Chapitre 18: une question de bon mood

Ecrit par Rhema 241

Chapitre 18 : Une question de bon mood .


Rachelle OGOULA


Moi : Tu as préparé ?  


K : Oui, j’ai fait le eru.  


Moi : C’est quoi comme sauce ?  


K : Du nkumu avec des obstacles. 


Moi : Mais pourquoi tu ne dis pas simplement le nkumu ?  


K : La recette est différente. Ça, c’est un plat typiquement camerounais.  


Moi : Et comment tu connais cette recette ?  


K : Je suis camerounais.  


Moi : Tu n’es pas Myènè ?  


K : Myènè/Eton. 


Moi : Je vois, et on mange avec quoi ?  


K : Du couscous.  


Moi : Quel couscous ?  


K : Du foufou, si tu veux.  


Moi : Ah, ok. Je lave mes mains rapidement.  


Je finis de laver mes mains puis je vais m’asseoir sur le tapis à même le sol.  


Moi : Viens.  


K : Il y a une table à manger.  


Moi : Les blancs ne mangent pas le foufou à 22 h donc laisse les manières que tu veux faire là.  


K : Toi, tu as la bouche pour parler hein.  


Moi : On n’a même pas prié avant de manger.  


K : Je ne suis pas un très grand fanatique de Jésus.  


Moi : Tu penses que Jésus, c’est un club de foot ou quoi ?  


K : Non, juste que ce n’est pas mon truc.  


Moi : Seigneur, merci pour ce repas, purifie-le et donne à ceux qui n’en ont pas et bénis les mains de la personne qui a préparé cette nourriture. Bisous, je t’aime. Amen.  

K : Bisous, je t’aime à Jésus ?  


Moi : Amen, tu n’as pas dit Amen.  


K : Amen, mais tu dis bisous, je t’aime à Jésus ?  


Moi : Oui, ça te dérange ?  


K : Moi aussi je veux un bisou, je t’aime. Ça va m’encourager à manger.  


On se fixe un moment puis je me replonge dans mon assiette.  


Moi : On va regarder l’épisode 41. 


 

K : Je peux te raconter.  


Moi : Je savais, depuis que je suis arrivée tu n’as pas parlé de ça, je savais que tu avais regardé sans moi.  


K : Je voulais vraiment savoir, je n’ai pas pu résister.  


Moi : C’est vrai que maman Esther est folle, carrément prendre le certificat pour reconnaître les enfants de MBA.  


K : Ah, toi aussi tu as regardé.  


Moi : Mais moi, je suis une femme.  


K : N’importe quoi, ce n’est pas une raison.  


Moi : Ok, on va continuer après manger.  


…  


K : Donc, c’est un peu ce que je fais dans la vie.  


Moi : Super, bon, qui débarrasse ?


  

K : Tu es sérieuse là ? C’est moi qui ai préparé.  


Moi : Donc quand je vais préparer, tu vas débarrasser ?  


K : Ne te compare pas à moi, c’est moi l’homme ici.  


Moi : Tu es très macho hein.  


K : Très.  


Il se lève comme s’il allait débarrasser, mais rien. Il part laver ses mains, les essuie puis se pose devant la télévision.  


Je débarrasse et nettoie directement.  


Moi : Je peux me changer où ?  


K : Change-toi ici, je suis déjà concentré.  


Moi : Au salon ?  


K : Mais nous ne sommes que deux.  


Moi : Mais on se connaît où ?  


K (me fixant) : On ne se connaît pas et tu es chez moi à presque minuit ? Tu manges ma nourriture et tu t’apprêtes à regarder la télévision toute la nuit sur les fauteuils ?  


Moi : Tu veux seulement le mater.  


K : Déshabille-toi, c’est tout. Tu aimes trop parler.  


Je prends mon sac à la recherche d’un coin tranquille. La première chambre que j’ouvre est marquée par l’odeur de son parfum.  


Je rentre et me change. Sa chambre est de la taille de mon studio, c’est immense, et la baie vitrée en face est magnifique.  


J’imagine un mougoulie contre cette baie vitrée vue sur maison en planche. Il vient construire une maison comme ça dans les cités des pauvres, après quand on va le féticher, il dira que les Gabonais sont jaloux.  


Je vais vers la baie vitrée et me penche dessus pour voir si c’est solide, eh oui ! C’est du bon. Je suis déjà là donc je vais dans la salle de bain. L’espace de ça, dans la maison là, tu fais partout hein, il y a de l’espace.  


Mieux vaut retourner avant qu’il ne vienne me trouver ici.  


Je retourne au salon et le type ne m’a même pas attendue.  


Moi : C’est comment ? Y a quoi de nouveau ?  


K : Emmanuel a demandé pardon à Olga et il y a le frère d’Emmanuel, le policier là, le type se fait appeler le concombre des métisses.  


Moi : Et toi, comment on t’appelle ? 


 

K : Nicky Larson, le seul Myènè du Cameroun, le seul Myènè Eton du pays.  


Moi : Et pourquoi Nicky Larson ?  


K : C’est une longue histoire.  


Moi : Ok.  


On regarde 10 épisodes avant de s’endormir dans les bras l’un de l’autre. Je suis la première à me réveiller. Hier, il m’a fait un bon repas. Aujourd’hui, je vais essayer de lui faire plaisir aussi.  


Je cherche dans le réfrigérateur et trouve de bonnes choses, au congélateur également. Il est déjà 11 heures, on n’a plus le temps pour le petit déjeuner. Aujourd’hui, c’est samedi donc pas de boulot, mais lundi je vais devoir me rattraper car hier je n’y étais pas.  


Je me concentre sur ma cuisson. Est-ce que j’aime préparer ? Non, mais est-ce que je sais le faire ? Bien évidemment. Je suis la fille de maman Solange donc forcément je sais préparer, mais je n’aime pas le faire car c’est fatiguant. Par contre, j’aime manger. Si c’est manger, j’aime énormément.  


Bruit à la porte.  


Je vais vers la porte mais je n’ai pas le temps de dire à la personne d’entrer que je vois une femme d’un âge mûr mais très belle et élégante.  


Moi : Bonjour madame.  


La dame (souriant) : Bonjour ma belle fille.  


Moi : Non maman, moi je ne suis pas votre belle-fille.  


Je vais bousculer Kenneth, il n’a qu’à se réveiller pour gérer sa mère. Je sors d’une relation où il fallait gérer la belle-famille, je ne vais pas rentrer dans une relation maintenant, encore plus une relation où ta mère débarque chez toi le matin sans prévenir alors que tu as la quarantaine révolue.  


Kenneth (se grattant les yeux) : Maman ? Tu… tu fais quoi ici ?  


Sa mère : J’ai besoin de prendre un rendez-vous pour voir mon enfant ? Bébé chou, tu ne me présentes pas ?  


Kenneth : Maman, arrête ça tout de suite, tu sais que je n’aime pas ça.  


Sa mère : Oh, ça sent bon ici.  


Elle va dans la cuisine et se met à ouvrir les marmites.  


Sa mère : Oh, ipora à l’ancienne en plus (les feuilles de manioc). Ma belle-fille, tu es Myènè ?  


Moi (à son oreille) : Parle à ta mère. 


 

Kenneth : Maman, est-ce que je peux te parler ?  


Sa mère : Ok, mon bébé.  


Il l’emmène dans la salle à manger puis revient quelques minutes après.  


Sa mère : Bon, ma fille, je vais y aller. Vraiment désolée de vous avoir dérangés. Demain, je vais préparer et si tu veux…  


Kenneth : Non maman, pas demain.  


Sa mère : Ok, ok, je ne vais pas te brusquer. Bisous.  


Elle me fait des bises, puis sort.  


Il s’est passé quoi comme ça ?  


Moi : Tu as dit quoi à ta mère ?  


Kenneth : Qu’on essaie de faire un enfant et que sa présence n’allait pas nous aider.  


Moi : Tu es vraiment malade toi.  


Kenneth : Elle n’allait jamais partir sinon.  


Moi : Et quand elle se rendra compte qu’il n’y a pas d’enfant car nous ne sommes pas ensemble ?  


Kenneth : Elle ne s’en rendra pas compte. Je vais lui dire qu’en fait tu es drépanocytaire et qu’on s’est séparés.  


Moi : Tu te trouves drôle peut-être ? Tu ne sais pas que cette situation est sérieuse pour plusieurs ? Ce n’est pas drôle comme blague.  


Il me regarde avant de s’asseoir sur le fauteuil.  


Kenneth : Il se passe quoi ?  

Moi : …  

Kenneth : Dis-moi ce qui ne va pas.  


Moi : Je viens de sortir d’une relation de plus de 10 ans, avec des hauts et des bas, et je n’ai pas envie de me remettre en couple. Je n’ai jamais cru que j’allais me marier un jour à cause de tout ce qu’on disait dans la famille, mais quand les mariages ont commencé et qu’on a commencé à parler de mon mariage, au fond de moi, je savais que je ne voulais pas de Daniel comme mari. Je sors de quelque chose de difficile, je ne veux pas me retrouver coincée dans une relation juste parce que ta mère nous a trouvés ensemble.


Kenneth : J’ai 48 ans dans peu de temps. Je ne suis plus un bébé à qui maman peut forcer la main. Si c’était le cas, je serais marié depuis un moment, mais je ne suis pas un enfant. Nous sommes amis et ça me va très bien.


Moi (souriant) : Merci, merci beaucoup.


Kenneth : Tu prépares quoi ?


Moi : Ta mère a déjà tout dit.


Kenneth : Donc tu sais même cuisiner ?


Moi : Je suis bonne partout, il n’y a pas un domaine qui me dépasse.


Kenneth : Même au bras de fer ?


Je pose ma main sur la table.


Moi : Viens, je te gagne.


Kenneth : Tu es une blagueuse.


Moi : Viens, tu vas voir.


Il se met en position et dès qu’il touche ma main, je sens que je ne fais pas le poids. Je mets toute mon énergie, mais son bras ne bouge pas. J’utilise mes deux mains, mais rien n’y fait.


Au moment où je voulais abandonner, il m’a laissé gagner.


Moi (heureuse) : Garçon qui va durer dans le foyer, quand tu vois, tu sais.


Je suis tellement contente d’avoir gagné que je le serre dans mes bras puis le nourris à la cuillère comme un bébé.


Sonnerie de téléphone. NE PAS DÉCROCHER.


C’est le numéro de Daniel, j’ai changé le nom.


Moi : Allô ?


Daniel : Oui bébé, j’ai fini avec la voiture.


Moi : OK, j’arrive.


Daniel : Hier, je suis revenu comme prévu, mais tes frères ont refusé que je rentre. Ils ont même voulu me frapper, mais heureusement que maman était là.


Moi : Ah ok, donc tu vas repasser le soir ?


Daniel : OK, mais parle avec eux.


Moi : Oui, je vais le faire.


Daniel : Je t’aime, mon cœur.


Moi : C’est bien pour toi.


*Click…*


Moi : Je dois aller récupérer la voiture au garage. Tu m’accompagnes ?


Kenneth : Après, on revient ? Tu dors ici ?


Moi : Tu veux que je dorme ici ?


Kenneth : Oui, je veux.


Moi : OK, mais je vais passer prendre quelques affaires chez moi.


Kenneth : Pas de problème.


Je ne le fais pas pour énerver Daniel, juste que je ne sais pas pourquoi, mais j’aime l’ambiance avec Kenneth. J’aime bien sa présence, cette sensation de paix et de tranquillité près de lui. Je ne saurais l’expliquer, mais être comme ça avec lui et discuter me procure une satisfaction agréable, comme si je n’avais besoin de rien d’autre après ça .


Yvie Mackembie


Ça fait à peine 2 heures que je suis de retour au Gabon et mon WhatsApp ne cesse de sonner. J’ai croisé un de mes oncles à l’aéroport, et il s’est chargé de partager la nouvelle. Depuis, mes sœurs n’arrêtent pas de m’appeler. Maman est malade, donc je dois envoyer de l’argent. Je ne sais pas s’ils pensent que je ramasse l’argent, mais chaque semaine, il y a un nouveau problème.


Si je suis revenue au Gabon, c’est parce que j’ai fini ma formation en tant que pasteur second. Oui, je ressens cet appel de devenir pasteur et de servir le Seigneur pleinement. Le pasteur Kevin m’a fait comprendre qu’on va ouvrir une seconde assemblée, pas une cellule car nous en avons plusieurs, mais une véritable assemblée dans la commune d’Akanda. Et je serai le pasteur second. Je remercie le Seigneur pour cela.


Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec un pasteur d’une église sœur. C’est lui qui va nous aider à préparer la cérémonie d’ouverture de l’église. Je dois également rencontrer le pasteur principal pour qu’on s’entende sur les détails de la cérémonie.


En tout cas, moi, je suis disposée et disponible tout le temps. Même à 1 heure du matin, je suis prête à prier pour les âmes. Le premier pasteur veut qu’on arrête les réunions avec les fidèles à 18 heures, mais moi, je pense qu’on devrait se relayer et dormir à l’église s’il le faut, pour aider les âmes. Vraiment, je ne comprends pas comment les gens peuvent ne pas être zélés pour les choses de DIEU. Moi, je ne veux ni mari, ni enfants, ce que je veux, c’est Dieu, c’est Jésus, et Il me suffit largement.


Le pasteur qui doit nous aider arrive avec un peu de retard. Il est dans cette commune depuis longtemps et sait comment les choses se passent. Pour le local, ce n’est pas une location, c’est à nous. Le TPL a payé de ses propres poches. C’était son offrande après la naissance de ses dernières. L’église est très grande.


Le pasteur me donne des consignes, puis je vois Kendrick entrer…


Il fait quoi ici ?


D’abord, c’est quoi cet habillement ? Il porte toujours des vêtements serrés comme un adolescent, un prophète qui s’habille comme un inconverti.


Le pasteur : Ah, pasteur Kendrick, j’étais justement en train de parler avec votre second.


Moi : C’est qui son second ?


Le pasteur : Oh ! Mais vous.


Kendrick : Non, ce n’est pas possible. On m’a dit que c’était un pasteur, pas une femme.


Moi : Quoi, les femmes ne peuvent pas être pasteurs ?


Kendrick : Ce n’est pas ce que je dis. C’est juste que je pensais avoir affaire à un homme, pas à toi.


Moi : Et moi à un pasteur, pas à toi.


Le pasteur nous regardait à tour de rôle.


Moi : On va appeler le pasteur Kevin.


Le pasteur : Pourquoi ?


Kendrick et moi : Ça ne va pas le faire.

SAVEUR GABONAISE TOM...