Chapitre 18 : Claire OUEDJIN
Ecrit par kaynaliah
Chapitre 18 : Claire OUEDJIN
******Claire*****
Les portes de
l’ascenseur s’ouvrent et je me trouve à mon étage. Je m’arrête à la réception
pour prendre mes messages lorsque je sens un regard sur moi. Je tourne la tête
pour voir et je croise le regard de Daniel, mon patron. Je détourne mon regard
pour récupérer mes messages avant de prendre le chemin de mon bureau. En
chemin, je croise Christine qui me prend la main et me tire dans son bureau.
-
Eh ! Mais que se passe-t-il ?
-
Tu veux alerter tous les autres aussi avec tes
cris ?
-
Bien sûr que non mais tu m’as fait peur.
-
Claire OUEDJIN qui n’a peur de rien.
-
……
-
Bon ok j’arrête de te taquiner. Ce matin le même
scénario a encore eu lieu.
-
C’est une blague ?
-
Du tout.
-
…..
-
Je venais à peine d’arriver lorsque le livreur a
supplié Andréa la réceptionniste d’accepter les fleurs sinon il allait se faire
virer.
-
Quoi ?
-
Je m’en suis mêlée tu me connais.
-
Qu’as-tu obtenu ?
-
Tes doutes étaient bien fondés.
-
Comment le sais-tu ?
-
Je lui ai posé des questions et il m’a répondu.
C’était la seule condition pour accepter les fleurs.
-
Oh Mon Dieu !
-
Je ne te le fais pas dire. Fais très attention
s’il te plaît. Il faut mettre un terme à cette situation avant que cela ne jase
plus dans la société.
-
Je ne sais même pas quoi faire Christine.
-
On trouvera.
-
Merci en tout cas.
-
Mais de rien.
-
Tu me le revaudras.
-
En parlant de toi à Yoann je suppose.
-
C’est fou comme ma meilleure amie est d’une
intelligence sans nom.
-
Lol. A tout à l’heure.
Je sors de son bureau et me dirige vers le mien. En ouvrant
la porte, je reste tétanisée un moment par ce que je vois. Il y a des bouquets
de roses un peu partout. Cela aurait dû
m’émouvoir en tant que grande romantique mais ce n’est pas le cas. Je referme
la porte et appelle la dame de ménage pour qu’elle enlève toutes ses conneries
de ma pièce de travail. Je lui dis qu’elle peut les partager avec les autres
femmes si elles le désirent mais moi je ne veux plus les voir ici. Je
m’installe et ne tarde pas à me mettre au travail.
Je suis en plein rendez-vous téléphonique lorsque mon
assistant m’informe par mail que le grand patron veut me voir pour faire un
point sur le dossier « ATROLEX ». Je prends tout mon temps pour
terminer mon rendez-vous avant de prendre le dossier et de me diriger vers le
bureau de Monsieur YAPOBI. Arrivée devant la porte, je toque à trois reprises
avant d’ouvrir la porte. Il pose ses lunettes sur la table dès que je referme
la porte.
-
Bonjour Claire.
-
Bonjour Monsieur YAPOBI.
-
Tu ne veux vraiment faire aucun effort.
-
Je ne vois vraiment pas de quoi voulez-vous
parler.
-
Pourquoi me fais-tu cela Claire ?
-
Et qu’est-ce que je fais ?
-
As-tu apprécié les fleurs ?
-
Du tout. Ce ne sont ni mes fleurs préférées ni
mes couleurs préférées.
-
Je peux les échanger si tu veux.
-
Je ne veux rien de toi tu entends. J’ai une
meilleure idée encore. Je vais les faire livrer à ta femme avec le mot que tu
m’as laissé.
Il se lève de son bureau, le contourne et se met face à moi.
-
Je t’interdis de faire cela.
-
Tente-moi et tu verras.
-
On pourrait tout recommencer à zéro.
-
Lol ! Que les choses soient bien claires
Monsieur YAPOBI.
-
…..
-
Jamais je ne me mettrai avec vous. Quand nous
nous sommes rencontrés à cette soirée, vous ne portez pas votre alliance et
vous m’avez assuré être célibataire. Un mois plus tard, on se retrouve en
conférence et vous m’avez joué votre numéro en ignorant que vous jouez avec
moi. Nous avons eu une relation de deux mois tout de même avant de vous voir
lors de la réception de présentation du nouveau Directeur des achats en
compagnie de votre femme et votre fille.
-
Je t’ai déjà expliqué à de maintes reprises la
situation.
-
Et je ne veux rien savoir car vous êtes un
menteur. Voici le dossier que vous m’avez demandé. J’ai du travail.
Je n’ai pas tardé à sortir de ce bureau. Je me sens
tellement bête d’avoir été autant berné. Cela me faisait plaisir d’être autant
courtisée par un homme mais se rendre compte qu’il s’est foutu de moi me met en
rogne. Cela fait des années que je n’ai pas laissé un homme entrer dans ma vie.
Je m’apprête à aller en pause-déjeuner lorsque je reçois un
appel de ma cousine Orlane. Elle veut me voir de toute urgence. Je suis tout de
même intriguée par sa voix qui semble paniquée. J’espère juste que tout va
bien. Je décide finalement de commander à manger le temps qu’elle arrive.
Quelques instants plus tard, elle m’appelle pour me prévenir
de son arrivée. Je lui demande de monter et je la dirige pour qu’elle me
retrouve à mon bureau.
-
Bonjour Orlane.
-
Bonjour Ya Claire.
-
Mais que se passe-t-il ? Tu es livide.
-
J’ai besoin de ton aide Ya Claire.
-
Qu’est-ce qui se passe ?
-
….
-
Calme-toi et explique-moi tout.
…………………………………………………………………………………………………………………………………..
*****Orlane****
Je suis tourmentée par tout ce que je traverse actuellement
et surtout par mes découvertes. Plus les minutes passent et plus j’ai
l’impression que Ruth OUEDJIN n’est pas ma mère car elle est l’opposée de la
femme que j’ai toujours vue ou que j’ai voulue voir. Je ne sais plus trop quoi
faire et je ne peux plus assumer cela seule. Je doutais encore il y a quelques
temps qu’elle puisse être liée à la disparition de Caroline mais je commence
fortement à être convaincue du contraire. Je prends le verre d’eau citronnée
que Claire me tend et que je vide avant de reporter mon attention sur elle.
-
Qu’est-ce qui se passe ?
-
Est-ce que le nom de famille
« FIOSSI » te dit quelque chose ?
-
Non. Cela ne me dit rien comme cela.
Pourquoi ?
-
Il y a quelques jours, j’ai rencontré un homme
qui s’appelle Albéric FIOSSI et il fit être le fils de Martin FIOSSI.
-
Ok.
-
Il cherchait maman mais je lui ai dit qu’elle
est hospitalisée et que s’il a un message à lui faire passer il peut passer par
moi.
-
Je ne vois toujours pas où tu veux en venir.
-
Il m’a dit que son père a travaillé chez un
ancien procureur de la République et que ma mère aurait payé son silence pour
un acte qu’elle aurait commis.
-
Pardon ? Que dis-tu ? dit-elle en se
levant promptement de son siège.
-
Cet homme est toujours en vie. Et j’ai réussi à
avoir une entrevue avec lui aujourd’hui. Albéric m’a dit que maman a provoqué
un incendie chez eux qui a coûté la vie à sa mère et sa sœur.
-
Quelle horreur !
-
Je veux savoir qui est ma mère réellement et je
suis convaincue que cette famille détient la clé de ce qui s’est réellement
passé cette tragique nuit.
-
Ok on va y aller.
Elle prend le combiné de son téléphone et demande à ce qu’on
annule ses rendez-vous de la journée car elle a une urgence. Elle range son
ordinateur portable dans sa sacoche, prends son sac à main et me donne le feu
vert pour partir. On sort chacune du parking dans notre voiture. Je suis devant
et j’appelle en cours de route Albéric pour lui dire que je serai là et
accompagnée d’une cousine. Nous arrivons à destination une vingtaine de minutes
plus tard. Nous attendons Albéric qui doit venir nous chercher. Il ne tarde
d’ailleurs pas à arriver. Je lui présente rapidement Claire avant qu’on ne le suive
jusqu’à leur maison. A environ cent mètres de la maison, Albéric se retourne
vers nous et nous demande de ne pas
paraître choquées en voyant l’état physique de son père car il est un grand
brûlé d’un côté de son corps. Claire et moi nous regardions avant
d’acquiescer et de le rassurer
là-dessus. Il ouvre l’arrière et nous le suivons toujours jusqu’à ce qu’il
ouvre la porte principale de leur maison.
-
Installez-vous s’il vous plaît. Je vais le
prévenir que nous sommes là.
-
Merci beaucoup.
-
Voulez-vous boire quelque chose ?
Malheureusement je n’ai que de l’eau à vous proposer pour l’instant.
-
Non merci. Ca ira.
-
Très bien.
Il disparaît derrière une porte et j’en profite pour
regarder autour de moi. Mes yeux tombent sur une photo posée sur un meuble qui
attire également l’attention de Claire. Elle se lève de son siège et se
rapproche du meuble et fixe de plus en plus cette photo. Je pense qu’il s’agit
d’une photo de famille. Claire prend la photo et la regarde dans tous les sens
avant de la poser à nouveau et de revenir s’asseoir.
-
Je le connais.
-
Qui ?
-
L’homme sur la photo.
-
Comment ça tu le connais ?
-
Il a
travaillé chez nous.
Je n’ai même pas eu le temps de réagir lorsque nous les
avons entendus se rapprocher de nous. Albéric aide son père à s’installer sur
un siège. Son visage est à moitié brûlé mais on le reconnaît tout de même. Il
est bel et bien l’homme de la photo. Claire et moi nous levons pour le saluer
avant de prendre place à nouveau. Albéric apporte un verre d’eau à son père qui
le boit à moitié avant de reporter son attention sur nous.
-
Tu as bien grandi Claire. Tu es devenue une
vraie femme.
………………………………………………………..
***Claire***
Des frissons me parcourent tout le corps. En regardant ce
portrait, je reconnais cet homme qui était notre vigile. Je pense que je ne
réalise pas encore à quel point ma vie va être chamboulée à cet instant. Malgré
moi, je pense encore à la dernière journée que j’ai passée avec ma sœur
Caroline.
-Mais que vous est-il arrivé ?
-C’est une très longue histoire.
-J'aimerai la connaître.
-Je évoquerai plus tard.
-….
-Je sais que mon apparence a beaucoup changé mais me
reconnais-tu ?
- Il est vrai que les années se sont écoulées mais je sais
très bien qui est la personne avec laquelle je discute actuellement.
-C'est bien Claire. Je dirai que la vie est un concours de
circonstances au cours de laquelle on reçoit tous les coups que nous avons eus à
donner. Jamais je j’aurai pensé que nos chemins se croiseraient à nouveau. En
tout cas pas dans ces circonstances.
-….
- Il y a quelques années, j'ai posé un acte que je
regretterai toute ma vie.
- Je ne tente pas de me dédouaner de ma conduite ignoble
mais il est plus que temps d’affronter ce qui s'est passé et de faire face à ma
conscience. Je suis tourmenté et me sens tellement coupable. Elle ou moi devons
être finalement pareils car il n'y a aucune différence.
-Savez-vous quelque chose sur ce qui est arrivé à
Caroline ?
-J'étais là. J'ai tout vu.
-Pardon ? Je ne comprends pas. Il n'y avait personne à
la maison jusqu' à ce que son corps soit retrouvé.
-Dans toute histoire, sachez qu’ il y a une version officielle et officieuse.
J’ignore pourquoi ni comment mais j'avais le mauvais
pressentiment que cet homme sait plus qu'il en a l'air sur la mort de ma sœur.
-Quelle est la version officielle ?
-Celle que tout le monde connaît : Mademoiselle
Caroline se serait suicidée.
Je pose ma main sur mon cœur tellement je ressens des
sentiments contradictoires à cet instant présent. J'ai peur d'apprendre des
informations qui me feront penser que mes sœurs et moi nous sommes fourvoyées
toutes ces années en ce qui concerne cette tragique disparition en ne cherchant
pas plus loin de ce que les apparences voulaient nous montrer.
-Quelle est la version officieuse ?
-Mademoiselle Caroline ne s'est jamais donné la mort.
-Quoi ? Mais qu'essayez-vous de dire ?
-J’étais présent ce jour-là. Je m'en veux de ne pas me
préoccuper beaucoup plus tôt. Peut-être que si J’étais intervenu plus tôt, Mademoiselle
Caroline serait en vie.
-Mais que s'est-il passé à la fin ?
-Votre tante qui venait souvent chez vous est passée en
début de soirée.
-Quelle tante ? Ruth ?
-Oui.
- Je ne comprends pas ce qu'elle vient faire dans cette
histoire.
-Elle est venue ce jour-là et a demandé après tout le monde.
Je lui avais expliqué que personne était à la maison ce jour-là sauf
Mademoiselle Caroline qui était à l’intérieur de la maison. Elle m'a juste
répondu « ok ».
-Oh Mon Dieu. Crie Orlane alors que je suis pétrifiée par
tout ce que j'entends.
J'ai l'impression que mon esprit refuse d'assimiler cette
insoutenable vérité qui est très claire.
-En faisant le
tour de la maison, J’ai entendu une dispute provenant d'une des chambres au
deuxième étage. La baie vitrée était ouverte et j’entendais Mademoiselle
Caroline et Madame Ruth s'hurler dessus. Je suis resté là à observer pour
tenter de comprendre ce qui se passait lorsque J’ai vu Mademoiselle Caroline venir
s'accouder à la balustrade un moment, les yeux dégoulinant de larmes qu'elle tentait
d'effacer avec ses mains. Elle a fini par remarquer ma présence et m'a gratifié
d'un sourire avant de vouloir se retourner et c'est à partir de ce moment que
tout a basculé.
Pendant qu'il façon était cette journée, sans m'en rendre
compte, mon visage était baigné de larmes. J'aurai dû être à la maison pour la
protéger et pas à un anniversaire.
-Elle a basculé en arrière et je l’ai juste vue traversé la
balustrade, se retrouver dans les airs pour terminer sa course sur le sol qui
venait d’être goudronné. Je ne réalisais pas encore ce qui venait de se
produire. J' ai couru vers elle et je ne pouvais juste constater qu'elle était
morte.