Chapitre 3
Ecrit par kadijolie04
Je suis resté des minutes sans pouvoir prononcé un mot. J’essayais tant bien que mal mais c’était comme si j'avais perdu ma voix. Je me rendais pas compte du monde qui se dispersait autour de moi. L'imam, Mounir mon soit disant futur mari et quelques voisins quittèrent la cour avec des sourires aux lèvres. Rassemblant mes esprits je m'approcha à grand pas vers papa et maman. Je regardais lentement le visage de ma mère et j’y voyais une grande tristesse. Je pouvais pas y croire ce que mon père venait de dire. Je demandais à maman :
- Néné j'ai réussi à mon cfee. Tu sais j'ai bien travaillé. Et baba ce qu'il vient de dire c'est juste une plaisanterie non ?
- Sniff Sniff !
- Néné répond moi ! Pourquoi tu dis rien ? N’est ce pas que je vais continuer mes études et que je vais pas me marier ? Je la secouais pour qu'elle dise quelque chose mais elle gardait toujours le silence. Et là j'ai compris que c'était vrai quand mon père me le repéta à nouveau :
- Arrête maintenant ces enfantillages. Tu vas te marier d'ici la semaine prochaine. Mounir va t'épouser et tu partiras vivre en ville.
- Non Baba ! Et mes études ? J'ai bien travaillé et j'ai réussi mon cfee. Je veux pas me marier et surtout pas avec ce vieux Mounir.
- Lalia ! Comment tu oses me contredire petite insolente ! me cria t'il avant de me donner une gifle magistral.
C’était la toute première fois que mon père me giflait. Je n'ai jamais pu oublié cette gifle ni ce fameux jour qui fut le début de mes cauchemars. Allarmé par tous ces cries mes grands-mères sortirent de la chambre de même que Aîcha la grande dormeuse qui fut réveillé aussi par ce vacarne. Quant à mes trois frères, ils n’étaient pas encore rentrés. Mon père fait part de la nouvelle à mes grands-mères. Et là j'osais espérer une lueur d'espoir. J'accouru vers eux. Je leur demandait de raisonner baba. Mami Aïcha m'interrompit dans mes supplications.
- Ça suffit jeune fille. A ton âge j’étais déjà marié. Alors réjouis toi d'autant plus que tu vas épouser un riche commerçant. T'aura une meilleur vie. Ton père m'a consulté avant de prendre une telle décision. Je l'ai appuyé la dessus.
- Non Mami Aïcha je veux pas me marié !
J’étais en larme quand Mami Zahra s'approcha de moi. Elle essuia mes larmes et me demanda d'arrêter de pleurer. Elle me rassura en me disant que j'allais pas me marié. Puis elle se dirigea vers baba en lui disant catégoriquement qu'elle était contre cette décision. S'en suit alors une altercation entre mes deux grands-mères et mon père.
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- Aïcha comment peux tu soutenir ton fils Ibrahim dans une telle décision ! Enfin Lalia est encore trop jeune pour se marier.
- Zahra tu n'as pas a t'en mêler. C'est son père et il sait ce qui est bon pour sa fille. Et t'imagines que notre Lalia vivra désormais comme une princesse.
Mon père fit comprendre à Mami Zahra qu'il avait déjà pris sa décision et qu'il avait déjà donné sa parole a Mounir. J'accouru dans la chambre et me mis à pleurer à chaude larmes. Ma mère se décida finalement à me parler. Elle me demanda d'accepter ce mariage parce que cette fois ci la décision de mon père était irrévocable et qu'elle ne peut rien n'y faire. Elle ne se réjouissait pas de cette nouvelle mais elle ne pouvait rien dire. Mon père a toujours eu le contrôle sur tout et c’était difficile de lui faire changer d'avis sur quoi que se soit. Ma mère qui était une femme soumise et docile ne pouvait que se plier à ses décisions. Mais pour moi c’était hors de question que j’épouse ce vieux qui doit être même plus âgé que mon père. Des jours passèrent, je perdais considérablement du poids à force de rien mangé et à pleurer toute les journées. Un jour mon père m'appela dans sa chambre. Ma mère m'y conduisa. Il y’avait toute la famille réunie. Il me demanda de m’asseoir sur la natte. Je m'exécuta. Il prit ainsi la parole :
- La dote à déjà été apporté. C'est une forte somme. Ce mariage sera célébré et tant que je serais en vie personne ne va me déshonoré. C'est bien clair Lalia !
- Baba pourquoi me forcer si je veux pas me marier. Le mariage forcé n'est pas permis. Je l'ai appris à l'école. Baba s'il te plaît laisse moi continuer les études. Je réussirais insh'Allah.
- Voilà les bêtises qu'on apprend à l'école maintenant. J'ai fais une grosse erreur en t'amenant dans cet endroit. Tu vas te marier j'en fais la promesse me cria t'il.
Moctar mon frère aîné appuyait la décision de mon père pour lui c'était une bonne chose. Quant à mon frère Rachid il s'en foutait de tout cela . La seule chose qui le préoccupait c’était sa propre personne. Que je me marie où pas il s'en moquait. Et Salim le cadet des frères a essayé tant bien que mal de raisonner mon père mais son opinion importait peu. Après cette conversation tout le monde prit congé.
Avant de quitter la chambre mon père m'exigea de bien me nourrir parce qu'il voudrait pas d'un cadavre à la place de la mariée. Je lui tenais tête en lui disant que je préférais mourir que de me marier avec ce vieux Mounir. Et je lui dis que je ne mangerais pas tant qu'il n'aura pas renoncer à cette idée de mariage. Rempli de rage mon père s'empressa de fermer la porte et sortit son fouet et commença à me donner des coups de fouets. Je commençais à hurler de douleur.
Ma mére se précipita à la porte et essayait d’arrêter mon père. Celui-ci le bouscula et continua a me donner de grands coups. Mes grands-mères et mes frères arrivèrent a leur tour et réussirent à m’arracher des griffes de baba. J’étais en sanglot et je tremblotais. Mon père de taille moyenne et mince et de teint clair comme les vrai peulh était un homme violent et agressif. Et quand il s’emportait c’était impossible de le contrôler.
Ma mère me raccompagna dans ma chambre. J'arrivais pas à me tenir debout. Elle me fit asseoir sur la natte. Puis elle apporta de l'eau chaude et du beurre de karité pour me faire un massage afin d'atténuer la douleur. Mais cette douleur était toujours présente en moi. Je la ressentais a chaque fois que je pensais a cette scène et voyait la cicatrice sur mon dos. Après un bon massage ma mère me prépara une tisane et me força à le boire.
N'ayant plus de mes nouvelles depuis quelques temps, Latifa se présenta ce jour là à la maison. Me trouvant dans un tel état elle comprit la situation et décida d'aller parler directement à mon père. Ce dernier ne lui laissa même pas parler et lui demanda de partir et de ne plus remettre les pieds dans cette maison. Latifa partit en larme. Mon père m’interdisait de sortir désormais jusqu’au jour du mariage. Je me repliais sur moi-même et ne parlait plus à personne. Ma mère et Aïcha se sentaient triste en me voyant ainsi et ne pouvait rien n'y faire. Je priais fortement pour qu'un miracle se produise. Une nuit pendant que je dormais, j’entendu une voix qui me disait ceci '’Lalia bat toi et sauve toi''. A la veille du jour J je me sentais déboussoler et là je compris qu'il n’y avait plus rien à faire et que j'allais me marier. Pendant cette journée après le repas, la maison était presque vide. Tout le monde était occupé, j'en profitais pour sortir. Pieds nus, visage fade, les yeux gonflés, je marchais lentement. Je regardais même pas les passants et ne répondaient pas à leur salut. Le regard perdu je continuais ma marche jusqu’au au domicile de Latifa. Me voyant dans cet état Latifa m'amena sous l'ombre d'un manguier notre endroit habituel. Nous nous assimes et là je versais encore de chaude larmes. Elle me consola :
- Lalia arrête de pleurer !
- Amie, je vais me marier demain et j'irai plus a l'école. Latifa que vais-je faire ?
- Enfuis toi Lalia ! Et le plus loin possible pour échapper a tout cela.
- Que dis tu ? Et comment ?
- J'ai une idée !....
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