Chapitre 19 : Eclaircissements

Ecrit par Néfi

Je manquai de m’évanouir quand Alex prononça sa dernière phrase.

-          Je ne comprends pas Alex, explique moi. Que veux-tu dire par là ? lançai-je, totalement confuse.

-          Dona, je sais que c’est très dur à entendre ce que je te dis, mais crois-moi, les révélations qu’on m’a fait sont à prendre très au sérieux. En parabole, on m’a dit : «  Rien n’empêche l’hirondelle et la carpe de s’aimer, mais où devront-il vivre ? Dans l’eau ou les airs ? ».

-          Et donc ?

-          Cela veut dire que rien ne nous empêche de nous aimer, mais pour construire quelque chose dans le futur, ce sera très compliqué. Tu sais, ce n’est pas pour rien que toi et moi, nous nous aimons aussi fort. Cela fait plusieurs vies que nous nous aimons et que nous nous suivons. Mais du fait des actions que nous avons commis dans nos vies antérieures, nous ne pouvons pas être ensemble dans cette vie.

Je n’en revenais pas. Il me parlait de quoi là ? J’étais éberluée.

-          Détaille un  peu Alex, je ne comprends toujours pas.

-          Dona, toi et moi, ça ne donnera rien de bon. On m’a même dit que si nous nous forçons à essayer, un grand malheur risquait d’arriver.

-          Comment-ça ?

-          L’un de nous deux pourrait mourir.

-          Mais comment 2 personnes qui s’aiment aussi fort que nous, ne peuvent-ils pas vivre heureux ?

-          Je ne sais pas Dona, tu sais, ils ne nous disent pas tout. Ils ne peuvent pas tout nous dire non plus car cela enlèverait le paramètre « inconnu » dans nos vies. Le plus important, c’est qu’ils m’aient quand même averti. Ils ne m’ont rien imposé. A moi de prendre la bonne décision. C’est ce que j’ai fait.

-          A toi ou à nous Alex ? Pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ? Hein ?

-          Parce que cela n’aurait servi à rien Dona. Cela n’aurait rien changé. J’ai tourné, retourné la situation dans tous les sens. Comment-trouver une solution qui nous permettrait de vivre notre histoire, sans s’engager ? C’est impossible.

-          Mais tu aurais-dû m’en parler ! ça m’aurait évité, bien des questionnements inutiles.

-          J’en suis sincèrement désolé.

-          Et tu me sors cette histoire, de nulle part, juste comme ça. Et je suis censée accepter ça  et ne rien faire.

-          Que voudrais-tu faire ? Moi j’ai jugé bon, de m’éloigner de toi, à cause de ça en tout cas. Cela me paraissait être la solution la plus appropriée. Moins nous serions attachés l’un à l’autre, mieux ce serait.

-          Eh bien, ça a l’air d’avoir marché ta solution, puisque nous revoilà au point de départ.

Il me sourit, et réajusta ses lunettes.

-          Oui je sais. Je n’ai pas réussi à t’oublier Dona, malgré toutes ces années passées loin de toi. Je me retrouve à toujours penser à toi. Sache juste une chose, jamais au grand jamais, je ne me permettrai de te faire courir, quelque risque que ce soit.

-          Alex, sérieusement, je suis en colère contre toi. Tu t’es permis de prendre des décisions sans me consulter, d’autant plus que c’était des décisions qui nous concernaient tous les 2. Tu as pris une décision, soit ! Pourquoi viens-tu me chercher encore hein ? (je frappai fort sur ses épaules). Pourquoi m’informer de tout cela maintenant qu’il est trop tard ?

-          Calme-toi Dona ! C’est parce que je t’aime toujours. Je n’ai  pas réussi à t’oublier malgré tout ce que j’ai appris. J’avais le choix entre l’amour que j’ai pour toi et la raison qui me poussait à sauver nos vies. J’ai clairement fait le choix de la raison.

-          Tu as fait le choix de la raison ? Quelle raison ? D’ailleurs qui te dit que tout ce que tes oracles t’ont raconté était vrai ? Et s’ils s’étaient trompés ?

Il me regarda fixement, droit dans les yeux.

-          Je t’ai dit que ceci se fait depuis des générations dans ma famille et tous ceux qui s’entêtent le regrettent. Ma propre sœur a fait pareil. On lui a prédit un sombre avenir avec son mari. Elle a quand même insisté et s’est retrouvée malheureuse, car le monsieur la trompait et la battait régulièrement. Crois-moi, ces gens-là ne mentent pas.

 

J’étais vraiment surprise par la conviction avec laquelle il défendait ce qu’on lui avait dit. Comment pouvait-on, juste sur de simples paroles, et de soi-disantes prévisions, arrêter de parler à la femme qu’on aime ? Je ressentais une colère immense, très intense. Il n’avait même pas eu le courage de m’en parler en plus. Il avait disparu de ma vie, me laissant planter là et me soumettant à des interrogations innombrables. Je repensais à toutes ces nuits blanches, où je me demandais à quel moment j’avais commis une erreur ? A quel moment avais-je merdé ? Et cet homme prétendait m’aimer ! Oh Mon Dieu, j’avais l’impression de vivre clairement un cauchemar. Je ne voulais plus entendre parler de lui. Qu’il sorte de ma vie. C’était tout ce que je voulais à cet instant-là.

-          Sors de ma vie Alex, ne reviens plus. J’ai suffisamment souffert à cause de toi. Maintenant, ça suffit. Va-t’en !

-          Dona, s’il te plaît, ne fais pas ça. Je t’en prie. J’ai pris la décision qu’il fallait, pour toi, pour nous.

Je me levai et pris mes affaires.

-          Non, tu as pris une décision qui nous concernait tous les deux, sans m’en parler avant, et tu m’as laissée tomber sans un mot. Et tu prétends m’aimer Alex ? De quel genre d’amour s’agit-il hein ?

Je me dirigeai vers la sortie du restaurant. Il empoigna le pas derrière moi et me prit par le bras.

-          Dona, je t’en prie, ne fais pas ça. Ecoute-moi bb, tu es la plus belle chose qui me soit arrivée durant ces dernières années. Nous allons trouver une autre solution, crois-moi.

-          Lâche-moi Alex, je ne veux plus rien entendre de toi, disparais de ma vie, comme tu l’as toujours fait !

 

Je ne l’entendais plus. Je disparus dans la nuit noire de Cotonou.

 

************Quelque part dans la ville d’Abomey, dans le centre du Bénin, au même moment**********

Il lança les cauris, qui retombaient brusquement, se gratta le menton, interpréta le signe apparu et devint soucieux. Son plan avait pourtant fonctionné. Mais, ce qu’il lisait ne le rassurait pas. Vite, il fallait qu’il les avertisse. Il courut, prit son vélo et fonça dans les ténèbres.

Amour ou raison