je lui avais dit qu'après les cours, on devait se retrouver elle et moi à l'église pour parler et prier, donc je m'apprêtais pour partir quand ma mère m'avait interpellée.
Maman : Tu vas où madame ?
Moi: Je pars à l'église.
Maman : Il y a quoi là-bas ? Adèle a dit que vous n'aurez pas de répétition aujourd'hui.
Moi: Je sais.
Maman : Maintenant je peux savoir ce que tu vas y faire ?
Moi: Je pars prier.
Maman : C'est quoi qui t'empêche de le faire ici?
Moi: Je vais aller trouver Mimi pour
Maman : Tu veux que je vienne te gifler là-bas ? Je t'avais dit quoi ?
Depuis que l'affaire de Mimi avait éclaté sur les réseaux sociaux, mes parents étaient constamment sur mon dos et surveillaient tous mes faits et gestes. Comme les gens racontaient partout que Myrna était une prostituée qui tournait des films pornographiques et que moi j'étais sa meilleure amie, forcément je faisais aussi les mêmes choses. Mon père m'avait même frappé et m'avait emmené à la clinique pour vérifier si j'étais encore vierge ou si je faisais les mêmes choses. Ils ne s'étaient calmés que lorsque le médecin leur avait dit que j'étais encore vierge . Ils m'avaient alors interdit de marcher avec Mimi au risque de me faire influencer. C'était la raison pour laquelle je ne voulais pas que Mimi vienne à la maison et que je préférais qu'on se voit à l'église, seulement je ne lui avais rien dit sinon elle allait encore beaucoup pleurer . Je ne voulais pas la laisser seule, je savais qu'elle n'avait plus personne et que j'étais la seule personne qui lui restait. En plus tout ce qu'on disait sur elle était faux, elle avait certes couché avec Ethan mais c'était le seul et elle ne tournait pas non plus des films comme ça. Seulement personne ne voulait nous écouter, d'ailleurs personne ne lui avait même demandé sa version des faits.
Maman : Je n'ai t'ai pas dit que je ne veux plus te voir avec Myrna ? Que cette petite est dangereuse.
Moi: (les yeux rouges) Maman Mimi n'a rien fait, elle ne tourne pas les films pornos.
Maman : C'est ma grand-mère qui est dans la vidéo là non?
Moi: C'est lui qui a fil
Maman : ( grondant) ferme moi ta bouche et passe dans ta chambre là-bas si tu ne veux pas que je vienne te gifler. Tu réponds à qui? Je vais encore voir tes pieds là pour dire que tu pars la rencontrer si je ne te brisé pas ça tu vas voir. Tchuip. Il faut quitter devant moi.
J'étais retournée dans ma chambre avec les yeux bien rouges. Mimi devait m'attendre toute seule là-bas à l'église et allait penser que je l'avais abandonné…
**MYRNA NZAOU**
J'étais debout devant la porte des parents de S et je m'apprêtais à cogner quand j'avais été stoppée par la conversation de S et sa mère. Lorsque j'étais partie de l'église, j'avais décidé de venir ici pour ne pas qu'elle aille me manquer là-bas. J'étais arrivée au portail et leur gardien m'avait fait rentrer sans protocole comme d'habitude. J'avais marché jusqu'à devant leur porte.
Maman Odette : Tu vas où madame ?
Sara: Je pars à l'église.
Maman Odette : Il y a quoi là-bas ? Adèle a dit que vous n'aurez pas de répétition aujourd'hui.
Sara: Je sais.
Maman Odette : Maintenant je peux savoir ce que tu vas y faire ?
Sara: Je pars prier.
Maman Odette : C'est quoi qui t'empêche de le faire ici?
Sara: Je vais aller trouver Mimi pour
Maman Odette : Tu veux que je vienne te gifler là-bas ? Je t'avais dit quoi ?Je n'ai t'ai pas dit que je ne veux plus te voir avec Myrna ? Que cette petite est dangereuse.
Sara: Maman Mimi n'a rien fait, elle ne tourne pas les films pornos.
Maman Odette : C'est ma grand-mère qui est dans la vidéo là non?
Sara : C'est lui qui a fil
Maman Odette : ( grondant) ferme moi ta bouche et passe dans ta chambre là-bas si tu ne veux pas que je vienne te gifler. Tu réponds à qui? Je vais encore voir tes pieds là pour dire que tu pars la rencontrer si je ne te brise pas ça tu vas voir. Tchuip. Il faut quitter devant moi.
Mes larmes avaient repris à couler. Un grand coup de tonnerre avait grondé et les gouttes de pluie avaient commencé à tomber une à une avant qu'elles ne deviennent beaucoup plus grandes et denses. J'étais debout sans faire aucun mouvement jusqu'à ce que le gardien m'interpelle pour me dire que je devais quitter sous la pluie, je risquais d'attraper la mort. Il ne croyait pas si bien dire. Il y avait longtemps que la mort m'avait attrapé et elle venait de me donner le coup de grâce. Le petit fil sur lequel je tenais pour garder la tête hors de l'eau et m'empêcher de sombrer dans les profondeurs des eaux troubles qui tentaient de me submerger depuis plus d'un mois, venait d'être coupé.
Je m'étais retournée et je lui avais dit que je retournais chez moi. J'étais ressortie et j'avais marché sous la pluie avant de tomber sur mes genoux.
Moi: (criant) Seigneur pourquoi m'as tu abandonné ??