CHAPITRE 178: REVENIR DE LOIN.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA


CHAPITRE 178 : REVENIR DE LOIN.


**LESLIE OYAME**

Arsène : (Se détachant légèrement de moi) Tu vas bien ?

Moi : Oui, j’ai juste mal au corps et j’ai un peu la tête qui tourne.

Arsène : On va rentrer à la maison et tu vas te reposer.

Moi : Et pour mes parents ?

Arsène : Je ne sais pas quand est-ce qu’ils vont se réveiller mais je pense que tu as besoin de repos. Tu as subi une grande charge physique et mentale. Les enfants aussi ont besoin de se reposer, depuis le matin que nous sommes là. Je vais parler avec le pasteur Lilian pour voir quoi faire.

Moi : D’accord. Où sont mes frères ?

Arsène : Au salon. Ils sont en train de se remettre de leurs émotions.


À l’expression du visage que j’ai , il m’explique ce qui s’est passé avec eux et me fait comprendre qu’ils sont conscients. 


Moi : J’espère qu’il en sera de même pour mes parents.

Arsène : On croise les doigts. Bon je reviens tout à l’heure .

Moi : D’accord .


Il m’a fait un bisou sur le front avant de sortir. Je suis restée toute seule dans la salle avant que les enfants, conduits par Lucrèce ne rentrent dans la salle.


Aimé : Maman, tu es malade ?

Moi : Non 

Aimé : Mais pourquoi tu es couchée ici ?

Moi : Maman est juste fatiguée et elle a aussi mal au corps. Tu sais que depuis que j’avais fait l’accident l’année dernière, je ne me suis pas encore entièrement remise. Mais ce n’est pas grave, dès qu’on va arriver à la maison, je vais me reposer.

Eux : D’accord.

Amour : On a mangé les plats de la cafète.

Moi : Ah bon ?

Amour : Oui, c’est papa qui nous a acheté ça avec les jus. Mais avant, on est parti se cacher parce que la police est venue.


J’ai froncé les sourcils en regardant Lucrèce. C’est quelle histoire ça encore ?


Lucrèce : Je vais bien t’expliquer après.

Aimé : Papa a dit que c’est un jeu, ce n’était pas pour de vrai. C’était en attendant que ya Lucrèce revienne avec la nourriture. 

Moi : D’accord . Donc vous vous êtes bien amusés ?

Eux : Oui.

Moi : Les filles n’ont pas pleuré ?

Eux : Non, elles buvaient le biberon.

Moi : Je vois. Où sont Prince et les autres ?

Eux : Dehors avec tonton Princy.

Moi : Allez y les trouver. On arrive.

Eux : D’accord .


Ils sont sortis et j’ai regardé Lucrèce pour qu’elle m’explique.


Lucrèce : Quand on vous attendait, tonton Salif m’a appelé pour me dire qu’il cherchait à vous joindre papa et toi et que c’était urgent. Il n’a rien voulu me dire et il a directement parlé avec papa quand je l’ai prévenu. Mais je crois que c’était pour vous dire que les gendarmes étaient à la maison le matin pour vous chercher papa et toi. 

Moi : Pourquoi tu penses ça ?

Lucrèce :Tout à l’heure quand on était acheté les plats avec tonton Loyd, on a vu deux camions de gendarmerie qui ont garé non loin de la voiture. Tonton Loyd a dit qu’on devait se cacher dans la voiture. Les gendarmes cherchaient l’église. Il y a ceux qui sont venus ici et ceux qui sont restés à la route pour surveiller. On a entendu certains dire qu’ils cherchaient un couple qui avait kidnappé un autre couple. De plus tonton Loyd a appelé papa et tonton Marwane pour leur dire de se cacher.

Moi : Ils n’ont vu personne ?

Lucrèce : Non. Le pasteur Lilian a parlé avec eux et ils sont retournés.

Moi : Je vois. 

Lucrèce : Tonton Loyd a dit que je dois rester prudente quand je marche parce que nous sommes tous en danger.

Moi : (Soupirant) C’est la vérité. Mais je te promets que bientôt tout cela va finir et nos vies redeviendront normales.

Lucrèce : D’accord.

Moi : Je sais que c’est une situation difficile pour nous tous et qu’à cause de ça, tu n’as pas pu aller voir Benoît depuis que cette année a commencé. 

Lucrèce : Je sais que si ce n’était pas important pour moi, vous ne m’aurez pas empêché de sortir seule. En plus je comprends que si je pars là-bas, je peux les mettre en danger surtout que papa ne reste pas tranquille. Je ne suis pas fâchée, je l’appelle pour prendre de ses nouvelles ou je passe par Brandon et Gilles, il va bien. 

Moi : D’accord. Merci pour ta compréhension. (Souriant légèrement) Je me rends compte de plus en plus que tu n’es plus une petite fille mais une jeune femme qui prend conscience du monde qui l’entoure. C’est parfois dur pour moi de l’admettre mais je suis forcée de constater que tu es une femme maintenant. Bientôt 17 ans. Denise serait contente de voir la jeune femme que tu deviens un peu plus chaque jour et elle en serait tellement fière comme je le suis quand je te vois.

Lucrèce : (Émue) Merci maman.


Elle est venue me faire un câlin et je l’ai serrée dans mes bras.


Moi : (La tenant toujours) Mais ce n’est pas parce que j’ai dit que tu es déjà une femme que tu vas commencer à regarder les garçons hein.

Lucrèce : Non maman. Les garçons ne m’intéressent pas et je ne les regarde pas, je te le promets. 

Moi : Je te fais confiance. Le bulletin du deuxième trimestre c’est quand ?

Lucrèce : Dans deux semaines.

Moi : (Arquant mon sourcil comme pour dire que c’est quoi qui m’attend )

Lucrèce : J’ai gagné maman, ne t’inquiètes pas . Je n’ai plus refait les bêtises du premier trimestre.

Moi : Ok. 

Arsène : (Entrant dans la pièce) Ma puce tu peux aller rejoindre tes frères un moment ?

Lucrèce : oui. 

Arsène : Prends tes sœurs avec toi.


Elle s’est exécutée et est sortie.


Arsène : Le pasteur Lilian dit qu’il n’est pas prudent de rentrer chez nous aujourd’hui après ce qui s’est passé. Il y a des gendarmes qui sont passés à la maison ce matin et ils étaient également ici pour nous chercher. Il pense que dans une tentative désespérée de pouvoir mettre la main sur tes parents, ils peuvent renvoyer des gens à la maison.

Moi :Et donc on fait comment ?

Arsène : Déjà tes parents et tes frères vont rester ici pour plus de sécurité jusqu’à ce que nous puissions parler avec eux à leur réveil. En ce qui nous concerne, nous irons au 11 pour cette nuit.

Moi : Et on fait comment pour demain ? Je dois aller au boulot, les enfants à l’école et toi-même tu es censé reprendre le travail demain.

Arsène : (Soupirant) Je ne pense pas que nous bougerons demain. Toi déjà, il faut que tu te reposes. Pour les enfants et mon boulot, j’en fais mon affaire.

Moi : À ce rythme, ils finiront par me licencier et ce avec raison. 

Arsène : Cela n’arrivera pas. Mais si c’est le cas, on te trouvera autre chose à faire.

Moi : Hum. Tu as au moins prévenu tes parents ?

Arsène : Non, mais je le ferai. J’ai d’abord tenu à te le dire. Par contre je dois faire un tour rapide à la maison pour parler avec Salif et profiter à prendre des choses pour les filles. Fais moi un message pour me dire ce que je dois apporter pour que je n'oublie rien. 

Moi : Je n’ai pas mon téléphone.

Arsène : Il est au salon dans ton sac. 

Moi : Emmène moi là-bas une bonne fois.


Il m’a soulevé pour me laisser au salon avec tous les autres. J’ai vu Ludo et Léandre à qui on a dit qu’ils devaient passer la nuit ici pour veiller sur les parents et que le lendemain nous reviendrons tous pour parler avec eux de ce qui se passe. Ils ont acquiescé. Finalement, c’est Loyd qui nous a laissés au 11 les enfants et moi, Mfoula est allé à la maison. 


Mme Mfoula : (Voyant Loyd me porter) C’est comment Leslie ?

Moi : Je suis tombée maman et je me suis faite mal à la hanche. 

Mme Mfoula :Seigneur, tu as fait comment pour tomber ? À ce rythme, il sera difficile de guérir de tes blessures si à chaque fois tu reçois des chocs. Ton gars était où quand tu es tombée ? (À Loyd) Mon fils dépose là ici. (Ce qu’il fait)

Moi : Il était hors de la pièce mais ne t’inquiètes pas maman. Après un massage et un peu de repos, j’irai mieux. 

Mme Mfoula : Hum. 


Les enfants qui ont leurs affaires ici sont partis se changer et Lucrèce fut la première à revenir. Elle a pris les filles pour leur changer de couches.


Loyd : Je vais rentrer.

Moi : Tu n’attends pas le retour d’Arsène ?

Loyd : Non. Il faut que j’aille voir Janaï.

Mme Mfoula : Lucrèce fait attention, tu as mis trop de poudres.


Nous l’avons regardé.


Lucrèce : Je n’ai pas fait exprès.


Elle avait l’air un peu nerveuse mais on a zappé pour revenir sur Loyd. Je lui ai demandé de me tenir au courant de l’état de sa petite amie puis il a pris congé de nous. Mfoula est arrivé une heure plus tard et il m’a dit qu’il a dit au gardien de passer la nuit ailleurs par simple précaution. Il a fait un petit briefing à ses parents et nous avons passé le reste de la journée sans encombres jusqu’au coucher.


LE LENDEMAIN


Nous sommes en route pour l’église Mfoula et moi, les enfants sont restés chez ses parents. Le pasteur Lilian et sa femme sont déjà sur place avec mes parents qui se sont réveillés ce matin. Leur sommeil était plus profond que le mien apparemment. Lauria, Loyd et Princy sont encore au boulot mais ils nous rejoindront après. Je suis tout aussi anxieuse qu’hier à l’idée de me retrouver face à mes parents. Je ne sais toujours pas comment nous allons réagir mais je sais que quelque chose en moi a changé. Je ne ressens plus la petite amertume que j’avais tout au fond de moi quand je pensais véritablement à eux, alors je verrai ce que ça va donner. 

Nous arrivons quelques minutes plus tard à l’église et c’est sur ma chaise roulante que Mfoula a ramené la veille que je fais mon entrée dans la petite maison qu’ils occupent. Un petit silence se fait dans la salle et nous restons à nous regarder dans les yeux.


Maman : (Gorge nouée) Leslie.

Moi : (Les larmes aux yeux) Maman.


Elle s’est levée de sa chaise et est venue s’agenouiller devant moi avant de me serrer dans ses bras en pleurant. J’ai automatiquement eu le frisson et je me suis mise à pleurer à mon tour. Après 35 ans de vie, c’est la première fois que ma mère me prend dans ses bras et je ne saurai comment l’expliquer mais ça me fait quelque chose, j’ai l’impression d’être une petite fille. C’est à la fois étrange et agréable. La façon dont elle me tient fait penser à quelqu’un qui était en voyage et ne rentrait que maintenant. 


Maman : (Elle s’est légèrement détachée de moi pour bien me regarder, les larmes coulant toujours)Ô mon Dieu, tu, tu vas bien ? Pourquoi tu es assise sur cette chaise ?

Moi : J’ai eu un accident maman, mais je vais bien.

Maman : Où sont tes petits frères ? C’est toujours toi qui les garde non ?


Il y avait un petit air de tristesse et de culpabilité dans sa voix. 


Moi : Ils sont encore au travail, ils arrivent bientôt.


Pendant tout ce temps, mon père était assis sur son fauteuil l’air fatigué et le regard trouble. Maman a suivi mon regard et s’est mise à le regarder.


Maman : Ton père n’a pas parlé depuis le matin. Il est comme tu le vois là. 


Il a détourné son regard de nous et l’a orienté ailleurs. J’ai fait l’effort de me lever de ma chaise pour aller vers lui avant de m’asseoir à ses pieds. 


Moi : (Posant une de mes mains sur son genou) Papa.

Papa : (Éclatant en sanglots) Ne m’appelle pas comme ça maman, je ne mérite pas d’être appelé comme ça.

Moi : (Me mettant à genoux avant de poser ma tête sur ses cuisses en pleurant) Papa.


Il a posé sa main sur ma tête et je pouvais ressentir les tremblements. Il pleurait en disant qu’il n’est pas notre père car il n’a jamais su l’être. Loyd et Lauria sont venus nous trouver ainsi et ils ont été aussi émus de les voir. Nous avons tous les 5, Ludo et Léandre y compris finis à leurs pieds en train de pleurer. Une chose étrange que nous avons constaté est qu’ils n’avaient pas l’air de connaître qui était Princy et même les compagnes de mes deux frères. Comment et pourquoi ? Nous l’ignorions pourtant ils nous reconnaissaient nous, leurs enfants. Nous avons donc dû refaire les présentations des trois autres et de Mfoula également qui étaient présents dans la pièce. Maman a fini par nous questionner sur le fait de savoir si on avait des enfants ou non. Nous avons répondu par l’affirmative en leur disant que nous les emmènerons la prochaine fois. Après un moment, Arsène et moi sommes allés voir le pasteur Lilian qui était dans son bureau pour essayer de comprendre ce qui se passe avec eux.


Moi : Ils ont perdu la mémoire ? Avec Lauria ce n’était pas comme ça. Quand j’avais brisé la chaîne sur son cou, elle reconnaissait tout ce qu’elle avait fait même pour mes frères aussi qui nous ont reconnu sans aucun problème. Alors je ne comprends pas.

Pasteur Lilian : Quand tu avais retiré la chaîne sur le cou de Lauria, il n’y avait eu aucun changement car elle était consciente de tous les actes qu’elle posait, même quand ceux-ci n’étaient pas normaux. Son esprit était toujours présent en elle. Est-ce la même chose qui s’est passé avec tes frères ?

Moi : Pas exactement. Ils ont arrêté de s’agiter mais ils n’étaient pas conscients pour autant, c’est Hier qu’ils on repris leurs esprits.

Pasteur Lilian : Et tes parents semblent avoir perdu la mémoire. Leurs réactions n’est pas la même parce que le degré et le temps de rétention n’étaient pas les mêmes. Tes parents ont été inconscients beaucoup plus longtemps que les autres, les informations qu’ils ont actuellement sont ceux que leurs esprits ont gardé la dernière fois qu’ils ont eu un éclair de lucidité et cela remonte très certainement à votre enfance. Il leur faudra du temps pour se rappeler de tous ce qui s’est passé dans leur vie et ce d’autant plus que c’est dans leurs subconscients. Il faut savoir que lorsque nous sommes envoûtés, les débuts et cela aussi longtemps que notre conscience lutte pour comprendre, nous sommes conscients de nos actes même ceux qui sont anormaux. Nous savons que ce n’est pas normal mais nous les faisons quand même vu que nous ne contrôlons pas nos actes. Mais plus ça dur, plus nous perdons la capacité de connaître ce qui est bien ou mal et à ce niveau, quand on retrouve les esprits comme on dit, les informations viennent segmenter. C’est le cas de vos parents. Vos parents reviennent de loin et il leur faudra du temps.

Moi : D’accord.

Pasteur Lilian : Nous devons d’ailleurs les rejoindre pour leur dire ce qu’il en est. Quand nous nous sommes présentés à eux, nous ne sommes pas rentrés dans les détails. Mais avant nous allons prier ensemble pour ce dialogue.

Nous : D’accord.


Nous avons prié un moment avant de rejoindre les autres dans la maison.


Pasteur Lilian : Bonsoir à vous. (Regardant mes parents) J’espère que vous allez mieux depuis ce matin.

Maman : Oui pasteur.

Pasteur Lilian : Gloire à Dieu. Comme je vous l’ai dit, vous aviez été emmenés ici par vos enfants et que j’attendais leurs présences afin de pouvoir tous discuter ensemble sur ce qui se passe exactement …


SECONDE CHANCE