Chapitre 18

Ecrit par Lilly Rose AGNOURET


 

Il minuit quand je m'endors tranquillement après avoir passé une demi-heure à discuter au téléphone avec mon amie Salima. Elle se prépare à venir prendre la relève ici. Elle sera là avant la fin de la semaine prochaine pour s'assurer que nous remplissions jusqu'au bout, le contrat que nous avons signé avec l'entreprise de Jalil.

J'ai eu mes trois enfants Taylor, Abigail et Loriana au téléphone. Ils n'arrêtaient pas de me demander quand j'ai l'intention de rentrer. Heureusement que leur père arrive à les canaliser et que sa fiancée en prend soin. Sitôt que je serai rentrée, je me promets de les prendre en vacances avec moi pour 10 jours à Paris.

Je peux enfin fermer les yeux. J'espère pouvoir me reposer tranquillement et être un peu reposée au réveil demain.

Les rêves prennent vite le relais et m'aide oublier l’énervement et la douleur que j'ai ressenti pendant la journée en présence de Jalil. J'espère qu'il ne mettra plus les pieds ici et que je n'aurais pas besoin de subir à nouveau sa présence. De toute façon, Salima prend le relais de l'affaire. Je pourrai me concentrer sur le plus important, c'est à dire trouvé parmi les membres de la famille Nyama, quelqu'un qui soit compatible avec mon neveu. Encore faudra t-il que quelques uns acceptent de subir des examens médicaux. Rien n'est sûr pour la suite de l'aventure. Et c'est cela qui me fait peur...

Il me semble être dans un rêve quand deux mains se jettent sur moi et se mettent à me serrer le cou. J'ouvre les yeux et me retrouve face à cette folle de Victoire Ratanga. Elle serre et se met à vociférer :

« Tu pensais vraiment que j'allais te laisser tranquillement venir me voler mon mari sans réagir. Les infirmières m'ont dit qu'il a fait le pied de grue ici pendant la journée. Espèce de salope ! Où se trouve Jalil ? Je vais en finir avec toi, salope. »

Je ne comprends rien à ce qui m'arrive mais par-dessus tout, je ne comprends pas pourquoi personne ne l'a empêché d'entrer ici en pleine nuit. Elle serre et heureusement pour moi, mon ami Pédro qui a eu la bonne idée de rester avec moi pour la nuit et s'est caché dans la douche attenante à la chambre pour échapper à la vigilance des infirmières, sort de sa cachette. Il s'empare rapidement d'une serviette qu'il lui passe sur la tête en lui mettant les bras autour pour l'empêcher de crier et d'être entendu. Il l’entraîne dans la douche. Là, j'ai la possibilité de reprendre ma respiration. Je n'en reviens pas que les garçons aient eu raison depuis le début en me disant qu'elle agirait dans la nuit. Cette femme doit se faire soigner. Je me lève du lit et vais difficilement vers la douche. Là, je me rends compte que Pédro a bien saucissonné Victoire en lui attachant les poignets à l'arrière avec du scotche. Il lui en a mis aussi sur la bouche pour qu'elle se taise. Ensuite, au niveau des chevilles pour l'empêcher de gesticuler et donner des coups.

Je la regarde et elle me fait tellement pitié que je me contente de la toiser.

« Il faut te faire soigner, ma belle ! Votre clinique a vocation à soigner les gens ou les tuer ? »

Elle me lance un regard meurtrier. Cela ne m'étonne pas un instant qu'elle n’ait pas conscience de la bévue qu'elle vient de commettre. Là, je regarde Pédro. Sans même parler il me fait comprendre qu'il s'en occupe. Il la lève de terre et la porte sur ses épaules comme un sac de patates. Il sort de la chambre et je referme la porte et retourne dans mon lit. J'aurais bien aimé me plaindre à la direction et faire un tapage qui mettrait à mal la réputation de cette clinique mais je préfère laisser cela de côté. Les gens puissants pensent toujours pouvoir tout contrôler. La direction trouverait un moyen de m'intimider.

J'ai bien envie de foutre la honte à Jalil en lui parlant de ce dont son épouse a été capable. Mais là encore, je décide de zapper. J'ai des choses plus importantes à faire. Je reste donc tranquille dans mon lit jusqu'à ce que Pédro revienne dans la chambre quelques minutes plus tard. Il semble amusé. Je lui demande alors :

« Qu'est ce qui t'amuse ? C'est le fait d'avoir saucissonné cette imbécile qui te met dans un tel état ? »

« Hum ! J'ai foutu cette folle dans un cagibi à l'étage supérieur. Je l'ai enfermé là. Elle n'en sortira pas d'aussitôt. Je passé devant la salle de garde des infirmières et je les ai menacé en disant que je leur ferai perdre leur boulot car elles ont permis que tu te fasses agressée. Tu aurais vu leurs têtes ! Elles se sont mises à genoux pour nous supplier. Paraît que ta copine Victoire Ratanga leur sort tellement par les oreilles qu'elles préfèrent la laisser faire son désordre pour ne pas avoir de problème. »

« Ils doivent être tarés dans la famille de cette femme. Personne ne lui jamais tracé de limite, on dirait ! »

« Je lui ai pris son téléphone. J'ai envoyé un message à son époux lui disant : retourne sauter Azizet, si tu veux. Moi, je me casse à Port-Gentil pour quelques jours. Comme ça, il ne la cherchera pas et cela vous fera des vacances. »

« C'est un grand service que tu lui rends là ! De toute façon, que le médecin soit d'accord où pas, tout à l'heure à 9h, je prends mes affaires et je repars à l’hôtel. J'y serai plus tranquille et en sécurité. Ma copine Salima arrive dans quelques jours. Pourras-tu nous trouver un appartement ou quelque chose du genre. »

« Je verrai. Je crois pouvoir trouver cela. Mais c'est pas donné. »

« Ce n'est pas moi qui paie. »

« Ok, j'ai compris. Je m'y mets dès que j'ai un temps de libre. »

« Tu es sérieux quand tu dis que tu laisseras cette Victoire enfermée ici pendant 2 jours ? »

« Très sérieux. Les infirmières savent où elles se trouvent. Ce sera à elles de la délivrer. »

« Et si elle crève d'inanition ? »

« On aura débarrassé la terre d'une vermine. »

« T'es pas bien, toi ! Tu te prends pour Terminator ? »

« Hum ! Laissons-la dans ce cagibi. Cela lui apprendra à respecter la vie des autres. Que ce serait-il passer si je n’avais pas été là ? Elle t'aurait tuée, ma vieille. »

« Hum ! Ne parle pas de malheur. Laisse-moi dormir! »

« Tu peux. Moi je reste là dans ce fauteuil et j'attends que le jour se lève. »

   

**** Le lendemain, lundi, 18h à la montre de Jalil.

 

« C'est ok, Chef ! La notre sera affichée dès demain matin. Les conjoint et concubins ne sont plus tolérés dans les locaux de l'entreprise. », me fait Johanna Obame, la responsable de la communication interne

Je fais pivoter mon fauteuil pour lui faire face et lui dit :

« Merci Johanna. Je ne sais même pas par quel bout prendre cette histoire. »

« Dis-toi juste que tu as eu de la chance que tes compétences soient reconnues par le conseil d'administration. Tu n'es pas passé loin, Jalil. »

« Je sais. Je n'en ai pas dormi de la nuit. »

« Courage, mon vieux. Je te laisse. Mes enfants attendent. A demain. »

« A demain, Johanna. »

Je reste là assis dans mon fauteuil alors qu'elle s'en va en refermant la porte de mon bureau. Tout le monde est rentré. Je n'ai pas vraiment envie de rejoindre la tristesse des murs de ma maison, même si je sais que ce soir je serai sûrement seul. Victoire m'a envoyé un message disant qu'elle a besoin d'air. Grand bien lui fasse. Plus son séjour à Port-Gentil ou ailleurs durera, mieux je me porterai. Je n'ai pas envie en ce moment de me retrouver seul avec elle.

Mon téléphone sonne. C'est ma mère au bout du fil.

« Bonsoir maman. »

« Bonsoir mon fils. La femme de ménage que tu as envoyé, a travaillé toute la journée. La pauvre, j'avais pitié pour elle. Mais dis-moi où as-tu passé la nuit ? Depuis quand tu découches. »

« C'est long à expliquer, maman. Je ne sais même pas comment tout ça à commencer. »

« Mais pourquoi es-tu venu garer ta voiture devant chez moi dans la nuit ? Et dis-moi pourquoi ton épouse a pensé que je cachais quelque chose ? Elle a osé me dire que je complotais contre elle et que j'étais au courant du retour d'une certaine Merlie ou Merline ! C'est qui cette femme, Jalil ? »

Je respire un grand coup avant de lui répondre.

« Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment dans la tête de Victoire. »

« Jalil, qui est cette Merline ou Merlie, dont parle ton épouse ? D'où sort cette femme ? »

« Maman, il s'agit de Marlène Azizet. Elle est de retour. »

« Oooooooooooh ! Ah Jalil, tu n'aurais pas pu me le dire ? Mais je comprends pourquoi cette folle est venue tout casser chez moi ! Tu es retourné dans les bras de Marlène Azizet ? Seigneur ! Je crois que ma tension artérielle va monter ! Ah, Jalil, dans quel problème tu es encore allé te jeter ? Nous sommes partis là pour combien de nuit sans sommeil ? Je parie que ton épouse n'a pas fini de casser tout ce qu'il y a à casser dans la maison ! Au fait, je n'ai plus aucune assiette. Il faut trouver une solution pour moi. »

« Je passerai tout à l'heure, maman. Et pour Merlie, ne t'en fait pas. Il n'y a rien entre nous. Tout se passe dans la tête de Victoire. »

« Jalil, dis-moi que tu n'as pas approché cette femme et qu'elle ne te fait plus d'effet ? »

« Maman ! »

« Ah ! C'est bien ce que je pensais. Paie-moi mon billet d'avion pour où tu veux. Je quitte Libreville. J'ai envie d'être loin de ton épouse un moment. Je suis désolée mon chéri, mais là, c'est trop. Je ne pourrai en supporter plus. Elle casse, elle rachète. Elle insulte les gens aujourd'hui, le lendemain, elle vient s'excuser en invitant tout le monde au restaurant. Ça ne peut plus marcher. Ma patience a atteint ses limites. »

« Je suis désolé pour tout, maman. »

« Si tu avais réfléchis avant de sauter les pieds joints dans ce mariage ! Qu'est ce que cela t'a apporté, mon fils ? C'est vrai, je n'oublie pas que c'est grâce à cette union que tu as eu les postes à responsabilité qui font de toi l'homme que tu es. Mais la tranquillité d'esprit, Jalil, l'as-tu jamais eu ? Combien d’assiette, d'écran de télévision, de pare-brise de voiture devra t-elle encore cassé avant de comprendre que ce n'est pas ainsi que l'on règle les problèmes ? »

« Nous en avons déjà parlé, maman. Je suis désolé pour tout ce qu'elle t'a fait subir dans la nuit mais je t'assure que je n'étais pas avec Merlie Azizet. »

« Hum ! Où étais-tu alors ? »

« Je suis allée voir une amie. Ensuite, je suis rentré dormir. »

« Je t'attend ici, mon fils. Il faut qu'on parle. »

« Je t'ai pris un billet d'avion pour Cape Town, maman. Tu pourras y aller tranquillement avec Marina et descendre chez Paulin. »

« Merci mon chéri. Mais, je t'attends. À tout à l'heure. »

Je raccroche et m'enfonce plus en avant dans mon fauteuil.

 

La séance devant le conseil d'administration a été des plus embarrassante ; un DG qui n'arrive pas à contrôler son épouse ! Cela n'est pas passé. La sanction est tombée pour moi. Elle a été allégée du fait que mes chers beaux-papas  ont tous deux fait des propositions de contrats à l'entreprise, pour des marchés d'une valeur totale de 38 millions de francs ! De quoi compensé de 50%, les 72 millions de cfa que l'entreprise s'apprête à virer à la boîte de Merlie, pour régler le préjudice subi. Heureusement qu'il y a des assurances pour ça. 

Le conseil d'administration a décidé de gelé mon salaire de 50% ce mois et d'en versé une partie à un centre médical. Plus aucune réception ne sera ouverte aux conjoints. Ces derniers n'ont plus le droit d’accéder aux locaux de l'entreprise. Et une règle a été mise en place qui interdit toute relation intime entre collègues.

Demain quand paraîtra la note, j'en connais qui feront grise-mine. C'est vers ces extrêmes là que me conduisent les agissements de Victoire. Des esclandres, elle en a fait dans chacune des boites dans lesquelles je suis passé... Comment arrêter tout cela ? Je n'en ai aucune idée.

 

« Coucou chef ! Tu es encore là ! »

« Je ne vais pas tarder. J'avais besoin de réfléchir à certaines chose », fais-je à  Josiane Orézano, la directrice Marketing.

Elle ferme la porte du bureau et s'approche. Elle s'installe dans le fauteuil face à moi et me dit :

« Jalil, tu l'as raté de peu, la porte. Ils étaient furieux, si tu savais. »

« Je sais Josiane. Crois-moi, cette histoire m'a empêché de dormir ces deux dernières nuits. »

« Lindsey Matthews, la collaboratrice de Merlie Anderson, quitte le Gabon par avion médicalisé cette nuit. Je viens d'avoir leur patronne au bout du fil. Elle sera à Libreville jeudi en fin de journée, si tout va bien, sinon samedi. Elle vient prendre le relais pour la formation du personnel. Jalil, j'aimerais te demander une chose. »

« Je t’écoute Josiane. Au point où j'en suis ! »

« Pourquoi Victoire s'en est elle prise à Merlie Anderson ? »

Je baisse la tête sans savoir quoi répondre. Là, ma collaboratrice, qui est aussi une proche depuis que son cousin est fiancé à ma petite sœur Darla, me lance :

« Tu sais que tu peux tout me dire. As-tu une aventure avec cette femme ? Même s'il est vrai que Victoire n'a pas besoin de preuve pour cogner sur quiconque la dérange, c'est quand même étrange qu'elle s'en prenne à cette femme avec une telle sauvagerie ! »

« Tu sais très bien qu'elle est toujours extrême. Quand ces pulsions agressives la prennent, elle ne se contrôle plus. »

« Hum ! Mais quand même ! Dis-moi ce qu'il y a. cette femme vient de loin. Pourquoi Victoire s'en est-elle prit à elle ? »

Je me lève de mon fauteuil et vais vers la fenêtre qui donne sur le parking de l'entreprise. Là, je lâche tout d'un coup :

« J'ai été fou amoureux de cette femme! La revoir a réveillé des émotions folles en moi. Mais je t'assure qu'il ne s'est plus rien passé entre elle et moi. »

« Zut alors ! Tu as vécu quelque chose avec cette fille ? »

« Oui. Elle a été l'amour de ma vie. »

« Et tu as épousé Victoire ? »

« Oui. »,

« Que s'est il passé ? Merlie Anderson t'a laissé tomber pour aller à l'étranger ? »

« Non. J'ai oublié de lui dire que j'étais un imbécile et que j'avais demandé la main de Victoire. Du moins, j'avais dit oui quand son papa N°2 m'avait fait asseoir dans son immense salon au sol marbré, m'avait offert un scotch et m'avait posé sur la table un mirobolant contrat en or qui faisait de moi un patron ultra bien payé si je demandais la main de sa fille. »

« Oh là là ! J'imagine la suite. Oh là là ! Je n'en reviens pas. Je n cherche pas à t'accabler mais j'ai toujours connu Victoire, à l'école primaire, puis à l'Institut Immaculée conception. Elle a toujours été détestable, une véritable peste. Elle écrasait tous ceux qui lui tenaient tête. Comment as-tu fait pour jeté aux orties ta relation avec Merlie Anderson pour épouser Victoire. Il n'y a pas match entre les deux ! Merlie Anderson a beaucoup plus de class que Victoire et elle semble bien mieux élevée. »

Je me contente simplement de garder la tête baissée. Là, Josiane réagit en me disant :

« Écoute, chef, je n'ai pas envie de t'accabler outre mesure. Mais fait en sorte que Victoire ne te poses plus aucun problème. Assure-toi qu'elle reste à distance de Mme Anderson et de sa patronne. Si jamais elle nous rejoue le même coup, mon vieux, tu sautes. C'est aussi simple que ça. »

« Merci de me le rappeler, Josiane. Victoire est parie pour quelques jours. Sans dire au revoir. C'est tant mieux car je n'ai pas très envie de la subir en ce moment. Plus les chances pour elle d'avoir un enfant s'éloigne plus elle devient cariatide et agressive pour un rien. »

« Vous comptez retentez de nouveau e FIV ? »

« Un échec m'a suffit. Non, ça ira ! Après cette grossesse nerveuse qui lui a fait prendre tous ces kilos, non... Je n'ai pas la force ni la patience de repasser par-là. Je ne suis même pas convaincu qu'avoir un enfant la transformera. Sinon, il y a longtemps qu'elle aurait parlé d'en adopter un. La maison est toujours. Pas un seul neveu ou nièce ne  vienne y passer ne serait-ce que le week-end. »

« Hum ! Je vois. Je vais devoir te laisser car mon cher époux m’attend. Mais assure-moi d'abord qu'il n'y a plus rien entre Merlie Anderson et toi ? Tu n'aurais pas tenté quelque chose qui aurait provoqué la colère de Victoire ? »

« Rien, je t'assure. Il est vrai que la présence de cette femme me tient en émoi et que j'ai parfois envie de la toucher, de la prendre dans mes bras. Mais elle a été claire avec moi : elle n'est pas là pour ça ! »

« Et c'est tant mieux ! Tiens-toi à distance de cette femme si tu n'as pas envie que ta  vie s'effondre tel un château de cartes. Tu as fait un choix en épousant Victoire. Plutôt que de la fuir aujourd'hui, apprends à la maitriser. Tu n'as pas d'autre choix. Ne va pas ajouter le désordre au chaos en te créant une amourette avec Mme Anderson. Cela ne vous apportera rien ni à elle, ni à toi. Et tu sais bien ce qui t'attend si tu ose briser le cœur de la fille chéri de papa1 et papa2! Tes beaux-pères te briseront ! C'est aussi simple que ça ! »

« Merci de me le rappeler, Josiane ! »

« Y a pas de quoi ! Je te laisse. À demain Jalil. »

 

Il est 19h quand j'arrive chez ma mère.  Je la trouve assise dans le salon, mangeant à même la casserole. Cette image me rouble tellement que je lui dis :

« Laisse tomber tout ça, maman. Je t'invite au restaurant ; »

« Je n'ai pas besoin de restaurant, Jalil. A quoi bon aller manger là bas quand je sais que c'est juste un moyen pour toi de contourner les problèmes !? Dis-moi ce qui se passe dans ta vie actuellement. Est-ce que tu es heureux, mon fils ? »

« Maman, a quoi cela sert de poser de telles  questions ? »

« Si tu n'as pas de réponse pour moi, alors, laisse-moi manger dans ma casseroles. Demain, j'irai acheter quelques assiettes chez le libanais. Je ne l'ai pas fait aujourd'hui car j'étais trop fatiguée. Mon arthrose me fait souffrir. »

« J'aimerais que tu t »en aille loin de tout ça, maman. Tu pourras te reposer tranquillement. Il fait beau en ce moment à Cape Town. Et tu auras tes petits-fils autour de toi. »

« Je sais que Paulin est toujours content de m'accueillir chez lui. Mais roi, Jalil, quand penseras-tu enfin à faire un enfant ? Tu attends toujours que le ventre de ta femme produise quelque chose ? Jamais rien ne germera de ce ventre parce que la personne que tu as épousée est mauvaise. »

« Maman ! Pourquoi dis-tu des choses pareilles !? »

« Parce que c'est la vérité. Ce n'est pas la stérilité qui la rend mauvaise. Elle l'a toujours été. Et le fait que même après 12 ans de mariage, elle n'arrive toujours pas à me respecter ni moi ni mon grand âge, prouve bien que Dieu a raison de ne pas lui donner d'enfant. »

« En disant cela, c'est moi que tu condamnes, maman ! Victoire est mon épouse. Son handicap est le mien. »

« C'est toi qui veut souffrir, Jalil ! Je ne vois pas pourquoi tu rais te priver d'enfants alors que tout est normal chez toi. Tu es un homme ou pas ? »

« Qu'est ce que cela veut dire, maman ? »

« Cela veut dire que tu es un el homme, tu peux te trouver une femme bien avec laquelle avoir des enfants. Seigneur, tu n'as pas envie d'avoir des héritiers. »

Je m'assois plus loin et pour la première fois, j'ai le courage de me confier à elle. Je lui dis alors :

« J'ai eu une aventure, il y a deux ans, avec une stagiaire. Elle préparait son Master en finace en France et était en stage pour 5 mois ; les choses ont collé  entre nous dès le départ. J'ai essayé de repousser ses avances mais j'ai fini par y succomber parce que la tension à la maison était vraiment intenable. Elle est tombée enceinte, est allée soutenir et deux moi après, est revenue au Gabon, pour m'annoncer la bonne nouvelle. Je lui ai demandé de rester tranquille, que j'allais m'occuper de tout. Je ne sais pas ce qui lui a pris, ni ce  qu'elle attendait de moi.  Elle s'est pointer au bureau de Victoire un vendredi avec son gros ventre en évidence et a parader là-bas en lui disant qu'elle avait été capable de me donner ce que Victoire ne pouvait pas. Le samedi, son corps a été retrouvée dans un terrain vague ; elle avait été sauvagement agressée, violée, tabassée et laissé pour morte. On en avait parlé dans 'L'union (quotidien national). Bien sûr, Victoire a nié être derrière tout ça, mais comme ces deux cousines et associées m'ont dit qu'elles la soupçonnaient et m'ont raconté la visite de cette fille, j'ai compris de quoi mon épouse était capable. »

« Qu'est devenu cette jeune fille ? »

« Elle a été transportée à l'hôpital ; elle avait perdu énormément de sang ; le fœtus est mort dans le ventre ; on a dû tout lui enlever, même son utérus. Elle est repartie vivre en France. Je n'ai plus eu de nouvelles ! »

Ma mère reste bouche bée et me regarde comme si j’étais transparent. Là, elle me dit simplement :

« Donne-moi mon billet d'avion je pars tranquillement en Afrique du Sud. »

« Maman ! C'est tout ce que tu as à dire. »

« Je me souviendrai toute ma vie de ce jour là, ce jeudi de malheur quand une Mercédès grise s'est garée devant chez le malien, là-bas à derrière la prison, tu sais, là nous visions. Deux femmes sont arrivées chez moi pour me saper comme si j'allais rencontrer le président de la  République. On m'a fait monter dans la voiture alors que j'étais souffrante. Tout ça pour m'emmener où ? Au mariage de mon fils, l'enfant que j'ai nourri et qui a été incapable de venir me voir et me dire qu'il se mariait. Où en sommes-nous aujourd'hui, Jalil ? Tu serais restée avec cette fille là, Marlène Azizet, tu serais quelqu'un d'autre. Peut-être pas aussi riche que tu l'es aujourd'hui, mais heureux. Ah Jalil, regarde-toi dans un miroir quand tu seras chez toi et dis-moi ce que tu as gagné dans cette affaire là avec cette Victoire Oréma. Et Marlène Azizet, combien d'enfants a t-elle aujourd'hui ? »

« Elle a 3 enfants, maman. Mais c'est sa vie à elle. Cela ne me concerne en rien. »

« Ooooooh ! Ah Jalil ! Ça c'est quelle vie que tu as décidé de mener ? A mon retour, je fais acheter deux bergers allemands. Ils seront dressés pour sauter sur ton épouse si elle ose mettre les pieds ici ! Mais où est-elle d'ailleurs ? D'habitude elle vient le lendemain de ses esclandres pour s'excuser et m'inviter au restaurant ? Elle a surement compris que j'en ai assez de ses invitations, de ses cadeaux et de sa présence. Je la mettrai à la porte la prochaine fois qu'elle se pointera ici. »

« Elle est en voyage, maman. »

« Tant mieux. Bon, je vais aller au lit. »

Elle se lève et se dirige vers sa chambre alors que ma petite sœur  Marina arrive avec un sac kaba dans les bras. 

« Bonsoir grand frère. »

« Bonsoir, marina. D'où viens-tu ? »

« Oh, je suis passée chez le libanais acheter six assiettes et six verres. »

Je n'en dis pas plus et me contente de fouiller le revers de ma veste. J'en sors un porte feuille et lui remets 5 billets de 10 mille francs en lui disant :

« Essaie de remplacer le minimum. Je repasse demain soir vous déposer les billets d'avion pour l'Afrique du Sud. Vous y allez maman et toi, avec le vol d'après-demain. »

« Oh ! Merci ; ça tombe bien cette affaire là ! Les cours n'ont toujours pas repris à la fac. »

« Où étais-tu quand Victoire est venue hier ? »

« Oh, j'ai fais comme d'habitude. J'ai mis maman dans sa chambre. Elle a fermé la porte à clé. Moi je suis allée dans la mienne. J'ai attendu qu'elle finisse sont désordre et s'en aille. C'est parce que tu m'as dit de rester calme que je l'ignore maintenant. Mais à vrai dire, j'avais envie de sortir de la chambre et de lui fracasser le crâne à coups de poing. »

« La violence ne résout rien, marina. »

« Ah ! Donc la prochaine fois qu'elle viendra, je la laisserai de nouveau tout casser. Parfois je me dis qu'on aurait dû rester vivre à derrière la prison. Au moins là-bas, elle n'aurait jamais osé venir nous embêter. J'aurais déjà demandé aux frangins de lui faire sa fête. »

« Marina!!! »

« Je sais. C'est ton épouse, on ne la touche pas. Mais Jalil, on va la supporter jusqu'à quand ? »

Je me contente de souffler. Je n'ai pas de réponse à cette question. Je sors avec l'intention d'aller retrouver le silence des murs de ma maison.

Soudain, mon téléphone vibre. Je décroche. C'est la clinique d'un de mes beaux-papas.

« Mr Ratanga ? C'est l'infirmière de garde à l'appareil. Votre épouse, vient d'être retrouvée enfermée dans le placard à balais du 3ème étage. Un médecin s’occupe d'elle. On vient de lui poser une perfusion pour la réhydrater. »

« Que faisait-elle dans le placard à balai ? »

« Elle y a été enfermée semble t-il par un malfrat qui lui a volé son portable et son sac à main ? »

« Oh ! Il y a des malfrats dans votre clinique ? Mais c'est la presse qui sera contente d'apprendre ce genre de chose. »

« Oh, monsieur, pardon, oooh ! Je ne c herche pas les problèmes. Faites comme si je n'ai rien, dit. Pardon. Je raccroche, oooh ! »

Elle raccroche. Je respire un coup ! Au lieu de prendre la direction de chez moi, je décide de garer mon véhicule devant une agence bancaire. Là, je prends un taxi et vais retrouver les bras ouverts d'Aïcha...

...CA VA SE SAVOIR