CHAPITRE 172: SAINS ET SAUFS

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 172 : SAINS ET SAUFS.

**ALVINE ABESSOLO**

Je suis en train de jouer avec mon fils sur les fauteuils quand Reine se pointe avec mon téléphone en main et me le tend.


Moi : C’est qui ?

Reine : Ton gars.


Je souris et lui prends le téléphone des mains pendant qu’elle tourne les talons en pestant. Celui qu’elle appelle mon gars c’est son frère et elle se plaint que je passe beaucoup plus des heures avec lui qu’elle depuis qu’il est sorti de prison. La chose a commencé le vendredi où on avait rencontré Marwane. J’étais rentré tard et j’avais l’odeur du parfum de la prostituée qui m’avait touché le visage quand on essayait d’attirer Marwane. En rentrant à la maison, elle l’avait humée et m’avait fait une de ces scènes. J’avais expliqué au moins cinq fois ce qui s’était passé et elle avait parlé avec son frère qui avait confirmé mes dires ainsi que Leslie. À la fin elle m’avait dit que c’était la dernière fois que je partais faire ce genre de choses, je n’avais pas à draguer ou me laisser toucher par n’importe qui quand bien même c’était à cause de son frère. J’avais acquiescé pour éviter la dispute et les jours d’après les appels et messages que son frère et moi se faisions étaient soumis à des interrogatoires. Et depuis, elle peste à chaque fois que je reçois un appel de son frère. Ça m’amuse parce que ce n’est pas à cause d’une femme, pour la première fois de ma vie, que l’on se plaint de moi mais à cause d’un homme qui plus est son frère qu’elle adore. Je sais que tout ça est aussi dû à la frustration sexuelle vue que depuis son accouchement, nous ne l’avons plus fait. Je vois bien à certaines de ses attitudes, ses paroles ou même son habillement qu’elle veut reprendre notre activité sexuelle mais elle ne l’a jamais dit de façon claire.

 

 « Moi : Allô ? »

« Arsène : Salut Al, j’espère que tu vas bien. »

« Moi : Oui et toi ? Quelles sont les nouvelles ? Vous avez récupéré tout le monde ? »

« Arsène : Non. J’ai fait un message dans le groupe WhatsApp, essaie de lire et tu nous reviens en messagerie. »

« Moi : D’accord. Je regarde. »

Clic !.


Je vais dans l’application WhatsApp et j’ouvre le message que Mfoula a envoyé dans le groupe de prière.


-Arsène : Bonjour à tous j’espère que vous allez bien. Alors je viens avec les nouvelles par rapport aux missions du jour. Nous avons bien récupéré les frères de Leslie avec quelques petites difficultés mais Loyd et les autres ont rencontré un problème de taille. Pour faire court, l’une amies de Marwane a parlé de lui et du fait qu’il avait retrouvé sa famille à Gérard et celui-ci a eu un soupçon sur nous du coup il a envoyé des militaires pour sécuriser les parents du côté de Bikele. Je viens d’avoir Loyd au téléphone après plusieurs échecs lié au réseau dans la zone et il m’a dit qu’ils sont bloqués avec les parents qu’ils ont récupéré car il y a des barrages sur le chemin pour tenter de mettre la main sur eux. Pour ceux qui sont donc disponibles, nous nous donnons rendez-vous à l’église afin de trouver une solution et prier pour eux. Merci.


Je me suis levé avec mon téléphone en main et mon fils pour aller déposer le téléphone devant Reine qui était en train de travailler sur son ordinateur. Elle connaît brièvement la situation et elle était au courant du fait que ce matin les autres étaient censés aller récupérer la famille. Elle lit le message et lève les yeux sur moi.


Moi : Qu’est ce que je fais ?

Reine : Que veux tu faire ?

Moi : Ce que tu voudras que je fasse Reine.

Reine : J’ai peur Alvine. 

Moi : (Silence) 

Reine : La vie de mon frère est menacée en permanence par cette histoire et nous avons déjà vu jusqu’où ils peuvent aller. J’ai peur qu’avec ton degré d’implication dans cette histoire, tu finisses par devenir une cible. (Coulant des larmes) J’en dors déjà mal les nuits à cause d’Arsène . Je ne supporterai pas qu’il t’arrive malheur Al, j’en mourrais.


Je dépose Reinal dans sa poucette et je reviens la soulever pour aller la faire asseoir sur mes jambes sur le fauteuil pour essayer de la rassurer.


Moi : (Essuyant ses larmes) Je sais que tu t’inquiètes pour nous bébé car oui nous connaissons les enjeux et c’est bien à cause de ça que moi et les autres n’avons pas pu laisser ton frère tout seul avec cette situation et avions décidé de l’aider. Tu sais la place qu’occupe ton frère dans ma vie mais au-delà de lui, tu connais ta place. Au-delà de ton frère, je le fais pour toi, pour notre famille. Je ne ferai pas quelque chose qui mettrai inconsciemment ma vie en danger, toutes les actions que je pose sont mesurées et le Seigneur est là pour guider chacun de nos pas, il nous assure la victoire voilà pourquoi nous prions.

Reine : (Posant sa tête au creux de mon cou en soupirant) D’accord . Mais stp, fait attention à toi.

Moi : Je te le promets.

Reine : Ok. Tu peux y aller.


Je la regarde et elle lève les yeux sur moi.


Reine : Va trouver les autres et priez pour avoir une direction. Je croise les doigts afin que l’issue vous soit favorable.

Moi : Amen bébé. Je reviendrai aussi vite que je pourrai. (Lui faisant un bisou sur le front) Prends soin de mes deux trésors.

Reine : D’accord et toi reviens nous en entier. Je t’aime.

Moi : Je t’aime aussi ma Reine. 


Je lui fais un bisou sur les lèvres, sur la joue et au cou avant de la serrer dans mes bras. Elle se lève et je le fais à mon tour. Je récupère mon téléphone, mon portefeuille et mes clés. J’embrasse mon fils et je m’en vais. Une fois dans le véhicule je fais un message. 

-Moi : (Répondant à la suite de ceux qui l’avaient déjà fait) Ok. Rdv à l’église.


Je démarre et je mets le cap pour l’église où j’arrive 20 minutes plus tard. Je trouve Mfoula, les deux sœurs, le couple NGUEMA, le couple Pango, le pasteur et son épouse et une des jeunes femmes qu’on avait vu à Louis la dernière fois. C’est d’ailleurs avec elle que j’avais parlé et qui avait laissé l’odeur de son parfum sur moi en me touchant. Nos regards se croisent et à en juger par la tête qu’elle fait, ça se voit qu’elle m’a reconnu.


Moi : (Aux autres) Bonjour. 

Eux : Bonjour.

Moi : Il y a du nouveau ?

Arsène : Toujours pas. 

Pasteur Lilian : Nous allons aller dans la grande salle car nous sommes au complet, les autres ne viendront pas à cause des occupations. (La fille en question) Comme nous t’avons dit, la sœur avec qui tu as parlé tout à l’heure te conduira au studio qui est non loin d’ici.

Elle : D’accord.

Pasteur Lilian : Tu peux aller dans la grande salle.


Elle s’est exécutée et nous avons fait autant. Un récapitulatif des faits nous a été à nouveau donné et nous nous sommes mis à prier par rapport à ça. Ça se voyait à la tête qu’elles faisaient que Leslie et Lauria étaient au bout de leurs vies. Elles priaient à genoux pour Lauria et couchée sur son ventre pour Leslie avec les larmes aux yeux. On pouvait les comprendre, ils s’agit de leurs frères et mari, l’inquiétude est donc à leur maximum. Au bout d’une heure et demie de prière, nous avons retenté de les joindre et le résultat était le même. Il est quasiment 17h et les dernières nouvelles datent de 13h. 


Karl : Je crois qu’on devrait essayer d’aller sur place voir ce qu’il en est. 

Kelly : Bikele est grand, on va commencer par où ?

Benjamin : Par la dernière localisation qu’ils ont envoyé et si nous ne les trouvons pas, nous aviserons. Mais on ne peut pas rester ici sans rien faire.

Arsène : Ce n’est pas faux. La journée tire à sa fin. Je vais y aller.

Maman Myrna : Je ne pense pas que ce soit une bonne idée que tu y ailles. Si barrage il y a, ton visage doit être certainement l’un des visages recherchés parmi les foules. 

Moi : J’irai.

Karl : Je viens avec toi.

Benjamin : Moi aussi. 

Arsène : Vous en êtes sûr car c’est dangereux.

Moi : On le sait, c’est pourquoi nous y allons. Nous savons tous que nous sommes les plus aguerris de tous. 


Je leur arrache un petit sourire avec ma blague même si la situation reste délicate. Ils ont prié pour nous, Mfoula nous a envoyé la localisation et nous sommes partis avec la recommandation de faire attention. Si jamais on voyait que ce n’était pas bon, il fallait faire demi tour. Nous sommes tombés dans un embouteillage au niveau du 10 et ce jusqu’au 12. Les barrages étaient encore présents et ils étaient véritablement armés comme s’il y avait un problème d’État. Nous nous sommes garés à un endroit et avons attendu que ça s’assouplisse un tout petit peu et c’est vers 18h30 que ça a commencé. À 20h, le dernier barrage a sauté.


Karl : Vous pensez qu’ils ont mis la main sur eux ?

Nous : Aucune idée.

Benjamin : Je crois que non. S’il les avait déjà eu, ils n’auraient pas gardé les barrages jusqu’à pareille heure. Dans tous les cas, allons y voir. 

Nous : Ok.


Nous sommes partis et avons pris la route qui rentre dans Bikele au niveau de la pharmacie proche de la localisation, nous nous sommes arrêtés.


Karl : Arsène disait qu’ils étaient cachés dans un chantier en construction. 

Moi : Essayons de nous renseigner sur le chantier le plus proche.


Karl et moi sommes descendus et avons demandé aux passants. Ils nous ont dit qu’il y avait un juste devant mais que des gens avaient été attrapés là-bas tout à l’heure par les militaires. On s’est regardé et avons remercié pour l’information. Le chantier en question était dans le noir alors nous avons pris des torches chez le boutiquier avant de poursuivre. Benjamin a garé le véhicule à l’entrée la chantier et nous sommes allés à pieds. Sur place nous avons vu une voiture que nous avons reconnu comme étant celle de Princy. L’une des vitres était brisée et les quatre portières ouvertes ainsi que l’arrière . 


Karl : (Inquiet) On les a attrapé ?

Nous : (Dans le même état) C’est possible. 

Moi : Pardon essayons de vérifier dans le coin. Je refuse de croire que ce soit le cas. Peut être qu’ils se sont cachés dans l’une des maisons.


Je parlais avec le cœur battant et un infime espoir. Tout ce que nous avons fait ne peut pas être réduit à rien. Nous avons cherché dans les maisons sans rien trouver et nous sommes revenus à la voiture.


Moi : (Dans ma tête) Mon Dieu pas ça. (À haute voix) Loyd ? Princy ? Marwane ?


Benjamin et Karl m’ont regardé avant eux aussi de les appeler. Nous l’avons fait trois ou quatre fois et étions même déjà découragés quand nous avons entendu des pas se rapprocher.


Voix : Alvine ?

Moi : (Me retournant et pointant ma torche vers la voix) Merci Seigneur.

Karl : Loyd, vous n’avez rien ? Où sont les autres ?

Loyd : Cachés dans l’herbe . J’ai entendu nos prénoms et je suis venu voir. 

Benjamin : Vous allez tous bien ?

Loyd : Oui. Allons chercher les autres.


Nous l’avons suivi et Princy est sorti de l’herbe en écoutant nos voix. 


Moi : Marwane et les parents sont où ?

Loyd : Dans l’herbe, on était endormi quand je me suis réveillé en sursaut et j’ai réveillé Princy qui était à côté de moi. Les autres doivent encore dormir. Ils étaient par ici. 


Il est allé dans une direction et je l’ai suivi avec la torche on s’est enfoncé dans l’herbe avant de voir trois corps étalés dans l’herbe, c’était eux.


Loyd : (Secouant Marwane) Marwane ? Marwane ? (Le retournant et le giflant au visage) Marwane ?

Marwane : (Se réveillant en sursaut) Hum ?

Loyd : Réveille toi.

Marwane : On est mort ?

Loyd : On est mort et je te dis de te réveiller ? Lève toi, il faut qu’on parte d’ici.

Moi : Donne la main.


Il m’a tendu la main et je l’ai aidé à se lever. Loyd a essayé de réveiller ses parents.


Marwane : (Se frottant les yeux) Ce n’est pas la peine. Ils ne vont pas se réveiller maintenant avec ce que je leur ai donné. Il faut les soulever.

Moi : Tu leur as donné quoi ?

Marwane : Je nous ai tous donné des somnifères et j’ai triplé leurs doses. 

Loyd : Donc tu m’as aussi drogué ?

Marwane : Bah oui.

Loyd : Tu es malade toi, pourquoi tu as fait ça ?

Marwane : Quoi ? Tu aurais voulu être conscient pour voir la mort venir ? Au moins endormi tu n’as pas mal.

Loyd : Maintenant si le sommeil nous avait pris avant qu’on n vienne se cacher ici ? Tu y as pensé ?

Marwane : (Levant les épaules) En tout cas ce qui est fait est fait. 

Loyd : Toi vraiment

Moi : Je ne pense pas que ce soit le moment approprié pour une dispute, il faut qu’on parte d’ici.


Ils se sont calmés tous les deux et nous avons soulevé les parents ensemble pour rejoindre les autres qui nous ont relayé jusqu’à la voiture de Benjamin que nous avions. Les parents sont allés dans le coffre. Les trois autres sont montés avec Benjamin et Karl m’a suivi dans celle de Princy que nous avons décidé de ramener. En dehors de la vitre avant qui est cassée, le reste est bon. Nous sommes partis doucement et avons prévenu les autres que nous les avions trouvés. Nous avons roulé finalement jusqu’à l’église au lieu du 9 où ils étaient censés rester en attendant. Lauria a couru se jeter dans les bras de son mari en pleurant pendant que Leslie serrait son frère dans le même état. Marwane se tenait dans un coin les mains en poche en observant la scène avant que Leslie ne lève sa tête pour le regarder. 


Leslie : Viens Marwane.

Marwane : Non ça va, ne t’inquiètes pas pour moi.

Leslie : Marwane ne m’énerve pas tu m’entends non ? Viens ici. 


Il s’est rapproché et elle l’a pris dans ses bras. Il s’est mis à couler des larmes. 


Leslie : Même si ce n’est que récemment que nous avons appris ton existence, tu es mon petit frère et j’étais aussi inquiète pour toi, tu comprends ?

Marwane : Oui.

Leslie : Je suis contente de savoir que vous alliez bien tous les deux.

Lauria : (Venant leur faire des câlins) Moi aussi. 


La séance câlin terminée, nous avons mis les parents dans l’une des pièces de l’église où les gens dorment et nous sommes allés prier pour dire merci à Dieu. Le pasteur a dit à Leslie qu’il fallait qu’elle soit là très tôt le matin pour établir le lien avec ses parents. Nous avons acquiescé et nous nous sommes séparés en rentrant respectivement chez nous. 


Reine : (Venant me faire un câlin) Merci mon Dieu, tu vas bien.

Moi : (Regardant la Bible ouverte sur les fauteuils, souriant) Tu étais en train de prier pour moi ?

Reine : Bah est-ce que j’avais le choix ? Je n’avais aucune nouvelle depuis que tu es partie et il est presque 22 h. J’étais inquiète.

Moi : (La serrant dans mes bras) Il faut que je mette ma vie en danger plus souvent pour que tu deviennes une grande intercesseuse

Reine : (Me mettant un coup dans le ventre) Ce n’est pas drôle Al.

Moi : (Souriant) C’est vrai. Mais bon, tu devrais le faire plus souvent parce que Dieu a écouté ta prière et t’a ramené ton petit mari à la maison.

Reine : (Se retirant de mon étreinte) Je ne vois aucune bague sur mon annulaire gauche.

Moi : (Souriant) Ça c’est un détail, d’ici quatre matins ton identité aura changé Mme Abessolo.

Reine : C’est ça. Mieux je pars chauffer la nourriture, à cause de toi, je n’ai rien avaler.

Moi : où est mon héritier ?

Reine : Il dort. Et ce n’est pas la peine de le réveiller.

Moi : (Souriant) Son père est rentré, il doit le voir. 

Reine : Je t’ai averti.

Moi : (Souriant) En tout cas. Je prends rapidement une douche et je te rejoins. J’ai marché dans l’herbe . 


Elle me regarde et je prends les escaliers en souriant. Je file à la douche et ressors quelques minutes après. J’enfile des vêtements et je passe par le berceau de mon fils. Je le regarde un moment avant de toucher sa joue, il sourit en dormant. Je souris aussi parce que je sais que même dans son rêve il a su que c’est son père qui l’a touché et il est content.


Moi : (Souriant) Fais de beaux rêves mon petit prince et que le sang de Jésus te serve de couverture. Ton papa et ta maman qui t’aiment plus que tout sont là pour s’occuper de toi. Surtout ton papa, de toutes les façons toi-même tu sais. (Lui faisant un bisou) Allez dors bien mon grand. 


Je me suis retourné et je suis tombé sur Reine qui était adossée au cadre de la porte.


Reine : Surtout son papa hein ? Tu n’as même pas honte.

Moi : J’ai menti ?

Reine : (Se retournant) Tchuip. 


Elle est partie et je l’ai suivie. Nous nous sommes attablés et je me suis mi à lui raconter les évènements du jour…

 
SECONDE CHANCE