Chapitre 2 : Cruauté ?

<<L'intérêt personnel est la roche sur laquelle se brisent toujours les plus grands principes.>>

Amor ABBASSI...

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Aliwa s'envola comme prévu dans les deux jours pour l'Angleterre avec ses deux collègues de travail que je connaissais bien. Je l'avais moi même escortée à l'aéroport international Gnassingbé Eyadema. Chemin retour faisant, je reçus un appel de mon meilleur ami. Je n'ai qu'un seul. Il s'appelle Julien et est DAF (Directeur Administratif et Financier) dans une société de la place. Il voulait me voir urgemment, que c'était une question de vie ou de mort. Sa voix au bout du fil ne me rassura pas qu'il allait bien. Alors, je me rendis illico presto chez lui. Sa voiture se trouvait à sa devanture. Je garai puis allai sonner. Quelques secondes plus tard, il vint m'ouvrir. Il avait une tête de chien abattu et était dans un état lamentable. On croirait qu'il portait tout le poids du monde sur ses épaules. Il referma derrière moi et nous allâmes nous assœir sous la paillote au milieu de la maison. Les larmes eurent raison de ses yeux. Jusque là, je ne comprenais pas exactement ce qui se passait. Alors d'un ton calme, je lui demandai: 

  - Qu'est-ce qui se passe Julien? Est-ce que ça va?

Il me tendit une petite enveloppe et m'ordonna de le lire; ce que je fis sans hésiter. C'était écrit: <<Je te remercie Julien pour tout ce que tu as fait pour moi. Mais je ne t'aime plus et je n'aimerais plus continuer dans ce sens; j'en serais ingrate et hypocrite envers toi. J'ai trouvé quelqu'un qui m'aime bien et que j'aime aussi follement en retour. Il  habite en Europe. Nous avons décidé d'un mutuel accord de nous donner une chance. Je suis donc partie le rejoindre.  Merci d'avoir veillé sur moi toutes ces années et aussi pour tout l'amour et attention que tu m'as donnés. J'espère que tu trouveras aussi quelqu'un qui t'aimera comme tu es. Lorsque tu seras en train de lire cette lettre, je serai déjà très loin de toi. S'il te plaît, ne cherche pas à me retrouver ni me joindre. Je veux tourner cette page de nous. Adieu Julien...>>

Justine...

  - C'est quoi cette lettre criai-je en équarquillant les yeux? Qui a écrit ça?

  - Justine bien sûr! Rétorqua-t-il. Qui veux-tu que ça soit? Personne n'habite ici avec nous. En plus c'est son écriture et sa signature. J'ai essayé de la joindre après avoir lu la lettre en vain. Elle est injoignable. Comment peut-elle me faire ça? Après tout ce que je lui ai fait? Je l'ai sortie de la misère! J'ai payé ses études universitaires et pris soin d'elle pendant ces quinze dernières années. Je lui ai redonnée foi en elle même et voilà comment elle me remercie? Partir avec le premier venu en occident ? Merde! Putain de merde! Je souffre mon frère. Tu ne peux pas imaginer ma peine. C'est pire que la mort. Je n'ai plus aucune envie de vivre mon frère.

  - Ne dit pas ça Julien. Je te crois et je comprends ta douleur. Mais mourir n'est pas la solution. 

  - Et c'est quoi la solution ? Plus de dix ans de vie commune et presque deux ans de mariage ! Comment veux-tu que je me sente Florent ? 

Moments de silence...

Je relus à plusieurs reprises la lettre et cette fois ci mot par mot comme un apprenant qui venait de commencer le cours préparatoire. Je fus totalement choqué par les mots qu'elle employât comme si elle attendait impatiemment ce moment. 

Je n'eus plus aucun doute après que  Julien m'amena dans leur chambre où les affaires de Justine étaient introuvables. Elle avait même vidé leur coffre fort commun. Que les êtres humains peuvent être à la fois  ingrats et méchants. Je ne croirais jamais à cette histoire si quelqu'un d'autre me la racontait mais là j'en étais un parfait témoin. Leur histoire d'amour ressemblait quelque peu à la mienne avec Aliwa. La seule différence était que Justine elle autre était employée comme domestique chez les parents de Julien. Tout avait donc commencé là. Les parents de Julien l'avaient dénichée dans leur village natal lors d'un funérail. Elle n'avait presque personne comme famille à part sa pauvre mère, veuve depuis des années sans travail. Elle se baladait donc dans le village à l'affût des hommes. Pour cela, ils l'ont receuillie sous leur toit. Quand Justin avait commencé à éprouver des sentiments pour elle, ses parents ne la voyaient plus comme cette petite fille domestique qu'ils avaient trouvé au village et ramené en ville. Du coup elle avait été réinscrite à l'école et là voilà aujourd'hui des années plus tard  directrice adjointe d'une université privée de renom. Pourquoi c'est au moment où ils devraient jouir de leur amour qu'elle décide de tout plaquer? Ah les femmes! Elles sont toujours entourées de mystères. 

  - Prends ton calme Julien. Essayai-je de le convaincre. Ce qu'on va faire, c'est de contacter la mère de Justine pour voir si elle est au courant de quelque chose avant que tu ne fasses quoi que ce soit. 

  - Ce n'est pas la peine. Je crois qu'elles sont complices. Cela fait quelques mois que sa fille se comporte de manière étrange. Lorsque je lui en ai parlé, elle a fait semblant pendant des jours et a finalement tout mis en sourdine. Si Justine ne m'aime pas, pourquoi ne pas me le dire plus tôt depuis toutes ces années? J'aurais compris. Pourquoi attendre qu'on soit marié avant de  prendre la poudre d'escampette comme une lâche et me laisser sur ces notes? 

  - Sincèrement, je ne sais pas. Je n'arrive toujours pas à la comprendre. Elle a tout ce dont elle a besoin ici. Que recherche-t-elle de plus? Néanmoins il pourrait avoir plusieurs hypothèses. Peut être qu'elle attendait l'autonomie financière avant de se séparer de toi ou soit c'est une blague de mauvais goût. Je suis confus... Vous vous disputez beaucoup ces derniers temps? 

  - Je ne peux pas dire que nous avons eu une vie en rose. Comme tout couple il y a eu des hauts et des bas. Mais cela ne peut pas l'amener à un truc pareil. Je crois qu'elle avait cette intention depuis sinon comment pourrait-on expliquer tout ça? Je n'ai rien vu venir. 

  - On ne peut pas tout contrôler dans la vie cher ami. Quand on aime, on ne fait pas attention. On se donne sans réserve. Et vous, vous  étiez légalement mariés. Tu ne pourrais rien voir venir. Mais franchement ce n'est pas possible...

Tu sais quoi, alertons sa maman au village de la situation. Après on verra ce qu'on va faire. Pour le moment, tu peux squatter chez moi le temps que tu remettes les idées en place. Je ne vais pas te laisser seul pour que tu fasses une bêtise. On se connait bien. Aliwa est en mission à l'étranger. Elle revient dans cinq jours. Tu en dis quoi? 

Après un long moment de silence...

  - D'accord. Balbutia-t-il.

Durant tout le chemin retour, Julien resta muet comme une tombe. De temps en temps, je me retournais pour le regarder et je  secouais ma tête à chaque fois. J'avais mal pour lui mais en même temps, j'avais peur que cela m'arrive aussi. Je commençai sérieusement à me poser des questions sur la véracité de ce que m'avait dit Adjiya puis soudainement, une idée m'effleura l'esprit...

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La mère de Justine habitait un petit village situé à cinquante kilomètres au nord de Lomé. Nous y arrivâmes aux alentours de dix heures.  L'on nous fit savoir que cela faisait des semaines qu'elle était partie s'installer dans une ville quelconque. Les ouïes dires nous apprirent que Justine avait construit une nouvelle maison dans une ville et sa mère avait emménagé là.

Ce fut un autre coup dur pour Julien car il n'était au courant de rien. Je finis par le comprendre lorsqu'il me disait que sa belle mère faisait partie du plan machiavélique de sa fille.. Pour essayer notre dernière alternative, nous avions tenté de la joindre via son téléphone mais elle était inaccessible tout comme sa fille...

La tête lourde, nous retournâmes à Lomé très nerveux. C'était comme si Justine n'avait jamais existé dans la vie de Julien. 

 *À suivre...*

Écrit par Koffi Olivier HONSOU alias Verdo Lompiol; nouvelliste togolais. 

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