Chapitre 19
Ecrit par leilaji
excusez les fautes, je suis fatiguée
The love between us
Chapitre 19
Ce n’était qu’une gifle. Ce n’est pas si grave que ça.
Ce sont les pensées qui me viennent pour m’aider à mettre de côté ma colère. Est-ce qu’il ferait tout ce cinéma si c’était moi qui l’avais giflé ? Non. Alors il faut que je me ressaisisse.
- Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je sais que tu n’as pas envie de me voir mais il fallait que je te parle, répond-il en jetant de petits coups d’œil derrière lui.
- En pleine nuit ? Pendant que ta mère dort ?
- Je t’en prie Manuella…
Je sais que sa mère risque de sortir de sa chambre à tout moment si on continue de parler dans le couloir, alors je me mets sur le côté pour qu’il puisse rentrer dans la chambre. Mais je ne ferme pas la porte. Je ne veux pas qu’il reste. Il installe David en plein milieu du lit et le couvre pour qu’il n’ait pas froid. On est tous les deux de nouveaux parents mais je trouve qu’il prend ses marques bien plus facilement que moi avec David. Où est le fameux instinct maternel qu’on vente partout ? Je ne l’ai toujours pas encore. Avec quoi le réveille –t-on ? Lui n’a même pas eu besoin de temps d’adaptation à ce que je vois. J’ai la certitude qu’il sera un merveilleux père. Une fois sa tâche accomplie, il se met face à moi. Je crois que je n’ai plus envie de lui parler.
- Tu manques à David, murmure-t-il en enfonçant les mains dans ses poches.
- Non je ne crois pas. Il dort paisiblement.
- Tu es sa mère, tu lui manques forcément et à cause de moi…
- Arrête.
Mon ton est plus sec que ce que j’avais escompté. Il inspire fortement, essayant de garder son calme.
- Tu n’as pas mal aux seins ? Je veux dire, le petit n’a pas tété...
- Tu veux me faire croire que tu es venu pour ça ? Pour qu’il tète ?
- Non. Je me disais juste que tu as surement mal.
Si. Horriblement mal. Mais je n’y pense pas. Sinon, je me sentirai coupable de m’être énervée contre son père et de l’avoir laissé tout seul les premiers jours de sa vie. Ce genre de réaction n’est surement pas digne d’une mère. De toute manière, ce ne sera pas la première fois que je me serai mise dans une situation humiliante.
- Alors peut-être qu’il vaut mieux que j’avoue que c’est à moi que tu manques.
- Ce n’est pas comme si j’étais partie. Je suis juste chez ta mère.
- Mais tu vas partir, je le sens, affirme –t-il en regardant son fils.
Notre fils. J’ai envie de le prendre dans mes bras. Mais je suis sure que je m’y prendrais mal et je ne veux pas être maladroite devant lui qui n’a aucun mal à s’occuper de David.
- Je ne sais pas ce que je vais faire.
- Je te connais et tu me connais Manuella, ne fais pas comme si tout d’un coup tu ne savais plus qui je suis réellement. Tu sais je n’avais pas l’intention de …
- Ne commence pas Pierre. Je ne veux pas parler de ça.
- Manuella, je…
- Pourquoi tu insistes maintenant pour qu’on parle? Quand je voulais que tu me parles, tu as refusé de le faire.
- Baisse le ton Manuella, tu vas réveiller David.
- Et maintenant tu es tout disposé à le faire ? je lui demande tout bas.
- J’étais en colère, je n’étais pas prêt à te parler parce que tu as vexé Carter et qu’on m’a fait sauter de la société en représailles ! Tu te rends compte Manuella ! J’ai perdu mon job.
- Je suis désolée, je concède pour ne pas polémiquer inutilement.
Il ne s’y attendait pas. Il s’arrête de parler essayant de retrouver le cours de ses pensées. Ce qui est sûr c’est que j’ai merdé. Même si je ne l’avais pas prévu, les conséquences il s’est récupéré ça en pleine gueule. Il a de quoi être énervé.
- Pour ce qui s’est passé…
- Je suis en colère et je ne suis pas prête à te parler.
- Manuella, fais pas ça!
- Je ne fais que te servir ce que tu m’as servi. Respecte ça à défaut de me respecter moi.
Il soupire.
- Est-ce qu’on peut au moins aller à l’hôpital ?
- Pourquoi ? David est malade ? je demande en posant un regard inquiet sur lui.
- Non. Pour toi. Tu as la moitié du visage … dit-il en s’approchant de moi pour me toucher.
- C’est bon arrête, j’oppose en m’éloignant. Tu ne peux pas me forcer à rentrer juste parce que tu en as envie.
- Comme tu le voudras. Mais on va voir le médecin et je te ramène.
- Tu as vu l’heure ?
- Les urgences sont là pour ça ?
- Ce n’est pas un cas d’urgence.
- Pour une fois fais ce que je te dis sans me foutre en rogne Manuella !
La porte de sa mère s’ouvre. Elle remet en place sa robe de nuit et écarquille les yeux de stupeur en remarquant la présence de son fils.
- Mais qu’est-ce qui se passe ici ?
- Je veux juste l’emmener à l’hôpital et je la ramène.
- En pleine nuit ?
- Elle a l’œil rouge et le visage enflée.
- Où est David ?
- Il dort maman Irène. Sur mon lit.
- Bon Manuella tu sais que Pierre est têtu. Suis le à l’hôpital, ça va le rassurer puis il te ramène. Je vais veiller sur David en attendant.
- Maman Irène… j’objecte
- Vas y, insiste-t-elle avec un geste exaspéré de la main. Sinon, on ne va pas dormir dans cette maison. Maman la dernière fois tu as eu tort non, pour une fois fais tout simplement ce qu’il te demande.
Elle entre dans la chambre que j’occupe et prend David dans ses bras, avant de sortir et d’aller s’enfermer avec le petit dans sa chambre.
*
**
Une fois devant le médecin de garde, je ne sais plus quoi dire. Dans ma tête j’avais prévu de tout expliquer en long, en large et en travers, de sorte que Pierre soit mal à l’aise. Après tout, c’est lui qui a insisté pour qu’on vienne alors que je ne le voulais pas. Mais dans la salle d’auscultation, le silence est gênant. Aussi gênant que le long du parcours qui nous a menés jusqu’ici.
- Encore une fois, qu’est-ce qui vous amène ? demande-t-il en sortant un ordonnancier. Je suppose que c’est une urgence vu l’heure.
Avec ses sourcils gris et sa calvitie, le docteur Mombo devrait être à la retraite plutôt qu’ici à rester faire des gardes tardives. Est-ce qu’on n’aurait pas pu tomber sur un autre médecin qu’un papi qui semble avoir déjà vu dans sa vie la première dent du premier président du pays.
- Non pas vraiment.
- Alors je vous écoute madame …
- Mademoiselle plutôt. Je me suis prise une porte un peu bêtement, je n’ai pas fait attention. J’avais mal. Juste un peu. Maintenant ça va, mais il a tenu à ce que je vienne.
- Son œil est toujours rouge, fait constater Pierre.
- Ok. Je vois ça. Une porte hein ?
- Oui, une porte, je confirme avec tout l’aplomb dont je me sens encore capable.
Il sourit et replace ses lunettes sur l’arrêt de son nez.
- D’accord. Alors Monsieur vous voudrez bien sortir un moment ?
- Pourquoi ?
- Je veux l’examiner. Votre présence n’est pas indispensable.
- D’accord.
Pierre sort après m’avoir jeté un coup d’œil inquiet. Dès que la porte se ferme, le médecin se lève et se place juste face à moi. Il enfile des gants en latex avant de m’examiner puis soupire en les enlevant. Il retourne s’assoir l’air songeur. J’en profite pour regarder tout ce qui décore sa table. Un gros livre et plein de brochures de médicament apparemment. Il gribouille je ne sais pas quoi sur la fiche de mon dossier d’une écriture illisible. Sa main tremble un peu. Je ne sais pas si c’est de vieillesse ou de fatigue.
- Il vous a frappé ? demande-t-il sans lever la tête vers moi.
Peut-être sait-il qu’en me regardant droit dans les yeux, j’aurai trop honte pour lui dire la vérité. Mais il se trompe. Avec ou sans son regard, je ne suis pas prête à avouer ce qui s‘est passé.
- Non.
- Peut-être était-ce par accident qu’il vous a frappé.
- Non. Comme je vous l’ai dit, c’est une porte. Une simple porte.
- Je vais faire comme si je vous croyais ma petite fille. Vous avez quelque chose contre la douleur ?
- Oui.
- Je vois qu’il s’inquiète pour rien. Tout semble sous contrôle.
- Je suis une dure à cuire, je lui dis en souriant de toutes mes dents pour le convaincre que rien de grave ne s’est passé. Il faudra un portail pour me faire vraiment mal, pas une simple porte.
Il me donne une ordonnance pour faire une radio pour vérifier que rien n’est cassé ou déplacé. Ensuite, il me conseille d’aller voir un ophtalmologue le plus tôt possible. Ce que je ne compte pas vraiment faire parce que je n’ai plus mal. Tout ce cirque pour une gifle, ça commence à me saouler.
- Je vais vous donner un conseil.
- Je n’en ai pas besoin. Je ne suis pas ce que vous pensez que je suis. Vraiment.
- Je vais vous en donner deux puisque vous insistez.
Je lève les yeux au ciel.
- Il se peut qu’il ne recommence jamais. Votre porte là, il se peut que vous ne vous cogniez plus jamais dedans. Comme il se peut qu’elle recommence, qu’elle vous claque à la figure cette fichue porte. Plus fort.
Je ne sais pas pourquoi ça m’énerve qu’il pense connaitre Pierre juste à cause de ce qu’il a deviné derrière mon sourire forcé. Je prends donc sa défense. Comme il prendrait la mienne, s’il était à ma place.
- Vous ne le connaissez pas. Il …
- Pensez à en parler à quelqu’un qui pourra confirmer vos dires lorsque vous aurez passé votre vie à cacher ce qui se passe à tout le monde, coupe –t-il sans me laisser le temps de finir ma phrase. Mais surtout pensez à faire des certificats médicaux à chaque … débordement. Vous en aurez aussi besoin.
Tout d’un coup, il ne ressemble plus au papi tout gai mais à un vieux ronchon ami du père fouettard.
- Lorsque les sentiments ne seront plus là, et que vous aurez eu quelques côtes fracturées et un œil poché, croyez-moi, ça vous servira.
- C’est lui qui a tenu à ce que je vienne parce qu’il s’inquiétait. Ce n’est pas la peine de le traiter comme si c’était un criminel, je lui réponds en me levant de ma chaise.
Il me tend les ordonnances avec un sourire contrit.
- Tous les monstres ne font pas du mal. Et tous ceux qui font du mal ne sont pas des monstres ma petite.
Je me saisis des documents et sors de la salle de consultation. Pierre se lève dès qu’il me voit. J’ai vraiment mal aux seins. Il faudrait que je me mette à l’allaiter. Peut-être que ça créera le lien que j’ai tellement peur de ne pas pouvoir établir avec David.
- Maman a appelé. Elle lui a fait un biberon et il s’est endormi comme une masse. Je crois qu’il va falloir qu’elle me montre comment elle a fait.
- A moi aussi.
- Non. Pourquoi ? Toi tu as tout ce qu’il faut pour ne pas utiliser des biberons.
- Des mini biberons tu veux dire, je réplique sans même réfléchir.
Il éclate de rire et je souris.
- Est-ce qu’on peut rentrer à la maison ?
- Oui, répond-il en me tendant la main.
Mais je ne la prends pas. Je le suis tout simplement. Lorsque nous arrivons à la maison, j’ai le cœur au bord des lèvres, le sentiment d’avoir été faible. Cela faisait longtemps que je m’étais sentie faible devant un homme. D’habitude ce sont les femmes qui arrivent à me faire passer par ce genre d’émotion. Nous descendons de voiture et il ouvre la porte principale de maison puis se met sur le coté pour que je passe devant lui mais je m’arrête.
- Et si tu recommences ? Parce que des conneries, j’en fais toujours et j’en ferai surement encore. Je suis loin d’être parfaite mais tu savais à quoi t’attendre. Je n’excuse pas mon geste. Mais…
- Tu aurais dû me faire confiance Manuella.
- Je te fais confiance. Mais à elle, pas du tout. Elle, elle m’énervait, elle me blessait et toi tu n’as rien fait parce que tu voulais un poste… si c’était moi qui travaillais dans cette boite et que je laissais le fils du patron me draguer et m’envoyer des photos de sa queue à tout moment pour obtenir un poste, comment tu l’aurais pris Pierre ? Dis-moi. La dernière fois t’as vu mon ex tu as pété les câbles. Tu aurais aimé qu’il m’envoie des photos ? Pas juste une fois, mais de longs mois durant… Arrête Pierre te connaissant, tu lui aurais cassé la gueule.
- Donc c’est de ma faute ? Tout absolument tout est de ma faute ? tu n’es plus une gamine Manu, tu es une femme et tu devrais savoir tenir ton foyer sans paniquer à la moindre attaque. Je ne t’ai pas assez prouvé à quel point je t’aime ? Qu’est-ce qu’il faut que je fasse d’autre pour que tu saches qu’il n’y a personne d’autre ? Tu crois que c’était facile pour moi ? Comment aurais-tu réagi si une de mes conneries te faisait perdre ton précieux garage ? crie-t-il.
A l’instant où j’ai la réponse à sa question, je sais que je dois partir.
- Jamais. Jamais je ne t’aurai frappé pour ça. Parce que je t’aime Pierre et que jamais je ne te ferai du mal sciemment. C’est ça la différence. Je ne pensais pas te causer un si grand tort. Je voulais juste qu’elle te lâche les baskets. Mais toi, c’est quoi ton excuse, toi ?
Je lui tourne le dos et précipite mes pas. Il me court après tout en essayant de m’arrêter.
- Ne fais pas ça Manuella.
Chaque fois que sa main m’attrape, je la repousse pour qu’il n’ait aucune prise sur moi. Mais il ne s’arrête pas et réussit à passer devant moi avant que j’atteigne le portail. Les mains autour de mon cou, il tente de m’obliger à le regarder dans les yeux en maintenant mon visage levé. Il ne peut pas m’obliger à le regarder alors je ferme les yeux. Mais il ne peut pas non plus m’empêcher de lui dire ce qui me reste sur le cœur.
- De tout ce que tu as pu faire jusqu’à présent, jamais encore je ne m’étais sentie si humiliée et vulnérable face à toi. Et ça me dégoute Pierre, de me sentir comme ça. Mentir aux gens pour qu’ils ne te voient pas comme je te vois en ce moment. Continuer à te protéger alors que toi tu as arrêté de le faire. Et malgré tout ça, que tu ne t’excuses même pas vraiment de m’avoir frappée, que tu ne te rendes pas compte à quel point ton geste était déplacé !
- Je voulais juste que tu comprennes ma colère. Il ne s’agissait pas d’excuser mon geste. Jamais. Manuella. Jamais ça ne se reproduira, jamais. Crois-moi. Je te le jure sur ma vie.
- Alors dis-le. Que je sache que je n’ai pas à avoir peur de l’homme avec lequel je veux faire ma vie, du père de mon enfant.
Il pose son front contre le mien et murmure tout bas comme une litanie :
- Pardon. Pardon. Pardon. Manuella pardonne-moi. Pardon ma puce.
Sa voix ainsi que ses mains tremblent. J’ouvre les yeux soulagée à l’idée de savoir que je peux enfin mettre tout ce qui s’est passé ces derniers jours derrière nous.
Il ne s’agissait pas d’excuser son geste. Juste d’expliquer sa colère.
*
**
Il a reçu une convocation pour un entretien préalable au licenciement. Plutôt que de garder tout pour lui, cette fois-ci, il m’a tout expliqué. Alors quand il avait besoin d’être seul ou de ruminer sa colère, je le laissais tranquille. Finalement, la décision a été confirmée et la société l’a licencié pour faute lourde, un moyen pour eux d’essayer de lui payer le moins de droit possible. Evidemment, le message envoyé par Keshia à Carter n’a pas vraiment été évoqué. Elle a plutôt essayé de lui faire porter le chapeau pour des fautes commises par les employés qu’il avait sous sa responsabilité et qui ont mis en place un système bien rodé qui consistait à détourner les clients de la société. Vu de loin tout se tenait parfaitement. Il n’y avait que lui, moi et Carter qui savions réellement de quoi il en retournait. L’avocat de Pierre a dit qu’ils allaient se plaindre à l’inspection du travail mais Pierre n’a pas souhaité poursuivre sur ce chemin.
Aujourd’hui, muni d’un carton vide et accompagné de deux agents de la sécurité, il doit vider son bureau de ses effets personnels. Ils lui ont accordé trente minutes pour le faire. C’est moi qui ai conduit sa voiture aujourd’hui pour qu’il soit à l’heure. Il n’avait la tête à rien, j’ai insisté pour venir. J’avais besoin d’être là pour lui-même si tout était de ma faute. Et il a accepté que je prenne le volant pour me signifier que tout est pardonné.
On peut prendre notre temps puisque David est chez sa grand-mère.
J’attends donc patiemment au volant qu’il sorte avec ses affaires. Trente minutes exactement après notre arrivée, je le vois sortir du bâtiment, suivi de près par Carter qu’il semble ignorer avec ostentation. Je descends de la voiture tandis qu’un camion se gare non loin de l’entrée. Deux hommes en combinaison bleue en descendent avec du matériel ainsi qu’un gigantesque panneau.
Il traverse la route tandis qu’elle me jette un regard méprisant, les bras croisés sur sa fabuleuse poitrine.
- Pourquoi elle te suit ? je demande à Pierre qui balance son carton sur le siège arrière.
- Je n’ai pas cédé à ses avances, tu l’as menacée mais elle a quand même gagné. Je suppose qu’elle veut jubiler devant toi pour avoir essayé de la menacer et devant moi pour ne pas avoir dit oui tout simplement.
- Je vois.
Tranquillement, je fais descendre mes lunettes de soleil sur mes yeux. Dès que les deux hommes finissent le travail pour lequel ils ont été payés, ils s’en vont sans trainer sur les lieux.
- On y va Manuella.
- Une petite minute s’il te plait.
- Qu’est-ce qui se passe ?
Je m’adosse tranquillement à la portière de la voiture et attends. Il est dix-sept heures, les employés quittent tous les bureaux pour rentrer chez eux. Au début personne ne remarque rien. Puis une femme s’arrête devant l’immense affiche collée sur le mur d’enceinte du siège social. Même à cette distance, je peux voir qu’ils ont fait du bon boulot. Ça va être dur d’enlever ça. Une deuxième femme s’arrête devant l’affiche puis un autre homme qui appelle son collègue pour qu’il vienne voir. Au fur et à mesure, la foule grossit. Pierre se retourne vers Carter qui s’avance lentement vers l’affiche. Dès qu’elle comprend, elle demande aux agents de la sécurité de disperser les employés.
- Non. T’as pas fait ça ! s’exclame Pierre en rigolant.
- J’estime qu’on ne peut pas perdre sur tous les tableaux.
Il m’embrasse, les yeux pétillant d’amusement.
- T’es belle dans cette robe.
- C’est normal, c’est toi qui l’as choisie pour moi. J’avoue que je ne pensais pas qu’elle pourrait m’aller, avec toute cette dentelle rouge.
- Et pourquoi t’as mis un collant en bas ?
- Bah au cas où elle me poursuit. Faut toujours être prête à se battre, pour les gens qu’on aime. Tu ne trouves pas ?
- T’es ma petite lionne à moi.
- Ouep. ET un moment, je crois que tu l’as oublié !
- Ça ne se reproduira plus, crois-moi.
- Et moi, je ne franchirai plus les limites.
- OK.
- Carter n’est plus une limite n’est-ce pas ?
- Non, elle n’est plus une limite.
Je regarde le carton sur la banquette arrière. Mon cœur se serre.
- Tu es super bon. Tu trouveras un autre boulot et je te promets que cette fois-ci, je ne vais pas tout faire foirer.
- Même s’il y a une timbrée qui me drague là-bas ?
- Ah ça. Genre t’es trop beau, personne ne te résiste ?
- Quand je vais te répondre que nous les fangs, nous sommes les plus beaux du Gabon, tu vas encore dire que je suis trop orgueilleux…
J’éclate de rire et laisse ses bras m’enserrer, me protéger, comme ils ont toujours été destinés à le faire. Il y a de l’amour entre Pierre et moi. Et jamais nous n’aurions dû laisser quoi que ce soit d’autre s’immiscer entre nous. Ni colère, ni amertume.