Chapitre 18
Ecrit par Djelay
Lorsque je me retrouve seule, je laisse couler les larmes que je retenais. Ce n’est pas la douleur qui me fait pleurer. Non, c’est cette vie merdique que je vis au quotidien. J’en ai marre ! Je lance la casserole que je tenais contre le mur. Le bruit fracassant alerte Tom. Aussitôt, il débarque dans la cuisine à nouveau.
- Tu es malade ? Hurle-t-il près de la porte.
- Oui je suis malade. Rétorqué-je à voix haute.
Je m’empare d’une assiette en porcelaine et la lance vers Tom. Il esquive. Il semble stupéfait. Et il n’a encore rien vu. Je saisis une autre assiette et la balance tout en visant bien ma cible. Celle-ci rejoint l’autre par terre toutes deux en mille morceaux ratant Tom encore une fois. Ce dernier choqué par ma crise d’hystérie n’ose pas s’avancer. Ne voulant pas risquer d’en ressortir blessé, il sort précipitamment de la cuisine.
- J’en ai marre. Crié-je de toutes mes forces. Tu entends ? J’en ai marre de toi.
- Tu es folle ! s’écrie Tom depuis le salon. Si tu n’arrêtes pas ça tout de suite…
- Quoi ? Tu feras quoi ?
Je ne m’arrête pas de tout casser ! Verres, assiettes, tout ce qui se trouve à ma portée. Tout à coup, mon téléphone se met à sonner. Je regarde sur l’écran. Mike ? Je réponds aussitôt !
- Mike ? dis-je d’une voix à la fois tremblante et rassurée.
- Qu’est ce qui se passe chez toi ? Tom est encore en train de battre ? Demande-t-il inquiet ?
Quoi ? Comment sait-il ? Me fait-il surveiller ? C’est la seule explication. Je cours regarder par la fenêtre de la cuisine qui donne sur la ruelle. Il y a une voiture noire stationnée de l’autre côté de la route, juste en face de la maison. C’est sûrement un des hommes de Mike.
- Je… où es-tu Mike ? Tu avais promis que tu me téléphonerais. Je n’en peux plus d’être seule. Tu me manques.
Alors que je suis en train de supplier Mike de revenir, je vois Tom posté devant la porte de la cuisine. Il m’observe en silence.
- Dis-moi ce qui se passe chez toi ?
- Rien… j’ai juste craqué et…
- Tu es en train de tout casser ?
Comment a-t-il deviné ?
- Lili, les choses ne se résolvent pas de la sorte ! Me dit-il calmement. Tu pourrais te faire mal ou blessé quelqu’un.
Je repense à Kevin.
- Calme-toi. D’accord ?
Je reste silencieuse, honteuse.
- Je dois te laisser, je te rappellerai plus tard.
- Non, attends.
Hélas, il a raccroché. Il m’a appelé juste pour ça ? Il a fallu cette dispute avec Tom pour qu’il daigne faire signe de vie. Il me fuit c’est ça ? Je suis tellement préoccupée à trouver une explication au comportement de Mike que j’en ai oublié la présence de Tom.
- Quoi ? Il ne reviendra plus ? Il s’est barré ? Tu n’avais qu’à le séduire mais même ça tu n’en es pas capable. Et voilà, il t’a baisée et il a filé ! J’espère au moins qu’il a pensé à mettre une capote ! Pff. Dit-il avant de partir.
Une capote ? Putain ! Avec Mike, on n’en a jamais utilisé ! Et le pire c’est que j’en suis consciente que maintenant ! J’aurais pu tomber enceinte merde ! Je suis affolée, juste en pensant à cette idée. Mon téléphone sonne de nouveau. Je me précipite sur ce dernier. Argh ! C’est Emy, pensai-je déçue.
- Allô, Emy.
- Ma mère est d’accord pour passer le week-end chez toi ?
- Le week-end ? Je croyais que c’était juste pour ce soir ?
- Bah, j’ai demandé la permission pour le week-end. Quoi ? ça ne te fait pas plaisir ?
- Euh si, bien sûr !
- Super alors ! Je serai là dans la soirée après le dîner.
- Tu peux venir avant, on dînera ensemble. Je cuisinerai des pâtes… non, plutôt du ragoût de pomme de terre.
- Humm, je salive déjà. A tout de suite alors. Je finis mon sac et j’arrive.
- D’accord.
Emy et moi sommes en train de laver la vaisselle dans la cuisine. Elle a insisté pour m’aider bien que je lui ai dit que je m’en chargeais. Pour la première fois, Tom et moi avons mangé à la même table. Ce n’est pas arrivé depuis mes treize ans. C’est peut-être dû à la présence d’Emy. C’est lui qui m’a demandé de mettre la table pour que nous mangions tous les trois ensembles. C’est évident qu’il en pince pour Emy. Je soupçonne cette dernière d’être amoureuse de mon frère même si elle s’obstine à le nier. Ils me croient assez stupides pour ne pas avoir remarqué les regards qu’ils se lançaient durant le dîner.
- C’est bizarre que Tom n’ait pas ramené de meuf à la maison aujourd’hui. Entamé-je tout en guettant la réaction d’Emy.
J’en étais sûre. Elle a l’air contrarié. Tant pis pour elle. Je ne compte certainement pas croiser sagement les bras et la laisser se jeter dans la gueule du loup. Tom est un sale connard qui enchaîne les coups d’un soir.
Comme si Mike était différent
Quand j’y pense, Je n’ai aucune idée du genre de vie que mène Mike. En ce qui concerne les femmes, Fait-il partie de ceux qui ne se contentent pas d’une seule ? Comme Tom ? Mike est beau garçon, c’est un fait. En plus, il a un corps fort et musclé comme aiment les femmes. Serait-ce possible qu’il se serve de ses atouts pour se faire des coups ? Je n’en doute pas une seconde. Alors, ça voudrait dire que je suis exposée à des maladies ? Au dernières nouvelles Mike et moi n’avons jamais utilisé de préservatifs et Dieu sait combien je le regrette présentement.
- Hey Lili, cesse de rêvasser et allons-nous coucher.
Se coucher ? A cette heure ? Il n’est que vingt et une heure.
- N’est-il pas encore tôt pour se mettre au lit ? Demandai-je en m’essuyant les mains dans le torchon.
-
Moi je suis épuisée. J’ai besoin de me reposer. Insite t-elle.
Nous sortons de la cuisine une fois les assiettes propres et rangées. Ça m’étonne qu’Emy veuille aller dormir. D’habitude elle dort très tard. Mais bon, comme elle l’a dit, ce doit être dû à la fatigue. Nous souhaitons bonne nuit à Tom assis devant la télé avant de rentrer dans ma chambre.
- Dis, as-tu des nouvelles de Mike ? Me demande Emy en enfilant sa nuisette.
Je l’observe un peu intriguée. C’est avec moi qu’elle dormira alors c’est quoi cette chose qui laisse entrevoir tout son corps. C’est comme si elle n’avait rien sur la peau. En plus elle n’a pas mis de petite culotte.
- Heu… Emy, je ne suis pas ton mec tu es au courant ?
Elle comprend ce que j’insinue et se sent aussitôt embarrassée.
- Lâche-moi Lili, je porte ça pour dormir d’habitude.
- T’en ai sûre ? Sans petite culotte avec une nuisette presqu’invisible ?
- Eh bah oui comme tu peux le constater.
- Très bien. Si tu le dis.
Elle fuit mon regard feignant de chercher je ne sais quoi. Je décide de ne pas insister et vais m’allonger dans le lit après avoir mis mon pyjama. Emy me rejoint ensuite. Nous discutons un moment de Ricky puis de Mike avant de se souhaiter bonne nuit. Il est deux heures du matin lorsque je suis réveillée par une envie pressante de faire pipi. Quelques minutes plus tard je ressors des toilettes, les paupières encore lourdes. Je referme doucement la porte pour éviter de réveiller Emy. En me retournant afin de rejoindre mon lit, je remarque tout de suite l’absence d’Emy malgré la pénombre. Une idée me traverse l’esprit et je me rends sans perdre de temps à la chambre de Tom. A peine suis-je dans le couloir que j’entends des gémissements en provenance bien entendu de la chambre de Tom. Tout s’explique ! Le faux prétexte pour aller se coucher, la nuisette aguicheuse. Tout ça dans le but de s’offrir une partie de jambe en l’air avec Tom. Malgré mes mises en garde, mon amie n’en a fait qu’à sa tête. Je retourne tranquillement dans ma chambre. Le lendemain, A mon réveil, je retrouve Emy profondément endormie près de moi. Normal, sa nuit a été torride. Pensé-je dégoutée en sortant du lit. Après avoir pris une douche et enfilé une jolie robe bleue, la seule que j’ai d’ailleurs, je réveille Emy.
- Hummm…Laisse-moi dormir ! Dit-elle d’une voix ensommeillée.
- Il est neuf heures ! Réveille-toi.
- Non, encore un peu s’il te plait.
- Très bien ! J’irai faire du shopping sans toi alors !
- Quoi ? S’écrie-t-elle en se levant brusquement. Tu as bien dit shopping ?
Je ne l’écoute pas et fais mine de m’en aller. Emy bondit aussitôt du lit et vient se placer devant la porte pour me barrer la route.
- Tu as dit shopping ? répète t-elle.
- Oui, mais comme tu dois encore dormir…
- Je file à la douche. Juste cinq minutes et je suis prête.
Sur ce, elle se précipite vers la salle de bain toute excitée. Je ne peux m’empêcher de sourire.
- Je t’attends au salon, dépêche-toi ! Dis-je d’une voix forte pour qu’elle puisse entendre.
- Ok. Répond-elle.
Tom est confortablement étendu dans le canapé, le téléphone collé à l’oreille. Ma bonne humeur disparait aussitôt que je le vois. Je sais qu’il fera souffrir Emy et c’est ça qui me met en rogne. C’est aussi sa faute à elle car toutes mes mises en garde contre Tom sont entrées par une oreille et sorties immédiatement par l’autre.
- Bonjour. Le salué-je sèchement.
Il me salue d’un signe de tête sans toutefois interrompre sa conversation. Et dire qu’hier il baisait Emy. Sans aucun scrupule, il est au téléphone avec une de ses copines. Pauvre Emy ! J’ai de la peine pour elle quand je pense à son chagrin futur. Je vais dans la cuisine, chercher de quoi manger. Rien dans le réfrigérateur. Nous n’avons plus d’œufs également. J’aurais pu me faire une omelette. Je voudrais bien faire les courses, mais Tom saura alors que j’ai de l’argent et il voudra que je lui en donne. Et qu’est-ce que ça peut me foutre d’abord ? Je n’ai qu’à lui dire non. Il ne pourra pas m’obliger. Il sait très bien que je ne cède jamais par la force. Etant donné qu’il ne s’y prend que de cette façon, il ne pourra donc rien obtenir de moi. Une idée me vient tout de suite en tête. Je vais le narguer en prenant mon pied. Je retourne au salon.
- Emy, tu n’as toujours pas fini. Je partirai sans toi je te préviens. M’écrié-je.
Je lance des regards furtifs à Tom et je le vois qui me détaille de la tête aux pieds.
- Où est-ce que vous allez ? Me demande-t-il après avoir raccroché son téléphone.
- Faire des courses. Répondis-je de façon détachée en m’asseyant dans un fauteuil.
Il fronce les sourcils et pose la question qui lui brûle les lèvres depuis tout à l’heure.
- Tu as de l’argent toi ? Avec quoi comptes-tu faire tes courses ?
- Ça ne te regarde pas ! Dis-je sèchement.
Je peux sentir sa colère monter. Il se lève d’un bond pour s’assoir. Il me fusille du regard.
- Lili, réponds quand je te parle.
- Je t’ai répondu.
Je sors mon téléphone de mon sac et fais semblant de le manipuler. Il est surpris. Ah oui, il ne savait pas que j’avais un portable. Il me scrute en silence ne sachant quoi dire. Et moi je l’ignore carrément.
- C’est Mike qui t’a offert ce téléphone ?
- Oui.
Je réponds de façon évasive sans lui accorder le moindre regard. Dorénavant je sais comment m’y prendre avec lui. Juste pour lui faire mal, je vais me pavaner dans la maison avec de nouvelles choses que j’aurai achetées grâce à la carte de crédit de Mike.
- Et tu l’as depuis longtemps ?
- Qu’est-ce que ça peut te faire ? Je suis majeure et vaccinée, de ce fait je n’ai aucun compte à te rendre.
- Tu vis encore chez moi idiote ! Hurle-t-il !
- Je peux m’en aller si cela est ton souhait.
Je n’élève même pas le ton. Sereine et imperturbable, je continue de feindre manipuler mon téléphone. Tête baissée, je réplique calmement. Je crois que c’est le coup qui l’achève. Il est tellement étonné que j’aie dit ça qu’il ne parvient pas à sortir un mot. Nous restons là, sans qu’aucun d’entre nous ne dise quelque chose. Cinq bonnes minutes se sont écoulées avant qu’il ne décide de se lever et de rentrer dans sa chambre. C’est une victoire triomphale pour moi. Je suis heureuse de l’avoir remis à sa place. Attendons de voir ce qui se passera par la suite.
La boutique de vêtements dans laquelle nous sommes allées est superbe. On y trouve de tout. C’est la première fois que je vois autant de belles choses. Et la boutique est tellement grande. Oh mon Dieu ! Lorsque nous sommes arrivées nous avons eu droit à un accueil chaleureux. Sans doute parce que nous sommes arrivées en taxi personnel. Je pouffe de rire à l’idée. C’est Emy qui a déniché cet endroit paradisiaque. Elle prétend l’avoir vu sur Facebook. La vendeuse nous a d’abord installées dans un canapé très confortable. Ensuite, elle nous a offert du thé ! Du thé bon sang avec cette chaleur. Mais bon, n’est-ce pas le geste qui compte ? Même si de la boisson fraiche aurait été raisonnable. Etant donné qu’il y a la climatisation, je ne peux pas me plaindre. Alors, Emy et moi, nous savourons tranquillement notre thé.
- Eh bien mesdemoiselles, en quoi puis-je vous aider ? Nous demande la vendeuse toute souriante.
Elle doit nous prendre pour des filles de bonnes familles ce qui n’est pas le cas. Cependant, nous sommes pleines aux as. Je ne sais pas exactement combien il y a sur la carte mais au guichet automatique, j’ai retiré trois cent cinquante mille francs. Et c’est sous l’insistance d’Emy ! J’aurais voulu prendre moins que ça. C’est bizarre mais, je suis gênée d’en avoir pris autant.
- Mon amie voudrait renouveler sa garde-robe, alors il lui faut un peu de tout. Répond Emy enthousiaste.
- Je vois. Quelle taille faites-vous mademoiselle ? Dit-elle en s’adressant à moi.
- Du trente-six.
- Très bien, permettez-moi de vous faire des propositions. Vous me direz si vous aimez ou non. D’accord ?
- Ça me va oui. Dis-je avec un sourire.
Quelques heures plus tard mes choix sont faits. Je suis tellement satisfaite que je ne cesse de sourire. ce sont des vêtements simples mais tellement beaux que ça m’émeut. Je n’ai jamais eu droit à des choses neuves depuis la mort de maman. Tout ce que j’ai ce sont les vêtements que ne portent plus Emy. Aujourd’hui, tous ces beaux articles, de surcroit neufs sont à moi et uniquement à moi. Cinq belles robes, trois pantalons en jeans, quatre chemisiers et une combinaison en soie. Tout ça, rien que pour Lili. J’ai demandé à Emy de prendre tout ce qu’elle veut. Elle a hésité au début mais a fini par accepter sous mon instance. J’en ai été surprise. Moi qui croyais qu’elle bondirait sur l’occasion sans se faire prier. En fin de compte, elle n’a pris qu’une robe et deux chemisiers.
- C’est tout ? Lui demandai-je étonnée.
- Oui. C’est ton argent Lili et…
- C’est l’argent de Mike. La repris-je.
- Il te l’a donné alors c’est à toi. Je suis contente que tu veuilles m’en faire profiter mais pas de façon exagérée Lili. C’est déjà trop tout ça. Dit-elle en montrant du doigt ses vêtements entassés sur le canapé.
- Et tout ce que ta mère et toi avez fait pour moi ? Ce n’est pas trop ça ?
- Donc c’est ta manière à toi de nous rembourser ?
- Ne dis pas n’importe quoi Emy !
- C’est quoi alors ?
- Je veux juste de faire plaisir !
- Et tu l’as fait. Merci ma chérie.
Emy me prend dans ses bras et nous restons longtemps enlacées. Je ne peux pas croire que je suis en train de pleurer.
- Hey ! c’est quoi ces larmes ? (Elle essuie les larmes sur mes joues) c’est un jour de shopping donc aucunes larmes. Aller, paies et partons te chercher des dessous super sexy, des chaussures, des sacs à mains, des bijoux…
- Je ne suis pas trop bijoux tu sais. Dis-je en grimaçant.
-
Ah oui j’avais oublié. Ok ! Dans ce cas pas
de bijoux.
Fin du dix-huitième chapitre. Bizbi