Chapitre 19 : Sahara

Ecrit par Nifêmi


 

------Sahara-------

C’est en marchant pour la maison que je me mets à parler de mon histoire à Foumi. Je rends tellement grâce à Dieu, d’avoir mis cet ange dans ma vie, qui a su me protéger au bon moment. Je fais le récit à Foumi qui réagit par des étonnements.

Moi : Je me souviens encore de cette lointaine période. Depuis toute petite mes parents m’ont laissé chez ma tante. Elle n’avait pas d’enfant, elle me traitait bien comme l’enfant qu’elle a accouché. Ma tante était une commerçante de sandalette, elle ravitaille à Abidjan. Grace à ses moyens, J’ai étudié jusqu’en classe de 1ère D. et subitement tout a été perdu dans un feu qui a ravagé presque tous les stands de la zone des vendeurs de sandales. Le plastique était la matière principale des sandales, rien n’avait pu être récupéré. C’était le début de notre calvaire car elle n’arrivait plus à payer mes études. Je n’ai même pas finir cette année. On a dû déménager, le propriétaire nous a mis au dehors juste à cause de deux mois d’impayés. Il n’a dutout pas été compatissant. On s’est installé dans une cabane en bambou sur un terrain vide dont on ignorait le propriétaire.

Tout devenait compliqué, j’étais obligée de vendre avec ma tante de la farine de manioc et des galettes (klui-klui en fon). La recette ne nous aidait en rien. Ma tante avait une amie d’enfance qu’on appelle mummy Uche. C’était une béninoise mariée à un Biafra (Igbo). Son commerce des produits cosmétiques et layette l’a rendu immensément riche, or sa boutique était petite comme ça. Ma tante est allée la voir pour qu’elles nous viennent en aide. Le seul arrangement pour que personne ne soit perdant est que je devrais me marier à son fils qui peinait à trouver une femme. 7 ans me séparaient de lui. Comment pouvait-on me mettre en couple maintenant, alors que j’aspire à finir mes études.

Ma tante  était le seul parent que j’avais et donc, elle m’avait obligée à me marier à l’âge de 17 ans avec le fils de son amie. Tout simplement à cause du manque de moyens financiers. Son amie lui a promis que si j’accouche, elle allait l’associer à son commerce. Et c’est ainsi, malgré moi j’épousai le jeune homme de 24 ans de l’époque. Il s’appelait Uche. C’est à sa mort je me suis libérée de lui.

Moi : Foumi ! Tu me donnes quel Age ?

Elle : 28 ans ? 30 ans ?

Moi : j’ai 25 ans…

Elle : on ne dirait pas ! Tu fais tellement la maman !!

Moi : je me suis mariée à 17 ans à Uche, le jour de mon mariage, ma tante m’a fait un aveu : elle n’était en aucun cas parenté à moi par le sang. J’ai été adoptée. Mais qu’elle m’a aimé comme si j’étais son propre enfant. Et de lui pardonner le fait qu’elle m’a obligé à épouser le fils de son amie. Elle sait quand-même que Uche fera un bon mari vu l’éducation que sa mère lui inculqué. Ma tante était bel et bien le seul parent que j’ai eu car on n’a jamais su ce que mes parents biologiques étaient devenus.

 Je n’avais pas d’autres choix que d’accepter. Je me suis dit que je finirai par l’aimer. Effectivement en moins de 3 mois de mariage, je l’aimais déjà. Il était beau, gentil attentionné. Son comportement vis à vie de moi me rassurait. Je lui ai donné mon cœur. Je l’aimais pour tout. Il n’a jamais demandé à coucher avec moi, mais c’est moi qui suis allée vers lui après ses 3 mois et il m’a dépucelé. On l’a refait tous les jours pendant un mois, tellement c’était nouveau, doux, c’était une drogue. Personne n’a su que le mariage avait été consommé 3 mois après.  Les jours passaient, j’étais comme une nymphomane, J’ai tellement pris gout que un jour j’étais tombée dans les pommes en action sexuelle. Ma belle-mère, une si gentille dame a compris que j’étais enceinte. J’ai paniqué. Enceinte ? 18 ans à peine ? Nous sommes allées l’hôpital je découvre que je suis enceinte de 6 mois. Et effectivement le temps passais, je bouclais mes 9 mois de mariage. Tout mon entourage était heureux pour moi alors la panique se dissipa peu à peu….

Elle : waouh ! Tu es une mère ?

Moi triste : j’étais !

Elle étonnée : qu’est-ce qui s’est passé ?

Moi : mon mari ne travaillait pas, il dépendait de sa mère. On était à la charge de sa mère jusqu’à ce que cette dernière se fasse tuer dans un accident routier. Ma tante était avec elle dans le bus qui les transportait. En fait, elles étaient allées au Togo pour se ravitailler en produit cosmétiques. Ma belle-mère voulait montrer les rouages du métier à ma tante. Et c’est au retour, l’accident a eu lieu. Et ça coïncidait avec les 2 ans d’anniversaires de mon fils Junior, paix à son âme. 

Elle : paix à son âme,

Moi : merci… un peu après cet accident le peu d’argent que ma belle-mère avait laissé, mon salaud de mari a tout dilapidé dans des futilités : drogues, cigarettes, alcool, femmes….j’en passe. En réalité sa mère croulait sous les dettes. Elle n’avait pas jugé utile le lui dire. A son décès, je ne peux te dire le nombre de créanciers venu nous harceler. En même temps qu’on remboursait, mon cher époux faisait la fête. J’ai compris plus tard que c’est la présence de sa mère qui le rendait correcte vis-à-vis de moi. J’ai découvert sa vraie face. Il nous abandonnait pendant des jours sans rien à manger. Je te dis 1 an seulement on vivait dans la précarité totale. Ce que ma tante voulait m’éviter. Seul Dieu connait le meilleur plan pour nous. Je me suis retrouvée à la case départ avec un enfant à charge.

Elle désolée: ooooh !

Moi : junior est tombé malade et il n’y avait aucun moyen pour le sauver. Il avait contracté l’asthme. Il avait tous les problèmes pour  respirer. Et son père restait introuvable. C’est le jour où son père a réapparut, après plusieurs semaines d’absence que junior a rendu l’âme à l’hôpital dans lequel on était. J’avais 21 ans quand perdu mon bébé de 3 ans. J’ai souffert, j’avais besoin de ma tante, mais tout ce que j’avais c’était ce salaud d’Uche. Etant faible, j’ai accepté ses excuses pour ne pas me retrouve seule. Est-ce que j’avais le choix ! Je l’aimais si tant ! Il était la seule famille que j’avais, et je n’avais pas vraiment d’amis.

Elle : hmmm

Moi : le pire reste à venir.

Elle : ah bon ? Encore ?

Moi : 10 mois après le décès de mon fils, c’est Uche qui mourait !

Elle : oh ! Mon Dieu !!

Moi : laisse, il lui était impossible de trouver un boulot stable. Il était arrogant et désagréable envers ses patrons. Je l’avoue, depuis que je suis avec lui, il n’a jamais porté sa main sur moi. Le décès de notre fils nous a rapproché. Grace à mes prières, j’ai eu la chance de trouver un travail dans une villa du quartier dans lequel on vivait. J’étais une lessiveuse. J’assurais la garde à manger de la maison et je mettais de l’argent de côté à son insu, lui il essayait tant bien que mal de payer le loyer de l’entrée couchée qu’on louait. Mes économies étaient pour commencer le commerce de cosmétique. Je m’y connais un peu. Un matin j’ai voulu faire le point de mes économies. Tout a disparu du coin dans lequel je les mettais. Mon cœur a fait un bon. J’ai porté mes mains sur la tête et j’ai crié. Mon cri a réveillé Uche. Il m’a demandé pourquoi j’ai crié comme si j’avais vu un fantôme. Je l’ai toisé car je savais qu’il avait pris mon argent. J’ai bondi sur lui pour le mordre et j’ai reçu un coup sur la tête. Et plus rien !

Elle : huuuum !!

Moi : devine où je me suis réveiller ?

Elle : je ne sais pas … à l’hôpital ? À la morgue ?

Moi : ni l’un ni l’un

Elle ouvre grandement les yeux.

Moi : quand mes yeux ce sont ouverts, j’étais à genoux, les deux mains qui retenaient une calebasse su ma tête. Un pagne rouge qui me couvrait le corps, était noué sur ma poitrine. Je regarde autour de moi, j’étais à genou au milieu des fétiches. Il y avait des grands comme des petits fétiches sur lesquels il y avait une poudre blanche, de l’huile rouge et du sang sans aucun doute. Sous certains pieds des fétiches, il y avait des cabris et poulet morts égorgés. Endroit lugubre, le mal était installé à cet endroit. Sur les murs était dessiné des serpents et la sirène des eaux. J’entends « tssssss » ! Je sursaute, je me lève en poussant un cri. Un gros serpent avait surgit de nulle part.

Elle : oh ! Seigneur !! Donc ses histoires sont réelles ?

Moi : malheureusement oui… mes cris ont alerté des personnes qui sont venus de l’extérieur. Un vieux avec une barbe blanche, habillé par une tunique garnis de gri-gri  entre. Il est précédé par Uche.

 

*****flash-back*****

Moi apeurée : Uche aide-moi s’il te plait

Uche s’évanouit sur le coup, les yeux gardés ouverts. Je me mets à crier et à pleurer. Je suis foutue. On faisait quoi ici. Le vieux a un sourire vicieux. La peur règne en maitre sur mon corps et mon esprit. Je sais que je vais mourir, alors je me mets à prier. Je demande à Dieu de me permettre de retrouver junior. Quand le vieux entend Junior, il cesse de rire et dit :

Lui : voilà ce qui t’a sauvé.

Je pleure de plus belle. Je crie ! À mon plus grand soulagement il parlait le yoruba, et je comprends cette langue.

Lui : arrêtes de pleurer, ça ne sert à rien et personne ne peut t’entendre ici. Tu n’es plus au Bénin. Tu es au Nigéria. Ton mari t’a amené ici pour faire un rituel d’argent. Mais les esprits invisibles ne t’ont pas accepté à cause de ce Junior. Il a lutté contre les forces obscures pour ta liberté. Et comme le rituel a été enclenché, les esprits en colère ont pris ton mari pour te remplacer. Il a fallu que tu te réveilles de ce sommeil avec les yeux ouverts. Et que tes yeux croisent celui de ton mari pour qu’il tombe et soit dans cet état.

Moi :….

Lui : si j’ai ri tout à l’heure, c’est parce que j’avais prévenu ton mari qu’on ne fait pas ce rituel avec n’importe qui ! Et tu n’es pas une fille quelconque. Car ton ange gardien veille vraiment sur toi. Regarde ton mari ! Il est vivant mais son esprit n’est plus dans son corps. Si tu veux, tu patientes une semaine pour finaliser le rituel et tout l’argent te reviendra pour une vie nouvelle.

Moi : non papa ! Je vais partir au bénin, gardez l’argent pour les orphelins, les veuves…

Lui : tais-toi ! Ignorante ! Ce genre d’argent ne fait pas ce que tu dis là. Je comprends que tu ne veux pas de cet argent et je peux arrêter le rituel ici maintenant. Mais ton mari ne reviendra plus en vie.

Moi :…

Il touche mon mari allongé par terre, avec une queue de cheval, et subitement, mon mari s’étire et se tord et plus aucun geste. Il vient de rendre l’âme. J’ouvre la bouche, les larmes chaudes coulent de mes joues, aucun cri, aucun son ne sort de ma bouche. C’est juste incroyable ce qui se passait sous mes yeux et ce que je vis.

Moi : papa je vais partir.

Lui : tu mourras dans la forêt seule cette nuit si tu quittes cette concession. Il est minuit passé, les esprits sont libérés. Ton junior t’a sauvé la vie une fois et il ne le fera plus cette nuit. Donc soit responsable et reste cette nuit. Au lever du jour, tu partiras d’ici.

 

******fin du flash-back******

 

Moi : voilà ma chérie, j’ai dû patienter cette nuit. Je ne pouvais pas dormir avec ce serpent qui apparaissait et disparaissait comme dans un jeu. Le vieux ne dormait pas aussi. Je l’entendais par aux invisibles. J’entendais des voix discutées avec lui. Le matin tardait à venir. Aux premières lueurs de la lumière du jour, le vieux m’a donné des vêtements propres. Et me conduit hors de sa concession. A mon grand étonnement, il y avait une population incroyable dans ce petit village. J’ai commencé à me sentir en sécurité. Une moto m’attendait pour me ramener à la frontière. Je suis partie sans demander où mon mari a été enterré. Ce n’était plus mon problème. La moto me descend à la frontière d’Igolo (Bénin-Nigéria) après des heures de conduites. Il fait demi-tour sans même réclamer l’argent.

Elle : waouh ! Tu as vécu tout ceci ?! Rends grâce à dieu et fais beaucoup de prières pour ton fils hein !

Moi : je n’en manque pas

Elle : tu as connu Jack comment ?

Moi : je suis arrivée à Cotonou en auto stop, je ne pouvais plus retourner chez nous, sinon on risquait de m’accuser sur la disparition d’Uche. Alors je suis venues où personne ne viendra me chercher, à cendrillon ! Je cherchais un travail de lessiveuse et finalement je suis tombée sur Jack. Je faisais la lessive aux filles de Jack. Et un jour je lui ai proposé que je pouvais faire comme elles…il hésité et a fini par accepter. L’une des filles me coachait. Et ça fait 3 trois ans que je suis ici…

Elle : je suis sans voix ! Viens par ici que je te serre dans mes bras ! Tu es une miraculée

Moi : ahahahaha… si tu le dis, merci. Bon dépêchons-nous, allons voir les filles.

En allant, Foumi croise son ami de la dernière fois, un certain Chris ! On chemine à trois en parlant de de tout et de rien. Plus on se rapproche de la maison, plus on entendait des cris. Aaaah ! Ça vient de chez nous, les filles se disputaient. On court, Foumi et moi pour rentrer dans la maison. On a laissé Chris au dehors.

Dans la cour, Lola et Temi se bagarraient. Les vêtements, qu’elles portaient, étaient en lambeaux. C’est la première fois que je voyais deux de nous se battre, depuis que je suis avec Jack. Souli est parterre, surement bousculée en les séparant. Danny, Nick, Roméo et deux autres filles regardaient la scène… j’ai honte. Je cours les séparer.

Temi : laisse-moi la corriger, cette voleuse ! Le vol c’est dans tes gènes

Lola : merci, mais je suis heureuse, je sais profiter de l’occasion moi

Temi : mais tu es mauvaise, tu me poignardes dans le dos si facilement comme ça ! Je me confiais à toi portant !

Moi : vous êtes folles de vous comporter de la sorte ? Et de vous mettre en spectacle de la sorte ? Qu’est-ce qui se passe ?

Temi en pleures : c’est Lola… il m’a trahit !

Temi finit sa phrase, et sort de la maison. Elle nous laisse planter là. On l’a suit du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse derrière le portail. Nos regards se posent sur Lola.

Moi : Lola, à l’intérieur, tout de suite.

Escortes