Chapitre 19: Retour à la routine
Ecrit par MTB
Deux semaines s’étaient déjà écoulées lors de mon retour
d’Abidjan et j’avais repris depuis ce temps une vie presque normale. Je dis
bien presque normale car j’étais un peu différent et j’avais développé une
phobie des jeunes filles. Je les trouvais de plus en plus belles et sexy mais
j’évitais soigneusement de m’en approcher. Après tout, un chat échaudé craint
l’eau froide dit-on. Il valait mieux que je reste dans mon coin, et que
j’attende mon heure pour attaquer.
La vie avec Cynthia n’avait plus le même goût et j’évitais
soigneusement de croiser le regard d’Elvire. Pour Cynthia, c’était du dégoût et
pour Elvire, c’était la crainte de commettre l’irréparable. Cependant, je ne
laissais rien transparaître quand Cynthia était avec moi. Je voulus même
essayer de la surveiller un peu à Lomé pour voir ce que cela donnerait mais
comme c’est celui qui pose des questions qui obtient des réponses, j’abandonnai
cette idée car j’avais peur des réponses qu’elle me servirait.
Avec Moraine, c’était le professionnalisme au bureau. C’était
rare de nous voir ensemble quelque part même lors des pauses-déjeuners. Les
échanges étaient courtois comme avec tous les autres collègues de service. Me
rappelant de ce qu’elle m’avait dit sur son petit ami, je l’interpellai :
-
Moraine,
comment vas-tu ?
-
Je
vais bien. Merci de prendre de mes nouvelles. Et toi ?
-
Je
vais super bien.
-
Tu
m’en vois ravie. Alors c’est quoi le projet ?
-
Tu
te rappelles du Séminaire d’Abidjan ?
-
Bien
sûr que oui. Comment pourrais-je l’oublier. Tu veux qu’on remette cela ?
-
Tu
es entrain de me faire une proposition indécente ? Tu sais que je ne suis
pas un garçon facile je suppose.
Elle éclata de rire au point d’attirer l’attention des
autres. Généralement, tout est calme chez nous. Sauf pendant la pause pour le
déjeuner. Nous disposons même d’un espace jardin avec des reposoirs et une
bibliothèque dans laquelle nous faisons nos recherches.
-
Ris
doucement s’il te plait. Les gens risqueraient de penser que je te fais la
cour.
-
Comme
si tu ne l’avais pas déjà fait ?
-
Qui ?
Moi ? Je ne m’en rappelle pas. Au contraire, je pense que c’est plutôt
toi.
-
Si
tel est le cas, alors tu sais que tu es une poule mouillée.
-
C’est
juste parce que tu ne m’as encore jamais vu me mouiller au lit.
-
C’est
vrai que c’est tentant de voir ce que tu sais faire au lit.
-
Tu
m’excites avec ces histoires et je ne pense pas que ce soit le lieu et
l’endroit pour ce genre de discussions. Les murs ont des oreilles.
-
Dans
ce cas, invite-moi chez toi.
-
T’inviter
chez moi ? Je ne pense pas que cela soit une bonne idée.
-
Dans
ce cas, viens chez moi. Et tu me feras mes crêpes.
-
Oh
oui, les crêpes.
Il faut dire la vérité. J’avais complètement oublié cette
promesse. Voilà que je risque de me mettre dans une position délicate. Que ce
soit chez elle ou chez moi, il y a un fort risque que tout parte en vrille
surtout s’il n’y a personne aux alentours. Avais-je une possibilité de changer
le plan de la crêpe ? Je ne pense pas trop car elle risquerait de
m’accuser de les avoir achetées dans un supermarché en arrivant.
-
On
le fait ce week-end ?
-
Euh,
trop court. J’ai un truc de prévu avec des copains. Disons plutôt le week-end
prochain dans une semaine.
-
Ok.
On se voit chez moi.
-
En
fait, tu habites où ?
-
Tu
risques de te perdre si je t’indique. Nous irons donc directement chez moi
après la sortie du boulot. Nous ferons une escale par le supermarché et tu
achèteras les ingrédients. Comme cela, je pourrai me rassurer que tu ne te
feras pas aider.
-
Ok.
Adjugé. En passant, comment ça va avec ton petit ami ?
-
Je
pense que c’est fini entre nous. Il ne veut pas entendre raison. Il rejette
toute la faute sur moi.
-
Tu
as envie d’en parler ?
-
Je
ne sais pas trop. Peut-être lors de notre rendez-vous. Mais pas ici.
-
Je
suis vraiment désolé que les choses ne se passent pas très bien entre vous
actuellement. Beaucoup de courage. Je suis sûr que tout va s’arranger.
-
Merci
pour ton soutien. Et parlant de cela, comment ça va avec ta petite amie ?
C’est Cynthia je crois non ?
-
Euh,
disons que ça va. On se débrouille. Disons plutôt qu’on gère.
-
Il
y a un souci avec elle ?
-
Non.
Je ne pense pas. En tout cas, elle ne m’en a pas fait cas.
-
Comme
je l’envie. Avoir un bel homme comme toi, travailleur avec un avenir brillant.
-
Tu
me dragues encore on dirait.
-
Non.
Juste que tu ne peux imaginer ce que je donnerai pour t’échanger contre mon
petit ami. Donc tu peux comprendre ma jalousie envers Cynthia.
-
Les
sentiments sont toujours compliqués à comprendre. Mais rien ne prouve que je sois
meilleur que ton petit ami. Il s’appelle comment en fait ?
-
Il
s’appelle Richard.
-
Eh
bien, sache que Richard aussi a de la chance d’avoir une fille comme toi. Je
suis certain que tu feras une bonne épouse.
-
Merci
beaucoup Charles. Il t’arrive de penser que toi et moi, nous pourrons former un
beau couple, ou disons, fonder une famille ?
-
Je
crois qu’on peut en reparler après. Le chef me fait signe. Nous avons une
réunion.
C’est ce qu’on appelle « sauvé par le gong ». Je devais une fière chandelle à mon chef qui avait jeté un coup d’œil dans mon bureau en passant. Sinon, Moraine m’aurait plaqué certainement contre le mur. En tout cas, je commence par me méfier de toutes les femmes. Il est tellement difficile de savoir à quoi elles pensent. Parfois, on a l’impression que les mèches et autres qu’elles mettent sur la tête comme coiffure leur permettent de cacher les intentions réelles.
à suivre...