CHAPITRE 17 : Le moment d’alchimie
Ecrit par delali
Ce temps de silence a paru transporter le jeune homme dans un univers unique. Un univers dans lequel ils ne sont que tous les deux, rien que tous les deux. Alexandro se sent encore plus irrésistiblement attiré par les lèvres de la jeune femme. Il en redemande encore. Il fonce tout droit à leur reconquête, elle ferme les yeux aussitôt et ils s’embrassent à nouveau de longues secondes. Puis comme par enchantement, elle le repousse légèrement en se redressant.
S’il te plait Alex… dit-elle.
Il se détache d’elle aussitôt et prend quelques secondes pour recouvrer ses esprits après le désenchantement qu’elle vient de provoquer. Quelques secondes de silence s’installent entre eux, quand Mélina reprend :
Je … ne crois …pas que ce soit … une bonne idée.
Oui, tu as raison, je suis désolé…. En fait tu t’étais endormie et … je voulais juste te protéger du froid…
Oui, je comprends.
Elle détourne son regard avant de reprendre :
Et … et si on continuait demain ?
Oui ! oui ! Bien sûr…. Je te laisse… ranger tes affaires.
Après cela, il sort de la pièce et referme derrière lui. Il reste un instant scotché à la poigné de la porte. Il se sent léger, il porte une main à ses lèvres en souriant. Il se dit en son for intérieur :
« Dios ! Qu’elle a des lèvres délicieuses ! Mais comment ais je fais pour y résister aussi longtemps ? »
Puis, il continue son chemin tout heureux comme un petit enfant. Il est enchanté d’avoir osé cette fois ci. Ce qui le fait planer le plus, c’est qu’il est presque convaincu qu’elle a adoré le bref moment, c’est la seule raison qui puisse expliquer le frisson qu’elle a ressenti.
***
Au même moment à Cotonou
Marianne adossée à son propre véhicule écoute Samir d’une oreille distraite. Celui-ci essaie de la persuader de changer d’endroit afin qu’il puisse discuter.
Ria s’il te plait, allons au moins nous asseoir quelque part pour parler comme des personnes civilisées.
Samir, qu’est-ce que tu veux me dire que je ne sais déjà ?
Ria, je t’en supplie, demande ce que tu veux, mais ne laisse pas cette histoire nous séparer.
Si je comprends bien Samir, notre vie de couple se limitera à ça ? Tu fais tes cochonneries et tu viens me demander par la suite ce que je veux, c’est ça ?
Non, ne dis pas ça. Je reconnais que je ne suis pas parfait, une fois qu’on sera mariés tout sera différents, je te l’assure.
Tu as frappé fort cette fois hein Samir ! Dans tout ce grand Cotonou, c’est celle avec qui je partage le même bureau que tu as trouvé pour coucher avec ?
Je suis désolé ma puce, elle m’a tendu un piège, tout simplement parce qu’elle est jalouse de toi, et qu’elle veut nous séparer.
Très drôle. J’ai une question pour toi, si c’était moi qui me retrouvais dans une situation pareille, allais-tu me pardonner ? Allais tu avaler tous ces arguments que tu me sers ?
Il respire un bon coup, détourne le regard un moment avant de la regarder ensuite et de lui dire :
Pardonne-moi ma chérie, je te veux et je ferais tout pour qu’on reste ensemble.
Elle le considère un bon moment et se pose des questions sur elle-même. Elle se demande qu’est-elle en train de devenir ? Elle a l’impression que le comportement de Samir et de son entourage est en train de la transformer en une personne dépourvue de sentiment. Une personne pour qui les intérêts doivent primer sur tout le reste. Parce qu’elle se dit si tous les hommes sont pareils, autant garder celui qu’elle pourra dépouiller. Elle lui demande en le fixant dans les yeux.
Maintenant que veux-tu Samir ?
Qu’on maintienne notre programme de mariage dans deux mois comme prévu. Je ferai tout ce que tu veux ma puce.
Au bout d’un instant, elle lui répond :
Ok ! C’est d’accord.
Merci ma belle ! dit-il soulagé
Il avance vers elle pour lui donner une bise, quand elle le stoppe d’un geste brusque de la main.
Pas touche ! Tu pu encore l’odeur de ta prostituée sans éducation, tu ne me touches pas avec.
Tu viens de me dire que tu me pardonnes Ria.
Oui, mais ça ne s’est pas effacé de ma mémoire aussitôt ! … Il va me falloir du temps pour digérer tout ça. Termine-t-elle d’un air plus radouci.
Je comprends. Prends le temps qu’il faudra.
Suite à cet échange, il se propose de la raccompagner, mais elle refuse, et emprunte le chemin du retour toute seule au volant de sa voiture.
Après avoir passé une bonne trentaine de minutes à braver les bouchons, elle aperçoit enfin à quelques mètres, le portail de ses parents. Elle y arrive et klaxonne. Sa petite sœur, vient lui ouvrir le portail. Lorsqu’elle descend du véhicule, son petit frère aussi est là pour l’accueillir. Elle lui dit en lui caressant la tête :
Eh Camille, tu ne dors pas encore.
Non dada, j’attendais les raisins que tu m’as promis.
Oh mon chéri ! dit-elle en portant une main au front. J’ai complètement oublié. Faut pas te fâcher, demain, promis.
D’accord dada, dit l’enfant.
Il décharge sa sœur de son sac à main avant de courir à l’intérieur de la maison.
***
Le jour suivant à Cotonou
Le téléphone de Kenji sonne sans arrêt. Il ne peut pas encore le prendre, il a des clients devant lui. Aujourd’hui particulièrement, il ne se plaint pas de la mévente. Heureusement qu’il a eu le courage de sortir de la maison suite à son lamentable échec de la veille. De toutes les façons, il voit que c’est une meilleure idée d’être sortie pour la vente. Au mois, cela lui empêche d’être soucieux. En plus il ne s’est pas laissé vraiment abattre, car sa mère l’a beaucoup motivé à ne pas jeter l’éponge.
« La force d’un homme ce n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque fois qu’il tombe. Alors prend courage et continue de te battre. Le bon Dieu n’oublie jamais ses enfants, il subviendra toujours à tes besoins » Lui avait-elle dit.
Ah, sa chère maman, depuis qu’il a perdu son père, il bénit le ciel tous les jours qu’il lui reste encore sa mère.
Il attend donc que le dernier client s’éloigne un peu avant de se diriger vers son téléphone. L’écran affiche le numéro de Malik. Il décroche.
Oui frangin ? Il y a le feu ?
Ben non ! Tu ne devineras jamais qui est rentrée au pays ?
Qui ça ?
Roger KAS !
C’est qui ça encore ?
Toi là même ! C’est mon bon vieux-père* (* jargon de rue pour désigner un aîné) depuis la Côte, tu te rappelles de lui ?
Je vois, ça me dit quelque chose. On dirait que tu m’as une fois parlé de lui. Donc c’est de la Côte qu’il est rentré ?
Non, c’est de Bingue* (*jargon de rue pour designer l’Occident)
Ok ! Qu’il soit le bienvenu alors !
Oh toi là même ! Je viens te chercher on va le voir.
Pour faire quoi ?
Toi aussi ! C’est mon bon vieux-père, c’est sûr qu’on aura quelque chose avec lui.
Eh frangin, pas maintenant. Moi j’ai mes cocos à vendre pour avoir un peu de jeton !
Aïe !
Ben oui ! Si tu y tiens qu’on aille, tu attends le soir, à la descente.
Bon d’accord, c’est compris. A ce soir.
Kenji raccroche assez vite, il voit encore deux hommes se diriger vers lui. Il les accueille avec un sourire. Ceux-ci commandent chacun une noix. Ils attendent que Kenji les serve puis, ils se décalent juste d’un peu et se mettent à discuter entre eux en dégustant leur noix.
Donc mon frère, c’est ça je recherche. Je veux investir ces sous, sinon, je risque de ne pas rentabiliser, dit l’un.
Une maison ? Je pense que cela ne doit pas être difficile à trouver. A Cotonou ici, il y a tout. Il suffit de savoir où chercher.
Ok. Je veux un truc déjà viable, et pas trop chère quand même.
Pas de soucis, on verra comment lancer la recherche.
Sans le vouloir, Kenji a entendu leur conversation. Tout de suite, il a pensé à son ami Malik, l’homme à tout faire. Il se dit que le sort est en train de donner raison aux propos de sa mère. Il espère vraiment que très vite cette arnaque liée au concours, sera un mauvais souvenir. Alors lorsque ses clients se sont redirigés vers lui pour payer l’addition, Kenji leur dit :
Excusez-moi, mais sans le vouloir j’ai entendu votre conversation. Si je comprends bien vous cherchez une maison à acheter ?
Vous en avez une sous la main ? demande l’homme qui est l’acheteur.
Pas vraiment, mais j’ai l’homme qu’il vous faut. Il peut vous trouver ce que vous cherchez dans les temps que vous voulez.
Ah mais c’est bien ça ! Ou bien ? demande-t-il à l’égard de son ami.
Celui-ci répond :
Oui, bien sûr, cela nous fera même gagner du temps. Où est ce qu’on le trouve ?
Je peux vous donner son numéro, répond Kenji.
Super ! Moi c’est Paul, reprend l’ami de l’acheteur.
Ainsi Kenji échange les contacts avec l’homme, avant qu’ils ne partent. Puis, il envoie un message WhatsApp à Malik pour lui expliquer un peu de quoi il s’agit :
« Il faut qu’on se voie. Business juteux en vue pour toi. NB, Je prends 10% de ta commission » a-t-il écrit.
***
Quelques heures plus tard, Cotonou.
Stella a encore séché le boulot aujourd’hui. Elle devra fournir des explications pour ces jours d’absence, mais elle ne s’en soucie même pas le moins du monde. Elle trouvera bien un moyen de se faire délivrer un certificat de maladie par exemple. Depuis que leur supérieur hiérarchique direct est parti, elle est obligée de surveiller ses arrières. Sinon, il lui aurait juste fallu d’une petite partie de plaisir avec lui, et il passerait l’éponge. Mais bof, pour le moment elle a d’autres choses plus importantes à régler, en l’occurrence, récupérer Samir. Samir est son ticket gagnant, son avenir, alors pour rien au monde elle le laisserait à Marianne.
Après avoir pris une douche, elle s’en va trouver sa mère dans sa chambre.
Maman, ça y est. C’est l’heure à laquelle Alpha nous a dit de venir.
Ok. Accorde moi 15 minutes, je m’apprête.
Leur chemin qui mène chez l’Alpha, est devenu plus que familier pour les deux dames. Elles y arrivent sans grande peine. Mais elles font encore face à la longue file d’attente.
C’est seulement au bout de 3 bonnes heures que leur tour arrive enfin. Il leur avait dit qu’il était important qu’elles fassent les sacrifices qu’il leur avait conseillés. Elles avaient consacré la matinée et le début de l’après-midi pour rassembler tout ce dont elles avaient besoin. Ce n’était pas une longue liste, mais la liste a été bien couteuse. Le jeu en valait la chandelle pour elles en tout cas.
Le rituel de sacrifice proprement dit à également mis un temps fou à se terminer. Lorsqu’elles en ont complètement fini, le soir tombait déjà. Alpha leur dit :
Maintenant, vous pouvez y aller. La nature est favorable à votre requête.
Merci Alpha, répondent-elles en chœur.
Stella et sa mère prennent congé, toutes déterminées à mettre à exécution leur plan.
***
Quelques instants plus tard, Cotonou
C’est lorsqu’elle voit des vendeuses de fruit que Marianne se rappelle qu’elle a promis des raisins à son petit frère. Elle marque donc un arrêt afin de se procurer le fruit avant de continuer son chemin par la suite. Un quart d’heure plus tard, elle est à domicile.
Juste après un klaxon, Adeline vient lui ouvrir le portail. Marianne se sent vraiment lasse, tant émotionnellement, que physiquement. Depuis deux jours tout le travail repose sur elle. Alors dès qu’elle gare le véhicule, elle descend et se tourne vers sa sœur. Toutes les deux marchent lentement vers la maison. Elle demande à sa petite sœur :
Où est Camille ? Il ne manque jamais les jours de rendez-vous de ses fruits préférés.
Ha ! Il dort déjà. Il a trop joué aujourd’hui.
Ok. Ce n’est pas grave. Je garde ça au frigo pour lui. Maman est là ?
Oui, comme toujours. Où veux-tu qu’elle aille ?
Et quelle est son humeur d’aujourd’hui ?
Assez calme, que d’habitude. Je dirai même sereine.
Hum. Et papa ?
Pas encore rentré.
Elles sont arrêtées dans leur marche par la sonnerie du portail. Marianne attend, pendant que Adeline se dirige vers la porte pour ouvrir. Les coups deviennent si violents et rapprochés que Adeline est obligée de courir vers le portail en disant :
Un instant, j’arrive !
Lorsqu’elle ouvre, grande est sa surprise de se retrouver nez à nez avec Stella, en compagnie d’une autre femme beaucoup plus âgée. Stella dit d’une voix violente et agressive :
Elle est où ? Elle est où cette voleuse de mari ?
"Je dépose ça ici, un peu en retard quand même "