CHAPITRE 190: LE MÊME PROBLÈME

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 190 :LE MÊME PROBLÈME.

**ARSÈNE MFOULA**

Je suis en train de discuter avec Clotaire qui a regagné la prison depuis quelques mois quand son état s’est amélioré et qu’il a été déclaré hors de danger.


Moi : J’ai parlé avec votre avocat aujourd’hui qui m’a dit qu’il a déposé une requête pour vous au tribunal. Toutes les révélations qui sont sorties dernièrement jouent en votre faveur et nous espérons que très vite vous sortirez d’ici .

Clotaire : Je ne sais vraiment pas quoi dire pour vous remercier pour tout ce que vous faites pour moi. Si on m’avait dit en début d’année que le jeune détenu qui venait dans notre quartier était la solution à tous mes problèmes, je ne l’aurais pas cru et pourtant. Vous êtes véritablement un envoyé de Dieu et que votre Dieu vous rende toutes vos actions au centuple.

Moi : Amen. (Changeant de sujet) Vous avez déjà rencontré vos frères ?

Clotaire : Pas encore. Nous ne sommes pas dans le même quartier.

Moi : Ah bon ?

Clotaire : Non. Je n’ai sais pas pourquoi, mais ils n’ont pas été mis avec nous.

Moi : Je vois.


On nous informe que le temps imparti est écoulé et qu’il faut que nous partions. 


Moi : Il va falloir que j’y aille mais dans tous les cas, je reviendrai vous voir pour vous informer de l’avancée du dossier.

Clotaire : D’accord. Et merci pour tout.


Je me suis levé et je suis parti de là. Avec les révélations que la femme de Gérard avait faites, nous avons pu rouvrir son dossier pour pouvoir l’innocenter et le sortir de là. C’est une très bonne nouvelle. En ce qui concerne ses frères, après que Gérard ait été attrapé par la PJ, des révélations sur Axel sont également sorties. Il a été attrapé essayant de quitter le pays avec une forte somme d’argent. L’enquête faite à son sujet est également en cours et ils sont tous les deux en détention provisoire. Le procureur n’a pas voulu leur accorder de caution. Quant à Célestin, en raison de l’immunité dont il bénéficie en sa qualité de député, il n’a pas encore été arrêté mais son cas est très particulier car plusieurs personnes pensent qu’il aurait perdu la boule. Il a été aperçu plusieurs fois dans les rues tout nu et ayant des rapports sexuels avec des animaux. Il se pourrait qu’il finissent dans un asile psychiatrique. En ce qui concerne Célestin MEZUI, le père de Clotaire et Gérard, il serait mort aux Etats Unis sans que l’on sache la raison. Son corps aurait été retrouvé dans un aéroport en compagnie de sa femme qui elle-même se baladerait avec des faux papiers et de l’argent dont on ignore l’origine. Les choses sont compliquées pour eux en tout cas et plusieurs enquêtes ont été lancées sur cette famille. D’autre part, depuis plusieurs semaines, nous assistons à des boom de folies dans le Gabon. Le matin tu vas entendre que le DG d’une entreprise a piqué une crise et s’est déshabillé devant ses collaborateurs à Port-Gentil, un procureur a fait la même chose à oyem en plein tribunal, un autre du côté de Lambaréné durant une messe à l’église . Des histoires comme ça sont monnaie courante et la chose étrange c’est que tous citent un certain Okouk qui viendrait les chercher. Les médias parlent d’une nouvelle secte dont les adhérents se voient réclamer des dûs qu’ils ne me plus fournir mais nous nous savons de quoi il est question. Bref, chacun récolte les fruits de ce qu’il a planté. 

Je rentre dans mon véhicule et je passe récupérer Leslie à son boulot. Dernièrement elle a fait d’énormes progrès sur sa santé avec sa kiné. Elle ne boîte presque plus et si tout va bien, elle pourra reprendre le volent d’ici peu. Comme Loyd s’en allé depuis trois semaines maintenant, son véhicule est garé à la maison. 

J’arrive à son boulot et je la récupère pour la maison où nous trouvons notre petit monde dans les cahiers. C’est la période des compositions pour le troisième trimestre chez Lucrèce donc elle est à fond, les garçons aussi avec leurs paliers. Je leur fais des bises à chacun avant de partir vers ma mère qui est dans un autre coin avec les jumelles. Je l’embrasse et je récupère mes filles avant de m’asseoir avec elles sur le canapé un large sourire sur les lèvres.


Moi : Mes amours vont bien ? Vous n’avez pas embêté mamie n’est-ce pas ?

Maman : si elles m’ont embêté, je n’ai presque pas travailler aujourd’hui .

Moi : Ah bon ?

Maman : Non, elles étaient partout à faire le désordre. 

Moi : (Les regardant en souriant) C’est vrai que vous avez dérangé mamie aujourd’hui ?

Elles : (Gros sourires baveux et battant les mains) Brbienbrfr mamie.

Maman : (Souriante) Ah tu as entendu non ? Elles reconnaissent m’avoir embêté ici.


Les concernés regardent leurs grands-mères et rient avant de se mettre à tirer sur ma cravate et baver sur moi. Leslie qui était montée pour se changer est revenue.


Leslie : Tu vois quand je dis que tu fais exprès non ? Tu sais que tes enfants vont te salir et au lieu de te changer d’abord, tu viens les soulever. C’est pour me donner du travail non ? 

Maman : (Riant) Ils sont comme ça ma fille c’est un fait exprès.

Moi : (Souriant) Je ne peut pas porter mes enfants parce que la veste ? Que c’est quoi devant elles ?

Leslie : N’est-ce pas non ? Je t’attends au tournant.


Elle finit de dire ça et elle va à la cuisine. Depuis quelques semaines, elle a cette phrase à la bouche et je ne sais pas ce qu’elle sous entend par là. Dans tous les cas, je ne m’attarde pas dessus car je ne vois pas ce qu’elle peut faire qui va me déstabiliser.


Maman : J’ai reçu le coup de fil d’un ami qui m’a appris qu’ils ont fait une descente dans les orphelinats de Syntiche aujourd’hui .

Moi : Ah bon ?

Maman : Oui, ils ont apparemment mis la main sur plusieurs preuves montrant les pratiques horribles qu’elle faisait subir aux enfants avec la complicité des membres de son personnel. Elle a été arrêté à son domicile ainsi que son mari. Les informations passeront dans le journal télévisé de ce soir. Cette criminelle répondra bientôt de ses actes devant les autorités.

Moi : En espérant qu’ils n’étouffent pas l’affaire vu que plusieurs grands noms de ce pays étaient de mèche avec elle et plusieurs étaient ses clients.

Maman : je ne pense pas qu’elle pourra s’en sortir avec cette histoire. Au pire des cas, ils vont simplement chercher à la faire taire afin qu’elle ne puisse divulguer aucun nom. 

Moi : Les choses de se pays là. (Soupirant) En tout cas, on attend ce qu’ils vont dire aux info ce soir.

Maman : Oui.


Nous avons continué à parler de ça avant que je ne monte me changer et prendre une douche rapide. J’ai fait un message aux autres leur disant de regarder le journal ce soir car il y’aurait des nouvelles sur Syntiche. Je suis ensuite redescendu trouver les miens et nous avons passé un bon moment en famille jusqu’à l’heure du journal. Syntiche et ses structures faisaient effectivement partie des gros titres. Nous étions tous câblés dessus pour entendre ce qui se dirait dans le reportage. Nous avons vu les images des différents établissements extérieures et intérieures, celles que nous avions l’habitude de voir lors des reportages qui se faisaient souvent là-bas. Puis nous avons vu l’envers du décor, les endroits dont on ignorait l’existence. Des chambres insonorisées dans lesquelles les enfants étaient sexuellement abusés. Il y en avait même certaines contenant des menottes et des attaches sur le lit. Nous avons vu des images de l’infirmerie et les trois pièces secrètes qui étaient à l’intérieur , les bilans de santé de certains enfants, ceux même qui était hospitalisés après avoir subi des attouchements. Des jeunes de tous les âges. C’était vraiment terrible à regarder. Tout le personnel qui était présent a été arrêté sur place et elle-même à son domicile.


Journaliste : ‘’La maison du bonheur’’ comme s’appelait la célèbre structure d’accueil des enfants orphelins était en réalité ''l maison de l’horreur’’. En effet, depuis plusieurs mois maintenant, la fondatrice des célèbres orphelinats dans notre pays faisait l’objet d’une enquête secrète par les forces de police qui avaient été alertées par certains riverains et même des ex pensionnaires de ces établissements de la nature réelle de ses activités. Celle que tout le monde appelait ‘’maman Syntiche, la dame au grand cœur’’ s’est avérée être en réalité une femme sans cœur. La cinquantenaire serait depuis plusieurs années à la tête d’un grand réseau de proxénétisme au sein même de ses différents établissements d’accueil. Elle recueillait des enfants dans la rue, de tous les âges et les livrait sans aucun scrupule à des hommes et des femmes pour assouvir leurs libido en échange de fortes sommes d’argent. Ce sont des centaines d’enfants depuis une trentaine d’années qui subissent et supportent des abus physiques et des pratiques sexuelles en tout genre comme le démontre certains enregistrements trouvés sur place et les témoignages de certains pensionnaires qui bien que traumatisés ont tenu à dire quelques mots devant nos caméras.


Et là nous avons vu une jeune ado de 12 ou 13 ans qui a accepté de prendre la parole mais la face cachée, elle était de dos.


Elle : (Les pleurs dans la voix) Je m’appelle Raïssa et j’ai 13 ans. Je suis arrivée ici après la mort de ma mère quand j’avais 6 ans. Maman Syntiche m’avait dit qu’elle prendrait soin de moi et qu’elle allait me trouver une famille qui allait l’accueillir. Au début tout allait bien mais quand j’ai eu 7 ans, elle m’avait dit qu’un monsieur qui voulait adopter une fille était venue pour me voir et que je devais faire tout ce qu’il me dirait de faire sans discuter. Elle m’avait emmené dans une chambre où l’homme m’attendait et il m’avait demandé de venir m’asseoir à côté de lui sur le lit. Il m’avait demandé mon nom et m’avait dit que j’étais exactement le genre de fille qu’il voulait et qu’il allait être content d’être mon père. Il avait ensuite commencé à retirer mes vêtements avant de le faire avec pour lui puis, puis


Elle n’arrivait pas à finir sa phrase tellement sa gorge était nouée. C’est le journaliste qui lui a sorti les mots de la bouche.


Journaliste : Puis cet homme a abusé de vous ?

Elle : (Pleurant) Oui.

Journaliste : et depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, cela ne s’est pas arrêté ?

Elle : (Pleurant) Non. Les hommes viennent toujours ici et ils nous font des choses. 


Le journaliste l’a laissé tranquille parce qu’elle était visiblement touché et n’arrivait plus à bien parler. Une autre interview cette fois-ci sur un petit garçon de 8 ans nous a été diffusée et le petit disait que ça faisait 1 an qu’il était arrivé à l’orphelinat et qu’il avait déjà eu des rapports sexuels trois fois avec des femmes et une fois avec un homme. Une petite fille de 4 ans s’est livrée à la caméra pour dire qu’un tonton était venu lui mettre les doigts dans le sexe avant de la lécher.  


Le journaliste : Les témoignages de ce genre sont nombreux mais nous ne pouvons pas tous les citer. Comme vous avez pu entendre avec moi, ces jeunes enfants sans défense vivaient des véritables atrocités dans ce lieu qui était censé leur apporter un abri et un réconfort. Malheureusement la cupidité, je dirais même le sadisme des gens faisant subir de tels actes de barbarie à des jeunes enfants les a très tôt arraché à leurs espoirs et leur innocence. Combien de vies gâchés, combien de traumatismes occasionnés, combien de vies ôtés pour assouvir des besoins matériels qui dans le fond n'apportent rien de plus qu’un semblant de bonheur éphémère. Jusqu’où sommes nous prêts à aller pour de l’argent et le pouvoir au point de détruire des petits êtres fragiles que normalement nous sommes censés protéger. Où est passé la moralité des parents ? Où est passé la considération de la vie humaine ? Où est passé l’amour d’une mère ou un père pour ses enfants ? Ce sont des questions auxquelles nous n’avons plus aucune réponse dans un monde peuplé de Loups sanguinaires où l’amour de l’argent est désormais le seul langage que nous parlons, il ne nous reste plus qu’à prier le bon Dieu afin qu’il prenne pitié de nous et de nos progénitures.


Présentateur : nous reviendrons sur cette affaire dans nos prochaines éditions d’informations. À présent, nous parlons de santé dans ce journal.


Nous n’avons pas poursuivi les informations et nous nous sommes contentés de de commenter ce reportage.


Leslie : Cette femme est une vraie sorcière. Comment on peut dormir paisiblement la nuit en sachant ce que l’on fait aux pauvres enfants.

Maman : Le journaliste l’a si bien dit, elle n’avait pas de cœur. Tu crois que les gens comme ça sont simples ? 

Papa : (Qui est venu chercher sa femme) C’est la question que l’on se pose tous. Que ce soit elle ou toutes les personnes qui l’entouraient. Depuis les dames de ménages jusqu’aux clients, tous ne pouvaient pas être des gens simples. Parce que je refuse de croire que tu vas voir un enfant subir de telles choses et rester insensible. 

Leslie : Tout ça pour quoi ? L’argent ?

Moi : Apparemment.

Leslie : Quelque chose que tu vas mourir et laisser ici ?  C’est terrible. 

Papa : Ah ma fille, les gens sont prêts à tout pour ça. On ne sait vraiment pas où va le monde. 

Maman : Comme on dit, la fin est proche. Mais sinon, ton petit frère qui a été dans l’un de ces établissements là, a eu le temps de regarder les informations ?

Leslie : Je ne sais même pas. 

Moi : (Sortant mon téléphone) Je vais l’appeler pour savoir.


J’ai lancé l’appel sur son numéro et il a décroché à la troisième tonalité. J’ai mis en mains libres.


« Marwane : (Voix enrouée) Allô ? »

« Moi : (Fronçant les sourcils) Marwane, tu vas bien ? »

« Marwane : (Reniflant) Oui, ne t’inquiètes pas. »

«Moi : Qu’est-ce qui se passe, je sens bien à ta voix qu’il y a un souci. »

 « Marwane : (Silence) »

« Moi : (Insistant) Marwane tu es là ? »

« Marwane : Oui. »

« Moi : Qu’est-ce qui se passe ? »

«Marwane : J’étais en train de regarder les informations au journal et j’ai vu qu’on a arrêté cette femme et son mari. »

 « Moi : Oui et c’est plutôt une bonne chose n’est-ce pas ? Tu n’es pas content ? »

« Marwane : Si, bien-sûr que si. C’est juste que le fait de revoir les images de cet endroit m’a rappelé des mauvais souvenirs et je pouvais parfaitement me mettre à la place des enfants qui ont témoigné parce que je sais exactement ce qu’ils ont subi pour l’avoir vécu moi-même. Je pleure aussi parce que je ne pensais pas qu’un jour cette criminelle allait se faire arrêter tellement elle disait avoir énormément de connaissances dans ce pays et que si jamais on essayait de dire quoique ce soit aux gens soit elle nous ferait enfermer, soit elle nous ferait disparaître. Alors voir ça aujourd’hui me fait quelque chose.»

«Moi : Je comprends. Et nous sommes de tout cœur avec toi. Nous savons qu’il te faudra du temps pour tourner cette horrible page de ta vie et nous sommes là pour toi, d’accord ? »

 « Marwane : (Reniflant) D’accord. »

«Moi : Tu as des nouvelles d’Olivia ? »

 « Marwane : Oui, je viens de parler avec elle au téléphone. Elle aussi est un peu secouée mais bon, elle tient le coup. »

« Moi : D’accord. Bon je vais te laisser. Je voulais juste prendre de tes nouvelles. Passe une bonne soirée et salue le pasteur Lilian et sa famille. »

« Marwane : D’accord. Bonne soirée à vous aussi. »

 Clic !

Maman : Le pauvre. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il ressent.

Papa : Il finira par s’en remettre, il est fort.


Leslie s’est adossée sur ma poitrine sans rien dire. Nous avons changé de sujets jusqu’à ce que les parents prennent congés de nous.


Leslie : Du nouveau sur l’affaire de Clotaire ?

Moi : Oui, les choses avancent pour son affaire. Son cas est déjà au niveau du tribunal. On attend ce qui va se dire là-bas. Mais avec toutes les preuves qui le disculpent et les nouveaux éléments du dossier, son appel devrait être accepté.

Leslie : D’accord . Et il va bien ?

Moi : Oui. Et ce depuis que Marwane a pris l’habitude d’aller lui rendre visite. Il est content.

Leslie : D’accord . Allons prier car je commence à être fatiguée.

Moi : Ok. 


Nous nous sommes levés et sommes allés dans la chambre pour prier pour tout le monde et pour Benoît qui est toujours très réticent à l’idée que l’on s’approche de lui (…)

Moi : (Sortant de la chambre pour aller trouver Leslie à la cuisine) C’est à qui les bagages qui sont dans la chambre là-bas ?

Leslie : Les miens.

Moi : Et c’est pourquoi faire ?

Leslie : Pour rentrer à la maison.

Moi : (Fronçant les sourcils) Quelle maison ?

Leslie : (Me regardant) Quelle maison comment ? J’habitais où avant ?

Moi : C’est quoi le souci avec ici ? Pourquoi tu veux partir à SBG ?

Leslie : J’étais censée demeurer éternellement dans ta maison ?

Moi : C’est quoi cette histoire ?

Leslie : Il n’y a aucune histoire Mfoula. J’ai décidé de rentrer à la maison ce weekend.

Moi : Et tu as décidé ça quand ?

Leslie : Aujourd’hui. 

Moi : Et tu prends une décision pareille sans m’informer ? Tu veux partir de cette maison et tu comptes faire quoi des enfants ?

Leslie : Je ne comprends pas le sens de cette question.

Moi : (Réalisant) Attends Oyame ce sont mes cinq enfants que tu veux aller serrer dans ta boîte de sardines ?

Leslie : Tu peux toujours louer une plus grande maison comme c’est une boîte de sardines.

Moi : Il est hors de question que mes enfants sortent de cette maison Leslie je te préviens. Si tu veux partir, je ne te retiens pas mais tu n’entraineras pas mes enfants dans ta folie je te dis déjà. 


Je me retourne et sors de la cuisine puis de la maison complètement énervé. Je grimpe dans ma voiture et je m’en vais-je ne sais où. Ça c’est quelle histoire ? Ça lui vient d’où l’idée de partir tout d’un coup de la maison ? Et sans mon accord en plus, madame pense qu’elle peut m’entraîner les enfants dans son délire. Ça c’est quel mauvais esprit qui veut s’emparer d’elle parce que franchement je ne comprends pas. On a aucun problème qui puisse justifier sa décision de partir maintenant c’est quoi qui lui arrive ? 

Je tourne dehors jusqu’à 22h avant de rentrer à la maison. Je la trouve sur le lit et la dépasse sans lui adresser la parole. Je vais me brosser et me changer avant de venir me coucher en lui tournant le dos.


Leslie : Je t’attendais pour prier Mfoula.

Moi : (Silence)

Leslie : Mfoula ?

Moi : (Me retournant de façon brusque) Oyame ne m’énerve pas tu comprends non ? Tu m’attends pour prier par rapport à quoi ? Quand tu as pris la décision de partir d’ici , tu m’as attendu ? Tu m’attends pourquoi ? 

Leslie : (Sereine) Donc on ne prie pas ensemble ce soir ?

Moi : Non voilà. 


Je me recouche et lui tourne à nouveau le dos. Après quelques minutes je l’ai entendu prier toute seule pour tout le monde et surtout pour moi en disant à Dieu de me rappeler le jour où je lui avais dit que même si on était fâché, je n’avais pas le droit de lui tourner le dos et que je devais toujours la prendre dans mes bras pour dormir. Je n’ai pas arrêté de piaffer tout au long de sa prière et ce jusqu’à la fin. Elle s’est ensuite couchée après avoir dit Amen. Je suis resté dans mon coin quelques minutes avant de me retourner pour la soulever et la poser sur ma poitrine le visage toujours amarré. 


Leslie : Bonne nuit mon cœur.

Moi : (Silence)


Le reste de la semaine s’est passé dans une atmosphère de froid parce que madame est décidé à partir de la maison. J’ai parlé avec maman pour lui dire d’intervenir mais elle m’a dit qu’elle ne va pas se mêler de mon couple car elle ne connais pas ce que nous avons posé comme fondement quand nous nous sommes mis ensemble. J’ai appelé Lauria, Reine, Jo et Paul pour lui parler mais rien à faire. Je suis même allé voir le pasteur Lilian et sa femme mais ils m’ont dit que normalement n’étant pas mariés, nous n’étions pas censés vivre ensemble et que c’était une bonne décision qu’elle avait prise de partir de la maison, j’étais dégouté. Et la bonne dame est ferme sur sa décision. Elle m’a dit que si je tenais à rester avec les enfants, soit, elle allait les laisser avec moi et partir toute seule. Je sais qu’elle ne peut pas le faire, du moins pas à cause des petites qui prennent encore le sein et ne peuvent pas être séparées de leur mère, ce ne serait pas raisonnable. Mais je suis contre l’idée qu’elle aille me serrer les enfants à Sbg alors qu’ils ne sont plus habitués à vivre de la sorte. Lucrèce a 17 ans et les garçons 7, ils ont chacun besoin de leurs espaces on ne peut plus les mélanger dans la même pièce comme s’ils étaient encore des enfants ou tous du même sexe. En plus des filles qui ont leur propre chambre ici, là-bas elle sera obligée de dormir avec elles sur le même lit pour leur donner des mauvaises habitudes. Toute cette histoire m’énerve comme pas possible et c’est demain qu’elle est censée partir de la maison. Je rentre dans la cuisine et je la trouve en train de faire à manger.


Moi : (M’asseyant sur un des bancs) J’aimerais te parler.


Elle pose son torchon et s’assoit en face de moi en silence.


Moi : Je ne te cache pas que je suis toujours énervé par cette histoire de partir de la maison. Si tu tenais vraiment à mettre une distance entre nous à cause des enseignements que nous recevons à l’église, tu aurais pu occuper une autre chambre plutôt que de partir ainsi car en faisant tu me coupe de l’herbe sous les pieds et ça me reste en travers de la gorge. Je suis bien conscient que tu ne peux pas partir de la maison en laissant les enfants ici et je suis contre le fait que tu ailles me serrer les enfants dans ton deux pièces. Lucrèce est déjà une femme et elle ne peut plus partager une même chambre avec les garçons qui eux aussi sont déjà grands. De plus toutes les affaires des petites sont ici et donc ce ne serait pas facile de les déplacer jusque là-bas. C’est pourquoi, demain tu resteras ici et c’est moi qui m’en irais. 

Leslie : Tu es sérieux ?

Moi : Est-ce que tu m’en laisses le choix ?

Leslie : Mais il s’agit de ta maison Mfoula.

Moi : De notre maison et je fais ce qui doit être fait. Demain c’est moi qui partirai m’installer à Sbg jusqu’à ce que notre situation soit régularisée.

Leslie : D’accord . 

Moi : Il faudra me faire ma valise.


Je me suis levé et je suis allé trouver mes enfants au salon, j’ai passé du temps avec eux jusqu’à ce qu’on mange puis je leur ai dit que j’allais partir de la maison demain pour aller habiter dans leur ancienne maison à Sbg. À la question de savoir pourquoi, je leur ai dit que c’était temporaire et que c’était pour faire les choses correctement entre leur mère et moi. Il n’était pas question que l’on s’installe ensemble avant d’être mariés et c’est l’accident de l’année dernière qui avait précipité les choses. Je leur ai dit que j’allais venir les voir tous les jours et qu’ils ne devaient pas s’inquiéter car je n’avais pas de problème avec leur mère. Ils ont compris et ont dit qu’ils espéraient que j’allais vite épouser leur mère pour revenir à la maison. Le lendemain je suis parti de la maison pour Sbg, à peine j’arrivais que mon téléphone s’est mis à sonner, c’était Al. 


« Moi : Allô ? »

« Alvine : (Angoissé) Mfoula stp j’ai besoin de ton aide »

« Moi : Qu’est-ce qui se passe ? »

«Alvine : C’est ta sœur. Je ne sais pas ce qui lui prend mais elle a décidé de partir de la maison. »

 « Moi : Ah d’accord . »

« Alvine : Stp, viens lui parler et dit lui d’être raisonnable. Nous n’avons aucun souci elle et moi et je ne comprends pas ce qui lui arrive. Subitement comme ça elle a décidé de partir sans aucun motif. »


«Moi : Je suis désolé pour toi Al, mais je ne peux pas t’aider. »

 « Alvine : Hein ? Mais pourquoi ? »

« Moi : Parce que toi et moi nous avons actuellement le même problème….. »


SECONDE CHANCE