chapitre 18

Ecrit par leilaji

Chapitre 18


***Elle*** 


- Moi je veux la boulette à pâtisserie… et aussi le biberon pour bébé africa. 


Ah la fille là n’oublie jamais rien ? A force de la voir se déshabiller devant des inconnus pour donner le sein à son poupon, je me suis décidée à lui expliquer pourquoi il fallait qu’elle arrête de le faire en lui disant : que son bébé avait grandi et qu’il lui fallait maintenant du lait maternisé. Et depuis, elle me tanne avec l’histoire du biberon.


- Il faut qu’on se dépêche. Le docoeur va venir à la maison.  

- On dit docteur Annie.

- Le docoeur, répète t-elle en souriant. 


Je soupire, j’abandonne. 

Nous arrivons à peine devant Géant CKdo (supermarché) que mon téléphone sonne. Quand je vois le numéro, j’hésite à décrocher. Les seules fois que Karl m’appelle c’est pour me demander un service qui se résume souvent à une aide financière. Je ne suis pas contre le fait de l’aider quand il en a besoin, c’est juste que quand c’est à mon tour d’obtenir du soutien, il n’y a plus personne. Karl est un cousin germain avec qui j’ai grandi et que malgré tout j’aime beaucoup. Il s’occupe bien de sa famille avec un salaire honorable. C’est ce que j’apprécie chez lui, il n’y a jamais d’histoire de bar ou de maitresse avec lui. C’est un bon père de famille et un mari loyal. 


- Oui allo ? 

- La grande bonjour. 

- Bonjour Karl comment ça va ? 

- Sheila a accouché aujourd’hui…

- Comment ça ? Elle était déjà à terme ? 

- L’enfant est prématuré, dit-il d’une voix vacillante.


Je commence à sentir tout genre d’émotions m’étreindre. J’ai toujours aimé les enfants, entendre qu’un était peut-être en souffrance m’insupporte.


- Il lui faut une couveuse et je n’ai pas les moyens de supporter une telle charge.  Je n’ai mis de côté que l’argent de l’hospitalisation pour l’accouchement… Bientôt ils vont me demander l’argent de la caution pour l’utilisation de la couveuse…

- Karl… 

- Pardon la grande fait quelque chose… sans la couveuse …


Je ne suis quand même pas la seule qui travaille dans cette famille. Quand même ! Je viens à peine de finir d’aider Etienne et il faut encore que je m’engage ailleurs ? Et qui va nourrir mes enfants quand je prends tout le monde en charge comme ça ?


- Et les autres ? Tu les as informés. 

- Personne n’a rien fait. Elle s’il te plait, viens au moins la voir. 


Je pose mon front contre le volant. 


- Je ne pourrai peut-être pas faire autant que tu l’espères… 

- Fais ce que tu peux, je vais m’endetter pour le reste…


C’est cette phrase qui m’a décidé à lui venir en aide. Les gens aiment qu’on leur vienne en aide sans fournir eux-mêmes au préalable le moindre effort. Si Karl pense lui-même à s’endetter pour sortir sa famille du bourbier dans lequel ils sont, ça vaut la peine que je l’aide aussi. 


- Bon, je peux passer maintenant, où êtes-vous ? 

- A la clinique Adan. Le docteur Adan lui-même est là… C’est lui qui suit notre bébé. 


Merde ! Je ne suis pas très sure qu’il sera ravi de me voir moins de 24 heures après notre dispute mais là je n’ai pas tellement le choix. Je redémarre la voiture, le cœur battant. C’est peut-être le destin qui me force à agir dès à présent.


- J’arrive.  


*

*


Je gare devant la clinique vingt minutes plus tard et entre pour le retrouver lui et sa famille en pleine effervescence dans la salle d’attente. Sur le coup j’ai même oublié que je voulais profiter de ma présence pour parler avec Adrien. 


- Karl ça va ? 

- Je ne sais pas ce qui se passe… 


J’inspire pour me calmer et organiser mes idées et cherche une infirmière des yeux. Je reconnais immédiatement celle à qui Adrien est très attachée parce qu’il parle souvent d’elle quand il me raconte ses journées. Je l’apostrophe alors qu’elle discute avec une autre infirmière et semble préoccupée. Elle se rapproche de moi. 


- Bonjour Fernande. 

- Bonjour Elle, ça va ? 

- Le monsieur là bas c’est mon frère, sa femme vient d’accoucher d’un préma et …

- Oui je sais. La situation s’est dégradée très rapidement. 

- Comment ça ? 


Elle me tire vers le côté. 


- La patiente a fait une hémorragie. L’'obstétricien  a dû traiter ce syndrome hémorragique par une embolisation avant que ne survienne un choc hémorragique ou un trouble sévère de la coagulation…

- Je ne comprends rien Fernande. Est-ce que c’est grave ? 

- On essaie de gérer. 


Elle s’apprête à me parler du bébé lorsque sa collègue nous interrompt. 


- Fernande le docteur Moutsinga t’appelle. 

- Je dois te laisser…

- D’accord. 


J’entends quelqu’un « littéralement gueuler » dans une arrière salle. Je devine de suite que c’est Adrien, je me demande ce qui se passe. Les infirmières se mettent à aller dans tous les sens un bref moment puis tout redevient calme. 


Je me rapproche de Karl qui discute avec son ainé qui n’est pas son fils biologique mais celui de sa femme qu’il a élevé comme le sien. 


- Ca va aller, je vais me rapprocher pour savoir ce qu’il faut payer et je reviens… 

- Ok. 


Je le sens en panique. Il est pale et me regarde à peine. Toute son attention est fixée sur la porte battante qui cache le couloir qui mène en salle d’opération. Je comprends facilement qu’il soit dans un tel état : et sa femme, et son enfant sont en danger… Mais je me dis que ça va aller et qu’il n’y a pas encore lieu de s’inquiéter. Ils sont entre de bonnes mains. 


Une heure plus tard, Adrien et la gynécologue sont entrés dans la salle d’attente, le visage fatigué. Ils n’ont pas besoin de parler pour qu’on pressente que les nouvelles ne sont pas bonnes. Karl dont les épaules sont déjà secouées par les larmes qu’il ne peut retenir tourne la tête de côté et ne les regarde pas. C’est junior, l’ainé qui s’est levé tandis que son petit frère s’est rapproché de son père. 


- Je suis vraiment désolée, on a fait tout ce qu’on a pu mais nous n’avons pas pu la sauver… ni garder l’enfant en vie. Je suis vraiment désolée. 


C’est la première fois que cette femme ne m’est pas antipathique. 

C’est la première fois qu’Adrien et moi sommes en présence l’un de l’autre et évitons de nous regarder. 


- Vous êtes désolés pour quoi ? Où est ma mère ? demande junior. Je veux lui parler, ce matin on s’est disputé et je veux lui dire que finalement je suis heureux pour le bébé, lui expliquer que je ne pensais pas tout ce que je lui ai dit. Laissez-moi lui parler et elle va se réveiller…

- Junior. Je commence aussitôt interrompu par les sanglots plus audibles de Karl. 


Elle le laisse avec deux enfants à élever seul… des enfants qui ne sont pas de lui. Ce bébé était leur premier enfant à tous les deux et ils l’attendaient avec tellement d’impatience. 


- Je vais la réveiller, laissez moi lui parler, continue Junior en s’avançant vers Moutsinga. 

- Papa arrête de pleurer, dit le plus jeune. Maman va se fâcher contre toi oh. Elle dit que les hommes ne pleurent pas. Moi je ne pleure pas, je suis un homme… je veux aussi aller lui dire que je ne pleure pas. Papa ont peu y aller non ? 


Adrien n’a pas dit un seul mot depuis le début. Ses traits sont figés et son corps entier est crispé, il semble ailleurs. Même si c’est dans des circonstances graves, je suis tellement heureuse de le voir. Lui n’a même pas manifesté l’étonnement de me voir à coté de ses clients. Je désormais suis invisible à ses yeux ? 

Junior s’approche encore plus de Moutsinga et au final il est intercepté par Adrien qui comprend qu’il faut le calmer, que devant le drame, il refuse d’accepter la situation.  Il le tient fermement par les épaules et parle de sa voix rassurante : 


- Ecoute. Ta mère s’en est allée. On a fait tout ce qui était humainement possible Mais elle est quand même partie. Le bébé aussi malheureusement. Nous l’avons posé quelques instants sur son cœur pour que tous les deux se retrouvent ensemble au ciel, tu comprends. 

- Je ne veux pas ! A-t-il hurlé en rejetant ses épaules en arrière pour échapper à l’emprise d’Adrien. 

- Ton père a besoin de toi et ton petit frère aussi. Eux sont toujours là. 

- Ce n’est pas mon père. Répond-il d’une voix tremblante

- Junior ! 

- Tout ça c’est de ma faute … je lui ai dit des méchancetés à cause de bébé et maintenant elle n’est plus là pour que je puisse lui dire que je regrette. 

- Non. Ce n’est pas de ta faute. On ne pouvait pas prévoir ce qui est arrivé. Regarde-moi !


Junior lève la tête vers Adrien. 


- Regarde ton père. Lui intime ce dernier avec beaucoup de douceur. 


Le jeune homme a retourné la tête pour voir Karl complètement effondré dans les bras du second fils :


- Il va avoir besoin de toi tu comprends. C’est maintenant qu’il faut être un homme, tu comprends. Je sais ce que tu ressens. Crois moi je le sais. Mais c’est maintenant que tu dois protéger ta famille, car vous êtes toujours une famille, même si ta mère et le bébé ne sont plus là. Tu comprends ? 


Le jeune garçon renifle bruyamment et essuie ses larmes. 


- Tu comprends ? insiste Adrien. 

- … Oui. 


Karl étant complètement HS, je commence à appeler les proches pour leur annoncer la mauvaise nouvelle. Et comme d’habitude, les gens s’organisent maintenant qu’il y a mort d’homme. Ce sont les mêmes qui n’avaient rien a débourser aujourd’hui encore quand Karl cherchait de quoi payer la couveuse. Mais je sais que maintenant que le deuil frappe, l’argent va couler à flot. Les cotisations se feront toutes seules pour les enterrer. Pour les sauver, il n’y avait personne.  


***Adrien***


La journée a été longue. Je déteste quand un bébé meurt entre mes mains. Je ne le supporte pas. Je ne le supporterai jamais. Je déteste quad quelqu’un meurt entre mes mains. 


Les cas de néonatologie sont souvent les plus difficiles à gérer. Tenir dans une seule de mes grandes mains ces bébés de quelques milliers de grammes, c’est miraculeux. Mais parfois le miracle ne dure que quelques instants de grâce. Parfois je me dis que ce même enfant serait né ailleurs, il aurait survécu car il aurait bénéficié de meilleures prises en charges. Ce n’est pas que nous soyons incompétents non, mais parfois les moyens sont plus faibles que les vœux. 


Je déteste perdre un patient. 


Aujourd’hui, j’ai parlé à ce gamin en pensant à ce que j’aurai voulu qu’on me dise après l’accident de Claire. Il n’y a rien de pire que la culpabilité à son âge. Moi au moins c’était réellement de ma faute mais lui… 

Pour la première fois, je me suis demandé ce que ça aurait changé à ma vie si j’étais resté au lieu de fuir… 


On cogne à ma porte et je me passe rapidement la main sur le visage pour y effacer toute trace de fatigue au cas où il faut faire face à une nouvelle urgence. 

C’est Elle accompagnée de la petite Annie. Je ne savais pas qu’elle était encore là. C’est à peine si on s’est dit bonjour en se voyant. 


La voir me fait un truc. 

La voir me fait toujours un truc … depuis le premier jour. 

Je n’en peux plus de ressentir ça pour elle. Je ne sais pas ce que c’est mais je n’en peux plus…

C’est ma dernière chance de me débarrasser de ce que je ressens pour elle. 


Cette addiction…


SI TOUT CE QU’IL Y A EU ENTRE NOUS CES DERNIERS TEMPS EST PARTI, JE NE VEUX PLUS QUE ÇA REVIENNE. J’EN AI ASSEZ. 


- Bonsoir Adrien. 

- Bonsoir docoeur !

- Bonsoir Annie. Elle…


Annie quitte la main d’Elle pour se rapprocher de moi avec son sourire candide habituel. Son poupon n’est pas avec elle. Au moins je me serai débarrassé de la « consultation » que je lui dois. Tant pis. 


- T’es pas venu !

- Excuse moi j’étais très occupé. 

- Annie viens ici. 

- Laisse là ce n’est pas grave, je suis heureux de la voir. 

- L’antibiotique est où ? demande-t-elle de but en blanc.


Je rigole, elle n’oublie rien cette petite. Je fouille dans mes tiroirs et en sors un petit flacon de vitamines qui en fait contient du  miel traditionnel avec lequel je sucre parfois mes boissons. 


- T’es le genre de femme qui sait ce qu’elle veut ça fait plaisir à voir. Lui dis-je en lui remettant le flacon. Une cuillerée matin midi et soir ok ? 


Elle regarde le flacon longtemps, l’inspecte dans tous les sens, se demande si elle a vraiment eu des antibiotiques. Je lui souris pour la mettre en confiance, je dois avoir la tête d’un escroc car elle fronce son petit nez. 


- Merci. Finit-elle par dire en retournant vers sa mère. 


Je lève enfin la tête vers Elle. Elle a une mine de déterrée. J’en suis bien heureux. Comme ça au moins je ne suis pas le seul à en baver pour une fois. 


- Je sais que ce n’est ni le lieu ni le moment alors je vais m’en aller maintenant mais avant, j’aimerai vraiment qu’on se voit pour discuter…


Elle est coupée par Léonie qui entre sans frapper. Elle aussi a eu une dure journée. Malgré tous ses efforts, elle a perdu une patiente … 


- Oops, excusez-moi. Je vous laisse. 

- Non, elle a fini. Elle s’en allait. 


Elle me regarde sans mot dire prend Annie dans ses bras comme pour se protéger de l’affront. Je ne sais pas pourquoi j’ai comme l’impression de Léonie jubile derrière son dos. Je lui lance un regard froid. 


- Donne-moi un jour où on pourra se voir… 

- Je suis très occupé en ce moment comme je le disais plus tôt à Annie. 

- La semaine prochaine si tu veux… insiste –t-elle. 

- Je suis occupé tous les jours désormais… dis-je en me plongeant dans un dossier qui ne contenait que des photocopies de formulaires. 


Son regard vacille et mon cœur se comprime. Je ne pensais pas un jour pouvoir rembarrer Elle comme ça. Ca m’est très difficile de le faire, j’en ai même le cœur qui palpite. Comme quoi il y a un début à tout. Elle ouvre la bouche, s’apprête à dire quelque chose puis se rétracte et s’en va.  


Léonie s’assoit face à moi. Elle tient deux gobelets de café fumant en main et m’en tend un que je ne touche même pas. Je ne suis pas d’humeur aujourd’hui, vraiment pas. Hier a été difficile et aujourd’hui ça continue. 


- Que se passe-t-il ? demande Léonie en soufflant sur son café. 

- Ecoute si j’avais besoin d’une oreille compatissante, je me tournerai vers Arc pour parler. La j’ai du boulot. 


Elle semble surprise par ma réaction agressive et se lève.


- Je vais rentrer chez moi. Si tu as besoin de quoi que ce soit… je suis là Adrien. 

- Bonne nuit. 


Léonie s’en va au moment même où Archange entre. Avec lui par contre, je parle plus facilement. Je lui dis ce que je ressens, ma colère surtout est très grande. Il m’écoute patiemment. 


- En fait tu lui en veux depuis le début. 

- Pardon ? 

- Toi tu l’as aimé dès le premier regard…

- Il ne s’agit pas de ça Arc…

- Laisse-moi finir frangin. Me coupe-t-il. Amour ou pas, là n’est même pas le problème. Depuis le premier jour quelque chose te pousse vers elle, quelque chose que tu ne maitrises pas alors que pour elle tu étais invisible... du moins au départ. C’est ce que je déduis de ce que tu me racontes. 

- Ce n’est pas ça… j’objecte mollement. 

- Si c’est ça, tu lui en veux aussi de t’avoir fait commettre l’irréparable mais ce n’est pas elle qui t’a fait boire ni elle qui t’a demandé de laisser ta sœur sur cette voie ce jour là Adrien.  Tu lui en veux et c’est pour cela que quand tu l’as revu, tu voulais la b*** et la laisser tomber juste après mais tu en es incapable. Et même pour ça tu lui en veux. Je n’arrive même pas à croire que c’est un secret aussi lourd que tu lui as caché tout ce temps.je t’avais pourtant demandé de lui parler.  

- Je ne peux pas être coupable de tout Arc. Je lui ai donné sa chance et une fois de plus elle a choisi quelqu’un d’autre… 


Il se tait et prend mon café qui est désarmais froid pour le boire d’un trait.  


- Personne ne bâtit quoi que ce soit sur des mensonges alors dès le départ vous étiez condamnés. Par ailleurs Adrien, on ne peut rien donner lorsque soi même on ne se possède pas. 

- De quoi tu parles. 

- Finis-en avec ton passé qui te bouffe l’esprit avant de penser à un quelconque avenir… Même sur le plan personnel, ce n’est pas tenable sur une longue distance… 


Et il s’en va, me laissant ruminer seule ma faiblesse. 


***Elle***


Ca, je l’ai surement mérité. Je fais entrer la clef de contact pour démarrer la voiture lorsqu’on cogne à la vitre.  


Léonie… 


Seigneur Dieu est-ce que je suis obligée de lui ouvrir ? Non. Mais je le fais quand même. 


- Je te l’avais bien dit… 

- … 

- Tu passeras comme toutes les autres idiotes avant toi. Et moi je serai là pour le consoler, pauvre chou. 


Pourquoi se sent-elle obligée de venir manifester sa joie devant moi ? 


Qui lui a dit que c’était fini ? Je descends de la voiture après avoir jeté un coup d’œil à Annie qui s’est endormie. Il est temps qu’on rentre toutes les deux. La journée a été longue mais avant tout je vais lui dire le fond de ma pensée. 


- Peut-être qu’entre lui et moi il ne se passera plus rien. Mais dis toi bien que toi tu seras à jamais la fillette qu’il se plait à considérer comme une petite sœur. Jamais, je dis bien jamais il ne te donnera ce dont tu rêves depuis une éternité. Reste bien là à regarder ta vie passer … 

- Je ne sais pas ce que tu lui as fait mais quoi que ce soit il ne te pardonnera jamais… parce que sinon, depuis le temps que dure votre histoire, ça aurait déjà été fait. 

- Et toi il ne t’aimera jamais, je réplique immédiatement, sinon depuis le temps que dure votre histoire ça aurait déjà été fait. 


Elle jette son gobelet devant moi et tourne les talons pour rejoindre sa voiture. Moi je remonte dans la mienne. 


Cette conversation désagréable m’a au moins fait prendre conscience d’une chose.  J’ai besoin de comprendre. J’ai besoin de récupérer mon Adrien. Je ne peux pas le perdre encore une fois sans même m’être battue. Ce n’est pas moi ça !! J’ai appris à tirer des leçons de mes erreurs et c’est ce que je vais faire encore une fois. 


J’ai besoin d’effacer l’ardoise. 


Je vais voir Madame Evrard. Comme j’aurai dû le faire depuis longtemps. Je veux savoir pourquoi il m’en veut tellement…

Je t'ai dans la peau