Chapitre 18 : Yannick le tombeur

Ecrit par Sandy BOMAS



**Stella GAGNON**


-On sonne à la porte Tony ! Tu es prêt ? Lançai-je à mon collègue doublé de colocataire.


-Je suis quasiment prêt,  je mets rapidement du gel sur mes cheveux et je viens.


-Tu es pire qu’une femme Anthony DOREGO ! Lançai-je sur un ton badin.


-Je me passerais bien de tes commentaires Stella ! 


-Fais seulement vite ! Je tiens à être à l’heure à la fête donnée en notre honneur.


En attendant que Tony termine de se coiffer, j’allai ouvrir la porte à la personne qui avait sonné. Notre chaperon était de retour. Nous n’étions pas les seuls à avoir profité des deux heures de libre pour nous rendre présentables. Notre chauffeur et guide avait tronqué son uniforme noir et blanc, contre une tenue plus classe. Pantalon noir, chemise et gilet de la même couleur et cravate rouge foncé. Une agréable  odeur d’eau de parfum, venait compléter ce beau  tableau. Tout à l’heure je n’avais pas fait attention à lui. Trop fatiguée par le voyage ou tout simplement occupée à  découvrir mon nouvel environnement,  je n’avais pas pris la peine de le regarder. 


« Je compte bien rattraper ce petit manquement ! »


 C’est un charmant jeune homme, assez grand, physique attrayant, il mesure pas loin d’un mètre quatre-vingt. Je lui donne vingt-cinq ans par là.  Son teint chocolat  et nuage de lait , laisse deviner qu’il y a du métissage dans ses gênes.


« Beau gosse ! »


Je m’écartai de la porte pour le laisser passer.


-Entrez donc ! 


-Non, je vais patienter en bas…dit-il en essayant de détourner ses yeux du décolleté de ma robe. J’étais juste monté pour vous signaler ma présence.


-ça aurait été plus simple de téléphoner vous savez...


-Je l’ai fait, mais comme ni vous, ni votre collègue ne répondiez, je me suis dit que….


Il marqua une pause comme s’il choisissait minutieusement les mots qu’il allait prononcer. Vu la tête qu’il venait de faire, je compris qu’il s’est imaginé  qu’il y a quelque chose entre Anthony et moi. Rien que le fait d’y songer, me dégoute.


« Beurk ! Tony et moi ? Non mais franchement quelle idée ?! »


-Ok !…Coupai-je comme pour ordonner à ses idées d’aller dans tous les sens. Je fais signe à mon collègue  et  nous descendons.


-Bien Madame. Je vous attends en bas.


(…)


On descendit du bus qui nous a conduit jusqu’au restaurant réservé pour la fête de bienvenue du staff Africa Infos + Bénin. La brise fraiche du soir, me donna instantanément la chair de poule. Je tressaillis.


-Tu veux ma veste ? Me demanda Christian mon collègue et responble du staff.


-Non, ça ira. Je n’aurai plus froid lorsqu’on sera à l’intérieur. Et puis si je porte ta veste, les gens croiront que nous sommes ensemble.


-Depuis quand l’opinion des gens compte pour toi Stella ? Me demanda Tony qui n’avait rien raté de mon échange avec Chris.


-L’avis des autres m’importe peu, rassure-toi…C’est juste que ça risque de faire fuir des éventuels prétendants. Si je porte la veste de Christian, les autres hommes penseront : « chasse gardée », or je suis libre comme l’air !


Tony fulmina, il n’aimait pas que je parle de l’éventualité de me mettre avec quelqu’un d’autre pourtant il faut bien que j’y songe.


Depuis mon mariage annulé avec William, je trouvais des défauts à tous les hommes qui me faisaient du charme. Il y avait toujours un truc qui n’allait pas. 


William et Francine sont passés à autre chose. Leur vie a évolué tandis que la mienne est restée vide et triste. L’un s’est remarié et l’autre a un enfant et une vie professionnelle épanouie.


« Il faut que tu arrives à dépasser tout ça Stella ! C’est d’ailleurs pour ça que tu es venue à Libreville…Tu as accepté de venir au Gabon pour essayer de t’épanouir professionnellement loin de tout ce qui continue de te faire si mal ».


Je lus à haute voix le nom du restaurant écrit en gros sur l’enseigne lumineuse :


-Le Palais d’Epicure


« Avec un tel nom, c’est sûr et certain, on va bien manger ! »


(…)


***Yannick MIKALA***


-Reste encore un peu avec moi, mon chéri...


Hélène  se lova contre moi et couvrait mon torse de baisers sensuels. Ses doigts agiles s’aventuraient entre mes cuisses. Et alors que mon cerveau m’ordonnait qu’il était temps pour moi de partir, mon corps quant à lui luttait pour décliner la chaude invitation que me faisait ma maîtresse, en vain.


«  Je bande dur, j’ai tellement envie d’elle ! »


Elle empoigna mon service trois pièces et se mit à me caresser délicatement la verge et les couilles. Je fermai les yeux, luttant entre le désir de rester encore un peu pour faire l’amour à cette femme jamais insatiable et celui de partir au restaurant.


-Hélène…Je dois partir…


-Ça, c’est ce que tu dis…Mais ton corps lui…Il dit autre chose…Regarde dans quel état tu es…Je pense qu’il serait plus raisonnable que tu te relaxes avant d’aller travailler comme un forçat.


Elle se mit à califourchon sur moi et commença à tracer des fresques imaginaires sur mon torse. Sa langue chaude et douce me procurait des sensations folles et exquises à la fois. Je poussai un profond soupir. Elle prit sur la table de chevet un gel de massage comestible, versa une bonne dose dans sa main et elle se mit à me branler. Le contact du gel froid sur mon pénis en érection, me donna des frissons. 


Je me laissais aller et venir dans la main d’Hélène qui augmentait la cadence au fur et à mesure qu’elle me branlait. Les mouvements de sa main devenaient de plus en plus rapides. Tout en me caressant elle plongea son regard dans le mien. 


« Ses yeux me disent : je veux que tu me baises tout de suite !

Avec sa main, elle me rend fou. Je sens que ne vais pas tarder à éjaculer si elle continue de me caresser comme elle le fait. Mais,  je refuse de céder maintenant, sa caresse est tellement bonne »


 J’ai refermé  ma main dans la sienne et je l’orienté.


-Voilà…c’est comme ça que je veux que tu me branles…


 Excité au plus haut point, mes mains cherchent désespérément sa moule qui doit être plus que trempée, si je me fie aux soupirs qu’elle pousse pendant qu’elle me masturbe.

 Au moment où j’introduis un doigt en elle, Hélène  pousse un petit cri . Je la retourne en position soixante neuf. Et je me mets à lui brouter le minou, tandis qu’elle engloutit mon sexe raide jusque dans sa gorge. Elle s’est mise à me sucer avec un appétit vorace.


 De sa bouche chaude et douce elle me pompe, sans retenue, tandisque je continue à m’activer sur son grain de café. J’écarte ses lèvres pour accéder au paradis rose. Elle serre fort les draps. Et cri mon prénom. Je la baise avec ma langue et mes doigts, elle ondule contre ma bouche. Mes caresses la rendent folle, tout comme la pipe qu’elle est entrain de m’infliger me fait perdre la tête.


Plus j’accélère la cadence, plus elle me rend la monnaie de ma pièce. Donnant-donnant. Je sens que ça monte, si elle continue à me pomper comme elle le fait, je ne vais pas tarder à jouir. Je m’arrête un court instant et je l’invite à faire pareil.


Elle libère mon sexe de sa bouche, et roule sur le côté.


-Qu’est-ce qu’il y a ? Demande-elle haletante et ivre de désir.


-Attends…je finis par articuler


-Je croyais que tu devais partir…fit-elle moqueuse…


-Ça c’était avant que tu me mettes dans cet état dis-je en montrant ma bite tendue.


Je  m’assis sur le bord du lit. Et j’invitai Hélène a s’asseoir sur mon sexe tendu. Elle se presse pour se placer sur moi mais d’une main, je la maintiens au dessus de moi et de l’autre, j’attrape un préservatif que je déchire avec mes dents délicatement. 


-Jamais sans préservatif ! Tu as oublié ? 


-Je constate que je ne te fais pas perdre assez la tête. Tu te souviens toujours de la protection. 


-Je ne cherche pas les problèmes non plus. Tu sais que j’ai raison de nous protéger dis-je en glissant le sachet sur ma verge en érection. 


Une fois prêt, je me glissai en elle avec vigueur, lui arrachant un gémissement au passage. Son dos frottait contre mon torse à chaque fois qu’elle montait et descendait sur mon pénis en érection.


 J’accompagnais ses mouvements en ondulant du bassin. Sa peau douce et parfumée perlait de sueur par l’effort fournit et pour l’encourager à se lâcher encore plus j’écartais davantage ses cuisses et je me mis à jouer avec son clitoris.


« Je sais que ça la rend folle »


Je continue de la prendre tout en jouant avec sa fleur et en caressant ses seins dressés par le désir. Pour la faire vibrer davantage, je lui mordille le cou et lui murmure des choses osées dans le creux de l’oreille.


Je sens de légers battements à l’intérieur d’elle, c’est la preuve qu’elle apprécie ce que je lui fais.


« Hélène prend son pied, et moi aussi»


Je continue,  je m’enfonce de plus en plus profond en elle, tout en affolant son clitoris gonflé. Elle halète. Ses mouvements deviennent rapides et désordonnés à la fois. Elle monte et descend sur mon pénis, donnant le rythme qu’elle veut. Elle sait comment bouger pour se faire plaisir et pour me contenter.


-Continue ! Yan …Yan…Yan !


Elle explose en criant mon nom comme une formule magique. Je jouis à mon tour. En pensant : mission accomplie. 


Je mordille son épaule pour étouffer mes rugissements et je m’agrippe à ses hanches l’obligeant à me garder en elle jusqu’à ce que les spasmes de l’extase s’amoindrissent et qu’on recouvre tous les deux nos esprits.


Hélène se leva délicatement, elle prit un mouchoir en papier sur la table de chevet, s’essuya et m’en passa quelques uns pour que je fasse pareil après avoir retiré le préservatif. .


« Une manie d’après l’amour ».


-Là tu seras plus performant à ton boulot...dit-elle alors qu’elle se dirigeait vers la salle de bain.


Encore dans les vapes. Je savoure les effets de l’endorphine dans mon corps, tout en me laissant aller sur le matelas ferme de mon lit à baldaquin.


(…)


Pendant ce temps 


**Stella GAGNON**


Le parking du restaurant était bondé. Toutes les voitures garées devant Le Palais d’épicure étaient celles d’Africa Infos +.


« Visiblement le restaurant a été privatisé pour nous. C’est cool ! »


A travers la baie vitrée, je vois nos  collègues librevillois qui discutent tout en prenant l’apéro. A notre arrivée ils nous ont fait une haie d’honneur.


«On ne demandait pas autant. Mais j’avoue que ça fait plaisir ! »


J’avais déjà rencontré certains d’entre eux à Cotonou lors de l’ouverture de la chaine de télé.  Automatiquement je me dirigeai en premier vers ces visages qui m’étaient  familiers.


« -Samba ! »


« -Stella tu t’es enfin décidée à venir travailler avec nous ! » 


« -On aura le privilège d’avoir la grande Stella GAGNON parmi nous !  »


Je leur fis la bise puis je discutais un petit moment avec eux avant d’aller saluer tous les autres qui s’étaient mis en petits groupes et avaient repris leur discussion là où ils s’étaient arrêtés avant que le staff du Bénin n’arrive. La directrice de la chaine de télévision prit la parole.


Marcelle ESSO est le genre de femme très sûre d’elle. La petite quarantaine elle est l’épouse d’un richissime homme d’affaires nigérian qui doit sa fortune à ses parents adoptifs. Diplômée de l’université de la Sorbonne. Son discours était accompagné d’un diaporama. Des images retraçant les moments forts et le parcours de la chaine de télévision Africa Infos +. 


«-Voici dix ans que nous travaillons main dans la main, et que nous relayons l’information sur tout le continent africain et au-delà. Je tiens à vous dire ce soir que je suis fière du travail réalisé par chacun d’entre vous pour que la chaine Africa Infos + soit toujours au sommet. Merci à l’équipe du Bénin qui sera avec nous pendant toute la durée du marathon. Je voudrais qu’on fasse une ovation particulière à la seule femme de la délégation venue de Cotonou Stella GAGNON ». 


Toute la salle criait mon nom et tapant dans les mains.


« Stella ! Stella ! Stella ! »


Pour la première fois depuis longtemps, je sentis une vague de timidité me submerger. Je me levai et fis un signe de la main à l’assemblée pour leur témoigner ma reconnaissance face à cette sympathie générale.


-Venez Mademoiselle GAGNON ! 


Madame Marcelle ESSO, la PDG d’Africa Infos + la Boss, m’invite à m’exprimer à la soirée de bienvenue. 


« Waouh ! »


Je me sens flattée, mais je ne souhaiterais  pas que mes collègues me jalousent.


J’ai remercié la PDG pour l’honneur qu’elle me fait . J’ai remercié mes collègues de Libreville pour cette soirée donnée en l’honneur du staff de Cotonou, j’ai fait des éloges d’Africa Infos + et  je suis retournée à ma place.


« Il ne faut pas trop se faire remarquer. D’autant plus que j’ai surpris certaines de mes collègues gabonaises me toiser ».


On a annoncé l’ouverture du buffet. 


« Les choses sérieuses vont enfin pouvoir commencer ».


Les plats étaient présentés avec finesse et raffinement. Les serveurs se prêtaient au jeu de guides culinaires. Ils nous expliquaient la composition de chaque plat. Je reconnu certains plats.


J’avais déjà  mangé du nyembouè ou la sauce odika chez la maman de Francine…Je me suis mise à rêver pendant quelques secondes et du coup j’avais oublié de me servir.


-Tu as besoin d’aide ? Me demanda Samantha ma collègue d’Africa Info + Libreville.


-Non…


-Tu sembles avoir l’embarras du choix…


Pour masquer ma gêne, je souris et reportai mon attention sur le repas. Il y avait quelques mets béninois qui avaient été proposés au buffet. A mon grand étonnement.


-Ils ont tellement voulu nous faire plaisir qu’ils ont mis aux buffets des mets béninois, fis-je à ma consœur gabonaise. 


-Oui et non…


Je la regardais surprise et attendait qu’elle argumente sa réponse.


-Les patrons du restaurant sont à moitié béninois.


-Ah oui ?!  C’est étonnant, fis-je en me servant.


-Il y a beaucoup de familles béninoises installées au Gabon depuis des plusieures  décennies.


-Ok…


Le dîner s’est déroulé dans une ambiance bon enfant. A ma table, les discussions tournaient autour de différents sujets et bien évidemment de l’organisation du marathon.


(…)


**Yannick MIKALA**


Quand je me suis réveillé, Hélène était déjà prête. Vêtue d’une tailleur robe, elle avait même eu le temps de recoiffer son tissage en un chignon qui lui donnait ce côté sophistiqué que j’aimais bien.


-J’ai dormi longtemps ? 


-Non…dit-elle en terminant d’ajuster sa tenue devant le miroir sur pied. Juste trente minutes. 


Je bondis du lit.


-Pourquoi tu ne m’a pas réveillé ?  


-Tu avais besoin de reprendre des forces.


-Je serai en retard ! Je déteste  être en retard…dis-je en me dirigeant vers la salle de bain à la quatrième vitesse. On a une soirée privée ! « Africa Infos + » a réservé le restaurant entier. Il faut que tout soit nickel !


-Tu as une équipe au top Yannick,  je suis sûre et certaine que tes employés respecteront à la lettre, les consignes que tu leur as donné. 


-Je sais…Mais j’aime mieux être là pour tout superviser…Je dois tout gérer depuis que ma sœur est partie au Bénin. 


Je passai le jet d’eau tiède sur moi vite fait avant savonner le corps de mon gel de douche de chez Hugo Boss.


-Je sais…Mais je trouve que tu devrais faire un peu plus confiance à ton équipe en déléguant davantage.


-Je délègue…


-Tu veux  rire ! Tu ne leur laisses pas l’occasion de faire exprimer leur génie !


-Ah là,  je ne suis pas d’accord avec toi. Le chef cuisine ce qu’il lui plait.


Elle me regarde en faisant une grimace.


Je fis disparaitre la mousse sur mon corps.


-Bon c’est vrai j’avoue que j’ai un regard sur la carte des menus…Mais on est un restaurant gastronomique... On a tellement bossé dur Francine et moi pour arriver où nous sommes, que je n’ai pas envie de tout faire foirer. Elle compte sur moi.


-Vous avez le vent en poupe en ce moment, tout le monde n’a que le nom de votre restaurant à la bouche et je ne pense pas que laisser un peu la main à tes collaborateurs ferait tout foirer.


« Plus une seule trace de savon ! »


Je sortis de la douche le corps  ruisselant. 


-Tu devrais t’essuyer avant de sortir de la salle de bain, tu vas mettre de l’eau partout dans ta chambre. 


-Je suis pressé !


Hélène venait de saisir une serviette de bain et me tamponnait le corps comme si j’étais son petit garçon.


-Merci ! 


Je m’habillais aussi vite que je pouvais. Devant mon dressing je balayai du regard tous mes costumes ne sachant pas lequel choisir pour l’occasion.


-Je pense que le costume le bleu marine avec son gilet assorti passerait bien…


-Merci …


Je l’attirai contre moi et l’embrassai sur la bouche.


Le téléphone d’Hélène se mit à sonner. Le doigt sur ses lèvres, elle me fit signe de me taire. Elle articula silencieusement et je peux lire sur ses lèvres : 


« C’est mon mari »


-Oui…Je ne vais pas tarder…A toute à l’heure chéri.


Elle raccrocha et afficha un air gêné.


-Il est rentré de voyage plus tôt que prévu…


-Et évidemment sa poupée de salon doit être là où il l’a laissé avant son départ !


-Ne dis pas de bêtise Yannick…


-Je ne comprends juste pas pourquoi tu continues de rester avec lui…


-Je suis mariée Yann…L’aurais-tu oublié ?


-Non justement et dès fois que ma mémoire veuille me jouer des tours, ton alliance me rappelle à chaque fois que tu n’es pas mienne…Tu appartiens à un autre…


-Yann…Tu sais bien que…


-Je sais bien que ?...Que tu m’aimes coupai-je d’une voix amer. Ecoute Hélène…on ne va pas se prendre la tête...Tu ferais mieux de rentrer chez toi, ton mari t’attends !


Ma phrase eu sur elle l’effet du gifle, son visage s’est fermé et j’ai vu dans ses yeux comme un voile de tristesse. Je m’en suis voulu d’avoir laissé la jalousie prendre le dessus. J’aurais pu éviter ça. 

Mais l’autre con, il appelle au moment où nous sommes bien elle et moi. Je fis un pas vers Hélène, instinctivement elle recula.


-Ecoute Hélène…Je suis désolé je ne voulais pas te blesser….


-Je ferais mieux de rentrer…


Elle a prit son sac et elle est partie.


(…)


Pendant ce temps à Cotonou 


***William KENDRICK SACRAMENTO***


-Will fit une voix traînante derrière moi. Tu es venu enfin ! 


Je me suis raidi automatiquement avant de prendre une profonde inspiration. Je ne me suis pas levé de mon siège. J’ai attendu que le propriétaire de la voix passe devant moi. Je l’aurai reconnu entre mille : Nathan SACRAMENTO. En quelques secondes, il s’est présenté devant moi. Un large sourire étirait ses lèvres et son regard était brillant. Il m’a tendu la main et je me suis levé pour la serrer, ce qui lui a permis de m’attirer contre lui. On s’est enlacé pendant quelques secondes avant qu’il ne me lâche. 


-Bonjour papa. Comment vas-tu ? fis-je mal à l’aise. 


-Je vais bien mon fils. La prison est un autre monde mais ça va. Assieds-toi. 


Je me suis rassis. Mon père avait pris quelques cheveux blancs mais il est demeuré le même homme. Je le fixais droit dans les yeux. Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté de venir lui rendre visite. L’inspecteur Fitz BRUN m’en a convaincu après qu’on ait eu une discussion un peu houleuse. 


-Que deviens-tu ? J’ai appris que tu diriges une maison d’édition et que tu t’es marié. 


-C’est exact papa. Je suis marié. Et toi ? Que fais-tu de tes journées ? 


-Je reste là et je cogite à comment me sortir d’ici. Donc tu t’es marié. Comment ta femme vit la nouvelle ? Les informations sont venues jusqu’à moi. Il paraîtrait que ton ancienne alliance avec Francine MIKALA ait donné des fruits ? 


-…


-Un petite fille de sang mêlé ! Comment est-ce possible ? Tu as été con sur ce coup là. 


-Je suis venu parce que l’un de tes employés m’a passé ton message. Que veux-tu ? Oui Francine a eu une fille de moi mais il est temps d’enterrer la hache de guerre. 


-Ce n’est pas mon avis ! 


-Je te demande pardon ? fis-je en tressaillant. 


-Regarde autour de toi. On est en prison. Et tant que je serai enfermé dans cet endroit, je ne peux pas enterrer la hache de guerre. Je sais que tu as repris nos affaires en main et je t’en remercie. 


-Mais encore ? 


-Yasmine ne peut pas vivre lâcha Papa en me fixant droit dans les yeux. 


Un silence s’est installé entre nous. Je n’étais pas surpris par ses mots. C’était même la raison de ma présence en ces murs. Un des flics de la prison a entendu mon père dire à un de ses hommes que : « La petite MIKALA ne doit pas fêter cinq ans ». Comme fitz BRUN avait déjà demandé de le surveiller, il a été mis au courant. Je n’arrive pas à croire que mon propre père me sorte des âneries pareilles. 


-Que veux-tu Papa ? Je sais que tu n’es pas un tueur d’enfant. Et en plus, la petite ne t’a rien fait. Elle est innocente. 


-C’est toi l’auteur de la grossesse actuelle de sa mère ? demanda-t-il sur un ton suffisant. 


-Non. 


-Donc on va se concentrer uniquement sur la petite. Je n’ai pas envie de la tuer. Après tout, elle est de la famille. Je suis enfermé ici depuis des années mais tu n’es jamais venu me voir. 


-Donc tu comptes utiliser une petite fille pour te venger ? C’est petit et mesquin. Tu es tombé bien bas papa. 


-Non, je ne peux pas tomber plus bas que cela. Tu as juste une chose à faire Will. Fais-moi sortir d’ici. 


-Quoi ? m’écriai-je en frissonnant. 


-Je veux sortir d’ici. Je sais que si tu le veux, tu pourras me trouver un bon avocat. J’ai été un gentil homme depuis que je suis là et il pourrait me libérer pour bonne conduite. 


-Et si je refuse que feras-tu  Papa ? 


-Tu mets la vie de ta fille en danger. Je n’aurai aucun remords en commanditant son assassinat. Et tu ne pourras jamais prouver que je suis derrière tout ça. Même si tu la sors du pays, je la retrouverai. Tu as une semaine pour réfléchir fiston. Ensuite, tu me donneras ta réponse. 


J’avais envie de le frapper en pleine face mais non seulement il s’agit de mon père mais je n’ai pas envie de le provoquer. Cet homme a toujours été impitoyable. Vu les conditions dans lesquelles j’ai grandi, je m’étonne parfois d’avoir su conserver mon humanité. 


-Je sais que tu as envie de provoquer une guerre entre les clans Papa. Mais tu n’as aucune raison de le faire. Tu as été reconnu coupable de la mort de Daniel MIKALA et c’est à cause de toi que je suis dans cette position.  Si tu avais fait un autre choix, je serais  près de ma fille aujourd’hui. Mais par ta faute, Francine a jugé bon de me cacher l’existence de l’enfant. Un conflit inutile que tu as l’intention de faire perdurer…Tu oublies que tu n’es qu’un homme et que tu as un certain nombre d’années à faire sur cette terre ? 


-Tu me menaces Will ? 


-Si tu touches à un seul cheveu de ma fille ou de Francine, je te détruirai Papa. Tu m’as toujours dit que la famille était importante. Alors ma fille est importante pour moi. Personne ne lui fera de mal. 


-Dans ta phrase, je n’ai pas entendu le prénom de ta femme ! Elle n’est pas importante pour toi ? Tu défends juste les deux autres. 


-Alexiane n’est pas concernée par tout ceci ! Fis-je alors en plissant le front 


-Trêve de bavardages. J’ai été ravi de te revoir…Tu as mûri. Je suis fier de toi, de tes progrès et du fait que tu sois à la tête des affaires. Mais n’oublie pas que c’est moi le boss William. Je veux sortir d’ici.


Je me suis levé sans répondre. Il m’a tendu à nouveau la main mais je l’ai ignoré. Je me suis juste dirigé vers la porte qui était fermée à clé. J’ai frappé et quelques minutes après, un homme en uniforme est venu m’ouvrir. Sans un regard en arrière, je suis sorti. 


Les choses vont de mal en pire. Il est évidemment hors de question que je le sorte d’ici mais je peux lui trouver un très bon avocat qui m’aidera à le plonger encore plus. Le risque est que mon père décide d’éliminer l’avocat après son échec. Cet homme est un vrai malade. Comment vais-je annoncer cela à Francine ? Elle semble déjà porter le poids du monde sur ces épaules. Je souffre de la voir dans cet état et je n’arrive pas à lui parler. 


Elle semble tellement distante. En un mois, je l’ai entendu parler juste quelques fois. Et elle maigrit. Quand nos regards se rencontrent quelques fois, je lis tellement de tristesse et de douleur dans ses yeux…Cela m’attriste énormément. J’ai essayé de remettre ma vie sur les rails avec Alex. Je la surveille de très près maintenant. Après avoir découvert la poudre, j’ai eu des réserves mais tout doucement, je lui refais confiance. Mais je me sens vide à l’intérieur. J’ai besoin de discuter avec Francine seul à seule. Mais Alex est toujours là. C’est vraiment pénible. Je comprends qu’elle a peur que je retombe dans les bras de cette  femme qui me trouble tant,  mais je lui ai fait une promesse. Quelque chose ne va pas avec Francine et je dois le découvrir. 


Mon portable s’est mis à sonner. J’ai décroché et mis sur haut parleur. 


-Inspecteur ? Fis-je tendu. 


-Comment était la rencontre ? demanda BRUN


-Il demande que je lui trouve un avocat pour négocier sa libération pour bonne conduite. Sinon, il tuera Yasmine. 


-Je suis désolé William. Je vous avais bien dit que votre père mijotait un sale coup. Que pensez-vous faire ? En parler à Francine ? Ou je peux également le faire. 


-Vous voulez parler à Francine Inspecteur. C’est le prétexte idéal n’est-ce pas ? 


-Je ne cherche pas de prétexte pour entrer en contact avec elle. 


-Ne la contactez pas alors. Je vais lui en parler quand je l’aurais décidé fis-je sur un ton sec. 


-Ne tardez pas trop alors. Vous devez lui donner une réponse quand ? 


-Dans une semaine. 


-OK. Je vous laisse alors. Je réfléchirai à un plan pour le contrer. 


-Inspecteur…


Fitz BRUN est venu m’avouer que Francine MIKALA ne le laissait pas indifférent. Il demandait ma bénédiction pour aller vers elle. On a eu une discussion un peu houleuse à ce sujet. Francine est enceinte et n’a sûrement pas le temps à accorder à ses avances. Il a mal pris ma réponse et on s’est disputé. Je ne lui ai pas dit que j’étais l’auteur de la grossesse de Francine. Je préférai garder cela secret pour le bien de Francine. Mais je me sens obligé de clarifier les choses maintenant. 


-Je vous écoute. 


-Je me suis laissé emporter tout-à-l’heure quand on parlait de Francine. Je m’excuse. 


-Mais…


-Je pense que vous devriez savoir que je suis l’auteur de sa grossesse actuelle. Vu la tension qui règne entre les deux familles, je ne voulais pas chanter cela sur tous les toits. 


-…


-Vous êtes la ? 


-Je comprends mieux votre réaction maintenant. Vous êtiez jaloux. 


-Ne soyez pas bête s’il vous plaît…Je ne suis pas jaloux mais je conçois très mal qu’un homme fasse la cour à une femme enceinte d’un autre homme. C’est tout. 


-Donc si je patiente jusqu’à son accouchement et que tout rentre dans l’ordre, je peux me lancer ? 


J’ai secoué la tête dépité. Je n’ai pas répondu. Il a éclaté de rire et j’ai raccroché. Francine n’accouchera même pas au Bénin donc bonne chance pour te lancer après son accouchement.  Ce n’est pas de la jalousie. Je protège juste ma famille. Qu’on le veuille ou non, Francine aussi fait partie de ma famille et je dois être là pour elle. 


Jusque là, elle m’a permis de fréquenter la petite. Mais on n’a pas abordé les points cruciaux. Je voudrais participer à l’éducation de mes enfants sur tous les plans. Il faut qu’elle change le nom sur l’acte de naissance de la petite. Je veux y voir mon nom et j’aimerais ouvrir un compte à leur nom pour y verser une sorte de pension alimentaire. J’aimerai contribuer aux frais de l’opération de Yasmine et aussi aux dépenses pour apprêter l’arrivée des garçons. Mais pour pouvoir me mettre d’accord avec elle, je dois la voir. Je ne peux pas discuter de tout ça devant Alex. Je dois vraiment trouver une occasion et très vite.


PLUME 241 ET  PLUME D'ELSA ©


Texte protégé Copyright France


Référence de dépot DC7G2H6



Course Contre la mor...