Chapitre 19 : Une autre branche de la mafia
Ecrit par Sandy BOMAS
Chapitre 19:Une autre branche de la mafia
**Yannick MIKALA**
Ma réaction de tout à l’heure par rapport au coup de fil du mari d’Hélène était minable je le sais, mais c’était plus fort que moi, je n’ai malheureusement pas pu m’empêcher d’être jaloux. Je sais pertinemment que je sors avec une femme mariée. Normalement il ne devrait pas y avoir d’ambiguïté. Je sais où se trouve ma place et je suis conscient qu’il y a une ligne à ne pas franchir, mais mes sentiments sont en train d’entrer en jeu, c’est ce qui m’a poussé à faire une crise de jalousie. Je m’en veux d’avoir réagi comme je l’ai fait.
« J’aurais pu me maitriser ! Quel imbécile je suis ! »
Je terminai de me préparer et je ressassai encore. Je pris mon téléphone pour envoyer un message à Hélène puis je me ravisai.
«Il vaudrait mieux que je la laisse conduire, je l’appellerai demain, au calme ».
Je jetai un coup d’œil dans le miroir, tout en ajustant mon nœud papillon.
« Je suis beau dans mon costume trois pièces bleu marine. Je reconnais qu’Hélène a du goût. Elle est très raffinée et elle est de très bons conseils, surtout en ce qui concerne le choix vestimentaire ».
Styliste modéliste à la base, Hélène a des origines antillaises. Elle m’a dit avoir rencontré son mari à Paris lors d’un défilé privé donné par la maison de haute couture pour laquelle elle travaillait à l’époque.
Il a vite fait de lui promettre une vie de rêve au Gabon. C’est comme ça qu’elle a quitté la France, pour s’installer à Libreville. Ils ont eu deux filles, qui ont dix-huit et vingt ans, elles étudient en France actuellement. Elle va leur rendre visite dès qu’elle peut. C’est une vraie mère poule. Elle n’a jamais réussi à couper le cordon. Je la taquine souvent là-dessus et elle me rétorque qu’elle aimerait bien me voir à sa place.
Hélène, en plus de réaliser des merveilles sur croquis, elle fait également du relooking. Elle possède sa propre ligne de vêtements et aussi une agence de relooking et travaille en collaboration avec des cinéastes, des publicitaires, des artistes de la place et ça à l’air de bien marcher.
Nous nous sommes rencontrés pour la première fois en France lors du salon de la gastronomie. Grâce à Francine et ses connexions sur place, Le palais d’épicure y avait un stand. Je me souviens encore de la tête qu’elle avait faite lorsqu’elle était arrivée sur notre stand. Elle était agréablement surprise de voir un restaurant gabonais répondre présent, à ce rendez-vous de fins gourmets où étaient réunies les plus grandes références de la gastronomie française.
Elle avait grignoté les quelques spécialités que nous avions concoctées pour l’événement. Ravie, elle avait prit nos dépliants et cartes de visite. Et avait promis entrer en contact avec le restaurant pour une future collaboration. J’avais tout de suite été séduit par sa grâce. Elle dégageait ce quelque chose que possèdent les femmes sophistiquées. Son magnifique sourire orné de deux fossettes avait suffit à retenir mon attention sur elle de manière particulière.
Et puis, les mois sont passés. Et Libreville est tellement petit comme on dit, que nous nous sommes revus à un dîner de gala, Le Palais d’épicure y était en qualité de traiteur.
En tant que directeur consciencieux, je veillais à ce que tout soit parfait. Et même si mon personnel était déjà au taquet, je leur rajoutais par ma présence un petit coup d’adrénaline pour les maintenir au top et ce jusqu’à la fin de la prestation.
Ce soir là, alors que j’étais sorti prendre un bol d’air frais, j’avais surpris Hélène en pleine crise de larmes. Je lui avais tendu un mouchoir en papier elle l’avait pris précipitamment, s’était essuyé les yeux avant de se moucher bruyamment. Une fois qu’elle fut calmée, elle avait levé son visage vers le mien.
-On se connaît non ?
-Euh…
Surpris, je cherchais où est-ce que j’avais pu la rencontrer. Après quelques minutes à me remémorer tous les éventuels endroits où elle et moi nous avions pu nous croiser, ça m’est revenu.
-ça y est j’y suis. Nous nous sommes vu à Paris, au salon de la gastronomie ! M’exclamai-je
-Exactement ! Fit-elle visiblement enchantée
-Yannick M…
-Yannick MIKALA dit-elle en me coupant quasiment parole.
-Vous avez une bonne mémoire dites donc !
« Son chagrin semblait avoir disparu à en juger par le magnifique sourire qui irradie son visage »
J’étais agréablement surpris de voir qu’elle avait retenu mon nom.
-On peut dire ça comme ça. Dit-elle amusée.
-Vous avez une mémoire d’éléphant.
Je réussis à lui voler un autre sourire.
-Et…Je peux savoir ce qui vous a chagriné tout à l’heure ?
-Oh…c’est rien…
-Peine de cœur ?
-Si on veut….
-Il vous a larguée ?
J’ai vu à l’expression de son visage que ma question était peut-être indiscrète. Du coup, j’essayai de me rattraper.
-Après si vous n’avez pas envie d’en parler je comprends et respecte tout à fait votre vie privée.
-Je suis mariée à un type spécial…En fait…commença-t-elle
-Et ?...
-Non rien…Laissez tomber…J’ai été contente de vous revoir Monsieur MIKALA…Je ferai mieux d’y retourner.
Elle avait tourné les talons et s’apprêtait à repartir dans la salle de réception.
-Attendez !
Elle manqua de tomber, ses chaussures à talons hauts étaient restées coincés dans des gravillons. De justesse je la retins par le bras. Elle s’appuya contre moi et plaqua ses mains sur mon torse. Nos visages étaient tellement proches que je pouvais sentir son parfum sucré. Yeux dans les yeux, nous sommes restés là sans rien dire pendant quelques secondes. Ni elle ni moi n’avions envie de rompre le charme de cet instant. A contre cœur je l’ai libérée de mon étreinte. Ce simple contact avait suffit à nous faire comprendre qu’il y avait une attraction charnelle entre nous.
Elle a bafouillé des excuses, puis elle est partie précipitamment.
-Attendez !
Elle s’arrêta.
-Je ne connais pas votre nom...
-Je m’appelle Hélène OVONO …
-J’aimerais beaucoup vous revoir…
-Moi aussi…Non…Oubliez ce que je viens de dire…
-Oublier ? Il est hors de question que je ne tienne pas compte de ce que vous venez de m’avouer.
Je m’avançai vers elle.
-Vous êtes un entêté à ce que je vois !...
-On me dit têtu et obstiné…dis-je alors que mon visage était à quelques centimètres du sien.
Elle a sourit.
-J’ai toujours la carte de visite que vous m’aviez donnée au salon de la gastronomie à Paris. Monsieur MIKALA…
-Ah bon ?! Fis-je étonné.
-A bientôt Monsieur MIKALA...
-Appelez-moi Yannick.
-A bientôt Yannick.
Elle m’a souri avant de retourner dans la salle de réception et de se fondre parmi les convives.
(…)
J’ai terminé d’ajuster mon nœud papillon sur mon costume et je suis parti pour le Palais d’Epicure.
Lorsque je suis arrivé au restaurant, j’ai aperçu à travers la baie vitrée, mon équipe qui s’activait à fond les casseroles.
« J’aime bien ça ! Les voir bosser sérieusement même en mon absence ».
Un artiste poussait la chansonnette, encouragé par les applaudissements des spectateurs.
***Stella GAGNON***
-Comment s’appelle cette chanteuse ? Demandai-je à ma collègue Samantha qui semblait connaître tout le répertoire de l’artiste .
-Elle s’appelle Ariel T, tu ne la connais pas ?
-Non…fis-je un peu gênée.
-Ce n’est pas grave. Tu vas te rattraper ici !
« La femme d’à côté n’a rien d’une beauté, elle joue les friquées alors qu’elle est fauchée…. »
Pendant que la chanteuse faisait son show et que tout le monde était emporté par le rythme de la musique, (en particulier ma collègue Samantha) je remarquai au loin un homme imposant et class en costard trois pièces qui semblait donner des directives aux serveurs.
«C’est sûrement lui le directeur de ce restaurant »
-Il est beau n’est-ce pas ?
-Qui ?
-Le gars en costume bleu marine et nœud papillon fit Samantha amusée.
-Il est trop loin pour que je puisse te donner mon avis.
-Ça tombe bien, il est en train de faire le tour des tables. Tu auras l’occasion de voir de près le propriétaire des lieux.
Un beau mec, trente-cinq ans toujours célibataire. Riche beau et travailleur.
-Avec tout ça pourquoi est-il toujours libre ?
-C’est la question que la majorité des femmes qui viennent manger ici se posent. D’autant plus qu’il est très sympathique. Il passe toujours voir ses clients à leur table pour savoir si tout va bien. Certains pensent qu’il est gay.
-Qu’il vienne vite à notre table alors, pour que je puisse me rincer les yeux sur cet Apollon bourré de qualités, à qui aucune femme n’arrive à passer la corde au cou.
On a rit rigolé avant de reporter notre attention vers le show qui se jouait.
La voix d’Ariel T devint un murmure qui indiquait la fin de la chanson, ravi : tout le monde applaudit.
-ça y est ! Il vient vers notre table me dit Samantha qui se dandinait comme une collégienne qui venait de voir sa star préférée.
-Mais je le connais !
-Non ?
-Si !
-Tu es sortie avec lui ?
-Huuummm tu es pressée de faire le kongossa !
-Ha au moins j’aurai la preuve qu’il n’est pas gay….
-Chut ! Il est tout près !
-Bonsoir tout le monde, tout se passe bien ?
-Bonsoir Yannick !
Il sursauta surpris d’entendre son prénom. Quand il me vit, son visage s’éclaircit.
-Stella !
Il me prit dans ses bras et me fit une grande accolade. J’étais gênée car tout le monde nous regardait. Mes collègues femmes qui fantasmaient secrètement sur Yannick me toisaient ouvertement. Anthony et Christian qui pensaient que j’étais leur chasse gardée, s’efforçaient de sourire, mais je voyais dans leur yeux que cette marque d’affection ne leur plaisait pas du tout.
« Tchip ils ont de sérieux problèmes ces deux-là ! »
Au moment où Yannick m’a enlacée. Je fus prise de frissons de la tête au pied. Déboussolée, je me détachai doucement de son étreinte. J’affichai un sourire commercial et je priai pour que personne ne remarque mon embarras.
-Et bein dis-donc Stella ! Je suis agréablement surpris de te voir. Je ne savais pas que tu étais à Libreville. Tu es là depuis quand ?
-Je suis arrivée ce soir.
-Tu restes combien de temps avec nous ?
-Je suis là pour un bon moment encore…
-Ok on aura donc l’occasion de se voir tranquillement et parler du bon vieux temps.
-Oui comme tu dis…
-Bon je vais continuer à faire le tour…Je te dis à plus tard.
-A plus tard Yannick
Dès qu’il fut un petit peu plus loin de notre table. Samantha revint à la charge.
-Huumm il faut que tu me dises comment vous vous connaissez Monsieur MIKALA et toi.
Je l’aime bien cette Samantha. J’avais déjà eu l’occasion de travailler avec elle, à Cotonou, lorsqu’elle faisait son stage de fin de cycle.
« Contrairement aux autres collègues d’Africa Infos + Libreville, elle a moins ce côté cul pincé et ces airs suffisants à deux balles qu’ont toutes les autres ».
En jetant un coup d’œil autour de moi je me rendis compte que Samantha n’était pas la seule à vouloir connaitre les liens que j’avais avec Yannick MIKALA. Tout le monde attendait que je dise comment je connaissais le patron des lieux.
-Yannick est comme un grand frère pour moi, c’est le grand frère d’une amie de longue date…
-C’est tout ?
S’enquit Samantha qui ne semblait pas convaincue par ma réponse.
-Oui, c’est tout dis-je en souriant.
Je pouvais lire le soulagement sur les visages de Christian, Anthony.
Orlie aussi semblait soulagée. Ça se voyait qu’elle n’était pas indifférente au charme de Yannick.
Un mètre quatre-vingt-cinq, teint clair, physique de sportif.
La journaliste que je suis, habituée à interviewer des sportifs en compétition sait reconnaître un corps souvent sollicité par l’effort physique.
-En tout cas ! Wait and see !
-Tu es grave Samantha je jure !
(…)
***Hélène OVONO***
Yannick m’a sérieusement vexée. Il sait pertinemment que je ne peux pas quitter mon mari d’un claquement de doigts. Il connaît ma situation et il sait que les sentiments que j’éprouve pour lui sont profonds. Je ne joue pas avec lui. Je suis sincère et ce depuis que lui et moi avons commencé à sortir ensemble.
Je prends d’énormes risques en le fréquentant, car si Victor venait à l’apprendre, il nous tuerait tous les deux.
Victor OVONO, mon mari, est l’un des hommes les plus riches du pays et il figure dans le top 10 des hommes les plus influents d’Afrique centrale. Grâce à sa chaine d’hôtels et ses multiples affaires, Victor possède une fortune inestimable. Il doit son statut de multi millionnaire à ses nombreux hôtels de haut standing, mais aussi à des activités pas du tout catholiques.
Je sais que Victor trempe dans des choses pas très nettes. Il est depuis quelques temps en contact avec un groupe de mafieux italiens venus s’implanter au Gabon sous couvert d’activités commerciales, axées sur la vente de voitures de luxe, et bien d’autres business adressés à la classe bourgeoise. J’avais surpris une conversation téléphonique entre mon époux et un de ses associés mafieux. Leurs activités illicites s’étendent jusqu’au Bénin. J’ai même entendu dire que leur associé là-bas, un certains Nathan SACRAMENTO a été emprisonné pour meurtre. Et malgré le fait qu’il soit au trou, il arrive quand même à traiter avec mon mari et ses acolytes italiens.
C’est Victor qui leur garantit sous couvert de ses sociétés, la possibilité de faire rentrer et sortir d’importantes sommes d’argent en échange de services louches.
« L’homme que j’ai épousé n’est en réalité qu’un mafieux doublé, de pervers narcissique ».
Je me sentais comme prise au piège. Plus le temps passait, plus je me sentais comprimée dans ce mariage qui n’existait plus que de nom.
« Partir voici ce à quoi je pense depuis un bout de temps. Mais je dois bien préparer mon plan avant de le mettre à exécution...Victor ignore que je suis au courant de ses magouilles avec les italiens. Je ferai tout pour ne pas qu’il se doute de quoique ce soit. Une fois que tout sera bien ficelé. Je m’en irai ! »
J’ai souvent pensé à quitter Victor, mais partir signifierait signer mon arrêt de mort. J’ai songé à fuir à plusieurs reprises, mais je me suis vite ravisée quand j’ai vu le sort qu’il avait réservé à deux des innombrables maîtresses qu’il entretenait. Lorsqu’elles avaient décidé de le quitter pour un autre homme, il les avait fait disparaitre. Et même si les causes de la mort de ces femmes restent un véritable mystère, je sais que Victor y est pour beaucoup dans la leur disparition. Elles avaient toutes les deux été retrouvées mortes dans leur somptueuse maison louées par lui.
On ne quitte pas un type de ce genre, comme si on allait faire des emplettes. Il faut avoir un plan bien ficelé de A à Z et ensuite il faut fuir très loin quitte à changer d’identité.
Quand j’ai vu le vrai visage de Victor je suis tombée de nues. Je ne saurais dire si c’est lui qui a parfaitement joué la comédie ou si c’est moi qui ai fermé les yeux pendant toutes ces années à cause de la vie de château qu’il m’offre.
Et puis il y a eu ces soirées organisées par ses amis mafieux, ils y faisaient venir des putes de luxe...Sexe, argent, drogue business voilà ce qui définit le monde de mon cher mari Victor OVONO.
Malgré tout ça je suis restée. Je me suis mis des œillères, je croyais que ça ne me boufferait pas. Mais je réalise avec amertume que je me suis menti à moi-même.
Mon argument principal a toujours été Noëlle et Chrisna mes filles.
Aujourd’hui mes filles étudient en France. Elles sont majeures et vaccinées…Je n’ai réellement plus de raison de rester dans une union qui ne me convient plus…Victor a son monde et je me sens étrangère à cet univers hostile pour moi.
(…)
Lorsque je suis arrivée devant ma résidence, le portail s'ouvrit automatiquement. Depuis le parking je pouvais voir la lumière qui émanait du bureau de Victor.
Je n’aurais jamais pensé qu’il rentrerait plus tôt que prévu. Ça ne lui ressemble pas du tout. Lorsqu’il va en voyages d’affaires, mon mari a pour habitude de rallonger son séjour, plutôt que de l’écourter.
Je sortis mon miroir de poche et vérifiai que je n’avais rien de travers. Mes cheveux étaient bien coiffés, mon maquillage ne coulait pas.
« Heureusement que j’ai pris le temps de me refaire une beauté en partant de chez Yannick »
Je descendis de voiture, pris mon sac de soins esthétiques que je laissais en permanence dans le coffre et d’un pas assuré je me dirigeai vers la maison.
Lorsque j’arrivais chez moi, je trouvais Victor dans le salon. J’avais du mal à voir l’expression de son visage, car il était caché par un épais nuage de fumée qui émanait de son cigare.
« Il faut que je paraisse naturelle et décontractée. Je ne dois aucunement lui montrer que son séjour écourté me déstabilise ».
D’un pas assuré, je m’avançai vers mon mari.
- Où étais-tu donc passée Hélène ?
Sa question sonnait plus comme un reproche qu’une envie réelle de savoir d’où je venais.
-Bonsoir chéri, bonne arrivée !…Je choisis d’être près de lui pour lui donner la réponse que j’avais minutieusement préparée pendant le trajet. J’étais chez mon esthéticienne, comme tous les jeudis…
Ignorant la suspicion que je lisais dans ses yeux, maintenant que la fumée s’était dissipée, je le gratifiai d’un baiser furtif. Et me dérobai. Direction ma chambre.
A peine m’apprêtais-je à monter les marches d’escaliers qui menaient à l’étage, que Victor qui s’était levé sans que je ne m’en rende compte, me retint par le bras. Surprise, je sursautai.
-C’est comme ça que tu accueilles ton mari ? Je ne t’ai pas manquée pendant ces deux semaines ?
Mon cœur se mit à battre à un rythme effréné. Le sourcil interrogateur et le ton réprobateur que Victor avait adoptés, me firent paniquer quelques secondes.
« Garde ton calme Hélène…Tu connais le point faible de ton mari…»
J’inspirai profondément et j’adressai à mon cher époux, mon sourire le plus désarmant.
Instantanément je lus dans son regard une expression que je connaissais parfaitement.
Sans attendre ma réponse il m’attira contre lui, retira ma veste avec empressement, tira sur ma chemise dont les boutons s’arrachèrent au passage avant de s’éparpiller sur le carrelage.
-Hummm ils m’ont manqué ces seins !
Et comme un affamé, Victor noya sa tête dans ma poitrine.
« Si je refuse de me donner à lui, il risque de se douter de quelque chose… »
J’inspirai profondément puis je relevai délicatement sa tête, plongeant mon regard dans le sien je m’adressai à lui avec toute la douceur possible.
-Si…bien-sûr que tu m’as manqué chéri…
-J’aime mieux ça !...dit-il d’un ton autoritaire.
Il baissa la fermeture éclair de ma jupe qui glissa sur le sol, découvrant mes jambes au passage et m’attira contre lui.
-J’ai envie de toi Hélène…
Dans un geste viril, il agrippa mes fesses à pleines mains et me plaqua contre son érection naissante.
-Victor…Attends …
-Quoi ? Rugit-il
Je me détachai lentement de son étreinte avec un sourire des plus séducteurs.
-J’ai une surprise pour toi…
Il leva un sourcil interrogateur.
-Huuummm
-Je reviens dans un petit moment mon chéri….
-Dépêche-toi alors !
-Je ne serai pas longue...
-Mets ta tenue de soumise !
-Oui chéri...
« Merde ! Vu comment je me suis bien dépensé avec Yannick, je crains de ne pouvoir assurer avec Victor, il faut que je sois à la hauteur autrement je risquerais d’éveiller ses soupçons...Or il ne faut pas qu’il se doute que je vois quelqu’un d’autre… »
Vêtue uniquement de mon soutien gorge en dentelle noir et mon shorty assorti, je montais lentement les escaliers en exagérant sur mon déhanché, pour le bon plaisir de mon mari, qui, excité, me buvait du regard sans retenue.
Une fois dans ma chambre, je me suis déshabillée à la quatrième vitesse et je me suis hâtée d’appliquer ma pommade spéciale à l’intérieur de mon vagin.
« Avec ça, mon bijou sera bien serré et Victor ne pourra pas se douter une seule seconde, que je viens d’avoir des rapports sexuels avec un autre homme ».
Je me suis rafraichie rapidement, puis j’ai enfilé ma tenue en latex.
Victor est un homme puissant et il aime avoir le dessus sur tout et sur tout le monde et ce même dans notre intimité. C’est lui qui décide quasiment sur tout. Il ordonne et j’exécute.
Quand il était rentré d’un de ses innombrables voyages avec des dessous en cuir et latex et plein d’autres accessoires, j’avais compris que plaisir rimerait désormais avec sévir.
Devant l’immense miroir mural j’ajuste ma guêpière et je chausse mes bottes en cuir. Je ne mets pas de slip, Victor aime avoir accès directement à ma féminité.
L’image que me renvoie le miroir me serre le cœur et je repense aux paroles que m’a dites Yannick lorsque je suis partie de chez lui.
«…Et évidemment sa poupée de salon doit être là où il l’a laissé avant son départ… »
Une poupée voilà ce que je suis désormais pour Victor. Les paroles de Yannick m’ont profondément blessée. Il a mis le doigt où ça fait mal. Ce qui est triste c’est qu’il a dit vrai.
« Une chose est sûre, un jour je partirai. Oui un jour je quitterai Victor…Et je m’en irai loin d’ici !… »
J’ai essuyé du revers de la main une larme qui venait de s’échapper et je suis sortie de la chambre.
Copyright France Références de dépôt DC7G2H6