Chapitre 18: Les retrouvailles avec Cynthia

Ecrit par MTB

Le service à bord était impeccable comme à l’aller mais je ne prêtais pas vraiment attention à ce que disait le personnel navigant commercial. Si bien qu’il leur fallait se répéter assez souvent pour attirer mon attention. Même le repas qui me fût servi était resté intact. Il faut dire que j’avais l’air déçu et abattu. J’avais le trac pour ce qui m’attendait à Lomé et que je devais affronter. Mes craintes, mes doutes, ma rage intérieure, mon envie de vengeance, tellement d’émotions que j’étais certain que mes poils se dressaient le long de mon bras. Quelle ne fût pas ma surprise de voir Cynthia m’attendre dans le hall arrivée ! Dans un premier je fis semblant de l’ignorer mais elle me héla et s’empressa de sauter à mon cou tel une adolescente amoureuse qui attendait impatiemment son amant. Il me fallait d’abord jouer à son jeu.

-          Ah que fais-tu là, chérie ?

-          Eh bien, je suis venue t’accueillir.

-          Je ne t’avais pourtant pas dit que je rentrais aujourd’hui après notre discussion d’hier.

-          Tu n’avais pas besoin de me le dire. Tu me manquais tellement que je comptais les heures depuis ton départ.

-          Je suppose donc que nous aurons une longue séance de rattrapage.

-          Si tu veux, nous pouvons même commencer tout de suite.

Joignant l’acte à la parole, elle m’embrassa tendrement. Je me laissai faire et répondis à son baiser. Quand elle relâcha l’étreinte, c’était à mon tour de l’attirer contre moi et de prendre les commandes en lui malaxant les fesses. Elle joua à la fille un peu gênée de voir des mains, même de son petit ami, se balader sur ses fesses en public et s’empressa de remonter mes mains dans son dos en ajoutant :

-          Arrête de faire cela quand nous sommes en public. Cela ne donne pas une bonne image. En plus tu m’excites en faisant cela. Mais dommage que j’ai commencé mes menstruations depuis hier.

-          Ce n’est pas grave. Tu es venu en taxi ?

-          Oui. Tu dois être fatigué je suppose. Je voudrais bien t’aider à porter tes sacs mais tu sais que tu es plus musclé que moi et que je risque de m’écrouler ici.

-          Je sais.

-          Chéri, ce n’est pas que je ne veux pas. Mais…

-          Tu n’as pas besoin d’expliquer. Allons-y !

J’étais déjà à deux mètres d’elle quand elle me rattrapa. Je n’avais qu’une envie : celle de me barrer et de ne plus la voir. Elle qui était à Abidjan, au même moment que moi, subitement se retrouve en menstruations. Les femmes doivent sûrement avoir quelque chose qui leur permette de mentir sans laisser transparaître quoique ce soit. De toutes les manières, je connaissais son cycle menstruel et je faisais déjà le décompte dans ma tête. Normalement, elle ne devrait avoir ses menstrues que dans une semaine. Pour quelles raisons, elle disait qu’elle était déjà en menstruations ? C’est vrai que parfois il y a des anomalies mais l’écart me paraissait un peu élevé. Je voulu lui poser la question mais je préférai garder mon calme jusqu’à ce que nous arrivâmes à mon appartement. J’étais silencieux tout au long du parcours qui durait environ une trentaine de minutes entre mon appartement et l’aéroport. Je regardais à travers la vitre le décor que nous traversions comme si c’était ma première fois de venir à Lomé.

C’est vrai qu’il n’y avait pas d’immeubles comme à Abidjan et cela peut expliquer d’ailleurs pourquoi la circulation était relativement fluide par rapport à la capitale ivoirienne. Le seul truc que je ne comprenais pas dans toute cette histoire était notre retard par rapport aux autres capitales voisines. Une si petite ville qui ne dispose même pas de bonnes routes, où certains feux de signalisation fonctionnent comme à l’école coranique, avec des chauffeurs qui apprenaient le code de la route juste pour l’obtention du permis de conduire. C’est quand même compliqué de voir toutes les annonces qui se font tous les jours mais de ne voir aucune réalisation concrète. Après tout, les promesses en politique sont comme de la publicité pour obtenir le suffrage du citoyen. J’étais toujours là dans mes pensées quand la voiture s’immobilisa devant chez moi. J’espérai renvoyer Cynthia chez elle mais quelque chose venait d’attirer mon attention.

Cynthia n’avait plus la même coiffure sur la tête. Elle adorait faire soit des tissages soit mettre des perruques. Je savais qu’elle avait fait des tissages et j’avais vu le même tissage sur sa tête à Abidjan. Mais là, elle avait plutôt une perruque. Je lui fis des compliments sur sa nouvelle coiffure. Elle était heureuse et ajouta :

-          Tu ne peux imaginer à quel point j’ai encore un peu mal. Je l’ai fait juste ce matin et je pensais que tu ne l’avais pas remarqué à ta descente de l’avion.

-          Je suis persuadé que la douleur va bientôt se dissiper.

-          Je l’espère aussi.

Puis j’avançai ma main pour lui caresser les cheveux. J’avais eu envie de les lui tirer et de plaider la maladresse quand je remarquai comme une bosse.

-          Tu t’es cognée la tête ?

-          Oui mon chéri. Mais ce n’est pas grave.

-          Laisse-moi voir.

-          Ce n’est rien de grave. J’ai juste cogné ma tête contre le bord du lit en recherchant une chaussure.

-          Ok. Si tu le dis.

Je m’installai en ouvrant les persiennes afin d’aérer l’appartement. Elle me servit de l’eau qui se trouvait dans le frigidaire et après se proposa de me faire la cuisine avant de partir. Mais j’insistai pour qu’elle ne le fasse pas en prétextant que j’avais déjà le ventre plein après le service à bord de l’avion et que je comptais dîner le soir dans un restaurant. Je lui suggérai de rentrer se reposer aussi afin d’être prête à temps pour vingt heures. Elle rangea les ustensiles en faisant la moue. Elle jouait certainement à une comédie car je connaissais un peu ce tempérament aux femmes. Elle me dépassa rapidement comme quand une personne se sent blessée et veut quitter les lieux de son offense. Je profitai pour saisir son poignet au passage et remarquai qu’elle n’avait pas son bracelet. Mais pour garder des cartouches dans ma besace, je ne lui posai aucune question. Je la plaquai contre le bord de la table à manger pour lui donner un baiser sec et lui demander de m’excuser.

-          Je ne veux pas que tu rentres en pensant que je te chasse d’ici. Surtout pas.

-          Et pourtant c’est l’impression que j’ai. Depuis ta descente d’avion, j’ai eu l’impression que tu as changé.

-          Heureusement que ce n’est juste qu’une impression. Je pense plutôt que c’est la fatigue et le stress du séminaire.

-          Tu me raconteras comment les choses se sont passées ?

-          Bien sûr. Tu sais que tu peux compter sur moi.

-          Et la vie à Abidjan ?

-          Abidjan vit. C’est une belle ville.

-          Et c’est tout ce que tu as remarqué ?

-          En grande partie oui.

-          Donc tu n’as pas couru les filles là-bas ?

-          Pas du tout. Les séances de travail m’ont pris énormément de temps. Avec certains participants, on a juste eu le temps de visiter quelques boutiques.

-          J’espère que tu ne m’as pas oubliée et que tu m’as ramené une belle surprise.

-          Evidemment. J’ai acheté un article directement là-bas et l’autre, nous irons l’acheter lors de notre prochain séjour là-bas.

-          Tu veux dire que toi et moi, nous irons à Abidjan.

-          Oui ma chérie.

-          Comme je suis comblée. Ce sera ma première fois. Je suis déjà excitée.

-          Donc tu n’es jamais allée à Abidjan ?

-          Juste dans mes rêves. D’ailleurs je n’ai fait mon passeport que le lundi. Je dois passer le retirer dans une semaine si tout va bien.

-          Ok. Je sens déjà que tu vas adorer.

-          Je ne sais déjà comment te remercier. Maintenant, et si cela ne t’embête pas, je peux dédouaner mon cadeau.

-          Un instant, laisse-moi voir où je l’ai mis.

Puis je me mis à chercher frénétiquement dans mon sac un objet que je savais que je n’avais jamais acheté. Puis d’un air triste, je la regardai en m’excusant :

-          Sûrement que je l’ai oublié dans la chambre d’hôtel. Je suis vraiment navré ma chéri. Nous allons acheter un autre. Je vais passer la commande au guide qui nous avait fait visiter.

-          Sans souci. Et le deuxième cadeau ? Je peux avoir une idée ?

-          Je préfère garder la surprise pour plus tard.

-          Ok. Je te laisse te reposer. A ce soir.

La porte se referma derrière elle sans que je fasse la moindre tentative pour la raccompagner. Je voulais juste la voir disparaitre et ce pour toujours. Elle ose me dire qu’elle n’est jamais allée à Abidjan. Je la connaissais assez et mes yeux ne pouvaient pas me jouer de si vilains tours. En plus je pourrais lui donner raison si j’ai connaissance qu’elle avait une jumelle quelque part. Je me rassurai qu’elle était bien loin pour descendre rapidement, prendre un taxi, car je ne voulais pas me faire remarquer avec ma propre voiture, pour aller acheter des frites au gésier de poulet que je pris soin de commander au restaurant TNT. J’avais un creux pas possible. La bataille contre l’agressivité n’était pas facile surtout quand en face de toi, on te prend pour un idiot. En tout cas, le caleçon d’aujourd’hui vaut mieux que le pantalon de demain.

Je n’étais pas au bout de mes surprises en rentrant car je croisais dans les escaliers Elvire. Mon cœur faillit sortir de ma poitrine. J’étais quand même sûr que l’on n’avait pas besoin à ce moment précis d’avoir un stéthoscope pour écouter les battements de mon cœur. Mes jambes devinrent subitement lourdes. Elle était encore plus belle que cette nuit sur la dalle. Comment peut-on rester insensible à un charme pareil ? En plus, elle portait une robe qui descendait à peine au niveau de ses genoux. Avec un joli sourire aux lèvres, elle me salua puis me demanda où j’étais. Car elle était venue me manquer les trois dernières nuits là où nous nous sentions à l’aise. J’avais peur que des oreilles indiscrètes nous écoutent. Je répondis rapidement que j’avais voyagé et qu’on aurait le temps d’en discuter le lendemain si elle le souhaitait. Elle n’opposa pas de refus et cligna de l’œil gauche comme pour me dire qu’elle était déjà prête.

L’envie de lui dire de me rejoindre immédiatement si elle le voulait était forte mais je me rappelai d’Eugénie. Je ne pouvais plus la toucher. Ce serait de l’inceste que de coucher avec deux sœurs jumelles. Je m’en voulais de n’avoir pas pu me retenir ce soir-là à Abidjan. Car Eugénie était restée à Abidjan et là je me retrouve avec Elvire qui dort juste dans la chambre d’à côté en étant totalement impuissant. Peut-être que je déménagerai d’ici pour éviter des ennuis. Je continuai d’avaler les escaliers quand Elvire faisait le contraire. Je me retournais de temps en temps pour admirer sa démarche dans les escaliers. Comment peut-on décrire ce que je voyais ? N’était-ce pas une autre provocation ?



à suivre...


 

LA FILLE DE LA DALLE