Chapitre 3
Ecrit par Djelay
Ciara se jette sur son amie immédiatement après avoir raccroché.
-
Je vais te tuer. Menace-t-elle gentiment en
faisant mine de l’étrangler.
Lala se tord de rire.
- Alors ? Demande cette dernière une fois Ciara calmée.
- Quoi alors ?
-
Que penses-tu de lui ? Sois sincère.
Ciara regarde son amie en froissant les lèvres. Elle fait toujours ça quand elle n’a pas envie de répondre à une question déplaisante.
- Allez, s’il te plait, s’il te plait…Implore Lala.
- Ah c’est bon ok, ok. Finit par dire Ciara, excédée.
- Il est super beau et j’adore sa voix. Mais ça ne veut pas…
- Ça suffit ! C’est tout ce que je voulais entendre. Tu vois ce n’était pas si difficile que ça. L’interrompt Lala satisfaite de la réponse.
- J’ai tout fait rater tu crois ? il m’a semblé déçu. Il ne me recontactera pas j’en suis sûre.
- Oula ! Veux-tu qu’il te recontacte ? Ciara regarde-moi. Il te plait ?
- Tu es folle ! bien sûr que non ! Ment –elle, feignant l’offusquée.
- Dis-moi la vérité !
- Bon oui il me plait mais un petit peu ! Avoue-t-elle après un court silence.
-
Voilà, tu es contente ? Ajoute-t-elle.
Lala toute excitée l’étreint avec vivacité.
- C’est bon…c’est bon…. Qu’est-ce que ça change ? Je ne fréquente pas des mecs du net. De plus J’ai tout fait foirer.
-
Je te promets que tu fréquenteras celui-ci.
D’ailleurs rappelle le maintenant !
Elle essaie de s’emparer de l’ordinateur mais Ciara est plus rapide.
- Jamais. Et c’est mieux ainsi. Dit Ciara en rangeant la machine dans son sac. Il se fait tard, tu restes dormir ?
- Oui. Repos total pour moi demain. Fait-elle en s’adossant contre le dossier du canapé, les mains sous la nuque.
- Ah ! Qu’est-ce que je t’envie ! Soupire Ciara.
- Bref, montons nous coucher. Enchaîne-t-elle.
- Je te rejoins tout à l’heure. Je vais d’abord suivre l’émission de danse.
- Comme tu veux. Bonne nuit la grosse.
-
Bonne nuit ma belle.
La journée a été épuisante aujourd’hui. Ciara n’a fait qu’enchaîner les réunions. D’abord celle avec l’équipe du département informatique à 9h, ensuite une réunion imprévue avec des investisseurs et pour terminer celle avec le directeur. Un repos serait le bienvenu. Pense-t-elle.
- Vous pouvez venir dans mon bureau tout de suite ! Lança Ciara à travers le combiné.
Sylvie apparait quelques secondes plus tard.
- Oui Mlle ?
- Apportez ces dossiers au directeur s’il vous plait.
- Maintenant ?
- Oui, il est présentement dans son bureau.
- Très bien. (Sylvie attend).
- Ce sera tout merci. A lundi. Passez un bon week-end.
- Merci Mlle.
Ciara prend son sac et sort du bureau. Elle traverse le hall en direction de la sortie. Ses collègues se retournent à son passage. Il faut dire qu’en plus d’être extrêmement belle, elle est décemment sexy et a un look d’enfer. Aujourd’hui, elle porte un ensemble tailleur bleu marine du même genre que celui qu’elle portait la veille. Les escarpins du jour sont de couleur noire, de même que son sac Louis Vuitton. Elle est sur le point de franchir la porte quand elle entend son collègue Bamba l’interpeler.
- Bonsoir Miss Kipré. Elle arbore un sourire forcé.
- Bonsoir M. Bamba.
- Vous vous en allez ? (ça ne se voit pas ?) se dit-elle
- Oui. Ma journée est terminée.
- Puis-je vous inviter à prendre un verre avant que vous ne rentriez chez vous ? Il consulte sa montre.
- Il n’est que 18h. Juste une heure. Ajoute-t-il.
- J’aurais volontiers accepté si je n’étais pas attendue quelque part. Ment-elle.
- Ah votre petit copain ? (elle ne répond pas)
- Ce sera pour une autre fois alors. reprend-il l’air déçu.
- Ok. Passez un excellent Week-end M. Bamba. Déclare-t-elle avant de passer la porte.
Fabrice Bamba est un charmant jeune homme de trente-cinq ans. Il est de six ans son aîné et occupe le poste de DRH. Malheureusement, son obsession pour les femmes le conduira à sa perte. Récemment, Sylvie sa secrétaire lui a raconté qu’il avait couché avec presque toutes les femmes de l’entreprise. A présent il déverse son dévolu sur elle. Elle n’entretiendrait jamais de relation avec un collègue et Bamba n’est pas une exception. En plus il ne l’attire pas. Il est presque 19h quand Ciara arrive chez elle. Son lieu de travail se trouve dans la commune de Cocody à quelques kilomètres de son domicile. D’habitude le trajet en voiture jusqu’à chez elle se fait en seulement 30 minutes quand il n’y a pas de bouchons.
- Quelle journée ! s’exclame-t-elle en se laissant tomber dans le canapé.
Elle n’a même pas la force de monter dans sa chambre pour ranger ses affaires. Elle les laisse éparpillées dans le salon, le sac dans l’un des fauteuils et les chaussures trainant au sol. Elle s’étale dans le canapé, renverse la tête en arrière et ferme les yeux. Elle savoure ce précieux instant de repos mais malheureusement il ne dure pas. Son téléphone sonne.
- Bon sang, c’est impossible d’avoir ne serait-ce qu’une petite minute de repos. Se plaint-elle avant de décrocher.
- Quoi ? qu’est-ce tu veux la grosse ?
- Bonsoir à toi aussi ma belle. Je vais super bien merci de demander. Ciara lève les yeux au ciel.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Si tu te fais du souci pour moi, laisse-moi te dire que je vais bien. J’ai juste besoin de me reposer, la journée a été éreintante.
- Je sais que tu ne penses plus à Franck. J’appelle pour savoir si tu as recontacté le type du site.
- Non ! Et je ne le ferai pas.
- Dans ce cas, attends toi à me voir débarquer chez toi, je le …
- C’est bon ! Tu as gagné. Je vérifie s’il m’a laissé un message ce que j’en doute.
- Ensuite tu l’appelles ou sinon c’est…
- Cesse avec tes menaces puériles Lala. Je ne l’appellerai pas ! Je vais juste vérifier et je me déconnecte.
- Très bien. C’est déjà un début.
- Tu es chez toi présentement ?
- Non. Je dois tourner dans un clip vidéo dans quelques minutes.
- Ok. A quelle heure crois-tu que tu finiras ?
- Pas avant minuit je pense. Pourquoi ? tu aurais voulu qu’on sorte un peu.
- Non. J’espérais que tu finisses tôt comme ça t’aurais le temps de te reposer et de te joindre à nous demain pour déjeuner.
- Avec ta belle-sœur ?
- Oui.
- Ok. Je te téléphonerai tôt demain pour confirmer ma présence. Je dois te laisser. S’il te plait laisse-lui au moins un message.
- On verra. A demain. Bisou.
Ciara s’empare de son ordinateur juste après sa conversation téléphonique. Elle est surprise de constater que Stéphane lui a mis un message.
« Bonsoir Anonyme, j’espère que tu te connecteras ce soir. »
Il date d’à peine cinq minutes. Se dit-elle le cœur battant. Pourquoi ressent-elle cette étrange sensation ? Des picotements au cœur et l’estomac noué. Pourtant il s’agit d’un parfait inconnu. Pourquoi la rend-il aussi nerveuse ? C’est vrai qu’il est beau et diablement sexy mais elle a déjà rencontré des types dans son genre.
- Oh mon Dieu il appelle ! Prise au dépourvu, elle manque de laisser tomber l’ordinateur.
Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? Panique-t-elle avant de se décider à répondre.
- Bonsoir Anonyme. Je t’attendais.
- Heu… Bonsoir Stéphane. Il remarque tout de suite son air timoré.
- Je t’intimide ?
- Un peu.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas.
Il marque un moment de silence qui semble durer une éternité pour Ciara. Elle n’ose pas le regarder dans les yeux. Qu’est-ce qui lui a pris de répondre à cet appel vidéo ? Pense-t-elle. D’ailleurs qu’est-ce qui lui prend à lui de la dévisager de cette façon ? Elle doit raccrocher maintenant ou elle risque de s’évanouir.
- Tu veux bien me dire ton prénom s’il te plait.
Elle sursaute ce qui n’échappe pas au jeune homme. Au fond de lui, la voir ainsi l’amuse. On aurait dit une adolescente à son premier rencard. Il meurt d’envie d’en savoir un peu plus sur cette fille. Elle semble être différente des autres filles de ce site. Calme toi Steph, ne tire pas trop vite de conclusion. Tu sais bien comment sont les femmes. Se dit-il.
- Ciara… Je me prénomme Ciara
- Ciara ? Enchanté de faire ta connaissance.
- Moi de même.
Elle est gênée et il le voit.
- Détend toi. Je suis à des kilomètres de toi.
- Je sais. Elle murmure presque.
- Quel âge as-tu ?
- 29 ans. Et toi ?
- J’en ai 34. Tu es très belle. Je n’ai fait que penser à toi depuis notre échange d’hier.
Elle baisse les yeux, embarrassée. Il l’intimide et ce n’est pas normal. Elle ne réagit pas comme ça d’habitude.
- Tu ne dis rien Ciara ?
- Eh bien… je …ne sais quoi répondre. Bredouille-t-elle.
- Vis tu seule ?
- Oui.
- Es-tu chez toi présentement ?
- Oui.
- Et es-tu seule ?
- Oui.
- Dans ce cas pourquoi te montres tu aussi timide ? Je ne mords pas tu sais.
- C’est que, je n’ai pas l’habitude de tout ça…
Elle regarde partout sauf dans ses yeux.
- Je l’ai tout de suite deviné. Essaies de te détendre, tu veux ?
- D’accord.
- Es-tu célibataire ?
Elle hésite un moment. Mais dis donc, il ne passe pas par quatre chemins.
- Oui depuis peu.
- Tu sais que tu as le droit de me regarder ? Plaisante-t-il.
Allez Ciara, fais un effort où il croira qu’il peut t’avoir facilement. Tu n’es pas ce genre de femmes. Tu es forte et plus aucun homme ne se jouera de toi. Ses pensées vont vers Franck et son regard devient dur.
- Que se passe-t-il ? t-ai-je offensé ? Demande Steph en remarquant le changement soudain de son expression.
- Non ! lance-t-elle sèchement.
Il n’insiste pas même s’il aimerait savoir ce qui trotte dans sa tête présentement. Cette fille lui plait énormément et quelque chose lui dit qu’elle n’est pas une proie facile. Il n’est pas du genre à courir après une femme pour l’avoir dans son lit. Il lui suffit de claquer des doigts pour qu’elles accourent. Mais pourquoi a-t-il l’impression qu’il se démènerait afin de posséder celle-là, au moins une fois. « Ressaisis toi Steph, les femmes ne sont pas en voie de disparition. Si celle-ci se montre dure, trouves en une autre. » Pense-t-il.
- Depuis quand es-tu célibataire ?
Il reprend la conversation comme si de rien n’était.
- Hier. (Il écarquille les yeux)
- Sérieusement ?
- Oui.
- Tu veux en parler ?
- Il me trompait avec une autre, je l’ai surpris et voilà c’est terminé entre nous.
- Je comprends. Et tu as créé ce compte le jour de ta rupture avec ton ex ? C’est tout de même étrange. Tu ne l’aimais pas ?
- Bien sûr que si. S’écrie-t-elle offensée.
Il croit qu’elle est l’une de ces filles qui changent de mecs comme de chaussettes. Mais n’est-ce pas l’impression qu’elle donne en discutant avec des inconnus sur ce stupide site ? Pourquoi se sent-elle outragée alors qu’elle est l’unique responsable ?
- Ne te fâche pas, c’est que…
- C’est mon amie qui a ouvert ce compte et c’est elle qui a lancé l’appel vidéo hier. On peut dire qu’elle m’a presque forcé à te parler.
Pourquoi essaie-t-elle de se justifier ? Pourquoi se soucie-t-elle de l’opinion qu’il pourrait avoir d’elle ? Les hommes ne signifient plus rien pour elle depuis hier. Dans ce cas, pourquoi Steph la trouble-t-elle ? Elle ressent d’étranges sensations. Arrête de te faire des idées Ciara. Il ne te fait aucun effet, c’est ton imagination. Essaie-t-elle de s’en convaincre.
- Waouh. Je dois la remercier alors.
Il ne la croit pas et elle peut bien le voir à travers son expression. Et puis merde ! Il peut bien penser ce qu’il veut. Elle n’essaiera pas de le convaincre.
- Dis-moi pourquoi a-t-elle fait ça ? Reprend-il.
- A quoi bon puisque tu n’en crois rien. Son ton est dur.
- Qui te dis que je ne te …
- Ne me prends pas pour une idiote tu veux. S’emporte-t-elle.
Il est surpris. Est-ce la même fille avec qui il parle depuis tout à l’heure ? Quel caractère ! Il adore les femmes qui ne se laissent pas faire. Mais où est passée cette Ciara timide ? A-t-il touché un point sensible sans le savoir ? Réagit-elle comme ça parce qu’il ne la croit pas ? Il faut avouer que c’est quand même insensé. Comment son amie pourrait-elle l’obliger à chater avec des inconnus ? Le prend-elle pour un idiot ou quoi ? Et pourquoi c’est elle qui est en colère ?
- Que penserais-tu si je te disais qu’un pote m’obligeait à discuter sur ce site ?
- Ce n’est pas pareil !
- Bien sûr que si.
- Ça ne sert à rien de continuer cette conversation. Bye.
- Attends-je… Elle lui raccroche au nez.
Sacré fille ! En dix ans, c’est la première fille qui lui résiste (il sourit). Depuis le début, il la trouve différente. Mais dit-elle la vérité en ce qui concerne son amie ? Elle avait l’air sincère. Ce pendant la vie lui a appris qu’il ne fallait jamais se fier à une femme. Une idée lui vient à l’esprit et son estomac se noue. Et si elle supprime le compte ? Il ne pourra plus jamais la contacter. Il relance aussitôt un autre appel auquel elle ne répond pas. Il insiste en vain. Elle est décidée à couper les ponts avec lui. Il entreprend de lui écrire.
« Répond stp. Je veux m’excuser. Stp stp. »
Il tente un autre appel mais elle ne décroche pas. Il essaie à nouveau, toujours pas de réponse.
« Je suis désolé. Je me suis comporté comme un sale crétin. »
Fin du troisième chapitre. Bizbi.