Chapitre 19.
Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
Chapitre 19.
Trois jours plus tard...
« Oh, madame Anderson ou Azizet ou je ne sais quoi ! Tu
es toujours là ? J'ai entendu dire que tu as été copieusement bastonnée.
Tout le monde en parle dans Libreville. S'il suffisait de revenir au Gabon
avec un nom américain pour voir sa réputation changée, ça se saurait. Mais
madame Ratanga aurait déjà dû t'achever. »
Je n'ai pas besoin de retourner pour savoir qui vient de me parler.
Je suis tranquillement assise dans un salon de l’hôtel en compagnie de
Christian et la voix de ma mère a tout pour m'indisposer. Je lève mon regard
vers elle et lui dis alors :
« On te paie pour nettoyer les chiottes ou pour t’occuper de
la vie des clients ? Encore une parole de ce genre et je vais me plaindre
à la direction. »
« Hum ! En tout cas, mon problème est même où si on te
tue. Je gagne quoi là dedans ? »
« Tu n'y gagnes rien en effet ! Alors tais-toi. À ta
place je ne la ramènerais pas de la sorte. Ton avis n’intéresse
personne. »
« C'est bien ce que je disais. Cette femme aurait dû te fendre
le crâne un bon coup. Au moins j'aurais pris du plaisir à jeter ton corps à la
décharge publique de Mindoumbé. »
« C'est vrai que les gens de ton espèce se débarrasse du corps
de leurs enfants mort dans une décharge publique ! Et tu sais pourquoi ?
Parce que ton corps à toi est une poubelle. Les chiens ne font pas de chat.
Allez, ouste ! Dégage avant que j'aille me plaindre à la
direction. », lui fais-je sans ménagement.
Elle s'en va en emportant le plateau qu'elle tient en main. Là,
Christian me dit :
« Ta mère est multitâche dans cette hôtel ? »
« Où est mon problème là-dedans. Parlons de choses plus
sérieuses. Alors, tu as pu discuter avec Merveille Nyama ? »
« Merlie ! Le médecin t'a demandé de te reposer pendant 5
jours. Laisse-nous régler ce dossier. »
« Je suis un peu inquiète. Le temps joue contre moi. Les médecins
à Paris nous ont dit qu'il fallait agir au plus
vite pour commencer ce dépistage. J'ai l'impression de perdre du temps
en restant au lit. La vie de mon neveu dépend de toutes les démarches que
j'entreprendrai ici. »
« Ne t'inquiète pas. Pédro est sur le coup. Quant à moi,
j'étudie la vie de Nyama. Peut-être a t-on une autre possibilité d'arriver à
notre fin. »
« C'est à dire ? »
« Oh, si jamais Merveille Nyama refuse de t'aider, il faut un
plan B. »
« Que veux-tu dire par-là ? »
« Je veux dire qu'il faudra trouver le moyen de pression sur
elle ou trouvé une autre voie pour obtenir ce que l'on veut. »
« Du moment qu'il n'y a pas de violence, out me va. Tu pense
qu'elle acceptera de me parler. »
« Si Pédro se montre convaincant, elle acceptera. »
« Je vais remonter dans ma chambre. J'ai besoin de repos.
N'oublie pas que l'avion de Salima atterrit dan 3 heures ; et de grâce,
fais en sorte que Pédro ne pose pas les yeux sur elle. C'est ma meilleure a
mie, mon double, ma sœur. Alors, pas touche ! »
« Ok. Je lui transmets le message. Ne t'en fais pas, je serai
à l'aéroport pour l’accueillir. »
« D'accord. Nous partons de l’hôtel demain matin. Pédro nous a
réservé un appartement à la Résidence Nomad' ! »
« Ok. Cool. Bien, on se voit ce soir. Repose-toi. »
« C'est ce que je compte faire. »
Il me laisse devant l'ascenseur et s'en va. Je monte dans ma
chambre avec l'intention de dormir et rien d'autre. Au moment où j'arrive
devant ma porte, je remarque une femme de ménage poussant son chariot. Je lui
dis bonjour et introduis mon passe pour ouvrir ma porte. A ce moment là, une
ombre m'approche. Je me retourne pour me retrouver face à face avec Parfaite,
la sœur et meilleure amie de ma mère. Je la regarde surprise. La femme tremble
comme une feuille en s'adressant à moi.
« Oh ! Donc Albertine disait la vérité. Tu es vraiment
là, Azizet ? »
« On m'appelle Merlie. Bonjour à toi ma chère tante. Pourquoi
avoir mis autant de temps pour venir ici vérifier que c'est bel et bien
moi ? », lui fais-je avec une voix aussi douce que du miel.
« Eh, Azizet, pardon. Je me mets à genoux. Pardon
ooooh ! »
La voilà qui atterrit à genoux à mes pieds.
« Demande-moi tout ce que tu veux mais pardon, ne vient pas me
tuer. »
« Oh, chère tante ! Que t'arrive t-il ? Après toutes
ces années, nous devrions sourire et nous prendre dans les bras ! »,
fais-je en lui donnant l’accolade.
Je suis trop faible pour m’occuper de son cas maintenant. Ma
priorité est ailleurs pour l'instant ; pas besoin d'aller m’emmêler les
pinceaux avec le cas Parfaite Mo. Si je savais que mon retour la ferait autant
trembler, peut-être serais-je revenue rien que pour elle.
Je sens qu'elle se détend alors, je me détache d'elle et lui tourne
le dos pour entrer dans ma chambre. Je ferme la porte derrière moi sans plus me
préoccuper de sa présence. Son dossier sera traité une fois que j'en aurais
fini avec l'affaire au sujet de la santé de mon neveu.
Au moment où je m'assois sur le lit, j'entends cogner à ma porte.
Je préfère ne pas réagir. C'est sûrement cette idiote de tante qui persiste à
vouloir s'excuser. Je m’installe sous les couvertures bien décidée à dormir.
Très vite, la fatigue m'emporte vers un long sommeil.
Je suis réveillée trois heures et demie plus tard par le téléphone
de la chambre. La réception m'indique que mes amie Salima et Christian sont
arrivés. Je prends Salima au bout du fil :
« Coucou toi ! Welcome in
Libreville ; Je suis dans la chambre ; »
« Hey ! Je dépose mes valises et viens te voir.
God ! Autant de soleil ! Il faut que j'aille à la plage tout de
suite. »
« Hey Salima ! Le soleil va bientôt se coucher. Aller,
montez, je vous attends. »
Ils arrivent un quart d'heure plus tard. Je me lève pour aller les
accueillir. J'ouvre la porte et sans le remarquer jusqu'à ce que Christian m'en
fasse la réflexion, je pose le pied sur une enveloppe.
« Fais attention, Merlie. Ton pied est posé sur une
enveloppe. »
Il se baisse pour la ramasser alors que je me jette dans les bras
de ma copine ;
« Je te laisse seule quelques jours et tu en profite pour te
transformer en boxeuse ! », me fait-elle en riant.
« Dis-moi Merlie ! Ta copine ne parle pas un mot de
français !? Je suis fatigué de réfléchir pour me souvenir de mes cours
d'anglais de 3ème. », me lance Christian.
« Salima ! », fais-je pour réprimander ma copine.
« Hey ! Je voulais juste m'amuser ! », me
répond t-elle en éclatant de rire ;
Là, Christian comprends qu'on se fout de lui :
« Je vois. Elle parle français, n'est ce pas ? »
« Salima est parfaitement bilingue. Elle te fait marcher
depuis le début. »
« Désolée. Je voulais éviter le bavardage pendant le trajet
jusqu'à l’hôtel. Je ne suis pas très bavarde, tu comprends. », dit-elle en
s'adressant à Christian.
« Ok. Je comprends. », lui répond t-il.
Ils s'asseyent tout deux puis Christian me fait remarquer que je
tiens toujours cette enveloppe dans la main.
« Ouvre là ! Si quelqu'un a pris la peine de te la
glisser sous la porte, c'est qu'elle est importante, non ? »
« Oh ! Tiens, ouvre là. Ce doit-être mon imbécile de
tante qui l'a glissé. Elle est passée me voir tout à l'heure. »
Je lui tends l'enveloppe et aussitôt me met à discuter avec Salima.
« Alors dis moi comment s'est passé ton voyage, lui fais-je.
« Trop long ! Mais j'ai papauté avec des gens fort
intéressant. Figure-toi que j'ai fait la connaissance d'un ministre et d'un
député. J'ai les cartes de visite avec moi. Nous sommes toutes les deux
invitées à un cocktail dînatoire la semaine prochaine. »
« Hum ! Mme la relationnelle ! Ça te ressemble bien
de parler librement à des étranger alors que tu rembarre les mecs qui
t'approchent d'habitude. »
« Le contexte est diffèrent. Je ne serai pas célibataire
sinon ! »
Je regarde cette splendide métisse italo-gambienne qui est plus
qu'une sœur pour moi. Elle plie et déplie ses langues jambes minces et
effilées ; son brushing est impeccable et ce rouge à ses lèvres, rehausse
l'éclat de la beauté de son visage aux grands yeux. J'ai souvent eu des complexes en marchant à
ses côtés. Elle a l'intelligence subtile et le cœur tendre.
« Je m'attends à ce qu'un bon gabonais mette fin à ton
célibat. »
« Écoute, je n'en ai pas vus de vraiment renversant dans cet
avion. Donc, cela ne risque pas d'arriver. Je suis ici pour le job et je compte
bien montrer de quoi je suis capable pendant ce séjour. Je rencontre Mr Jalil
Ratanga dans une heure. »
« Pourquoi si vite ? », lui fais-je.
« Pourquoi pas ? », me répond t-elle simplement.
« Ok, j'ai compris. Je ne dis plus rien. Tu reprends le
dossier après tout. »
« Oui, oui. Je veux juste m'assurer que tout se passera dans
de bonnes conditions et j'ai un gros chèque a récupéré au cas où tu l'aurais
oublié. J'aime l'idée de gagner beaucoup d'argent, ma vieille, mais je préfère
encore que ni Lindsey ni toi ne vous cassier aucun membre ni ne finissiez à
l’hôpital. Je deviens quoi sans vous ? »
« Hum ! Je me serais volontiers passée de ces violents
maux de tête, tu sais. Mais vu la tigresse que j'ai eu face à moi... »
« C'est un avertissement ma belle ! Cette femme voulait
te faire comprendre qu'elle te perçoit comme une menace. Ne me dis pas que tu
as approché de trop près son époux ! »
« Non. Je l'ai gardé à distance. Son épouse est simplement
dingue. »
« Elle est tellement folle qu'elle est venue jusqu'ici glisser
ce mot sous ta porte. Qu'est ce qui ne va pas dans la tête de Victoire
Ratanga ? Je comprendrai si tu avais rebeloté avec son époux, mais
là... », me lance Christian complètement atterrée.
« Raconte ! Que dit-elle ? »
Il se lève de son fauteuil et lit le mot qu'il tient en main :
« Marlène Azizet, je te préviens : Jalil est mon époux,
laisse-le tranquille. Si jamais il rentre tard ce soir comme cela a été le cas
hier, je te tuerai. »
Il s'arrête et me regarde. Je me contente de hausser les épaules
sans rien dire. Là, Salima demande à
Christian de remettre le mot dans l'enveloppe et de le lui donner :
« J'en parlerai tout à l'heure pendant ma réunion avec Mr
Ratanga et sa collaboratrice responsable juridique. Il faut déjà les mettre au
courant au cas où cette folle déciderait d'agir. », lance t-elle.
« Qu'est ce que j'en sais de l'endroit où traîne son époux le
soir au lieu de rentrer chez lui ? »
« Si elle avait besoin d'une réponse, elle poserait la
question à son époux au lieu de venir te menacer. », me dit Salima.
« Cette femme a le crâne vide. L'entreprise de son époux vient
de cracher 72 millions de francs cfa et cela ne lui fait ni chaud ni
froid ? Sur quelle planète vit-elle ? »
« Je me le demande ! », fais-je à Christian.
« Veux-tu que je t'accompagne à cette réunion, Salima ? »
« Si tu t'en sens la force, oui. Ensuite nous irons dîner.
« Je vous y dépose. Vous n'aurez qu'à m'appeler une fois la
réunion terminée. Je vous invite pour le dîner », se propose Christian.
« D'accord. Laissez-moi me préparer. », dis-je.
« Nous t'attendons en bas dans un bar. J'ai envie de prendre
un verre. Tu viens, Christian ! », lance Salima.
Ils s'en vont tous les deux. Je me lève du lit et vais me préparer.
Je porte une robe longue fleurie en polyester, avec col arrondi. Elle est
fluide et me donne un air de jeunette que me fait oublier mon mal de tête. Je
relève ma coiffure en chignon et passe un collier fin autour du cou. Je me
parfume légèrement, puis prends un sac à main noir, dans lequel je prends garde
de glisser mon passeport et mon portefeuille.
Je sors de la chambre et vais vers l'ascenseur pour retrouver mes
amis en bas. Quand j'arrive au rez-de-chaussée, je passe devant la réception
pour déposer mon passe. Là, l'agent qui se tient là, me dit :
« Mme Anderson, une dame a laissé du courrier pour vous. Un
instant, je regarde. »
Il s'éloigne et revient avec une enveloppe blanche. Il me la tend
et me souhaite une bonne soirée. Je m'éloigne en ouvrant l'enveloppe. Là, je
remarque des billets de banque à l'intérieur et il y a un petit mot. Je me
décide à le lire. Dans un langage de
niveau CP2, la fameuse tante Parfaite qui est venue m'emmerder tout à l'heure
me dit :
Pardon, ma copine. Ne me tue pas. Prends oooh ! Pardon,
prends...
Oooh, Azizet, ne me tue pas. On peut négocier.
Prends ça d'abord...
Je compte une dizaine de billet de 10 mille francs cfa. Cela me
fait rire. Je ne me fatigue pas plus. Cette femme veut trembler, alors je la
ferai ramper jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus de me supplier.
Je fourre l'enveloppe dans mon sac et arrive vers mes amis.
« Je suis prête. On peut y aller. »
« Laisse-moi te dire que si c'est comme ça que tu te présente
devant Jalil Ratanga, je ne suis pas étonnée que son épouse veuille
t'assassiner ! », me lance Salima.
« Oh ! Je ne me suis habillée comme ça, que parce que toi
et moi allons au restaurant. A chaque fois que je suis allée travailler,
j'avais un tailleur. », dis-je pour me justifier.
Mais pourquoi me justifier ???
***** Les déboires de Jalil.
Il est 19h 30 quand Je vois arriver Angèle DoRégo, ma responsable
juridique. Depuis la porte de mon
bureau, elle me dit :
« Chef, on y va. Salima Bâ vient d'arriver pour notre meeting.
Nous sommes en salle de réunion au premier. »
« Je descends dans quelques minutes, Angèle. », lui dis-je
en prenant congé de mon interlocuteur au bout du fil.
Je me lève de mon fauteuil, ajuste ma cravate et prend mon agenda
et mon Ipad sur le bureau. J'arrête mon ordinateur et me dirige vers l'escalier
qui mène à l'étage inférieur. En arrivant là, j'ouvre la porte de la salle de
réunion et sui arrêté net dans mon élan quand je remarque la présence de
Merlie, qui se tient près de la machine
à café dans le coin. Seigneur ! Comment est-il possible que la simple vue
de cette femme me rende aussi idiot ! Ça ne changera donc jamais ???
Je retrouve rapidement contenance, entre dans la salle décidé à
l'ignorer autant que possible en focalisant mon attention sur son associée.
« Hello everybody. Mrs Bâ, How do you
do ? »
« How do yo do, Ratanga ? Nice to meet you. », me fait cette sublime femme, qui m'aurait
fait pensé à Victoire, il y a quelques années.
Tout de suite, l'ambiance se réchauffe et je découvre que cette
Salima est pleine d'humour.
Elle répond aux questions de ma collaboratrice qui lui demande
quelles ont été ses premières impressions en posant le pied à Libreville. Elle
nous lance ensuite qu'elle a l'intention de profiter de quelques jours pour
faire du tourisme autant soit peu.
Ensuite, nous pouvons commencer cette réunion de mise au point. Là,
mon téléphone sonne. Je le sors de la poche de mon pantalon et le met sous
silencieux sans prendre la peine de vérifier qui appelle.
« Nous pouvons y aller. », dis-je.
« Avant toute chose, j'aimerais éclaircir un point qui me
semble important ! », lance Salima en fouillant dans son sac.
Elle en sort une enveloppe et la pose sur la table devant
moi avant de lancer :
« Sommes-nous tous d'accord que nous sommes là pour le travail
et uniquement ça ? »
« Pourquoi cette question ? », s'étonne Angèle.
« Jalil, que se passe t-il ? »
Je découvre ce que contient cette enveloppe et c'est sans mot que
je la passe à ma collaboratrice. Si je n'ai jamais eu honte, là je comprends
pourquoi ce sentiment tue parfois certain. LA HONTE. Qu'est ce qui ne va pas
dans le cerveau de Victoire. QU'EST CE QUI NE VA PAS ?
« Je ne cherche à embarrasser personne. Je souhaite simplement
que la situation soit claire pour tout le monde histoire de nous éviter le
désagrément que sera l'implication d'un juge dans tout ça. Nous ne sommes là,
Merlie Anderson et moi, que pour le business alors, évitez-nous, s'il vous
plaît de nous retrouver à l’hôpital ou à la morgue. »
« Je comprends, Mme Bâ ! Nous pouvons vous assurer qu'il
ne vous arrivera rien. Nous prenons cette affaire très au sérieuse et comme
vous le dites, nous ne sommes là que pour le business ! », dis-je en
essayant de garder mon calme.
« Sur ce, pouvons-nous reprendre où nous en
étions ? », lance ma collaboratrice.
Nous nous remettons au travail. Nous faisons en une demi-heure, le
tour de la question qui nous occupe et partageons ensuite une tasse de thé en
plaisantant. Je prends bien garde depuis le début de ne pas poser mes yeux sur
Merlie, ni même de prêter l'oreille à ce qu'elle dit. Je n'ai pas envie d'être
plus troublé encore par sa présence.
Nos deux partenaires d'affaires s'en vont et je reste là dans la
salle de réunion avec Angèle qui, ayant refermé la porte, avance vers moi,
alors que je me suis assis sur mon fauteuil. Elle me regarde droit dans les
yeux et me dit :
« Chef, il va falloir trouver une solution pour ton épouse.
Elle risque de nous couter très cher, sinon. Et à la longue, tu seras éjecté de
ton poste. Achète une laisse ou je ne sais quoi mais fais en sorte qu'elle
n'approche pas ces personnes ! Elles connaissent le droit. Une simple
insulte peut nous mener très loin. »
« Je comprends Angèle ! Je gère. »
« Hum ! Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à m’en
convaincre. Écoute Jalil, je ne sais pas ce qui se passe entre Merlie Anderson
et toi mais je sais que la présence de cette dame embête ton épouse au plus
haut point ; écoute ce que je te propose : pars quelques temps. Pars
loin, le temps que dure la mission de Salima Bâ et Merlie Anderson à
Libreville. C'est ce que te propose. »
« Et où irai-je ? Et pourquoi fuirai-je ? »
« C'est pour ton bien que je le dis. Écoute, laisse-moi
t'arranger quelque chose. Il y a cette conférence à Durban qui dure 5
jours ; Normalement, l'un des membres de l'équipe de direction doit s'y
rendre. Je verrai avec ton assistante pour faire les arrangements qui
conviennent afin que tu bouge. La conférence commence Lundi. Cela veut dire que
tu seras dans l'avion après-demain. Il
va de soi que ton épouse t'accompagne. Qu'elle aille faire un peu de
shopping ! Cela lui changera les idées. »
« Peut-être as-tu raison. Bon, il est temps de rentrer. Je
vais faire deux heures de sport avant de me jeter dans mon lit. »
« Courage ! A demain chef. »
Nous sortons de la salle. Je vais dans mon bureau prendre ma veste
et mes clés de voiture. En descendant, je remarque que Merveille Nyama, qui est à l'accueil, est toujours à
son poste ;
« Merveille, que faites-vous encore là ? », lui
dis-je.
« Oh, patron, je suis désolée. Je...Je... »
« Merveille que faisiez-vous ? », dis-je en
insistant.
« Je...Je...Je n'ai pas pu payer les unités pour mon compteur
d'électricité. Mon petit ami a vidé tout l'argent que je cache dans ma tirelire
pour les cas d'urgence. J'ai... »
« Vous comptiez dormir ici ? »
« Non, non. Je voulais juste finir d'étudier pour mes partiels
la semaine prochaine. Je...Je suis désolée...Je »
Je sors mon téléphone de la poche et lui demande simplement :
« Avez-vous le numéro de votre compteur
électrique ? »
« Oui. Je l'ai ! », fait-elle en fouillant ses
poches.
Elle me tend un ticket et par téléphone, je lui recharge son
compteur de près de 30 mille francs en lui disant :
« Rentrez chez vous. A demain. »
La fille se fend d'un merci au point que ses larmes en viennent à
couler. Je ne sais pas dans quelle détresse émotionnelle ou financière elle se
trouve mais la voir dans cet état me trouble profondément. Là, je lui dis
alors :
« Parfois, il suffit de parler pour que l'on trouve solution à
vos problèmes. Passez me voir demain matin à 9h dans mon bureau. Nous aurons
une discussion avec la DRH. »
« Merci, monsieur, merci. »
« Rentrez chez vous, vos enfants vous attendent. »
Elle prend ses affaires et sort précipitamment comme si elle
cherchait à cacher sa gène. Là, je la voix mettre la main dans sa poche pour
semble t-il trouvé de quoi se payer le taxi. Elle me fait pitié. Je m'approche
et lui tends un billet de 5 mille franc en lui disant :
« A demain. »
Je monte ensuite en voiture, direction, la salle de gym pour aller
me dépenser avant d'aller affronter Victoire à la maison. J'arrive à supporter
ses humeurs depuis que je vais à nouveau voir Aïcha. Elle a eu beau crier hier jusqu'à l'hystérie, je l'ai ignoré en
allant dormir dans la chambre d'amis.
Alors que je me gare au parking de la salle de gym, mon téléphone
que j'ai depuis ignoré, s'illumine. Je le prends et constate qu'il s'agit d'un
appel de Victoire. Je le zappe. Il sera bien temps d'avoir mal aux oreilles
quand j'arriverai à la maison. Je prends mon téléphone et appelle Aïcha, juste
pour faire un coucou et l'entendre me remonter le moral. Elle sait si bien le
faire.
« Oh, mon chéri. Je suis contente de t'entendre, si tu savais.
Vraiment, je ne sais plus quoi dire, hein, Jalil ! Tu es parti hier là et
depuis, tout mon corps te réclame comme si tu étais un médicament. Pardon,
oooh ! Ce que tu m'as fait hier soir là, c'était trop fort. Je n'ai jamais
eu le goût comme ça. Wèèè ! Pardon, oooh ! A la façon dont j'ai rêvé
de toi toute la journée là, j'ai cru que j'allais devenir maboule. », me
lance t-elle avec une voix qui laisse transparaître un sourire.
Si ma vie pouvait être aussi simple que les mots que cette fille
vient de prononcer, je serais sûrement l'homme le plus heureux de la terre.
J'aime la simplicité avec laquelle elle s'exprime et dit tout ce qu'elle a sur
le cœur. Je me sens homme en l'entendant.
« On se voit demain, beauté ! J'ai un cadeau pour
toi. »
« Oooh ! A demain alors. J'espère que tu seras en forme
hein ! Parce que la façon dont tu me manque là ! Wèèè, y aura
seulement le feu. »
« Je ferai le pompier alors je sais m'y prendre.
« Je sais, bébé, je sais. Je t'embrasse fort.
Je raccroche, efface cet appel et mets mon téléphone dans la boite
à gants avant d'aller me défouler au rameur, au vélo et à la table de
musculation pendant 2 heures.
Il est 23h quand je rentre à la mais. Toutes les lumières à l'intérieur
sont allumés. Je n'ai pas eu le temps de signaler ma présence que déjà,
Victoire arrive devant moi comme une folle et me demande en pointant un couteau
de cuisine devant mo :
« D'où viens-tu Jalil ? D'où sors-tu ? Ça fait 5
heures que j'essaie de te joindre et tu ne penses pas la peine de me répondre.
Dis-moi d'où tu sors ! »
Je la regarde sans rien dire. Je pose mon attaché-case et mon sac
de sport par terre, puis lui dit :
« Tu n'en a pas marre, Victoire ? Tes crises d'hystérie,
tes cris, tes suspicions, ça va durer jusqu'à quand ? Aujourd'hui encore,
j'ai été couvert de honte parce que tu es allée menacée quelqu'un par courrier
interposé ! »
« Tu veux parler de ta pute d'Azizet ! Je vous saignerai
tous les deux si je vous vois encore ensemble. »
Je l'approche en lui disant :
« Tu ne saigneras personne. Apprends à tenir ton rang,
Victoire. Même une fille sortie de sa brousse, sait mieux se comporter que toi.
Où est passée la bonne éducation reçue de tes parents ? »
Elle me foudroie du regard et me lance :
« Tu vas laisser mes parents en dehors de tout ça et me dire
d'où tu sors, espèce de porc. Avec qui as-tu couché ces derniers temps ?
Tu pense que je ne te connais, Jalil Ratanga ! Depuis quand es-tu capable
de passer plus de 5 jours sans faire l'amour ? Tu me prends pour une
maboule ? Pourquoi t'enfermes-tu maintenant dans la chambre d'amis ?
C'est parce que tu as trouvé un vagin dans lequel aller te vider les couilles. Je veux savoir d'où tu
sors ! »
« Je viens de la salle de sport. Et si ma réponse ne te
convient pas, rappelle-toi que s'il y a quelqu'un ici qui a le droit d'être en
colère, c'est moi. Victoire, je te parle de ma vie professionnelle !
Arrête de menacer les gens, ça pourrait me retomber dessus. Laisse Merlie
Anderson TRANQUILLE ! Je n'ai pas envie de me retrouver au chômage parce
que mon épouse est une sauvage qui ne sait pas respecter la vie d'autrui. Tu
n'as pas été élevée avec les animaux, il me semble. »
« Tu n'es qu'un salaud Jalil ! Un salaud de la pire
espèce ! Si tu penses que tu peux me tromper, moi Victoire, tu auras
affaire à moi. Dis-moi avec qui tu couche ? Dis le moi. »
Avant même que je ne m'en rende compte, elle a fait un bond vers
moi, ne me laissant d'autre choix que de me précipiter vers la porte avant que
ce couteau ne m'atterrisse en plein visage. Je me retrouve à courir dehors avec
une épouse hystérique qui me suit en
criant :
« Je vais te tuer, Jalil. Je vais te saigner comme un porc. Tu
oses me faire ça à moi. »
Sans même prendre la peine de regarder derrière moi, je monte
rapidement dans ma voiture et mets le contact. Au moment où je démarre, la lame
du couteau transperce la vitre de ma voiture. Je me dépêche de sortir du garage
et klaxonne pour que le watch ouvre rapidement le portail. Là, j'entends cette
folle de Victoire crier :
« N'ouvre pas ce portail, Moussa ! Tu fous le camp d'ici
si tu ouvres. »
« Je klaxonne de plus belle au point de percer les tympans du
watch qui court ouvrir et je j'appuie alors sur l’accélérateur histoire de fuir
cet enfer. A 500 mètres de la maison, je décide d'aller dans un hôtel pour y
passer la nuit. J'appelle alors Clyde, mon meilleur ami et lui dit :
« Je vais à l'hôtel, mec. Victoire vient de péter les plombs
et me menaçait au couteau. »
« Mec, elle vient de m'appeler pour me dire qu'elle va crever
Marlène Azizet à son hôtel. A quel moment as-tu oublié de me dire que Marlène
était de retour à Libreville. »
« Merde, merde, merde ! Clyde, aide-moi, je t'en supplie.
Si elle approche cette femme, je suis
foutu ! Je peux dire fin à ma carrière. Aide-moi, je t'en
supplie. »
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