CHAPITRE 173: PASSE DERRIÈRE.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 173 : PASSE DERRIÈRE 


**LOYD MBAZOGHO**

Nous venons d’arriver au fromager. Le couple n’a pas voulu que j’entre à la maison tout seul après ce qui s’est passé aujourd’hui . Ce fut vraiment une journée très éprouvante et j’ai cru qu’on allait y rester mais Dieu ne l’a pas permis. Nous avons appris en partant de Bikele que les hommes qui étaient avec nous dans l’herbe ont été attrapés pour quel motif exactement je l’ignore. Nous par contre nous n’avons rien vu ni rien entendu. Comment l’aurions nous fait d’abord avec ce fou qui avait fini de nous droguer ? Celui-là même il a intérêt à rester loin de moi sinon je vais finir par lui faire quelque chose. 


Arsène : (Qui avait ya Leslie dans les bras, à Lucrèce) Où sont tes frères ?

Lucrèce : Je les ai envoyé au lit tout à l’heure. 

Arsène : Et les filles ?

Lucrèce : Elles aussi dorment.

Arsène : Vraiment merci ma puce de t’être occupée de tes frères toute seule cette journée. Je ne sais pas ce qu’on devait faire si tu n’étais pas là.


Elle a souri avant de regarder sa mère.


Lucrèce : Maman ne peut pas marcher ?

Leslie : Si mais je me suis fait mal ce matin, je vais bien me reposer cette nuit et j’irai mieux demain.

Lucrèce : D’accord. Je réchauffe la nourriture ?

Leslie : Peut-être pour ton père et pour ton oncle, moi je n’ai pas faim. Je vais me doucher et me coucher.

Arsène : Je passe aussi mon tour.


Elle me regarde.


Moi : Je veux bien mais avant je prendrai d’abord une douche.

Lucrèce : Ok. 


Nous nous sommes séparés chacun dans sa direction et je suis allé dans la chambre habituelle. J’ai commencé à me déshabiller et quelqu’un a frappé à ma porte. 


Moi : (Ouvrant)Oui ?

Lucrèce : (Regardant mon torse nu avant de lever ses yeux sur mon visage) Je suis venue te donner la serviette et les draps ?

Moi : (Prenant) Merci.

Lucrèce : Tu veux que je fasse ton lit ?

Moi : Non, ça ira. Merci.

Lucrèce : Ok. Tu veux que je t’apporte une nouvelle brosse à dents ?

Moi : J’avais laissé celle que j’avais utilisé ici la dernière fois. À moins que vous l’ayez jeté si quelqu’un d’autre a utilisé la chambre.

Lucrèce : Normalement personne n’était ici après toi mais j’ignore si maman n’a pas jeté quand elle fait le ménage. Tu peux aller vérifier et tu viens me dire ?

Moi : Ok. 

Lucrèce : Regarde aussi le dentifrice et le gel de douche.


Je me suis exécuté et je suis ressorti la trouver en train de faire mon lit, je m’arrête et je la regarde.


Lucrèce : (S’arrêtant en grattant derrière son oreille) Je m’excuse si je suis venue faire ton lit malgré ton refus. C’est l’habitude.

Moi : Je vois. Dans ce cas continue puisque tu as déjà commencé.

Lucrèce : D’accord.

Moi : Et pour les choses, les produits sont là mais la brosse n’y est pas.

Lucrèce : Je vais te chercher ça dès que je vais finir. 

Moi : Ce n’est pas urgent. Même après le repas tu pourras me la donner.

Lucrèce : D’accord.


Je l’ai regardée faire le lit avant qu’elle ne se redresse pour sortir. Ce faisant, elle s’est arrêtée devant moi et m’a fait un câlin qui m’a surpris au point de ne pas bouger.


Lucrèce : (Toujours dans la même position) J’ai eu très peur pour toi aujourd’hui et j’ai prié qu’il ne t’arrive rien. Je suis contente de te revoir.

Moi : Qui t’a dit que j’étais en danger ? 

Arsène : (Depuis le salon) Ma puce ?

Lucrèce : (Se détachant) Papa ?


Elle est sortie de la chambre et est partie en me laissant perplexe. J’ai fermé la porte et je me suis totalement dévêtu avant d’aller sous la douche. De l’eau mon corps me grattait au début à cause du fait de m’être allongé dans l’herbe et mon corps était tout rouge mais au bout d’un moment, cette sensation a disparu et j’ai pu correctement me laver. Un peu plus tard je suis allé au salon et il n’y avait personne, le bruit me parvenait du côté de la cuisine, j'y suis donc allé et Lucrèce s’y trouvait en train de réchauffer les marmites.


Moi : Ton père est où ?

Lucrèce : Il est monté dormir. Il est juste venu fermer les fenêtres et les portes et vérifier que tout est normal.

Moi : Je vois. Si je comprends bien je vais donc manger tout seul, je pensais qu’il avait changé d’avis.

Lucrèce : Je serai là pour te tenir compagnie.

Moi : Tu vas aussi manger ?

Lucrèce : Non, je vais te regarder.

Moi : Ok.

Lucrèce : Je te sers au salon ou tu préfères le faire ici ?

Moi : Ici, ça évite les protocoles.

Lucrèce : Ok. 


Je me suis avancé et me suis assis. Elle a commencé à faire un dressage devant moi où les choses s’ajoutaient au fur et à mesure. Ça faisait longtemps qu’elle ne m’avait plus dressé la table, j’avoue que ça m’a manqué. Je lui ai dit de ne pas me servir en grande quantité car c’est la nuit. Dès qu’elle a fini, elle m’a souhaité un bon appétit avant de s’asseoir en face de moi et me regarder manger en silence. Ça me faisait bizarre et je n'arrivais pas à manger.


Lucrèce : Il y a un problème ?

Moi : Ça me fait bizarre que je mange et que tu ne le fasses pas.

Lucrèce : (Amusée) J’ai déjà mangé.

Moi : Je le sais bien mais il n’en demeure pas moins que c’est étrange et je n’y arrive pas.

Lucrèce : Tu veux que je te laisse ?

Moi : Je préférerai plus tôt que tu m’accompagnes même si c’est pour picorer seulement.

Lucrèce : Je ne vais pas salir une assiette pour picorer.

Moi : Viens le faire avec moi dans ce cas.

Lucrèce : Je ne veux pas te gêner.

Moi : C’est moi qui t’invite.

Lucrèce : (Après un moment) Tu le veux vraiment ?

Moi : Oui.

Lucrèce : D’accord.


Elle s’est levée et a pris une cuillère avant de venir s’asseoir à ma droite. Nous avons commencé à manger tous les deux en silence. 


Moi : (Après un moment) Qui t’a dit que ma vie était en danger ?


Elle a levé ses yeux sur moi et à mis un petit moment avant de me répondre.


Lucrèce : Je l’ai senti dans mon cœur.

Moi : (La regardant) 

Lucrèce : La journée j’étais en train de donner le biberon aux filles et puis j’ai eu peur sans raison. Mon cœur a commencé à battre vite et j’ai pensé à toi. Je t’ai écrit sur WhatsApp et j’ai même tenté de t’appeler mais ça ne passait pas. Alors j’ai appelé maman. Quand elle a décroché elle était en train de pleurer et c’est là qu’elle m’a dit que vous étiez en danger et qu’ils n’avaient pas de vos nouvelles. C’était la raison pour laquelle papa et elle ne rentraient pas depuis le matin qu’ils étaient sortis. Quand j’ai raccroché, j’ai su que ce que j’avais senti était vrai alors j’ai prié pour toi.

Moi : (Silence)

Lucrèce : Je sais que c’est bizarre et je ne sais pas pourquoi c’est arrivé mais c’est comme ça.

Moi : Je vois. 

Lucrèce : Mais comme je disais à la chambre. Je suis contente qu’il ne te soit rien arrivé de mal.

Moi : C’est gentil de t’être inquiétée pour moi et merci pour ta prière. 

Lucrèce : De rien. C’était ma première fois de prier pour quelqu’un.

Moi : Je suis donc un privilégié ?

Lucrèce : (Souriante) On dirait bien que oui.

Moi : D’accord. Apparemment ta prière a été exaucée puisque je suis devant toi.

Lucrèce : (Souriante) Et je suis contente de te revoir. (Après un moment) Tu veux bien me raconter ce qui s’est passé ?

Moi : Si tu veux.


Je me suis mis à lui raconter la scène et sans que je ne le veuille j’ai légèrement extrapolé certains faits pour montrer que c’était vraiment le péril et d’un autre côté nos actes d’héroïsme. Le regard plein d’admiration qu’elle me portait était gratifiant au point où j’ai zappé les moments de peur que j’ai éprouvés.


Lucrèce : (Les yeux brillants) Tu n’avais pas peur ?

Moi : Un tout petit peu mais je savais que je devais me battre pour me sauver et sauver ma famille alors j’ai dû mettre la peur de côté pour faire face au danger et l’affronter comme un homme. 

Lucrèce : J’envie ton courage. Je me rappelle l’année surpassée quand papa était venu à la maison avec deux gendarmes pour venir attraper maman. Elle était encore au travail et j’étais toute seule avec les jumeaux à la maison. J’avais eu peur et je m’étais mise à trembler comme une feuille.

Moi : Ton père avait voulu faire arrêter ta mère ?

Lucrèce : Oui. Mais bon ce n’était pas pour de vrai. Il m’avait expliqué que c’était juste pour lui parler doucement parce que maman était très impulsive quand elle le voyait et quelques temps avant ça elle avait déjà failli le tuer avec de l’eau chaude qu’elle lui avait versé au corps et la bouteille de regab qu’elle avait cassé sur sa tête.

Moi : (Intrigué) C’est ya Leslie qui avait fait ça ?

Lucrèce : Oui. C’était au tout début quand on ne connaissait pas encore bien papa.

Moi : (Arquant un sourcil) Comment ça ?


Au même moment nous avons été surpris par une coupure d’électricité.


Lucrèce : Non la Seeg là hein. 

Moi : Il y a des bougies ?

Lucrèce : Oui mais y a le groupe électrogène, ça va démarrer d’un moment à l’autre.


Quelques minutes après, le groupe a démarré et la lumière est revenue. Elle s’est levée pour débarrasser vu que j’avais déjà terminé de manger. Elle a nettoyé les choses et mis la nourriture au frais. Quand elle a fini nous sommes sortis tous les deux.


Lucrèce : Je vais rapidement te chercher la brosse à dents. 

Moi : D’accord.


Elle est partie et me l’a ramené.


Lucrèce : Je vais aller me coucher.

Moi : Tu ne termines plus ton histoire ?

Lucrèce : Un autre jour. Papa m’a dit que je ne devais pas me coucher tard car demain y a culte. Il est déjà minuit.

Moi : Je vois.

Lucrèce : Bonne nuit Loyd.

Moi : Bonne nuit Lucrèce. 


Je l’ai regardée prendre les marches d’escaliers et dès qu’elle a disparu au sommet, j’ai arrêté la lumière du salon et j’ai rejoint ma chambre. Je suis allé me brosser avant de me poser sur le lit. J’ai pris mon téléphone été j’ai consulté mes messages. J’en avais plusieurs et j’ai vu le message de Lucrèce dont elle parlait. Janaï m’a appelé à 3 reprises ce soir et m’a également écrit pour savoir si ma mission s’était bien passée, si j’étais déjà rentré à la maison et surtout si on devait prier ensemble avant de dormir. Je lui ai laissé un message où je m’excusais et je donnais des réponses à ses interrogations avant de lui souhaiter une bonne nuit et lui dire qu’on se verrait dans quelques heures à l’église. J’ai ensuite désactivé le wifi et j’ai posé mon téléphone pour prier.  À la fin je me suis allongé sur le lit et l’histoire de Lucrèce est revenue dans ma tête. Que voulait elle dire en disant qu’ils ne connaissaient pas encore bien son père ?Les propos d’Arsène dans la voiture à Louis disant qu’il y a un peu plus d’un an, il n’avait aucune expérience en tant que père et qu’il s’était retrouvé en un lapse de temps avec des enfants sur les bras sont également revenus dans ma tête. Cela m’a tenu éveillé un bon moment pour tenter de comprendre cette affaire mais j’ai fini par m’en dormir (…)


Ya Leslie : (Devant ma porte)Loyd pardon, tu pourras avec Lucrèce et les garçons ? Comme tu sais je dois être à l’église plus tôt pour voir le boss. 

Moi : Il n’y a pas de problème.

Ya Leslie : Merci. 


Elle est partie et je suis allée prendre ma douche. Quand je suis sorti de la chambre, Lucrèce dressait la table du petit déjeuner.


Moi : Bonjour.

Lucrèce : (Me regardant) Bonjour. Tu as bien dormi ?

Moi : Oui et toi ?

Lucrèce : Oui. Maman et papa sont déjà partis à l’église et maman a dit que c’est toi qui va nous emmener.

Moi : Je suis au courant. 

Lucrèce : D’accord . Je finis vite et je vais chercher les jumeaux.

Moi : Laisse moi t’aider.


Nous l’avons fait à deux et nous avons fini plus vite. Elle est montée chercher ses frères, nous nous sommes attablés et avons mangé tous les quatre dans une bonne ambiance. Nos regards n’arrêtaient pas de se chercher et de se croiser elle et moi jusqu’à la fin du repas. Ce sont les jumeaux qui ont débarrassé et rincé les choses pendant que leur sœur est allée finir sa préparation à l’étage. Elle est redescendue dans une robe ample verte et une perruque qu’elle avait sur sa tête, un gloss sur les lèvres et des lunettes transparente aux yeux. Elle avait l’air grande dans cette tenue et surtout elle était très belle. Elle est arrivée jusqu’à moi et je l’ai fixée avec insistance.


Lucrèce : Il y a un problème ?

Moi : Tu es belle.

Lucrèce : (Ramenant une partie de sa perruque derrière son oreille, baissant les yeux) Merci. (Après un moment) Je vais aller voir si les garçons ont fini.

Moi : D’accord , je vous attends à la voiture.


Chacun a pris sa direction et ils m’ont rejoint dehors quelques minutes plus tard. J’ai ouvert derrière pour que les enfants montent avant d’ouvrir à l’avant pour la faire monter.


Lucrèce : (Assise) Merci.

Moi : (Après être monté) On va d’abord passer par la maison pour que je me change rapidement avant d’aller à l’église.

Lucrèce : Il n’y a pas de problème. 

Moi : Mets ta ceinture stp. 


Elle l’a fait et nous sommes partis à Sbg. J’ai garé devant le portail et je suis rentré rapidement me changer puis je les ai rejoint.


Lucrèce : (Souriante) Tu permets que je prenne quelques selfies ?

Moi : De qui ?

Lucrèce : De toi, moi, de nous et des jumeaux.

Moi : Tant que ça ne nous retarde pas, ça me va.

Lucrèce : On a encore le temps.


Je me suis positionné pour qu’elle me filme. Au début j’étais un peu crispé mais après je me suis prêté au jeu.


Amour : (Riant) Tonton Loyd fait même le beau hein.


Nous avons éclaté de rire et la séance s’est poursuivie. Elle a basculé en mode selfie et nous nous sommes rapprochés pour en faire avant que les jumeaux ne nous rejoignent. C’est dans la bonne humeur que nous sommes partis de là et nous nous sommes mis en route pour l’église. En chemin, j’ai reçu un appel et c’était celui de Janaï. Comme le téléphone était déjà connecté à la voiture, j’ai décroché et tout le monde écoutait.


«Moi : Allô ? »

 « Janaï : Allô bébé, tu es déjà à l’église ? »

« Moi : Non, je suis en chemin. »

« Janaï : Stp tu peux venir me chercher à la maison, Jada m’a fait un sale coup ce matin »

 « Moi : Si je viens jusque là-bas, on risque d’être tous en retard. »

« Janaï : Stp bébé. Si je pouvais venir moi-même je l’aurai fait. »

Moi : Ok, j’arrive. »

« Janaï : (Contente) Merci mon cœur, tu es un amour. À tout à l’heure. »

 Clic !

Mon regard a croisé celui de Lucrèce avant qu’elle ne le détourne pour le porter vers l’extérieur. Son humeur a changé et elle s’est murée dans un silence. Seuls les jumeaux ont continué à animer le trajet. Quelques minutes après nous sommes arrivés devant le portail de Janaï à qui j’ai dit que j’étais garé dehors. Elle est sortie et nous a rejoint. Elle a été surprise de voir Lucrèce et les jumeaux avec moi mais n’a rien dit. 


Janaï : ( Ouvrant la portière avant) Ma puce stp, va rejoindre tes petits frères derrière.


Elle s’est exécutée et Janaï l’a remplacée. Cette dernière m’a embrassé sur la bouche avant de saluer les enfants. J’ai jeté un coup d’œil rapide à Lucrèce et cette dernière s’est frottée le nez, a ajusté ses lunettes et a regardé vers l’extérieur en croisant ses bras sur sa poitrine avant de fermer les yeux. 


Janaï : On y va ? On est déjà en retard.

Moi : (Démarrant) Oui, allons y.


SECONDE CHANCE