Chapitre 2
Ecrit par kadijolie04
Ma mère resta silencieuse pendant un moment avant de se prononcer en ces termes : '’ Lalia tu as grandi, t'es plus un enfant, t'es devenu une femme. Tout comme moi , tu es capable d'enfanter. Et en tant que femme maintenant tu as des responsabilités. Tu es appelé à te marier et à fonder un foyer. J'ai peur pour toi, tu es encore jeune et tu ignores beaucoup de choses de la vie. Sache une chose, c'est à cet période que les hommes sont attirés par les femmes. C'est comme des vautours, alors méfie toi d'eux. Tes seins ont poussé, tes hanches se sont développées alors tu dois te couvrir le corps pour ne pas attirer le regard des hommes et éviter la tentation. Comme la plante, au début elle était une graine, puis elle a commencé à grandir, à donner des feuilles et après des fruits. Elle devient une belle plante que chacun commence à profiter, à utiliser et au final que devient cette plante ? Elle finit donc par s'abimer. Alors ne soit pas comme cette plante, protège toi pour que personne ne t’abime. Noue bien ta pagne et garde bien ce que tu as de plus précieuse et qui fera de toi une femme de valeur : ta virginité. Garde la jusqu’au jour de ton mariage pour gagner le respect de ton mari.’’ Ces propos résonnaient encore dans ma tête. Après cette longue conversation, je promis à ma mère de respecter ses conseils, de garder chacune des valeurs qu'elle m'avait inculqué et de ne jamais la decevoir. Elle se leva, ouvrit sa malette, sortit des morceaux de pagnes et me demanda de me couvrir les parties intimes avec jusqu’à la fin de mes menstrues. Avec un air sérieux, elle me demanda de laver chaque morceaux après leur utilisation et de ne laisser jamais personne voir ses tâches de sang sinon j'aurais des progénitures atteintes de troubles mentales selon les paroles des anciens. Elle m'exigea la discrétion totale et une bonne hygiène corporelle. Elle me donna alors les morceaux de pagnes, du poudre de talc et de l'eau de Cologne pour ma toilette. Je respectais chacune de ses instructions. Maman avait raison j'avais bel et bien grandi. Chaque soir, je m'enfermais souvent dans la chambre et me mirait pendant de longues heures. Je regardais mes beaux seins et admirait mon corps. Je commençais à me faire belle, à me frotter bien le corps à me saupoudrer le visage, à me curer soigneusement les dents pour avoir un sourire éclatant, à me parfumer. Comme toute jeune adolescente je voulais me sentir belle et je me sentais d'une certaine manière épanouie et heureuse comme une fleur qui venait de renaître. Mais ce bonheur ne dura pas trop longtemps. A l’époque donc je n'avais que 13 ans. Ce jour là comme d'habitude je vaquais à mes occupations quotidiennes d'autant plus que c'était les grandes vacances j'avais beaucoup à faire dans la maison. Et Aïcha ma petite sœur qui n'avait que 9 ans était une grande dormeuse et c'était difficile de la réveiller. Je reprochais son sale habitude à maman mais comme c’était sa petite protégée elle ne disait rien. Comme j'étais là sœur aînée je devais faire les dures corvées : puiser de l'eau dès l’aube, aller traire du lait chaque matin dans l'enclos de papa pour la bouillie de mil, faire la lessive au marigot et aider ma mère dans la cuisine qui souvent m'abandonnait avec les grandes marmites. Après le repas de midi comme dans chaque famille, c'était la sieste. Ma mère se reposait dans la chambre, mes grands-mères étalèrent leur natte à l'ombre vu la chaleur qu'il faisait. Mes grands-mères étaient adorables et s'entendaient à merveille mais quelque fois se querellaient comme de petit enfants. Mami Aïcha, ma grand-mère paternelle et homonyme de ma petite sœur était la grand-mère la plus béliqueuse que je connaisse. Elle pouvait passer de longues heures à polimiquer. On peut dire que j'ai un peu pris de son caractère car je me laissais pas faire surtout quand on me provoque. Elle était très conservatrice en tant que femme peulh mais au fond elle avait bon cœur. Quant à mami Zahra Nader, ma grand-mère maternelle, était toujours joviale, douce et très protectrice. Elle n'acceptais jamais qu'on lève la main sur ses petits enfants. Il m’était impossible de m'endormir pendant la journée alors pour m'occuper je prenais plaisir à coudre quelques vieux morceaux de tissus. J'étais déterminer à apprendre la couture et j'étais plutôt bonne apprenti. Tout était vraiment calme jusqu’à ce que j’entende un bruit bizarre. Je sortis de la chambre, et soudain, je vois mon père dans la cour de la maison assis tranquillement dans son hamac. Je vais le salué et lui apporter de l'eau.
-Bonjour Baba !
-Oui bonjour !
- Tenez de l'eau
Il prit la calebasse et bu d'une seule gorgée.
-Merci
-Baba, vous êtes rentré très tôt aujourd’hui. Y'a-t-il un problème ?
- Ne poses pas de questions, appelle moi ta mère.
Cela me semblait bizarre de voir mon père en plein milieu de la journée. D'habitude il rentrait dans la soirée. J'entrais dans la chambre appelé Néné.
-Néné réveille toi. Baba vient d'arriver, il te demande.
- J'arrive !
- Mais qu'est ce qui ce passe Néné ?
Sans un mot, ma mère sortit de la chambre. Depuis ce matin, je la trouve bien silencieuse et la veille après une longue conversation avec baba, je l'ai vu sortir de la chambre avec un air inquiétant. Et cela commençait à m'inquiéter. J’entendu une voix, je sortis. C'était Latifa Nasser ma meilleure amie. Je dirais peut être la seule amie que j'avais jamais eu. Mauritanienne de mère et père elle a toujours été là pour moi. Je l'ai connu depuis ma tendre enfance. Latifa avait quatre ans de plus que moi mais malgré cela elle m'a toujours considéré plus qu'une amie. J'étais comme la petite sœur qu'elle n'avait jamais eu, car elle était fille unique et n'avait qu'un seul grand frère Kerim Nasser. De teint très clair comme les vrai ‘’naar''(maure), avec de petits yeux marrons, des cheveux très longue et lisse avec un visage et un corps vraiment séduisant ,elle était très charmante. Je l'ai connu quand je n'avait que 8 ans et elle 12 ans. Latifa vivait dans la capitale à Nouakchott et ne venait au village que pendant les vacances pour voir sa grand-mère. Elle venait d'une famille plutôt aisée et instruite. Elle a très tôt fréquenté les bancs. Et m'a beaucoup appris de l'école et de ce que cela pourrait apporter. C'est grâce à elle que je voulais aussi aller à l'école et devenir quelqu’un de meilleur. Si elle n’avait pas convaincu ma mère et si ma mère n'avait pas insisté au près de papa, l'idée d'aller à l'école ne serait qu'un rêve pour moi. Latifa était devenu donc comme une partie de moi, c'était ma jumelle.
- Lalia sort de là !
- Mais pourquoi cris tu comme ça ? Et quand es tu arrivé ?
- Ne pose pas trop de questions, viens vite les résultats du CFEE sont sortis
- Hey attend je vais prévenir mes parents
- Dépêche toi !
Je me dirigeais dans la chambre de mon père, bizarrement c'était fermée. La conversation avec papa et maman devait être sûrement importante. Pour ne pas déranger, je partis sans un mot. Je me précipitais avec Latifa. J'avais tellement peur car si j'échouais je donnerais l'occasion à mon père de me sortir de l'école. Sur le chemin, pagne nouée, chemise froissée, pieds nu, des gouttelettes de sueur sur le front, je hatais le pas en recitant quelques versets du Coran. Arrivé, foule dispersé, des cris de pleurs de partout, des fous rire, des regards rivés sur moi, j'avançais lentement. On était arrivé après la proclamation des résultats. Latifa me tira la main en me demandant d'avancer car il y'avait une liste afficher. Nous reussimes à nous faufiler devant la foule mais je tremblais de peur que je dus fermer les yeux pour ne pas voir la liste. Latifa fut obligé de regarder pour moi et cria, alors j'ouvris brusquement les yeux.
-Wow Lalia Bissao t'a réussi. Ton nom figure à la tête de la liste. Arrête de trembloter maintenant.
Gagné par l'émotion, je versais quelques larmes.
-Lalia arrête moi ça, petite folle vient dans mes bras.
Je l'allançais dans mes bras. On commençait à éclater de rire, sautiller comme des enfants. Sur le chemin du retour, Latifa et moi chantonnions a cœur a joie. Je remerciais Allah par des ‘’alhamdoulilah’’ sans arrêt. On s'asseyait par moment dans un coin a papoter de tout et de rien et on rebroussait chemin et c’était reparti pour des chansons et frénésies. Latifa m'abandonna a mis chemin pour aller au marché pour effectuer les commissions de sa grand-mère. L’école était un peu éloigné du village, j'avais hate d'annoncer la bonne nouvelle à Baba et a Néné. Je me précipitais. Arrivée après la prière de'' isha'' vers 17h, je voyais le regard des voisins rivés sur moi et j'entendais des chuchotements de partout '’ La voila la nouvelle mariée''. Ne prêtant pas attention j'accouru dans la maison et je commença a crier'' Baba, Néné j'ai réussi ! J'ai mon CFEE ! Youpi''. Ne me rendant pas assez compte du monde qu'il y’avait dans la maison, je me précipitais dans la cours. Il y'avait les vieux du village et l'imam. Papa m'interpella a haute voix '’ Lalia ! Je viens de donner ta main à Mounir karaca, ce riche commerçant de la capitale. Dès aujourd’hui tu quittes l’école.’’ Je restais debout ,figer, le regard perdu, aucun mot ne sortait de ma bouche…