Chapitre 2
Ecrit par Djelay
De retour au bureau, Ciara se plonge dans le travail. Elle tente bien que mal d’élaborer de nouvelles stratégies de vente. Quand elle est triste, elle se noie dans le travail. C’est de cette façon qu’elle parvient toujours à enterrer sa douleur. Pourtant cette méthode semble ne pas fonctionner cette fois-ci. Elle ne réussit pas à être concentrée. Toutes ses pensées sont dirigées vers Franck et sa trahison. Elle le revoit sortir de l’hôtel avec cette femme et elle craque laissant ses émotions prendre le dessus.
- Mlle Kipré ?
Elle sursaute et essuie rapidement ses larmes. Décidément, M. Koffi n’est pas prêt d’abandonner cette mauvaise habitude. Il entre toujours sans frapper, ça devient chiant à la fin.
- Oui M. le directeur.
Elle n’ose pas le regarder. Ses yeux doivent être tout gonflés et moches. Elle fait donc mine de feuilleter les pages d’un dossier sans intérêt. C’est mieux que d’inspirer de la pitié.
- Vous allez bien ?
- Oui monsieur.
Quelle piètre menteuse fait-elle. En même temps elle ne va pas se mettre à lui raconter ses malheurs. Il est son supérieur et cette limite est infranchissable.
- Je vous ai vu pleurer. Y’a-t-il un problème ?
Pourquoi est-ce qu’il ne s’en va pas ce fouineur. Se dit-elle.
- Heu… Disons que c’est personnel.
- Ah, je vois. Une histoire d’amour.
Le connard ! En plus il se marre pense-t-elle. Le silence s’installe. Convaincu qu’elle ne se confierait pas, il n’insiste pas et se décide à partir.
- Prenez votre après-midi Mlle Kipré.
- Ce n’est pas nécé…
- C’est un ordre. Je ne vous demande pas votre avis. A demain. Dit-il avant de sortir.
- Quelle enflure ce type ! Marmotte-t-elle mécontente en décrochant le combiné de téléphone.
- Sylvie, venez dans mon bureau s’il vous plait.
- Entrez ! Lance-t-elle quelques minutes plus tard, depuis son bureau.
- Oui Mlle Kipré ?
- Je rentre chez moi. Ai-je des réunions aujourd’hui ?
- Une seule Mlle. Avec l’équipe du département informatique.
- Reportez-la à demain s’il vous plait.
- Êtes-vous souffrante ?
- Je suis juste un peu fatiguée. Merci de vous inquiéter Sylvie.
- Partez tranquille Mlle. Et reposez-vous bien.
- J’y compte bien. A demain
Ciara se demande ce qui a bien pu pousser Franck à la tromper. Peut-être n’était-il plus amoureux ? Ou Il entretenait deux liaisons depuis le début. Arrêtes Ciara. (se dit-elle). Le programme de la télé est nul aujourd’hui. C’est étrange, pour la première fois elle se sent seule dans son appartement. Ce dernier n’est pas gigantesque mais cela lui convient parfaitement. Une trois pièces, joliment décorée. L’ameublement lui a coûté une petite fortune. Elle aime vivre confortablement, elle en a les moyens alors pourquoi s’en priver ? Ses parents sont eux-mêmes financièrement stables et ils les ont élevés ses frères et elle dans un environnement aisé. Elle est donc habituée à mener cette vie ‘’quatre étoiles’’. Dorénavant elle fera ce qu’elle veut, vivra comme bon lui semble. Elle ne restera certainement pas dans ce satané canapé à se morfondre. Franck est un salaud et il ne fait plus partie de sa vie alors elle est libre de se taper tous les mecs d’Abidjan. Ce ne sont que des paroles en l’air et elle le sait pertinemment. Elle ne pourrait jamais mener une vie comme celle de Lala. Changer de partenaires comme s’il s’agissait de sous-vêtements, fréquenter quotidiennement les bars les plus tendances de la ville ; C’est cela la vie de Lala. Ses relations avec les hommes ne duraient pas plus de deux semaines. Ciara lui fait constamment la morale sur son mode de vie mais elle n’en fait qu’à sa tête. Elle prétend que de cette façon, elle ne risque pas d’avoir de peines de cœur. Lorsque Ciara énonce les risques de maladies, elle répond à chaque fois qu’elle prend des précautions. Ciara espère qu’elle trouve un homme qui puisse l’emmener à changer de vie.
- Ah ! soupire-t-elle.
Ses frères et elle ont reçu une bonne éducation. Leurs parents leur ont inculqués des valeurs morales qu’ils ont conservées tout le long de leur vie. Elle a toujours fait très attention à son image et tout le monde la sait correcte. Mais qu’est-ce que tout cela lui a apporté ? Le cœur brisé bien sûr. C’est tout ce qu’elle a pu récolter de cette vie sans tâches. (On sonne à la porte).
- Oui j’arrive ! Dit-elle d’une voix forte.
- Lala ? Que fais-tu ici ? Demande-t-elle surprise.
- Tu n’es pas contente de me voir on dirait.
- Non, c’est juste que tu ne m’as pas prévenue que tu venais.
- Je viens m’assurer que tu ailles bien ma belle.
- Et selon toi, ai-je l’air de bien aller ? Fait-elle tristement en ouvrant grand les bras.
Lala suit son geste. C’est vrai que son amie a l’air mal au point. Elle s’en doutait c’est pour cette raison qu’elle a décidé de venir. Ciara a besoin de réconfort et elle est là pour le lui donner.
- C’est ce qui pouvait t’arriver de mieux ma belle. Il ne te méritait pas. Tu vas m’excuser mais je suis contente que ce soit fini entre vous.
- Inutile de le dire, on le voit très bien sur ton visage. Merci de me consoler ma chère amie. Dit-elle sarcastique avant de se diriger vers le salon.
- Ne le prends pas ainsi. Je n’aime pas te voir dans cet état Ciara.
Lala entre et referme la porte.
- Vraiment ?
- Arrêtes Ciara.
Elle rejoint son amie puis s’installe à ses côtés dans le canapé. Elle la regarde longuement avant de prendre ses mains entre les siennes.
- Tu sais ce dont tu as besoin ?
- J’ai juste besoin de pleurer toutes les larmes de mon corps pour chasser cette douleur qui m’étouffe.
Lala lui donne une gifle assez forte pour lui arracher un gémissement.
- Aie ! tu es folle ! s’écrie Ciara en caressant sa joue endolorie.
- Ressaisis-toi bon sang. Tu crois qu’il souffre de votre rupture ? Ce crétin est probablement en train de s’envoyer en l’air avec une autre femme à l’heure qu’il est et toi tu restes là à chialer. La réprimande Lala en la secouant par les épaules.
- Que dois-je faire ? Me taper un mec moi aussi ? Plaisante-t-elle.
- Oui c’est exactement ce que tu devrais faire Ciara.
- Non mais ça va pas ! Je ne suis pas comme toi Lala. S’écrie-t-elle.
- Malheureusement. M’as-tu une seule fois vu pleurer pour un homme ? Jamais. Et cela ne risque pas de se produire.
- Donc, selon toi je devrais suivre ton exemple ? Tu es folle.
Ciara se lève et part en direction de la cuisine. Lala ne la quitte pas d’une semelle. Décidée à décoincer son amie.
- Tu en as besoin.
- Besoin de quoi au juste ? S’écrie Ciara sans se retourner.
- Eh bien de faire une folie ma belle.
- Tu vas me lâcher avec ces stupidités. Et cesse de me suivre comme un toutou.
Elles se trouvent à présent dans la cuisine. Ciara se sert du jus de passion.
- Tu en veux ? Propose-t-elle ?
- Non, merci. Ne change pas de sujet.
- Cesse de m’importuner Lala. Je n’ai besoin que de deux choses : Dormir et oublier.
- Tu plaisantes j’espère ! Mets un truc sexy nous allons en boîte.
- Hors de question.
- Mais si, nous …
- Ne te fatigue pas Lala, je n’irai nulle part.
Elles sont de retour au salon. Ciara s’installe confortablement dans son canapé son verre en main. Lala la rejoint.
- Très bien. nous restons ici. Dans ce cas, nous te trouverons un mec sur internet. Ciara explose de rire.
- Je suis sérieuse ma belle. Attends je vais chercher ton ordinateur.
- Mais…
Trop tard, Lala disparait de la pièce laissant une Ciara ébahie. Elle est insaisissable cette fille. Faut-il toujours qu’elle n’en fasse qu’à sa tête. Si cette fouineuse croit qu’elle coucherait avec un inconnu, elle se fou le doigt dans l’œil. Pour qui la prend-elle ? Lala plus que quiconque sait qu’elle n’est pas ce genre de femmes, celles aux mœurs légères.
- Voilà voilà. Chantonne Lala de retour.
- Remets-moi mon ordinateur. Ciara essaie de le lui prendre en vain.
- Calmos bambina. On va te trouver un beau mec avec qui tu t’enverras en l’air. Tu oublieras Franck vite fait, crois-moi.
Ciara n’en revient pas. Elle sait que son amie est un peu folle mais là elle abuse. Devant son air incrédule, Lala lui crée un compte sur un site de rencontre, « chaty chaty ». Franchement c’est quoi ce nom débile ! Elle y ajoute l’une de ses photos les plus sexys du genre robe très très mini épousant indécemment son corps splendide et laissant entrevoir le haut de ses seins volumineux. Le comble, cette fouineuse ignore ses protestations.
- Voilà c’est fait. A présent allons voir ces beaux mecs. Annonce fièrement Lala sans lui accorder un seul regard.
- Je ne discuterai pas avec eux, tu perds ton temps.
- Eh bien c’est ce qu’on verra ma belle.
- Pas celui-là… celui-ci non plus… lui non plus. Murmure Lala en faisant défiler les profils.
- Te fatigue pas la grosse. Répète Ciara mais apparemment son amie se fiche pas mal de ce qu’elle dit.
- Yes ! s’écrie Lala soudainement.
- Celui-là ! oh mon Dieu, il est trop mignon. Mate-moi ce beau mec Ciara.
Son amie l’ignore au début mais finit par céder devant son insistance. C’est vrai qu’il est beau (pense-t-elle). Et son sourire trop craquant. Ciara est sous le charme mais ne le montre pas.
- Alors ? Tu ne le trouves pas trop sexy.
- Non ! ça suffit maintenant. lance-t-elle faisant mine de se lever
- Tu ne bouges pas toi ! Oh regarde, regarde. Il vient de se connecter. S’extasie Lala.
- Et alors ?
- Je lance un appel vidéo.
- Non mais tu es dingue ! Je t’interdis de…
Trop tard elle l’a déjà fait et le mec répond aussitôt. A la grande surprise de Ciara Lala installe rapidement l’ordinateur en face d’elle. Oh mon Dieu ! Il la voit et elle aussi le voit. Elle est gênée. C’est la première fois qu’elle s’adonne à une chose pareille. « Je vais la tuer » Pense-t-elle.
- Bonsoir Anonyme. (oh mon Dieu il me parle).
Elle est embarrassée. Lala lui fait des signes à côté. Surement pour l’encourager.
- Bonsoir Stéphane. Bredouille-t-elle.
- Tu es très jolie. C’est quoi ton prénom ? C’est évident que « Anonyme » ne l’est pas.
- Heu… Appellez moi Anonyme. Dit-elle timidement.
- Très bien Anonyme. Tu peux me tutoyer tu sais, et détend toi je ne vais pas te manger. Tu es nouvelle à ce qui parait.
- Oui. (c’est de la folie) pense-t-elle.
- J’ai l’impression que tu fais ça pour la première fois. Je me trompe Anonyme ? (Elle secoue la tête).
- Tu es timide ? (Elle hoche la tête).
Il sourit.
- Tu ne veux pas me parler ?
- Heu… désolée. Dit-elle enfin.
- Que fais tu sur…
- Stéphane, c’est ton vrai prénom ?
Elle l’interrompt exprès pour éviter de répondre à la question qu’il était sur le point de lui poser. « Je vais tuer cette grosse fille » répète-t-elle en son for intérieur.
- Oui. C’est mon vrai prénom, et mon nom c’est…
- Non ! s’écrie-t-elle. (Il paraît surprit).
- Je préfère ne pas le savoir.
- Euh… d’accord. Tu es nerveuse ?
- Un peu.
- Veux-tu mettre fin à la conversation ?
- Euh… oui.
- Ok. Ce fut un plaisir Anonyme. Bonne nuit.
- Merci. Bonne nuit Stéphane.
Fin du deuxième chapitre. Bizbi.