CHAPITRE 18 : Le point de fuite

Ecrit par delali




Marianne pense se tromper en entendant cette voix. Non, cela ne peut pas être Stella ? Elle n’oserait tout de même pas venir jusque chez elle à la maison et se mettre à hurler de la sorte. D’un pas lent mais assuré, elle se dirige vers l’entrée lorsqu’elle entend Stella vociférer encore.

 Tu n’as pas entendu ? Ta voleuse de sœur est où ?

Adeline est d’abord choquée, puis quelques secondes après, elle est remise de sa surprise. Stella essaie de la pousser pour se frayer un chemin, mais Adeline l’en empêche, en lui demandant :

Attends ! Tu parles de qui même ?

Tu ne connais plus la voleuse que tu as pour…

Adeline ne la laisse même pas aller au bout de ses idées, quand elle lui assène une violente gifle à la joue droite. Tant Stella que la dame qui l’accompagne sont prises de court. Stella surprise et encore étourdie par ce coup se tient la joue. Adeline en profite pour l’agripper par ses mèches de cheveux avec ses deux mains. Elle l’attire violemment vers le sol et l’y projette en disant :

Je te cherchais même depuis longtemps prostituée ! Pétasse !

Marianne alors affolée, court vers elles en criant :

Adé ne fait pas ça ! Arrête ! Arrête !

La dame se rue vers Adeline, qui est en train de malmener Stella au sol, en poussant des cris d’alerte au voisinage en patois. Marianne et la bonne dame arrivent, en conjuguant leur effort, à retirer Adeline d’au-dessus de Stella. Marianne reconnait à ce moment la mère de Stella. Elle reste sans voix, mais comment Stella et sa mère peuvent venir faire du spectacle devant chez eux ? Décidemment, elle s’est vraiment trompée sur toute la famille. Adeline, que Marianne tient encore en aparté, est déchainée, elle s’écrit :

Ria laisse-moi ! Laisse-moi ! 

Oh Adé, calme-toi !

Je vais montrer à cette bordelle, agalètô* (*prostitué en fon) que ce n’est pas partout on rentre ! 

Ria laisse-moi !!!

Les cris d’Adeline tombent dans des oreilles de sourd, Marianne ne la lâche pas d’un pouce. Tout ce remu ménage finit d’alerter la mère de Marianne qui fait son apparition dans la cour. Elle se presse vers elles en s’écriant :

Mais qu’est ce qui se passe ici ? Qu’est-ce que tout ça veut dire ?

Le voisinage aussi est alertée et commence à envahir les environs. Rose, la mère de Marianne voit Stella dans les bras de sa mère. Cette dernière s’écrit aussitôt en la voyant :

Mais vous ne connaissez pas la honte dans cette famille hein, non seulement vous volez le mari de ma fille, et vous vous entendez pour la frapper !

Hé ! hé ! hé ! riposte Rose. Qui a volé mari de ta fille ? C’est vous qui ne connaissez pas la honte. Samir est le fiancé de Marianne depuis…

Fiancée de qui ? s’exclame Stella. C’est moi que Samir voulait, et elle l’a détourné.

Mon Dieu ! s’exclame Marianne. Non seulement, tu es une éhontée, mais aussi une grande menteuse. Adé t’a même ratée ! Samir, c’est moi qui te l’ai présenté.

Et tu ne voulais pas de lui non, tu faisais ta maligne quand moi j’ai tout fait pour le prendre…

Ah donc ! Toi et lui ça dure depuis ce moment quoi ?

Ben oui !

Ah ma chère, on dirait que tu t’es donnée cadeaux hein, parce qu’il a fini avec toi et c’est moi qui l’épousera.

Stella éclate d’un rire moqueur malgré la douleur qu’elle ressent dans son corps, avant de reprendre :

Tu n’as rien compris encore hein Ria. Samir c’est mon homme. Je suis venue de dire de le laisser tranquille, parce qu’il est à moi et qu’il est…

Ferme ta bouche ! intervient Rose. Ta mère et toi sortez de ma maison ! Là où tu passeras pour avoir le fiancé de ma fille, on verra !

Stella ne se tait pas pour autant, elle continue de plus belle.

Je ne sors pas ! Je ne sors pas sans vous avoir dit que Samir est à moi, parce qu’il est le père du bébé que je porte !

Odjé ! s’écrit Rose.

Marianne également est surprise par cette révélation, elle en écarquille les yeux. La mère de Stella dit alors :

Vous avez bien entendu ? Si jamais ma fille a un problème à cause de ce que vous lui avez fait, vous allez avoir affaire à la police !

Sortez de chez moi ! Sortez ! hurle Rose.

On vous a prévenus, laissez le mari de ma fille tranquille. Elle est déjà enceinte de lui. A bon entendeur, salut !

Sans plus attendre, Stella et sa mère sortent de la demeure BONOU. Rose s’empresse d’aller fermer le portail derrière elles. Elle s’écrit aussitôt à l’endroit de sa fille :

Ria, ne l’écoute pas hein ! C’est sûr que ce bâtard, n’est pas de Samir. Il était encore ici ce midi, et il m’a encore assuré qu’il t’épousera. D’ailleurs, on avancera le jour du mariage.

Dada vraiment, il fallait me laisser la rosser proprement, pour qu’elle regrette de s’être prise à une fille BONOU !

Pfff ! Lâche Marianne lasse de tout cela avant de s’engager pour l’intérieur.

***

Au même moment, Cotonou

Le soir tombé, Kenji et Malik se retrouvent comme ils l’avaient programmé. En cours de chemin, Kenji remarque que son ami ne prend pas le chemin habituel du retour. Il lui demande alors : 

 On va où encore frangin ?

Je t’ai dit que mon vieux-père est là, ou bien tu as oublié ?

Non, mais il n’est pas au quartier à Calavi ?

Mais non ! Mon vieux-père a percé !

Et il est où ?

Il a loué une résidence privée au quartier Haie-Vivre.

Eh ben dis donc ! Il ne fait pas dans de la dentelle hein !

Je te dis mon vieux-père a percé. Je suis vraiment content d’aller le voir, au moins, je vais oublier un peu ce concours bidon.

Ils entrent ainsi dans le célèbre quartier de la ville de Cotonou, nommé Haie-Vive. Ce quartier est réputé pour être l’un des plus huppé de la ville. C’est dans ce quartier que les premiers aristocrates de Cotonou ont logés. Aussi, c’est le quartier prisé par les touristes et les coopérants dont le chemin passent par la ville. Ce quartier est aussi réputé pour ses grands et beaux restaurants. C’est bien la première fois que Kenji met les pieds dans les ruelles de ce quartier. Il profite bien assez pleinement du tableau pittoresque qu’offre ce paysage. La plupart des bâtisses sont des résidences privées avec de hautes clôture bordé le plus souvent d’arbustes fleuris. Malik gare l’engin devant l’une de ses résidences. Elle semble avoir été peinte pour l’occasion. Malik sort alors son téléphone et lance l’appel.

 Oui mon vieux, ton petit est là hein ! ...ok.

Malik raccroche en disant à l’endroit de Kenji :

Descends mec, il dit qu’il arrive.

Ils sont tous les deux pieds à terre quand l’on vient leur ouvrir le portail. Ils entrent et aperçoit sur le pas de la porte principale, leur hôte.

Mon petit ! Comment tu vas ? s’écrit leur hôte.

Ah super bien mon vieux ! répond Malik.

Mais entrez !

Il s’efface pour les laisser entrer. Kenji ne manquait rien sur son passage. Il passait tout à la loupe. Il n’avait jamais eu accès à autant de luxe. Même pendant les heures de gloire de son père, il n’avait jamais vu pareil assortiment de beau, de qualité et de marque. Il est si impressionné qu’il s’assoit avec toute la délicatesse du monde, dans le divan en 100% cuir sauvage, qu’on lui a indiqué. La salle de séjour, on aurait pu le dire, est faite uniquement de vitres. Après qu’il est dégusté le champagne que Mr Roger a sorti pour l’occasion, les discussions vont bon train.

Mon vieux, c’est du vrai … champagne ça ? demande encore Malik.

Ben oui ! Tu ne vois pas sur l’étiquette ? Profites-en mon petit, la vie est bien trop courte.

Vraiment hein mon vieux.

Pendant que Kenji dégustait, il se demandait s’il pourrait un de ces jours lui aussi atteindre ce niveau de succès. Malik prend encore la parole :

Ah mon vieux, je te présente Kenji, c’est mon frangin.

Bonsoir Kenji, comment tu vas ?

Bonsoir le vieux…

Non, tu peux m’appeler Roger.

Ok, répond Kenji.

Mon vieux, Bingue t’a réussi hein. Tu es arrivé quand ? dit Malik.

Il y a seulement deux jours mon petit.

Ah quand tu m’as appelé, je croyais pas hein.

Mais non Malik, toi tu es mon bon petit. D’ailleurs je t’ai ramené quelques petites babioles.

Cool alors !

Roger KAS se lève et disparaît dans l’un des couloirs de la grande maison. Kenji demande à son ami :

On dirait qu’il t’apprécie bien, où est ce que tu l’as connu ?

Au campus. Nous on est venu les trouver sur le campus, on était encore gaou*(jargon de la rue pour désigner novice), on ne comprenait rien dans système de Bénin là, donc c’est eux qui nous ont pris sous leurs ailes. Ils nous ont montré les petites ficelles, et puis c’est partie ! Mais il est fan de moi, parce que je gérais trop bien ses mouvements avec les gos*(*jargon de la rue pour designer jeunes filles). Je faisais tout pour lui avoir celles qu’il voulait.

Hum ! Donc tes faux coups ne datent même pas d’aujourd’hui !

Laisse Malik, on a trop géré les mouvements.

Roger réapparait dans la pièce avec des sacs emballages dans la main. Il se rassoit en leur compagnie et dit :  

Voilà, c’est pas grand-chose, c’est juste une montre homme, et un smartphone. Comme tu es venu avec ton ami, j’ai fait deux colis.

Aaah mon vieux !! C’est même trop beaucoup. Merci ! dit Malik.

Merci vraiment Roger, reprend Kenji.

Non, y’a vraiment pas de quoi. Il faut aussi penser aux jeunes frères. 

Ah mon vieux, si tu peux trouver un petit mouvement pour nous aussi. On est dans pays là depuis, rien ne sort. Hier seulement encore on s’est fait arnaquer dans un concours d’Etat, affirme Malik.

Mais si vous voulez, je peux vous mettre dans le circuit. Je suis rentré dans les affaires maintenant, donc je suis un homme influent. J’ai le circuit de Bingue en main.

Mon vieux, c’est quel pays ?

Celui que vous voulez. Moi, je n’ai pas de pays fixe là-bas. Les affaires par ci, les affaires par là, pas le temps de se poser.

Moi je suis partant, on fait comment ? dit Malik.

Ah mon petit, c’est de l’argent ! Beaucoup d’argent. Parce qu’il faut faire les papiers et tout.

Combien à peu près ? 

Plus du million chacun, voire deux chacun.

Waouh ! s’exclament les deux amis en cœur.

Mais c’est sûr, vous serez à Bingué.

Ok, mon vieux. Y’a pas de soucis.

Les deux amis passent en revu quelques minutes encore leur présent, puis Malik dit :

Mon vieux, on va partir.

Ok, les frangins. En tout cas, je suis encore la. Je peux vous faciliter les choses. Donc vous pouvez revenir me voir à n’importe quel moment.

Ok ! répondent-ils en chœur.


*** 

Un mois plus tard à La Línea

Mélina vient d’entrer dans son bureau, mais c’est bizarre à chaque fois que son regard tombe sur le sofa, elle se rappelle de ce baiser fiévreux qu’elle a échangé avec Alexandro, il y a de cela un mois exactement. Les jours qui ont suivis ce baiser ont été assez tendus dans les bureaux. Il a fallu qu’elle crève l’abcès en en rediscutant avec lui : 

Alex, … à propos de ce qui s’est passé l’autre soir. … je n’étais pas dans mon état normal… je ... je ne voudrais pas que cela gâche notre amitié ou encore moins que cela empoisonne notre relation de travail… 

Elle se rappelle qu’il l’a considérée longuement avant de lui répondre sur un ton très calme et courtois.

 Ne t’en fait pas Dona, je comprends...

En fait, tu le sais, je suis engagée avec Marcus… et ce n’est …

Pas de souci, je comprends… vraiment ! On … sera …comme tu le voudras. Je resterai toujours le même « Alex »

Par la suite, l’atmosphère s’est détendue, et tout est redevenu normal, enfin presque tout. Mélina ne se cache pas le fait qu’elle a apprécié le contact qu’ils ont eu. Mais elle est convaincue et crois dure comme fer, que c’est le manque qui lui a fait ressentir cela. Son chéri Marcus, n’est toujours pas rentré du Maroc. Il lui manque terriblement. Elle est obligée pour le moment de se contenter de leurs échanges par les réseaux sociaux. Il lui a dit qu’il lui fera une belle surprise de son arrivé.

Elle se met donc au travail. Tout se déroule bien jusqu’à l’heure de la pause. Depuis plus d’un mois déjà, elle n’a plus de pause. A partir de ce moment, elle doit commencer son travail en concordance avec Alexandro. Elle file tout droit dans son bureau et y entre avec plus d’ardeur que d’habitude. 

Waouh ! Qu’est ce qui se passe ? Il y a le feu ? s’exclame Alexandro en la voyant.

Alex, il faut que tu me laisses sortir !

Quoi ?

Enfin, il faut que tu m’aides.

Qu’est ce qui se passe ?

Elle agite son téléphone en disant :

Je dois le voir pour le croire Alex.

Mais quoi ? De quoi parles tu ? dit-il en laissant tomber son crayon cette fois ci.

Il faut que j’aille à l’aéroport.

Pour quoi faire ? s’étonne-t-il

Peux-tu me prêter ta voiture ?

Tu ne conduis pas mon véhicule dans cet état, c’est hors de question ! refuse-t-il avec véhémence.

Oh, c’est que je n’arrive pas y croire. Je pensais que c’était une blague ! 

Mais de quoi parles tu ?

La personne qui m’a appelée à l’instant

Et si tu essayais d’être…

Trop tard, Mélina est hors du bureau. Il pousse un soupir, attrape les clés de son véhicule et passe par la réception pour donner un motif valable de sortie pour tous les deux. Puis il se dit en lui-même en sortant « Ils ont raison, je la caresse trop dans le sens du poil, cette Dona. » 

***

Au même moment à Cotonou

Malik gare en trombe au niveau du garde vélo de la plage où vend son ami. Il se dirige tout droit vers lui. Ce dernier lui demande :

Qu’est ce qui se passe ?

Je viens d’avoir une idée génialissime !

Hum ! C’est quoi encore ?

Ton type…

Lequel ?

Celui qui veut une maison, son ami, le Mr Paul.

Ah ok. Tu lui as enfin trouvé ce qu’il veut ?

Je crois bien.

Ah mais c’est bien. Et ta commission est de combien ? Je tiens à mes 10% frangin, c’est moi qui t’es trouvé le marché.

Du calme, le propriétaire n’a encore rien dit.

Ah bon ? Il attend quoi ?

J’attends que tu me répondes, puisque c’est maintenant que je t’en parle ! dit-il avec un sourire

Kenji semble ne pas bien cerner ce que veut dire son ami. Il lui pose la question.

Tu parles de quoi même ?

Kenji, vendons la cour de ton père.

Kenji le considère un bon moment avant de reprendre :

Tu es sérieux là mec ?

Ben oui ! Après tout, qu’est ce qui t’en empêche ? Ton père n’est plus de ce monde. Ta mère vient de quitter la cour comme elle te l’avait annoncé. Tes sœurs sont toutes casées. Et ton oncle te fait la pluie et le beau temps, tu ne peux même pas jouir du bien de ton défunt père. Vends la cour, comme ça il se retrouvera à la rue ! Tu feras ainsi d’une pierre deux coups. Tu fais sa fête à ton oncle, et tu as un bon capital… pour le projet de Bingue par exemple.

Kenji continue de considérer son ami, et commence à analyser le pour et le contre de tout ce qu’il vient de débiter. En effet, il avait fort bien raison. Mais son seul souci, c’est quoi faire de cet argent après la vente, parce que le projet de l’occident, il n’en était pas encore trop convaincu. Il dit alors à Malik : 

A supposer que j’accepte, ton histoire de Bingue ne me conviant pas.

Et tu veux rester où, ici au pays ? Je t’assure que tu ne feras rien de cet argent. Ton oncle là te fera un cadeau tu penses ? Le mieux, c’est de te faire oublier et très, très loin d’ici.

Kenji réfléchi un court instant. Le seul fait qu’il puisse lui régler son compte à son oncle le motive déjà au plus haut point. Le reste, il verra après.

Trouve les détails claires de cette histoire de Bingue avant quoi que ce soit d’abord….

Et ?

 Je m’occupe de dégoter les papiers de la maison.



Fin – du - tome 1

 

"Nous voici à la fin du 1er tome, le 2e tome était prévu aussitôt, mais comme  la sto ne semble pas trop vous emballer ( très peu de kiff et de commentaires..) je ne sais plus trop
À TOUT PRIX !! - Tom...