Chapitre 2

Ecrit par Kaylee

LA SECONDE ÉPOUSE


Épisode 02 : La réunion familiale


*** Salewa ***


 ??? (chuchotement): Je te dis que la petite Oumou est enceinte.


 2ème voix (étonnée): Ce n'est pas vrai!


 1ère voix : Je te le jure. Et de père inconnu de surcroit!


 2ème voix : Cette fille que je prends pour exemple pour donner conseil à mes enfants ? Tchiééé ! L'homme est vraiment imprévisible et les apparences très trompeuses. Rose a vraiment transmis tous ses gènes à ses enfants.


 1ère voix : Comme tu dis! Une prostitué ne peut que donner naissance à ses semblables. Tu n'as pas entendu dire que son enfant adultérin, Salewa a été surprise au lit avec le mari de maman Zora, M. ATEO ?


 2ème voix : Oui oui. Je me demande toujours pourquoi Moumouni ne la fait pas sortir de sa maison. Elle n'est tout de même pas son enfant !


 1ère voix : Laisse ma copine. Il croit dur comme fer le contraire.


 2ème voix : Koï ! Est-il donc si aveugle ?


 1ère voix : Mais c'est le gris-gris que lui a fait sa femme qui fonctionne ma chère. On...


 J'en avais assez entendu et ne pouvant supporter plus, je décide de racler la gorge. 


 Moi : Hum hum. Bonsoir tata Djenaba et Maman Josie. 


 Les deux : Ah ! Bonsoir Salewa. Tu es venu puiser de l'eau.


 Moi : Oui 


 Maman Josie : C'est bien. Dis à ta mère que j'ai un nouvel arrivage de pagne de très bonne qualité à très bon prix dans ma boutique. 


 Moi : Je lui dirai. Au revoir 


  Je passe à côté d'elles, refoulant tant bien que mal mes larmes. Non. Je ne vais pas pleurer à cause de ces deux commères. J'ai l'habitude de ces langues de vipères. Je ne peux pas pleurer. Mais on dirait que les larmes ne sont pas de mon avis car elles se mettent à couler le long de mes joues. Ce n'est guère facile de garder son self contrôle en entendant toute sa famille se faire dénigrer de la sorte. Mais qu'est-ce qui n'a pas marché ? Eh ! D'abord, mes mésaventures incessantes, la grossesse inattendue de Oumou, le manque d'argent à la maison et papa qui a eu beaucoup plus de mal que maman à accepter la grossesse de ma petite sœur. 

Que nous réserve donc demain ? Je rentre chez moi le cœur en lambeaux. Une fois dans la cour, mes petits frères coururent se jeter dans mes bras, m'arrachant un sourire. 


 Moi : Dites-moi les gars, qu'est-ce qui vous rend si heureux ? 


 Kader : Grande-sœur Jessica est venue et nous a amené pleins de cadeaux. 


 Moi : Jessica ? 


 Khalil : Hum. Surtout que ça fait un bail que j'ai mangé le spaghetti et elle en a ramené tout un carton. 


Je n'étais même plus avec eux. Khalil ne vit que pour son ventre alors c'est normal qu'il parle de spaghetti alors que de mon côté mon cœur était en joie. Jessica est l'unique fille de ma tante Maribelle, la cadette de ma mère. Ma tante est en Côte d'Ivoire mais Jessica vit en ville et vient passer chaque année ces vacances avec nous.

Chaque fois qu'elle venait, c'était la fête à la maison. Le visage de tout le monde rayonnait de bonheur et elle apportait de belles choses, des robes, des chaussures, des sacs de riz, de maïs et beaucoup d'autres vivres.


 Moi : Jessica !!!


Je cours me jeter sur elle dès que je la vois derrière la concession avec maman et Oumou.


 Jessica : Toi alors ! Tu crois que tu as deux ans ? Ne m'écrase pas pardon. Je n'ai pas encore l'âge de mourir.


 Moi ( lui faisant la bise): Parce que la mort se fie à l'âge ?


 Jessica : Elle fera une exception pour moi.


 Moi (riant): C'est ça ! Bonsoir néné. Oumou ça va ?


  Je me joigne à eux et nous papotons gaiement.


   Jessica est mon modèle. Chaque fois qu'elle venait, elle était toujours richement habillée, bien maquillé et très belle. Je ne voyais pas encore une fille du village qui pouvait se mesurer à elle.


 Jessica était juste waouh et je rêvais secrètement la suivre un jour en ville pour être comme elle. Mais C'était un rêve parmi tant d'autres qui ne sera sans doute jamais réalisé.

*

*

*


*** Oumou Ali ***


Depuis l'annonce de ma grossesse, sortir de la maison la tête haute m'est très difficile mais je n'ai pas le choix, je dois aller suivre mes cours. J'ai un examen à composer en fin d'année et c'est ça l'essentiel. Lorsque mes tantes et oncles paternels ont appris pour ma grossesse ils l'ont mal pris comme je m'y attendais et bientôt ils vont tous débarquer pour une réunion familiale. C'est la première fois que je serai l'objet d'une réunion familiale et je déteste ça. Je connais bien les frères et sœurs de mon père et je sais déjà que je vais en baver. Rien qu'en imaginant tout ce qu'ils diront, j'ai la tête qui tourne. Je ne suis pas une fille aux cuisses légères. Je ne suis pas ce que les gens pensent et disent tout haut ou bas de moi. Contrairement à ce que j'ai fait croire à ma mère, je connais très bien qui est le père de mon enfant. Je n'ai connu qu'un seul homme dans ma vie et je crois que c'est ma plus grosse erreur. Je n'ose même pas dire son nom car j'imagine déjà le scandale que ça fera si ça venait à se savoir. J'ai honte de moi et j'ai mal de cette même honte que je mets sur mes parents. Avec toutes leurs souffrances, ils ne méritent pas que j'en rajoute. Et ma sœur, Salewa alors ? Elle a toujours tout fait pour que je ne manques de rien à l'école, elle acceptait tout petit job, aussi médiocre soit-il juste pour nous porter un grand coup de pouce à la maison et je n'ai rien trouvé de mieux que la mettre dans une mauvaise position car je le sais, ma grossesse va impacter sur sa réputation dans le village. Personne ne l'aimait vraiment avant et maintenant ils diront tous qu'elle est une fille aux cuisses légères comme sa sœur. Je n'ai pas su préserver ma virginité alors que c'est cela qui faisait ma dignité et celle de ma famille.


Quelques jours plus tard, comme je m'y attendais déjà, mes quatre tantes et deux oncles débarquent à la maison dans un boucan pas possible.

Je cours me cacher dans un coin noir de la chambre que je partage avec ma sœur et ma cousine Jessica qui est en vacances chez nous. Je n'ai pas envie de les voir. Je n'ai pas envie d'entendre leur voix.


 — Où est Oumou là même ?


Je me tasse encore plus dans mon coin. Cette voix qui vient de me demander, c'est celle de ma tante Rokaya, celle que je crains le plus parmi tous les quatre.


 Maman : Elle est dans la chambre. Je vais la chercher.


 Tante Rokaya : Donc elle va dire qu'elle ne sait pas que nous sommes là quoi. C'est bien. Qu'elle sache que nous ne bougerons pas d'ici sans régler le problème pour lequel nous sommes là. Elle a des comptes à nous rendre.


 Oncle Mamadou : On ne jette pas ainsi la honte sur notre famille.


 Maman : Je m'en vais déjà la chercher.


 Tante Khadi : Ça vaudrait mieux pour toi. Si tes filles sont ce qu'elles sont c'est uniquement ta faute. Tu leur inculques ton mauvais comportement. Seule Khadija mon homonyme nous a toujours rendus fière.


 Papa : Un peu de respect pour ma femme Khadi.


 Tante Khadi : Je savais déjà que tu allais parler. C'est la chimie qu'elle a pratiquée sur toi qui te fait agir ainsi. Mais ne t'inquiète pas, tu seras délivré. Allah ne laisse rien longtemps dans les ténèbres. Tous sera mise à nue.


 Papa : Tsuiiip.


Je ferme les yeux à l'entente de ces phrases. J'ai mal que mes tantes s'en prennent une fois de plus à ma mère et cette-fois ci c'est moi-même qui leurs ai donné cette possibilité. La porte de la chambre s'ouvre doucement et ma mère vient directement à ma cachette.


 Maman (la voix faible): Oumou, tes oncles et tantes sont là.


 Moi : Je n'ai pas envie de les voir néné.


 Maman : Mais il le faut Oumou. Pardon lève-toi. Ne me crée pas plus de problèmes.


 Moi : J'ai peur maman.


 Maman : Je sais mon bébé. C'est vrai que tu m'as déçu mais sache que je suis là et je ne t'abandonnerai jamais. Tu es ma fille et je t'aime.


J'éclate en sanglots. Je suis tellement émue de ce que ma mère me dit. Elle ne mérite vraiment pas le tort que je lui cause.


 Moi : Je suis désolée pour tout maman.


 Maman : Ça va aller. Lève-toi maintenant. Il faut qu'on les rejoigne avant qu'elles ne se mettent à crier.


 Moi : D'accord.


Je me lève et la suis au salon. Salewa est allée au marigot avec Jessica et les jumeaux donc elle ne sera pas là pour assister à la réunion et je crois que c'est mieux ainsi. Si elle était là mes tantes allaient trouver un moyen pour l'emmerder.

Je fléchis les genoux devant chacun d'eux en les saluant lorsque je fus au salon. Après ça, on m'autorise à m'asseoir sur un petit tabouret à côté de ma mère.


 Oncle Akimou : Je ne vais pas faire un long discours. Comme vous le savez tous déjà nous sommes ici parce que nous avions appris que notre fille Oumou a jeté l'opprobre sur notre famille.


L'opprobre carrément ? Tout de suite les grands mots pour dire que je suis enceinte.


 Oncle Akimou : Elle a jeté l'opprobre sur notre famille en perdant non seulement sa pureté mais en prenant également une grossesse qui jusqu'ici personne n'en connaît encore le père.


Sauf ma sœur Salewa à qui je l'ai confié.


 Oncle Mamadou : C'est un grand déshonneur !


 Tante Hilda : Ah oui ! Aucune de nos filles n'a encore agi ainsi. Oumou est une nièce que j'aime beaucoup. Ça me désole vraiment qu'elle ait agi ainsi.


Tante Hilda est la plus douce et compréhensive parmi mes quatre tantes.


 Tante Rokaya : En tout cas rien ne peut m'étonner de la part des filles de Rose. Elle-même est...


 Papa (grondant): Encore un mot de travers envers ma femme et je vais te montrer que je suis toujours ton aîné. Ce n'est pas parce que tu as réussi que tu vas te crois permise de prendre tout le monde de haut.


Elle a réussi où même ? C'est parce qu'elle a épousé un riche avocat de passage au village qu'elle se croit tout permis. Elle est la deuxième femme du monsieur et lui a donné quatre enfants. En retour, elle est logée dans une belle petite villa du village et possède une boutique de produits importés.


 Tante Rokaya : En tout cas, je n'ai pas perdu mon temps jusqu'ici pour me disputer avec toi.


Tante Djeneba se tourne vers moi.


 Tante Djeneba : Oumou si nous sommes ici c'est pour que tu nous dise qui est l'auteur de ta grossesse pour qu'il puisse prendre ces responsabilités. Nous n'allons pas accepter que tu vives cette grossesse dans la maison de tes parents comme si tu t'étais fait engrosser par l'esprit Saint. Ah non ! Si tu es enceinte c'est parce que tu as écarté tes cuisses sous un homme.


 Tante Khadi : D'ailleurs tu es à combien de mois ?


 Moi ( petite voix): Trois mois.


 Tante Rokaya (le regard dur): Humm.


 Oncle Mamadou : Et qui en est l'auteur ?


Je commence à me triturer les doigts. Comment le dire ? Je jette un petit coup d'œil à ma tante Rokaya. Elle se doute de quelque chose j'en suis sûr. Comment dire qui est le père du bébé sans que cela ne crée du scandale ? Même si je cherche mille options pour le leurs dire ça va forcément en choquer plus d'un.


 Oncle Akimou : Nous attendons toujours ta réponse Oumou.


 Oncle Mamadou : Si elle n'ouvre pas vite sa bouche, elle recevra mon droite dans son visage. Je l'ai assez vu se foutre de nos gueules avec son silence.


 Maman (suppliante): Parle Oumou. Je t'en prie.


 Moi : C'est Amir.


 Tante Djeneba : Quand tu dis Amir vaguement comme ça, comment saurons-nous qui s'est ? Nous sommes devin on t'a dit ?


 Moi : C'est Amir de tante Rokaya.


 Tout le monde : QUOI ???????






LA SECONDE ÉPOUSE